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24/12/2016

Pays cherche cours de Culture générale

Madagascar, Randy Donny, Politique, cultureLe hasard de la vie, mais aussi et surtout les circonvolutions d'une carrière professionnelle sans autres ambitions que celles de se faire plaisir, ont amené l'auteur de ces lignes à Antsirabe, en 2007, pour diriger la filière de formation en Communication et Journalisme d'une Université catholique. Première décision: supprimer une matière qui sonne comme une intruse au milieu d'autres plus pointues, Culture générale.

Comment peut-on enseigner à un individu ce qui va rester quand il aura tout oublié ? Une culture générale ne s'acquière pas en 20h de cours magistral ponctués de QCM. Ne demandez surtout pas ce que signifie ces acronymes. Cela doit déjà faire partie de votre culture générale de Francophone.

Comme ce sont les individus qui forment un groupe social, de la culture générale de chacun dépend donc le niveau général de culture d'une société, d'une Nation.

Ainsi, l'on se demande si l'un des freins au développement  de Madagascar ne relève pas finalement de la culture que l’Unesco désigne comme étant « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent un groupe social ».

Si l'on ne prend pas garde, avec une population où une personne sur deux est analphabète, une fuite en arrière n'est pas à écarter.

Quand des victimes d'un vol de zébus, conséquence d'une culture figée depuis des siècles - l'élevage contemplatif, crie à la vendetta collective, c'est la culture de la justice qui quitte le prétoire pour retourner à l'âge des cavernes...

Quand on vandalise un poteau électrique, un panneau de signalisation ou une poubelle publique, c'est que, quelque part, des gens ne sont pas passés par la case culture citoyenne...

Quand des policiers tabassent un présumé coupable et que personne ne réagit, ce que la culture des droits de l'Homme n'est pas encore ancrée dans les moeurs. Et pas seulement. Ailleurs, on pointe de doigt les vêtements de fourrures et le foie gras au nom du droit des animaux alors que dans les aires protégés malgaches, on continue à tuer des espèces protégés...

La pauvreté n'explique pas tout. D'autant plus que le financement des ONG s'avère être un tonneau des Danaides.

Tout le monde cherche un emploi au lieu d'en créer par manque de culture entrepreunariale. On vote, non pas pour une idée, mais contre quelqu'un parce que c'est ce qui reste de notre culture démocratique...

Si les médias ne servent plus que comme des instruments pour régler des comptes, au niveau politique aussi bien qu'au niveau personnel, et qu'une uniformisation mettant l'accent au sensationnalisme et à la violence se banalise, c'est que, généralement, il y a un problème de cultures.

Le niveau  culturel d'une société, tout comme la culture générale d'un individu, ne saurait être élevée à coups de cours accélérés. Des efforts conscients et durables sont nécessaires afin qu'il puisse relever les nouveaux défis du monde moderne.

Randy

Paru dans "Politikà", n° 03 du novembre-décembre 2016

17/12/2013

Le syndrome d' hubris : la maladie du pouvoir

 

Perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l'emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir : tels sont quelques-uns des symptômes d'une maladie mentale récemment répertoriée qui se développerait durant l'exercice du pouvoir.
C'est le syndrome d'hubris.

Dans ses Discours sur la condition des grands, Pascal jugeait utile d’éduquer les futurs puissants en leur rappelant que leur détention du pouvoir tenait avant tout du hasard : « Surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres […] Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanité des Grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont. » Le pouvoir exerce une fascination indéniable, autant sur ceux qui le subissent que sur ceux qui l’exercent. Assurément, l’exercice du pouvoir n’est pas une activité comme une autre et n’échoit pas au premier venu, mais les « Grands » se souviennent-ils suffisamment de leur condition de simple mortel ? Un livre et un article récents plaident pour l’instauration d’une nouvelle entité médicale qui concernerait les personnalités politiques dirigeantes : elles seraient « intoxiquées » par un étrange agent pathogène – le pouvoir – les conduisant à manifester un narcissisme pathologique.

