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Au secours, Hubris revient !

J'en ai déjà parlé il y a 5 ans. Et si on en rajoute une couche en cette période électorale ?

Les chefs d’État tiennent entre leurs mains le destin des peuples et, de ce fait, leurs décisions doivent se fonder sur un sens du jugement solide et réaliste. Mais il y a une nouvelle entité clinique dont seraient victimes certains dirigeants précisément du fait qu’ils détiennent le pouvoir. Cette maladie est le syndrome d'Hubris

Il peut être traduit par un « orgueil démesuré ». Mais le champ sémantique est beaucoup plus large : il associe narcissisme, arrogance, prétention, égotisme, voire manipulation, mensonge et mépris. Le terme renvoie également à un sentiment d’invulnérabilité, d’invincibilité et de toute-puissance, en y associant un certain pathétique. Comme le narcissisme, l’hubris désigne aussi un manque d’intérêt pour tout ce qui ne concerne pas le sujet personnellement, une absence générale de curiosité. La caractéristique principale de l’hubris est qu’il est visible de tous, sauf du principal intéressé et de ses fidèles.

Hubris, Madagascar, élection

Voici les 14 symptômes de la maladie.

1 – Inclination narcissique à voir le monde comme une arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire.

• 2 – Prédisposition à engager des actions susceptibles de présenter l’individu sous un jour favorable, c’est-à-dire pour embellir son image.

• 3  -Attrait démesuré pour l’image et l’apparence.

• 4 – Façon messianique d’évoquer les affaires courantes et tendance à l’exaltation.

• 5 – Identification avec la nation ou l’organisation, au point que l’individu pense que son point de vue et ses intérêts sont identiques à ceux de la nation ou de l’organisation.

• 6 – Tendance à parler de soi à la troisième personne ou à utiliser le « nous» royal.

• 7 – Confiance excessive en son propre jugement et mépris pour les critiques et les conseils d’autrui.

• 8 – Impression d’omnipotence sur ce que l’individu est personnellement capable d’accomplir.

• 9 – Croyance qu’au lieu d’être responsable devant ses collègues ou l’opinion publique, le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l’histoire.

• 10 – Croyance inébranlable que le jugement de ce tribunal lui sera favorable.

• 11 – Perte de contact avec la réalité, souvent associée à un isolement progressif.

• 12 – Agitation, imprudence et impulsivité.

• 13  - Tendance à accorder de l’importance à leur« vision », à leur choix, ce qui leur évite de prendre en considération les aspects pratiques ou d’évaluer les coûts et les conséquences.

• 14 – Incompétence « hubristique », lorsque les choses tournent mal parce qu’une confiance en soi excessive a conduit le leader à négliger les rouages habituels de la politique et du droit.

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Le syndrome d' hubris : la maladie du pouvoir

 

Perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l'emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir : tels sont quelques-uns des symptômes d'une maladie mentale récemment répertoriée qui se développerait durant l'exercice du pouvoir.
C'est le syndrome d'hubris.

Dans ses Discours sur la condition des grands, Pascal jugeait utile d’éduquer les futurs puissants en leur rappelant que leur détention du pouvoir tenait avant tout du hasard : « Surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres […] Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanité des Grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont. » Le pouvoir exerce une fascination indéniable, autant sur ceux qui le subissent que sur ceux qui l’exercent. Assurément, l’exercice du pouvoir n’est pas une activité comme une autre et n’échoit pas au premier venu, mais les « Grands » se souviennent-ils suffisamment de leur condition de simple mortel ? Un livre et un article récents plaident pour l’instauration d’une nouvelle entité médicale qui concernerait les personnalités politiques dirigeantes : elles seraient « intoxiquées » par un étrange agent pathogène – le pouvoir – les conduisant à manifester un narcissisme pathologique.

Dans son livre In Sickness and in Power (Dans la maladie et le pouvoir) paru en 2008, David Owen examine le rôle de la maladie dans les prises de décision des chefs d’État durant les 100 dernières années. L’exercice n’est pas nouveau. On se souvient du livre de Pierre Accoce et Pierre Rentchnick, Ces Malades qui nous gouvernent, paru en 1978, qui avait relancé le débat classique sur le secret médical chez les hommes de pouvoir, et ce bien avant la révélation du cancer de François Mitterrand. Selon D. Owen, les chefs d’État tiennent entre leurs mains le destin des peuples et, de ce fait, leurs décisions doivent se fonder sur un sens du jugement solide et réaliste. Mais il va plus loin, et propose tout à fait sérieusement au lecteur et à la communauté scientifique de considérer l’idée d’une nouvelle entité clinique dont seraient victimes certains dirigeants précisément du fait qu’ils détiennent le pouvoir. L’idée provocante est également développée dans un article qu’il a cosigné avec Jonathan Davidson, psychiatre au Centre médical de l’Université Duke, à Durham aux États-Unis, récemment publié dans la revue de neurologie Brain. Cette maladie est nommée en anglais hubris syndrome.

