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20/03/2013

Mon plan de sortie de crise

 

La sortie des dates de dépôt des candidatures pour les présidentielles ont fait rejaillir cette vieille chronique. Elle date d’il y a deux ans mais garde toute sa fraicheur, notamment après un bref lifting. Il s’agit d’une proposition stratégique pour la relance économique de Madagascar. Que mille fleurs s’épanouissent, que mille idées fleurissent, comme dirait l’autre. 

 

Madagascar est en pleine crise politique et traverse une grave catastrophe économique avec la fermeture des robinets des aides financières « officielles » sur le plan internationale. Ceux qui s’échauffent pour la course aux présidentielles sont-ils conscients des douze travaux d’Hercule qui les attend au tournant vers la IVème république ? Car lorsque tout ceci sera terminé, et toute bonne chose a toujours une fin n’en déplaise aux uns et aux autres à qui ça profite, il faut bien penser au redressement. Sur ce point, il n’y a pas trente six solutions. Il n’y en a qu’une : l’intervention de l’Etat à travers des dépenses pour financer des grands travaux. Immobiliers ou routiers, qu’importe, l’essentiel est de créer des emplois qui vont générer des salaires permettant de doper la consommation qui, à son tour, entraînera une reprise dans l’industrie et le commerce. Ce qui engendra d’autres créations d’emplois. Un cercle vertueux difficilement réalisable avec la seule initiative du secteur privé, trop faible et trop gourmand à la fois.

Tout libéral qu’ils sont, les pays dit « capitalistes » n’ont qu’une solution en cas de crise : l’intervention de l’Etat. Le 9 août 2007, afin d’endiguer la crise financière, la Banque centrale européenne (BCE) est intervenue en mettant à la disposition des établissements bancaires 94,8 milliards d'euros, suivie peu de temps après par la Banque fédérale américaine (FED) qui injectait à son tour 24 milliards de dollars pour apaiser les esprits des investisseurs. Le lendemain, la BCE et la FED ont de nouveau réinjecté des liquidités : 61 milliards d'euros de la part de la BCE et 35 milliards de dollars du côté de la FED. Comme les Bourses et le marché des matières premières continuent de plonger, le 13 août 2007, les banques centrales ont recommencé la même opération, et le marché monétaire et les places boursières ont relevé la tête un peu partout dans le monde en fin de semaine. Au Japon, afin de faire face à la plus grande catastrophe que le Japon ait connu depuis la IIème guerre mondiale, le gouvernement a mis 440 millions d’euros à la disposition des banques. Inutile de remonter plus loin. Le plan Marshall et les autres, on nous en a suffisamment bassiné en classe.

Tout ceci pour dire que Madagascar est comme une voiture en panne de démarreur. Il a beau avoir fait le plein de carburants, lorsque la pompe des financements s’ouvrira de nouveau, il lui faut un bon contre-attaque pour que le moteur remarche.