Dans son livre In Sickness and in Power (Dans la maladie et le pouvoir) paru en 2008, David Owen examine le rôle de la maladie dans les prises de décision des chefs d’État durant les 100 dernières années. L’exercice n’est pas nouveau. On se souvient du livre de Pierre Accoce et Pierre Rentchnick, Ces Malades qui nous gouvernent, paru en 1978, qui avait relancé le débat classique sur le secret médical chez les hommes de pouvoir, et ce bien avant la révélation du cancer de François Mitterrand. Selon D. Owen, les chefs d’État tiennent entre leurs mains le destin des peuples et, de ce fait, leurs décisions doivent se fonder sur un sens du jugement solide et réaliste. Mais il va plus loin, et propose tout à fait sérieusement au lecteur et à la communauté scientifique de considérer l’idée d’une nouvelle entité clinique dont seraient victimes certains dirigeants précisément du fait qu’ils détiennent le pouvoir. L’idée provocante est également développée dans un article qu’il a cosigné avec Jonathan Davidson, psychiatre au Centre médical de l’Université Duke, à Durham aux États-Unis, récemment publié dans la revue de neurologie Brain. Cette maladie est nommée en anglais hubris syndrome.

Hubris, ou le syndrome de la démesure

Le concept d’hubris est tiré non seulement de la philosophie grecque – on le retrouve chez Platon et Aristote –, mais également du théâtre, où il permet de raconter de grandes épopées, où le succès monte à la tête du héros, qui prétend se hisser au rang des dieux ; il est alors impitoyablement remis à sa place par Némésis, la déesse de la vengeance. L’hybris grec renvoie à la démesure et à ses conséquences funestes.

Malheureusement, il n’existe pas en français d’équivalent satisfaisant au mot anglais hubris. Une approximation serait « orgueil démesuré ». Mais le champ sémantique du terme anglais est beaucoup plus large : il associe narcissisme, arrogance, prétention, égotisme, voire manipulation, mensonge et mépris. Le terme renvoie également à un sentiment d’invulnérabilité, d’invincibilité et de toute-puissance, en y associant un certain pathétique. Comme le narcissisme, l’hubris désigne aussi un manque d’intérêt pour tout ce qui ne concerne pas le sujet personnellement, une absence générale de curiosité. La caractéristique principale de l’hubris est qu’il est visible de tous, sauf du principal intéressé et de ses fidèles. Adapté à la politique, on voit immédiatement se profiler quelques candidats au syndrome d’hubris, mais D. Owen se focalise surtout sur l’analyse des chefs d’État britanniques et américains.

La naissance d’une nouvelle maladie

Qui est donc David Owen ? Un agitateur, un anarchiste, un extrémiste ? Non, il est un fleuron d’une certaine orthodoxie politique à l’anglaise. Très vite, il devint membre du Parlement, puis le plus jeune ministre des Affaires étrangères britannique. Il fonda le Social Democratic Party, qu’il dirigea plusieurs années. Conseiller, membre de la Chambre des lords, chancelier de l’Université de Liverpool, le personnage...

A lire ici.


31/03/2010

Siffler l’hymne national n’est pas un délit !

J'ai connu trois révélations en 24h.

1° Maputo, c'est fini. Et dire que c'était la ville de nos premiers amours ! En essayant mon nouveau téléphone portable équipé de TV et radio, je suis tombé, le 29 mars à 00h 30, sur une édition spéciale de RFI concernant la crise malgache. Sur les trois intervenants, dont Ablassé Ouedraogo, deux se sont prononcés pour l'arrêt de la solution des « mouvances ». « Aucun des chefs de mouvances ne pensent à l'intérêt supérieur de la Nation, ils ont trop d'ego », a dit en substance Jean Eric Rakotoarisoa, éminent juriste qui a participé en tant que consultant du Gic au cycle de négociation Maputo - Addis Abeba. « L'Union européenne, la France et les Etats-Unis doivent financer l'élection, en contrepartie de quoi, ils auront le droit d'en surveiller le déroulement, sinon l'organiser », disait pour sa part Francis Soler, rédacteur en chef de « La Lettre de l'Océan Indien ».

