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24/12/2016

Pays cherche cours de Culture générale

Madagascar, Randy Donny, Politique, cultureLe hasard de la vie, mais aussi et surtout les circonvolutions d'une carrière professionnelle sans autres ambitions que celles de se faire plaisir, ont amené l'auteur de ces lignes à Antsirabe, en 2007, pour diriger la filière de formation en Communication et Journalisme d'une Université catholique. Première décision: supprimer une matière qui sonne comme une intruse au milieu d'autres plus pointues, Culture générale.

Comment peut-on enseigner à un individu ce qui va rester quand il aura tout oublié ? Une culture générale ne s'acquière pas en 20h de cours magistral ponctués de QCM. Ne demandez surtout pas ce que signifie ces acronymes. Cela doit déjà faire partie de votre culture générale de Francophone.

Comme ce sont les individus qui forment un groupe social, de la culture générale de chacun dépend donc le niveau général de culture d'une société, d'une Nation.

Ainsi, l'on se demande si l'un des freins au développement  de Madagascar ne relève pas finalement de la culture que l’Unesco désigne comme étant « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent un groupe social ».

Si l'on ne prend pas garde, avec une population où une personne sur deux est analphabète, une fuite en arrière n'est pas à écarter.

Quand des victimes d'un vol de zébus, conséquence d'une culture figée depuis des siècles - l'élevage contemplatif, crie à la vendetta collective, c'est la culture de la justice qui quitte le prétoire pour retourner à l'âge des cavernes...

Quand on vandalise un poteau électrique, un panneau de signalisation ou une poubelle publique, c'est que, quelque part, des gens ne sont pas passés par la case culture citoyenne...

Quand des policiers tabassent un présumé coupable et que personne ne réagit, ce que la culture des droits de l'Homme n'est pas encore ancrée dans les moeurs. Et pas seulement. Ailleurs, on pointe de doigt les vêtements de fourrures et le foie gras au nom du droit des animaux alors que dans les aires protégés malgaches, on continue à tuer des espèces protégés...

La pauvreté n'explique pas tout. D'autant plus que le financement des ONG s'avère être un tonneau des Danaides.

Tout le monde cherche un emploi au lieu d'en créer par manque de culture entrepreunariale. On vote, non pas pour une idée, mais contre quelqu'un parce que c'est ce qui reste de notre culture démocratique...

Si les médias ne servent plus que comme des instruments pour régler des comptes, au niveau politique aussi bien qu'au niveau personnel, et qu'une uniformisation mettant l'accent au sensationnalisme et à la violence se banalise, c'est que, généralement, il y a un problème de cultures.

Le niveau  culturel d'une société, tout comme la culture générale d'un individu, ne saurait être élevée à coups de cours accélérés. Des efforts conscients et durables sont nécessaires afin qu'il puisse relever les nouveaux défis du monde moderne.

Randy

Paru dans "Politikà", n° 03 du novembre-décembre 2016

04/12/2015

La Culture : combien de divisions ? *

Le clash entre les artistes et la ministre de la Culture à propos de la direction de l'Omda amène à s'interroger sur la place de la Culture à Madagascar.



Quand Lego parodie Lego : "Birizity", adressé à Brigitte Rasamoelina, filmé par Vavah.

Le ministère de la Culture était toujours le parent pauvre du gouvernement. La raison est que les régimes qui se sont succédé ignoraient le poids économique de la Culture. La Culture rapporte au pays. Et pas seulement de l'argent mais aussi des emplois. Par exemple, parmi les deux raisons majeures font venir les touristes à Madagascar figurent la Culture
Il importe donc d'évaluer un "PIB culturel", calculer les valeurs ajoutées du spectacle vivant, du patrimoine, des arts visuels, de la presse, du livre, de l'audiovisuel, de la publicité, de l'architecture, du cinéma, des industries de l'image et du son ainsi que l'accès au savoir et à la culture, c'est à dire les bibliothèques et les archives...
Il faut savoir que les activités culturelles ont un effet d'entraînement sur le reste de l'économie grâce aux activités induites comme les matériaux utilisés, les loyers, l'électricité...
En France, la Culture contribue 7 fois plus au PIB français que l'industrie automobile avec 57,8 milliards d'euros de valeur ajoutée par an. A leur époque, les Beatles était considéré comme un des meilleurs produits d'exportation de la Grande-Bretagne. Ils ont été décoré pour cela !


(*) Vient de la fameuse formule « Le Pape, combien de divisions ? » par Staline répondant à Pierre Laval qui lui demandait de respecter les libertés religieuses dans l’Europe centrale que l’Armée rouge occupait (1935).