in "L'Observateur" du mercredi 13 mars 2013

Madagascar, crise, actualité, économie

19/11/2011

En lisant Stéphane Hessel

Indigné que l’on s’indigne que l’on s’indigne pas !Indignez.jpg

«Indignez-vous ! ». Ceci n’est pas un appel à l’occupation d’une quelconque place publique. C’est juste pour parler du best-seller du moment. Le livre à l’origine du mouvement des Indignés qui énervent les gouvernants, de Madrid à New York, en passant par Paris, Bruxelles et Athènes…
Pour qu’ils ne soient pas indignés, commençons par remercier les éditions Indigène, en particulier la patronne Sylvie Crossman, qui a bien voulu nous envoyer un exemplaire de l’œuvre de Stéphane Hessel.
Lors de la réception du colis postal, les moments d’émotion et de plaisir feront vite place au désappointement. Le livre comprend 30 pages. Mais les écrits de Stéphane Hessel proprement-dits forment tout juste 12 pages. Le reste est constitué de notes de l’éditeur et d’un postface. Sans parler des multiples pages de garde. C’est ainsi qu’on l’a lu d’un trait, dans les embouteillages, entre Ambohijatovo et Anosy. Bref, dans la forme, « Indignez-vous ! » tient beaucoup plus des pamphlets incendiaires publiés clandestinement au temps béni des révolutions, populaires ou estudiantines
Mais c’est là que réside son intérêt. Les jeunes d’aujourd’hui étant sevrés de lecture papiers, un gros pavé qui leur rappellerait les lourds manuels qui alourdissaient les cartables auraient eu moins d’attrait auprès des adeptes des réseaux sociaux dont les écritures SMS sont illustratifs d’une tendance à la brièveté.
En étant peu bavard, Stéphane Hessel évite les digressions souvent ennuyeuses et devient simple, clair et concis. Autrement-dit, immédiatement compréhensible et assimilable par la génération aussi bien X (ceux nés entre 1960 et 1979) qu’Y (nés entre 1980 et 1999). Ce qui nous amène à s’intéresser au fond.
« Indignez-vous ! » rappelle que le motif de la résistance contre le nazisme était l’indignation. Que désormais, il ne faut plus être indifférent face aux événements. Stéphane Hessel évoque particulièrement ici ce qui se passe en Palestine. Il appelle alors à une « insurrection pacifique ». « Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes ».  
Actuellement, des politiciens, généralement anti-régime de Transition (Otrikafo, Magro), cherchent à récupérer le mouvement des Indignés et s’indignent que les Malgaches ne s’indignent pas devant la situation actuelle. Première erreur : le mouvement des Indignés n’est pas un mouvement politique, mais un mouvement citoyen, spontané et pacifique. Deuxième erreur : les Malgaches se sont toujours indignés. Mais à chaque fois, ils s’indignent que leurs ­révoltes débouchent sur une impasse (révolution socialiste, fille bâtarde de mai ’72), à une trahison (1991), à une grosse manipulation (« Premier tour dé vita » de 2002) ou à un déni (2009 qu’une savante contre-propagande a réduit en un putsch militaire).
Et comme les révoltes populaires sont cycliques à ­Madagascar, tous les dix ans, faudra peut-être attendre la génération Z…

Randy D.

Paru dans "L'Observateur".

11/12/2009

2009 : une crise de l'élite

Pour commencer, une dernière : connaissez-vous la raison de l'extinction des dinosaures ? On les a retenus dans une réserve au Mozambique !

Il ne reste plus que quelques jours avant que ne 2009 rende son dernier souffle. Inutile de regarder en arrière pour constater que 2009 était pour Madagascar une "année spéciale crise". Comme des enfants, ces messieurs qui se disent nos dirigeants (passé, présent et futur) se sont accusés de tous les maux. "Ce n'est pas moi, c'est lui qui a commencé !", affirme l'un. "Non, c'est lui. Il ne veut pas rendre mon jouet. C'est lui le responsable", retorque l'autre. Ces guéguerres de récré comme dans une classe de Maternelles est illustratif du fait que la crise cyclique que traverse Madagascar depuis 1972 est avant tout une crise de l'élite.

Société civile démissionnaire, média incapable d'assurer correctement son rôle de 4è pouvoir, dirigeants qui se servent dans la caisse de l'Etat depuis 1960 - le plus gros hold-up du siècle, un nombre restreint de familles qui monopolise les deux mamelles de la République (finances et politiques)... Les "avara-pi" (intellos) sont finalement les principaux fossoyeurs de la démocratie à Madagascar. Surtout ne pas dire que la crise de 2009 est la cause de la pauvreté de Madagascara alors qu'elle n'en est qu'une conséquence. La principale raison se trouve dans nos pauvres têtes. Jacques Morisset.jpg

Une intéressante étude,"Pour que la terre tourne... aussi à Madagascar : vers un agenda de relance économique", soumis par Jacques Morrisset, économiste de la Banque mondiale, éclaire encore mieux sur les raisons du retard économique de Madagascar depuis l'indépendance. J'en publie en bas des extraits. La version complète est ici.

Depuis 1980, il n'y a que 7 pays en développement qui ont reporté une croissance de leur revenu par habitant moindre que Madagascar, et encore tous ces pays ont souffert de guerres (civiles et régionales) de longue durée.

Une simple comparaison avec l'Ile Maurice suffit à illustrer que l'écart du revenu par habitant entre ces deux pays est passé de 2,7 en 1980 à plus de 15 en 2008. L'écart se creuse également avec le reste de l'Afrique qui ne se caractérise pas non plus par son succès. Le déclin économique de Madagascar n'est donc pas un phénomène récent ; il s'est simplement précipité avec la crise politique qui a éclaté au début 2009.