2° Siffler l'hymne national n'est pas un sacrilège à Madagascar. C'est ce qui s'est passé, le 29 mars dans la matinée, à Ambohijatovo lors du dépôt de gerbe en l'honneur de ceux qui sont tombés pour Madagascar en luttant contre la colonisation. Je veux bien qu'on ait des idées différentes, mais violenter les membres d'une chorale venus pour animer la cérémonie ou tirer des fers aiguisée avec des frondes n'est pas dignes de vrais démocrates. C'est en foulant au pays les valeurs républicaines depuis 1972 que l'on a fini par ne plus avoir de repères.

29 mars.jpg

Cette photo , à la Une de « L'Expresse » le lendemain, me fait à la fois rire et honte : Satrobory, mercenaire politique qui a déclaré, dans les années 90, en faveur d'une présidence à vie pour Didier Ratsiraka, actuellement devenu pro-Ravalomanana, face à une vieille femme qui aurait l'âge des nationalistes du 29 mars 1947 le narguant avec un V des deux mains, symboles du mouvement pro-Rajoelina !  

3° Outre la FMI et la Banque mondiale, qui ont suspendu leurs aides depuis décembre 2008, parce que Ravalomanana confondait ses poches avec celui de l'Etat, la MCA américain a également suspendu la 2ème tranche de son crédit en 2008 en raison de « différends entre James Mc Gee, l'Ambassadeur américain, et Marc Ravalomanana ». C'est ce que je lis, le soir du 29 mars, sur le site web du Quai d'Orsay. J'en publie un large extrait qui a le mérite de résumer la situation politique de Madagascar de ces douze derniers mois.

Les dérives autoritaires et autocratiques du Président le conduisent à sa chute.
Alors que la gestion des affaires publiques par Marc Ravalomanana est de plus en plus critiquée, la déception de la population est à la mesure des espoirs immenses que son accession au pouvoir avait suscités en 2002. En verrouillant la vie politique malgache, il a contribué à entretenir un terreau favorable à une révolte populaire et créé un climat de méfiance généralisée. La conjonction de méthodes musclées et de décisions maladroites du Président ont contribué à envenimer la situation, cristalliser les oppositions et provoquer sa chute.
Un durcissement progressif du régime est constaté : la constitution révisée (4/4/2007) renforce le pouvoir du Président : possibilité de légiférer par ordonnance, renforcement du contrôle sur le Parlement, nomination par le Président des chefs de région. Le Président Marc Ravalomanana, en proie à des divisions au sein de sa majorité, a pris l'initiative de dissoudre l'Assemblée Nationale au mois de juillet 2007 et d'organiser de nouvelles élections législatives le 23 septembre 2007. La « malgachisation » de l'enseignement public a été annoncée avec un assouplissement envisagé pour l'enseignement privé.
Les dérives économiques de Marc Ravalomanana
L'insécurité juridique était devenue très importante, en particulier du fait de la situation quasi-monopolistique de « Tiko » (société appartenant au Président) dans de nombreux secteurs, de la distorsion de concurrence opérée par le Président malgache, des conflits d'intérêts permanents et de sa propension croissante à la confusion de gestion entre fonds publics et privés. Des scandales financiers ont également entaché la crédibilité du Président, en particulier l'achat d'un second avion présidentiel et le contrat passé avec Daewoo Logistics qui a cèdé à la société sud-coréenne 1,3 M€ d'ha de terres pour produire de l'huile et du mais.
L'opposition au régime, faible à l'origine, s'organise
Elle est loin de disposer des moyens du parti présidentiel pour les campagnes électorales et, jusqu'à l'élection en décembre 2007 du jeune Maire de Tananarive (33 ans), M. Andry RAJOELINA, aucune alternative n'avait véritablement émergé. Depuis cette date, le gouvernement n'a eu de cesse de perturber l'action du Maire.
En décembre 2008, la décision du Président de fermer la chaîne de télévision privée Viva appartenant au Maire a été le facteur déterminant de la rupture. Le Maire a appelé la population à manifester pacifiquement, « place du 13 mai », lieu symbolique de la contestation malgache. Le 24 janvier 2009, un rassemblement populaire, pourtant interdit, a regroupé entre 25 000 et 30 000 personnes. D'abord pacifique, il a basculé dans la violence. Après deux jours de manifestations, d'émeutes et de pillages, le bilan est lourd : plus de 80 morts et de nombreux dégâts matériels.
Après deux mois de crise politique, une partie des forces de sécurité, jusqu'ici d'une neutralité bienveillante à l'égard du pouvoir en place, s'est soudainement mutinée, le 8 mars, contre les autorités légales, précipitant ainsi la chute du régime. Le 17 mars, le Président a transféré l'ensemble de ses pouvoirs à un Directoire militaire qui les a lui même immédiatement cédés à Andry Rajoelina. Le 19 mars, celui-ci a décidé de suspendre le Parlement.
La communauté internationale, dans son ensemble, a fermement déploré le changement de régime à Madagascar qui s'est fait en dehors du cadre constitutionnel, a appelé au retour à la normalité constitutionnelle et insisté sur l'organisation d'élections dans les meilleurs délais (...)
Situation économique