03/10/2008

« Paris-Match », le mémorial de mon temps

La vie s’arrête quand on n’est plus teenager. Après, on passe son existence à « revivre » ses tendres années. Parmi les choses qui meParis-Match Benoît XVI.jpg remémorent mon jeune âge figurent le magazine « Paris-Match ». J’ai appris à lire avec en même temps que « L’Express » et la « Sélection du Reader’s Digest ». Mon père était même abonné à son digest annuel, le volumineux « Mémorial de notre temps », que je dévorais sans jamais me rassasier. C’était avant 1975. Je commençais à peine à aller à l’école. Oui, je suis de la culture populaire. Voilà pourquoi, je me retrouve mieux dans « Rock & Folk » que dans « Les Inrockuptibles ». Je préfère me mettre en tee-shirt qu’en costume-cravate. Ce qui ne m’empêche pas, de temps en temps, d’avoir des goûts de luxe…

Ceci dit, dans l’avion qui me ramenait de Paris, je n’ai pu m’empêcher un vieux réflexe : garder les journaux que l’on propose en lecture. J’avais la chance de tomber sur le numéro de « Paris-Match » avec le pape Benoît XVI en couverture. Celui-là, je l’ai raté deux fois : je ne suis pas allé à la grand-messe aux Invalides (comme les deux bonnes sœurs malgaches photographiées par Match) alors que j’aurais pu, ni aller à Lourdes car je ne savais pas qu’un car gratuit était à la disposition des fidèles du Val d’Oise. Non, je ne suis pas catholique. Mais tout ce qui est people m’intéresse. Et le pape est une superstar à sa manière.

Paris-Match sisters.jpg

 

Je retrouvais donc le « Paris-Match » de mon enfance. Et je l’ai lu avec une passion intacte. Cela dure depuis des années. A bien y réfléchir, c’est ce genre de lecture qui m’a orienté vers le journalisme. Tiens, j’y ai même dégoté une réponse à Valiavo Andriamihaja Nasolo Frédéric (Vanf), excellent chroniqueur du reste, qui se posait la question sur la possibilité de « ouragan raciste », ici, en évoquant le désastre provoqué par l’ouragan Ike sur Haïti et non à Saint-Domingue, deux pays qui se trouvent pourtant sur une même et unique île. La réflexion n’étonne pas ceux qui connaissent le registre de Vanf. Les éléments ne font pas de discriminations entre les humains. La véritable raison est dans l’article qui suit, extrait de « Paris-Match », n° 3096, du 18 au 24 septembre 2008, p. 85.

Historique d’un désastre

La fréquence des ouragans et leurs dégâts augmentent depuis le début du XXè siècle. Les spécialistes constatent que la déforestation est un facteur aggravant car les pluies ruissellent désormais sur les reliefs sans être arrêtées par la végétation, et la nudité de la terre aggrave les effets du ruissellement. L’autre partie de l’île, Saint-Domingue, ne connaît pas de catastrophe d’une telle ampleur. Le départ des colons après les massacres de 1806 a désorganisé les plantations. L’anarchie politique persistante a empêché tout développement rationnel et suscité un défrichement sauvage. La France réclame, pour compenser la « nationalisation » des plantations, 90 millions de francs en 1825, sous la menace d’une flotte de guerre. Cette saisie aggrave encore la situation. Puis la crise de la canne à sucre, concurrencée par la betterave, affaiblit les recettes. La « perle des Antilles » était pourtant la plus riche colonie française avant 1790, grâce à la canne à sucre et à l’indigo. 1957-1986 : les Duvalier instaurent une dictature sanglante. La terreur qu’ils font régner a ravagé ce qu’il restait des forêts puisqu’elles servaient de refuges aux opposants. La terre est nue, qui fut autrefois si féconde. Deux millions d’Haïtiens fuient les massacres.

 

Haïti.jpg

Reconstitution haïtienne du « Radeau de la Méduse ».

J’ai gardé le meilleur pour la fin. Une banale critique de film (« Parlez-moi de la pluie » d’Agnès Jaoui) qui flirte avec la littérature. Quelque part, le journalisme est l’art d’intéresser les lecteurs à ses coups de cœur et, hélas aussi, à ses coups de gueule. Je n’aimerais probablement pas l’opus, comme la majorité des productions françaises, même si Jamel Debbouze est au générique, mais j’ai flashé sur le commentaire. C’est comme manger dans un restaurant gastronomique : la longueur de l’intitulé des menus est inversement proportionnelle à la quantité proposée. Mais qu’est-ce que c’est poétique. Rien qu’en les lisant, on n’a déjà plus faim. Avant-goût.