Hubris, ou le syndrome de la démesure

Le concept d’hubris est tiré non seulement de la philosophie grecque – on le retrouve chez Platon et Aristote –, mais également du théâtre, où il permet de raconter de grandes épopées, où le succès monte à la tête du héros, qui prétend se hisser au rang des dieux ; il est alors impitoyablement remis à sa place par Némésis, la déesse de la vengeance. L’hybris grec renvoie à la démesure et à ses conséquences funestes.

Malheureusement, il n’existe pas en français d’équivalent satisfaisant au mot anglais hubris. Une approximation serait « orgueil démesuré ». Mais le champ sémantique du terme anglais est beaucoup plus large : il associe narcissisme, arrogance, prétention, égotisme, voire manipulation, mensonge et mépris. Le terme renvoie également à un sentiment d’invulnérabilité, d’invincibilité et de toute-puissance, en y associant un certain pathétique. Comme le narcissisme, l’hubris désigne aussi un manque d’intérêt pour tout ce qui ne concerne pas le sujet personnellement, une absence générale de curiosité. La caractéristique principale de l’hubris est qu’il est visible de tous, sauf du principal intéressé et de ses fidèles. Adapté à la politique, on voit immédiatement se profiler quelques candidats au syndrome d’hubris, mais D. Owen se focalise surtout sur l’analyse des chefs d’État britanniques et américains.

La naissance d’une nouvelle maladie

Qui est donc David Owen ? Un agitateur, un anarchiste, un extrémiste ? Non, il est un fleuron d’une certaine orthodoxie politique à l’anglaise. Très vite, il devint membre du Parlement, puis le plus jeune ministre des Affaires étrangères britannique. Il fonda le Social Democratic Party, qu’il dirigea plusieurs années. Conseiller, membre de la Chambre des lords, chancelier de l’Université de Liverpool, le personnage...

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”En démocratie, une autorité est reconnue non pas parce qu’elle est hiérarchique, mais parce qu’elle est compétente”

Randy Donny, Rapporteur Général du Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et Madagascar, Demokrasia, Randy Donnyde l'Etat de Droit (HCDDED) nous parle "d'éthique du pouvoir" que le HCDDED est censé observer selon l'article 43 de la Constitution. Ceci est d'autant plus important qu'un certain nombre de scandales, autant politique que touchant les mœurs, ont émaillés les actualités de ces derniers mois. Réflexions.

"Demokrasia" : L’article 43 de la Constitution fait du HCDDED le gardien de l’éthique du pouvoir. C’est quoi l’éthique du pouvoir ?

° Le pouvoir allie à la fois puissance et autorité. Il s'agit d'une capacité de commander, de se faire obéir et de punir. Tout ceci laisse le champ libre, si le détenteur ne fais pas attention, à des abus. Comme disait Calliclès, un personnage de dialogue de Platon, un homme juste qui aurait du pouvoir deviendrait injuste. John Emerich Dalberg, lord Acton, historien et homme politique britannique du XIXème siècle, a sorti cette réflexion surprenante : « le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend fou absolument ».

Alors, si on considère que l'éthique est un ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu'un,  il doit donc avoir une éthique du pouvoir afin que  les dirigeants aient le pouvoir de réfléchir sur les valeurs qui leur servent à prendre une décision et à mesurer son impact, apprendre à réfléchir par soi-même, au-delà des lois, des normes et des mœurs.

L'éthique fait référence à nos valeurs. Le sujet ici n'est pas de savoir si on a le droit de faire tel ou tel geste comme avec la loi, ou si ce que l'on fait est bien ou mal, comme avec la morale. On ne doit pas se demander si on doit faire ou ne pas faire quelque chose; on doit se demander pourquoi. Réfléchir sur l’usage que l'on fait de son propre pouvoir, du pouvoir qui l'on nous a confié...

Il s’agit d’un concept non seulement peu connu mais surtout non respecté. Quel en est la raison ?