- En paralysant l'activité, la crise de 2002 a provoqué une importante récession (-12% en 2002) (...) Le pays connaît néanmoins une croissance économique quasi-ininterrompue depuis 1995 (sauf 2002), et même une accélération en 2007 et 2008. Les principaux moteurs sont les deux grands projets miniers, les infrastructures, le BTP, les transports et les services.
- Le grand œuvre du Président Ravalomanana a été d'assurer le développement économique de son pays. Il s'est senti, à cet égard, investi d'une véritable mission. Il a traduit dans le Plan d'action pour Madagascar (MAP), qui s'inscrit dans le droit fil des Objectifs du Millénaire pour le Développement (...)

- Bien que ces réformes voulues par le président Ravalomanana pouvaient inciter à l'optimisme, il n'en demeure pas moins que ce « croisé » du développement n'a jamais perdu de vue ses intérêts personnels jusqu'à confondre derniers publics et privés.
- la prolongation de la suspension de l'aide budgétaire emporte un risque réel, et à échéance rapprochée, de déstabilisation (...)

- un assèchement progressif des aides-projets provoquerait un délitement des secteurs fondamentaux pour la population, susceptible d'être exploité à des fins politiciennes, créant ainsi les conditions d'affrontements et de menaces de guerre civile.

(...)
Madagascar a signé en avril 2005 le premier programme d'aide consenti par les Etats-Unis au titre du « Millenium Challenge Account » -M.C.A-(un programme de 110M$ sur 4 ans essentiellement consacré au secteur agricole). Toutefois la seconde tranche a été gelée par les Etats-Unis en 2008 à la suite notamment des différends entre James Mc Gee, l'Ambassadeur américain, et Marc Ravalomanana au sujet de la société américaine Seaboard, laquelle est entrée en conflit avec la société du Président Tiko...


Copie du texte du Quai d'Orsay en date du 10/02/2010

11/12/2009

2009 : une crise de l'élite

Pour commencer, une dernière : connaissez-vous la raison de l'extinction des dinosaures ? On les a retenus dans une réserve au Mozambique !

Il ne reste plus que quelques jours avant que ne 2009 rende son dernier souffle. Inutile de regarder en arrière pour constater que 2009 était pour Madagascar une "année spéciale crise". Comme des enfants, ces messieurs qui se disent nos dirigeants (passé, présent et futur) se sont accusés de tous les maux. "Ce n'est pas moi, c'est lui qui a commencé !", affirme l'un. "Non, c'est lui. Il ne veut pas rendre mon jouet. C'est lui le responsable", retorque l'autre. Ces guéguerres de récré comme dans une classe de Maternelles est illustratif du fait que la crise cyclique que traverse Madagascar depuis 1972 est avant tout une crise de l'élite.