Impers et manques

«Vider les placards incitent à vider les sacs… de nœuds familiaux (…) Les gens ressemblent souvent à leurs maisons de famille : les façades solides cachent des murs lézardés par de vieilles blessures causées par des tremblements de terre prénatale et des dégâts des eaux troubles de la jeunesse. Et ce sont ces petites catastrophes naturelles, ces fissures affectives qui sculptent les êtres humains. En fait, ne sommes-nous pas tus des losers magnifiques essayant simplement d’avoir la force de vivre malgré nos faiblesses ? (…) à la santé de nos existences fluctuantes comme la météo. Nous qui aspirons à posséder l’éclat du soleil, le charme rare des aurores boréales, la puissance des ouragans, l’autorité du tonnerre et l’infinité du ciel, nous nous bornons, humbles mortels, à vivre un temps variable, traversé d’éclaircies et d’averses, avec, au final, un ultime coucher du soleil sur une nuit éternelle. Alors, en attendant, on fait de notre mieux… »

Alain Spira

23/05/2008

Jaojoby, la biographie


Ce n'est pas encore en librairie.  En grande première, voici le projet de couverture du livre que je suis en train d'écrire sur Jaojoby Eusèbe, le roi du salegy. Vous savez peut-être que Jaojoby Eusèbe est à l'affiche de l'Olympia le 20 septembre 2008. Et bien, comme lors de Mahaleo, je vais sortir une biographie du king. Avec son accord, naturellement...
Que ceux qui s'intéressent au parcours du chanteur, qui a commencé par des interprétations de James Brown avant de virer Tropical, se manifestent en m'écrivant. La présentation sera plus luxueuse (photos à gogo en quadrichromie sur papier glacé) que le livre sur Mahaleo. En avant-goût, j'offre en écoute une surprenante composition de Jaojoby, du temps où il était plus connu par son prénom, Eusèbe : "Magnino Ndreky", enregistrée en 45 tours avec les Players, en 1977.
La sortie du livre est prévue avant l'Olympia.podcast

Bienvenue dans mon home cinema


Barbra Streisand aimait dire : « je suis née à Calcutta et grandis à Madagascar ». Et moi, je me disais : « né à Bombay et grandis à 1222222309.jpgHollywood ». Depuis mon enfance, je me suis baigné dans la légende des stars du grand écran. Mon salon est décoré d’un poster géant de James Dean à New York, marchant sur une Vème avenue pluvieuse, que j'ai acheté à Copenhague, et d’un autre de Marilyn Monroe, la scène mythique où sa jupe se soulève, acheté à la Défense (Paris).

J’étais toujours fasciné par le 7ème art. Heureusement que je vis dans un pays où l’on peut avoir les derniers blockbusters quelques semaines seulement après leurs sorties américaines. Madagascar a vu, avant la France, « Titanic », en version originale SVP et… à la télé. Cela peut paraître surprenant, mais c’est ainsi. Les chaînes de télé malgaches n’hésitent pas à s’approvisionner sur le grand marché du piratage asiatique. C’est scandaleux, je le reconnais et l’a dénoncé à plusieurs reprises, mais d’un autre côté, cela permet au public malgache de voir les dernières nouveautés en même temps que le reste du monde, sans devoir attendre que celles-ci soient amorties pour avoir, enfin, la permission d’être diffusé dans les pays dits « en développement » qui n’ont pas suffisamment d’argent pour payer les droits à la sortie des films. C’est ainsi que la première fois que j’ai vu « Il Faut Sauver Le Soldat Ryan », c’était également avant sa sortie française et à la télé, en version originale sous-titrée en suédois. Un screener certainement, comme c’est toujours le cas. Enfin, ultime édification, « La Passion Du Christ », qu’un loueur de vidéo s’est procuré en format DVX, a été diffusé en salle à Tananarive, parallèlement à sa sortie italienne. Aucun débat théologique n’a eu lieu, des religieux étaient même venus aux projections. J’en ai fait le Une de mon journal de l’époque, « Les Nouvelles », lequel a alors enregistré un petit record de vente.

Ces derniers temps, les choses ont évolué. On peut maintenant se procurer les derniers succès du box-office sur le marché, généralement en VCD, sans attendre que les chaînes de télé les diffusent. En 2007, j’étais étonné de voir les murs du métro parisien couvert par les affiches de « Spiderman III » que je venais d’acheter à Analakely, juste avant de prendre l’avion, en juin. Ces derniers temps, je me suis acheté un certain nombre de nouveaux films que je regarde chez moi, à Tana, lorsque je rentre d’Antsirabe, où je passe le plus clair de mon temps désormais.