° Peu connu, non. Non respecté, oui. Encore une fois, c'est en fonction de nos valeurs. Vous savez, le mot pouvoir vient du latin « poterer » qui signifie capacité, faculté, permission ou possibilité matérielle de faire quelque chose. Tout dépend donc de la compréhension et du jugement que chacun a de ce concept. Or, ceci s'opère en fonction d’un cadre de  référence propre à chacun, lequel est éminemment  subjectif et s’inspire, consciemment ou inconsciemment, par transformation, appropriation ou rejet, de référentiels culturels, religieux, philosophiques ou économiques... On est ce que notre parcours existentiel nous a façonné.
Habituellement, on conçoit le pouvoir comme une domination de l'homme sur  l'homme, un rapport de force entre  celui qui commande et celui qui obéit. Le gouvernant fait du pouvoir sa propriété, un  instrument de commandement pour l'exercer sur  les autres. Hannah Arendt critique cette manière de  penser. Pour cette philosophe et journaliste dont un des ouvrages, "La crise de la culture", fait partie de mes livres de chevet depuis mes tendres années, le pouvoir doit se fonder sur le respect, un sentiment que nous inspire la reconnaissance de la dignité de personne humaine. Ceci rejoint le nouveau testament qui propose le pouvoir comme choix de se placer au « service de ».

En démocratie, on confie une tâche à quelqu’un. Le problème est que le mandat  est souvent assorti d’avantages en termes d’argent ou de prestige. Ce qui peut mettre les principes éthiques à rude épreuve. Aucune personne n’en est préservée d’office.

A l'étranger, dès qu'un dirigeant fait l'objet d'un scandale, politique ou autre, il démissionne. Ce n'est pas le cas chez nous où l'on se contente d'attribuer ces scandales aux adversaires politiques ou à des ragots. Qu'en pensez-vous ?

° A Madagascar, le pouvoir est considéré simplement comme une puissance. Or, dans le cadre d’une autorité légale, c'est aussi et surtout une responsabilité. Et si cela arrive, on considère la responsabilité simplement comme un devoir de répondre devant ses supérieurs. Or, c'est aussi et surtout un devoir de répondre devant les citoyens, moralement plus qu’institutionnellement; et surtout, éthiquement, devant soi-même. Malheureusement, devant la dictature du paraître et la tyrannie de l'image, la dimension éthique tend à s'effacer pour laisser la place à un ego surdimensionné où les valeurs morales et culturelles ont perdu leur raison d'être.

Vous savez, un ancien ministre britannique des Affaires étrangères, David Owen, a décrit un phénomène pour le moins étranger : le syndrome d'Hubris, une pathologie du pouvoir. Il a dressé une liste de treize comportements caractéristiques du syndrome d’Hubris. Ils vont de parler de soi à la troisième personne, à une identification totale entre le sort de l’individu et de l’institution qu’il dirige en passant par la croyance que seule l’histoire pourra juger de ses décisions.

C'est dramatique car, comme disait le romancier français Hervé Bazin dans "Ce que je crois", "tout pouvoir qui cultive l'hypocrisie de sa perfection ne tombe pas seulement dans le ridicule et dans les excès de la dévotion à lui-même ; il détruit l'espoir de la nature humaine en la continuité du progrès".

Quel est le rôle du HCDDED pour que la classe politique, les organisations de la société civile ainsi que les simples citoyens fassent montre d’une éthique politique pour faire émerger des « Hommes d’Etat » ? Quels pourraient être les blocages et comment les surpasser ?

° Chacun doit toujours avoir à l'esprit que le pouvoir ne doit pas provenir de la force (autoproclamation), mais d’une élection démocratique ou d’une délégation hiérarchique (désignation). Ce pouvoir est cependant limité par le droit administratif et les lois de la République qui sanctionnent tout abus du pouvoir (harcèlement moral ou sexuel, par exemple).

Dans une démocratie, assumer son rôle et exercer sa puissance tout en laissant une juste place aux autres acteurs est un exercice complexe qui s'apparente à de l'art. En démocratie, une autorité est reconnue non pas parce qu’elle est hiérarchique, mais parce qu’elle est compétente. Une autorité incompétente peut légalement se faire reconnaitre par la force, mais c’est sa compétence qui assoit véritablement sa légitimité. Le respect ne s'impose pas, il se mérite. Enfin, des institutions démocratiques stables sont les meilleures garanties contre les dérives.

Interview paru dans "Demokrasia", la revue du HCDDED, n°11, août - septembre - octobre 2021, pp. 08 & 10.

Madagascar, Demokrasia, Randy Donny

Journaliste, Randy Donny a une expérience particulière avec un enjeu éthique qui comportait une clause de conscience : réprimandé pour avoir invité une personnalité qui ne cadre pas dans la ligne éditoriale de l'entreprise de presse où il avait une émission et était l'un des employés les mieux payés, il a préféré démissionner. 

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31/12/2021 | Lien permanent

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