Société civile démissionnaire, média incapable d'assurer correctement son rôle de 4è pouvoir, dirigeants qui se servent dans la caisse de l'Etat depuis 1960 - le plus gros hold-up du siècle, un nombre restreint de familles qui monopolise les deux mamelles de la République (finances et politiques)... Les "avara-pi" (intellos) sont finalement les principaux fossoyeurs de la démocratie à Madagascar. Surtout ne pas dire que la crise de 2009 est la cause de la pauvreté de Madagascara alors qu'elle n'en est qu'une conséquence. La principale raison se trouve dans nos pauvres têtes. Jacques Morisset.jpg

Une intéressante étude,"Pour que la terre tourne... aussi à Madagascar : vers un agenda de relance économique", soumis par Jacques Morrisset, économiste de la Banque mondiale, éclaire encore mieux sur les raisons du retard économique de Madagascar depuis l'indépendance. J'en publie en bas des extraits. La version complète est ici.

Depuis 1980, il n'y a que 7 pays en développement qui ont reporté une croissance de leur revenu par habitant moindre que Madagascar, et encore tous ces pays ont souffert de guerres (civiles et régionales) de longue durée.

Une simple comparaison avec l'Ile Maurice suffit à illustrer que l'écart du revenu par habitant entre ces deux pays est passé de 2,7 en 1980 à plus de 15 en 2008. L'écart se creuse également avec le reste de l'Afrique qui ne se caractérise pas non plus par son succès. Le déclin économique de Madagascar n'est donc pas un phénomène récent ; il s'est simplement précipité avec la crise politique qui a éclaté au début 2009.

Les causes du déclin économique malgaches sont donc à rechercher dans des facteurs et comportements structurels et pas seulement conjoncturels.

Au cours de ces dernières années, Madagascar a entrepris un certain nombre d'efforts sur ces deux canaux de la gouvernance. Cependant, ces efforts ont été incomplets, menant à une tension de plus en plus grande pour aboutir à la crise politique du début 2009, qui doit être interprétée avant tout comme une crise de gouvernance. En effet, les bailleurs de fonds avaient interrompu leur aide budgétaire en décembre 2008 à la lumière de la mauvaise utilisation des fonds publics et du non-respect des procédures budgétaire pour l'achat de l'avion présidentiel de 60 millions de dollars ainsi que des exonérations fiscales accordées aux entreprises du Président Ravolomanana. En fait, à la fin de l'année 2008, il était reporté que 4 malgaches sur 10 n'étaient pas satisfaits de la manière comment fonctionnait la démocratie dans leur pays (Enquête Afrobarometer, 2009)

La crise politique actuelle n'est pas indépendante des nombreux dérapages qui se sont accumulés en matière de gouvernance au cours de ces dernières années à Madagascar.

La prépondérance de l'Exécutif n'est pas un phénomène nouveau à Madagascar, mais il s'est accéléré au cours de ces dernières années à travers une série de mesures dont les plus visibles sont rappelées ci- dessous.

- Le budget de la Présidence s'est multiplié par 10 entre 2003 et 2008, passant de 10 milliards à 133 milliards d'Ariary. Cette hausse illustre non seulement le poids grandissant de la Présidence dans le budget mais aussi dans les prises de décisions économiques. Cet interventionnisme est devenu aussi apparent à travers le nombre de conseillers qui s'est multiplié au sein de la Présidence au détriment des circuits institutionnels de décision.

- Les conflits d'intérêt se sont aggravés au cours du temps, jusqu' à la suspension de l'appui budgétaire en décembre 2008 à cause du manque de transparence quant à l'achat de l'avion présidentiel avec les fonds publics et l'usage abusif d'exonérations fiscales pour les entreprises appartenant au Chef de l'Etat.

- La présence dans le cabinet et à la direction des agences de l'Etat du personnel dirigeant des sociétés privées appartenant au Chef de l'Etat.