Dans mon home cinema donc, j’ai déjà « Bienvenue Chez Les Ch’tis », bien avant sa sortie en DVD, annoncée seulement en octobre. J’ai trouvé l’idée intéressante, mais finalement, je m’en suis vite lassé. Au risque de scandaliser les 19 millions de personnes qui ont fait triomphe au film, je trouve que le cinéma français en a produit mieux. D’ailleurs, je trouve que le cinéma français évolue en dents de scie. Moi, par exemple, je reste fidèle à « Astérix Contre César », par rapport à « Astérix Et Cléopâtre », encore moins le dernier, « Astérix aux Jeux Olympiques » que je viens d’acheter hier et qui nous a laissé, à tous, sur notre faim tant son humour s'avère à certains moments lourd de chez ilourd.

Dans mon box-office également, « Rambô IV », égal à lui-même, et « Légende » avec Will Smith. Je l’ai particulièrement adoré celui-là. Et Will Smith et le film. Will Smith d’abord, dont j’ai suivi l’évolution depuis « Le Prince De Bel Air ». Un jour, il m’a particulièrement épaté lorsque, invité par Laurent Ruquier dans « On A Tout Essayé », il est passé du rire aux larmes en quelques secondes, histoire de faire une démonstration de ses talents d’acteurs. Le film, « La Légende », quant à lui, m’a bluffé au début avec un New York vidé de ses habitants par une maladie foudroyante et où vit un seul et unique rescapé, Will Smith, lequel passe son temps à chasser des cerfs dans les rues de Manhattan, en concurrence avec des lions. La sensation rappelle un peu « La Planète Des Singes I » lorsque, à la fin, on voit les ruines de la statue de la liberté surgir d’une plage. Dommage que la fin de « La Légende » soit un peut bâclé, à mon goût.

Tout à l’heure, je me suis passé quelques vieux achats que je n’ai pas encore eu le temps de visionner : « Shooter » avec Mark Wahlberg, truffé de clichés, mais intéressant pour faire une incursion dans les couloirs de la politique politiciennes, et « Ghost Rider » avec Nicolas Cage, un film éculé que j’ai quand même regardé jusqu’à la fin, rien que pour voir la sublimissime Eva Mendes. Dans mon panier, j’ai encore d’autres produits que je me passerai quand j’aurais le temps.

Vous avez dû remarquer, depuis quelques lignes, que je suis un grand fan de cinéma américain. Oui, et je ne m’en cache pas. Pour moi, le cinéma est fait pour faire rêver. Et les Américains n’ont pas leurs pareils de ce point de vue. En 2001, j’étais à Cannes, pour le festival. J’avais une accréditation qui me permettait de bénéficier d’un box, d’avoir accès au centre de presse et tout, mais je n’ai pas assisté à beaucoup de projections, tellement les films d’auteurs m’ennuient. J’ai gardé juste le souvenir de la montée des marches, couronnée dans la soirée par la rencontre avec Sami Nacéri (ah, « Taxi »…) et Richard Bohringer.

Ceci dit, j’adore aussi certaines productions européennes. J’aime beaucoup, par exemple, Alain Delon et Belmondo qui a dit dans un de ses films que « la plus belle fille du monde est une Malgache métisse indienne ». J’aime aussi quelques films asiatiques. Malheureusement, on n’en voit ici que du kung-fu. Jackie Chan est un dieu vivant de ce côté-ci de la planète et ses fans ne se consolent pas encore de l’annulation de sa visite à Madagascar.

Pour conclure, j’estime que le cinéma permet d’exprimer ce que je ne peux expliquer dans mes écrits. 644714763.jpgJ’en ai rêvé depuis longtemps. Je l’ai finalement réalisé en tournant un court-métrage, en 2006, « Bus non stop ». Sélectionné à la finale du 1er concours de court-métrage de Tananarive, organisé par le Centre culturel Albert Camus, mon premier film fut projeté au festival du film insulaire de l'île de Groix, en Bretagne. Par la suite, j’ai suivi un stage animé par Pierrre Bongiovani, un des maîtres de l'art expérimental, à l’issue duquel j’ai tourné un autre court-métrage, basé sur un scénario que j'ai trouvé entre deux Coca-Cola à l'espace Rarihasina, en compagnie d’autres stagiaires. Je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. Mais je ne veux pas non plus faire comme les vidéastes malgaches : tourner à la va vite, avec des moyens dérisoires, des produits commerciaux sans grande valeur artistique. J’attends d’avoir le temps, et les moyens nécessaires, pour tourner mon premier long-métrage dont le scénario est écrit depuis des années dans ma tête. A suivre.

 

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A Cannes, pendant le festival, en 2001. Un jour, en revenant d'Ambatondrazaka, j'étais tellement soulagé en arrivant à Moramanga, à minuit après plusieurs heures de mauvaises routes, que je me suis mis à écrire un article intitulé : "C'est beau une ville la nuit", un titre emprunté à un best-seller de Richard Bohringer, l'acteur-poète.