- Le contrôle du pouvoir législatif par le parti présidentiel s'est accentué, jusqu'à que ce dernier détienne 82% des sièges de l'Assemblée nationale après les élections législatives de 2007. Cette mainmise faisait suite à la dissolution de l'Assemblée par décret en 2007 et à la modification controversée de la loi électorale qui a réduit l'importance des régions les plus peuplées et traditionnellement favorables à l'opposition dans les listes électorales.

- Le remplacement des provinces par les régions, qui s'inscrivait en principe dans un effort d'accélérer et de rationaliser les processus de décentralisation politique et budgétaire, mais qui a mené à une centralisation politique car les chefs de régions ont été directement choisis par le Chef de l'Etat.

La concentration du pouvoir politique et économique autour de la Présidence s'est trouvée exacerbée par le nombre limité de personnes et de familles qui composent l'élite ou l'aristocratie politique dans un pays comme Madagascar. Les réseaux sont existants, façonnant les relations entre les agences gouvernementales, entre le pouvoir exécutif et législatif, et entre le secteur public et privé. A titre d'exemple, il peut être montré qu'une dizaine de familles détiennent traditionnellement les postes les plus importants au sein de la Banque centrale, les banques commerciales et le Ministère des Finances. Une remarque néanmoins s'impose : la concentration du pouvoir autour du Président Ravolomanana s'est en partie faite au détriment de cette élite traditionnelle, politique et financière, qui s'est ainsi trouvée de plus en plus frustrée, provoquant une partie des réactions qui ont mené à la crise politique.

A terme, les inégalités économiques, surtout lorsque la concentration du pouvoir s'accentue de plus en plus et les systèmes de recours n'existent pas, conduisent aux ruptures brutales qui caractérisent la vie politique à Madagascar. Ces ruptures se manifestent parfois à travers des coups d'Etat, parfois la résistance civile. Dans tous les cas, elle précipite le pays dans une grave crise économique, avec une hausse de la pauvreté et de la vulnérabilité.

Mendiant.jpg

La crise tarde à trouver une issue car l'équipe de Andry Rajoelina est composée de mendiants et autres kleptocrates qui vivent, par le biais de la politique, au crochet des aides étrangères. Voilà pourquoi, au lieu de garder tout seul le ballon et foncer droit au but tout seul comme un grand, le gouvernement de la Transition a vite capitulé face aux exigeances des bailleurs de fonds pour un "retour à la constitutionnalité" (?) Jacques Morrisset explique cette promptitude à flatter la croupe des bailleurs de fonds et éviter ainsi de se faire botter le cul par une raison : les aides extérieures sont des "mannes" dans un désert de moralité ou chacun cherche à s'enrichir sur le dos de nos enfants, ceux qui vont rembourser les emprunts dans 50 ans.

L'aide étrangère est en partie perçue comme une « manne venue du ciel », à savoir que l'argent ne vient pas directement de la poche des contribuables ce qui affaiblit leur devoir de vigilance. Ce comportement est encore plus vrai lorsque l'aide prend la forme de dons. Dans ces conditions, les décideurs politiques ne sont pas seulement faiblement redevables par rapport à leurs constituants mais ils sont encore encouragés à limiter les flux d'information et à affaiblir les organes internes de contrôle. A nouveau, la faiblesse des systèmes d'information et de contrôles est manifeste à Madagascar ce qui donne un certain poids à cet argument.

Il peut aussi être argumenté que les bailleurs de fonds ont manqué à leur devoir de vigilance à Madagascar, notamment en matière de leur appui budgétaire.




04/12/2009

Des sorciers de Madagascar au chevet de la névrose de la France

Qu’est-ce qui unit Sylvie Vartan, MC Solaar, Nicolas Sarkozy et 90% de l’équipe de France de foot ? Ils sont tous issus de l’immigration. Le « Nouveau français » est arrivé, chante Amel Bent qui annonce les couleurs. Aux (l)armes, citoyens ! formez vos bataillons de résistance, se scandalisent les conservateurs qui veulent monopoliser la liberté, l’égalité et la fraternité. Les enfants des colonies, et d’ailleurs, envahissent la mère-patrie comme autrefois les Français, et les autres, lorsqu’ils ont envahis l’empire colonial. C’est la revanche des fils du Sud d’où je viens. Les Arabes n’ont pas été arrêtés à Poitiers. La France est devenu black blanc beur. Jusque dans ses mœurs. Ne dit-on pas que dans chaque Sarkozy sommeille un Africain ? L’inverse est aussi vrai, bien sûr. Le bling-bling et l’affaire Epad l’attestent. La France en arrive à avoir la migraine. Voire une dépression. Au point de s’étaler sur le divan universel, le net, pour se soigner. Un site web gouvernemental lance le débat sur l’identité nationale française. Le comble est que les psychanalystes (les modérateurs) y sont des tradi-praticiens Malgaches. Jusqu’ici, le « tambavy » est plutôt amer. Le « mpamadika palitao » (versatile –une tradition politique malgache NDLR), Eric Besson, déplore ainsi que des toxines ont été détectés dans les premières analyses : propos racistes et xénophobes… La France est mal partie.Identité nationale.JPG

Le Grand Débat sur l'Identité Nationale donne du travail jusqu'à MadagascarOA.jpg

C'est sympa d'avoir pensé aux pauvres gens du tiers monde Monsieur Besson !
Et oui, imaginez qu'il y a eu environ 35 000 commentaires sur le site. Sachant qu'il faut environ 5 minutes pour "modérer" un commentaire, c'est à dire, pour le lire, l'évaluer et prendre la décision de la valider ou non (suivant des critères assez obscurs)...
Le temps de travail pour l'ensemble des messages est donc de: 35 000 x 5 = 175 000 Minutes, soit 15 583 heures. En comptant les temps de pause (+10%): environ 16 500 heures, soit 2 062 jours. Ou encore près de 7 années de travail !!!

De "source sûre", nous avons appris que ce travail est sous-traité à une équipe de 3 personnes à Madagascar payées à raison de 100€ par mois.
D'ailleurs comment faire autrement?
A Madagascar, cela coûtera au total 8 400 € (hors marge et commissions) tandis qu'en France, il faudrait compter environ 20 fois plus, soit 168 000 € (toujours sans commission). En comptant maintenant la marge commerciale et les diverses commissions que l'on peut évaluer raisonnablement à + 200% voire + 300% dans le cas de l'opération Madagascar, le coût total de la modération du Grand Débat sur l'Identité Nationale se monte entre 25 200€ et 33 600€.
Certains salueront la bonne gestion des fonds publics de Monsieur Besson (si ce travail avait été réalisé en France, cela aurait coûté environ 250 000 à 350 000€, soit dix à quinze fois plus!) mais ce serait sans doute sans vouloir voir d'autres réalités : l
es organisateurs de débat se sont vantés publiquement de mettre en oeuvre un "logiciel français" libre, à savoir SPIP. Ce logiciel a été conçu et réalisé par des développeurs bénévoles, français pour la plupart mais dont certains étaient "sans papiers". Jamais ces développeurs n'ont été payés pour leur création. Ils ne l'ont d'ailleurs pas réclamé car ils ont fait cela pour la beauté du geste comme c'est la tradition dans le logiciel libre.
Ainsi à la manière de n'importe quelle entreprise privée astreinte au profit, les organisateurs du Grand Débat sur l'Identité Nationale ont réduit les coûts de production. Ce faisant, ils ont bradé la matière grise locale (celle des développeurs libres qui n'ont pas été rémunérés) et délocalisé les tâches plus manuelles.
Qui a gagné de l'argent et du pouvoir au passage ?
Et bien les intermédiaires et les politiques dont Monsieur Besson qui ont organisé la grande manipulation
d'opinion dont chacun peut contempler les résultats aujourd'hui : insinuations racistes, appel au repli sur soi, etc.

OA