Les causes du déclin économique malgaches sont donc à rechercher dans des facteurs et comportements structurels et pas seulement conjoncturels.

Au cours de ces dernières années, Madagascar a entrepris un certain nombre d'efforts sur ces deux canaux de la gouvernance. Cependant, ces efforts ont été incomplets, menant à une tension de plus en plus grande pour aboutir à la crise politique du début 2009, qui doit être interprétée avant tout comme une crise de gouvernance. En effet, les bailleurs de fonds avaient interrompu leur aide budgétaire en décembre 2008 à la lumière de la mauvaise utilisation des fonds publics et du non-respect des procédures budgétaire pour l'achat de l'avion présidentiel de 60 millions de dollars ainsi que des exonérations fiscales accordées aux entreprises du Président Ravolomanana. En fait, à la fin de l'année 2008, il était reporté que 4 malgaches sur 10 n'étaient pas satisfaits de la manière comment fonctionnait la démocratie dans leur pays (Enquête Afrobarometer, 2009)

La crise politique actuelle n'est pas indépendante des nombreux dérapages qui se sont accumulés en matière de gouvernance au cours de ces dernières années à Madagascar.

La prépondérance de l'Exécutif n'est pas un phénomène nouveau à Madagascar, mais il s'est accéléré au cours de ces dernières années à travers une série de mesures dont les plus visibles sont rappelées ci- dessous.

- Le budget de la Présidence s'est multiplié par 10 entre 2003 et 2008, passant de 10 milliards à 133 milliards d'Ariary. Cette hausse illustre non seulement le poids grandissant de la Présidence dans le budget mais aussi dans les prises de décisions économiques. Cet interventionnisme est devenu aussi apparent à travers le nombre de conseillers qui s'est multiplié au sein de la Présidence au détriment des circuits institutionnels de décision.

- Les conflits d'intérêt se sont aggravés au cours du temps, jusqu' à la suspension de l'appui budgétaire en décembre 2008 à cause du manque de transparence quant à l'achat de l'avion présidentiel avec les fonds publics et l'usage abusif d'exonérations fiscales pour les entreprises appartenant au Chef de l'Etat.

- La présence dans le cabinet et à la direction des agences de l'Etat du personnel dirigeant des sociétés privées appartenant au Chef de l'Etat.

- Le contrôle du pouvoir législatif par le parti présidentiel s'est accentué, jusqu'à que ce dernier détienne 82% des sièges de l'Assemblée nationale après les élections législatives de 2007. Cette mainmise faisait suite à la dissolution de l'Assemblée par décret en 2007 et à la modification controversée de la loi électorale qui a réduit l'importance des régions les plus peuplées et traditionnellement favorables à l'opposition dans les listes électorales.

- Le remplacement des provinces par les régions, qui s'inscrivait en principe dans un effort d'accélérer et de rationaliser les processus de décentralisation politique et budgétaire, mais qui a mené à une centralisation politique car les chefs de régions ont été directement choisis par le Chef de l'Etat.

La concentration du pouvoir politique et économique autour de la Présidence s'est trouvée exacerbée par le nombre limité de personnes et de familles qui composent l'élite ou l'aristocratie politique dans un pays comme Madagascar. Les réseaux sont existants, façonnant les relations entre les agences gouvernementales, entre le pouvoir exécutif et législatif, et entre le secteur public et privé. A titre d'exemple, il peut être montré qu'une dizaine de familles détiennent traditionnellement les postes les plus importants au sein de la Banque centrale, les banques commerciales et le Ministère des Finances. Une remarque néanmoins s'impose : la concentration du pouvoir autour du Président Ravolomanana s'est en partie faite au détriment de cette élite traditionnelle, politique et financière, qui s'est ainsi trouvée de plus en plus frustrée, provoquant une partie des réactions qui ont mené à la crise politique.

A terme, les inégalités économiques, surtout lorsque la concentration du pouvoir s'accentue de plus en plus et les systèmes de recours n'existent pas, conduisent aux ruptures brutales qui caractérisent la vie politique à Madagascar. Ces ruptures se manifestent parfois à travers des coups d'Etat, parfois la résistance civile. Dans tous les cas, elle précipite le pays dans une grave crise économique, avec une hausse de la pauvreté et de la vulnérabilité.

Mendiant.jpg

La crise tarde à trouver une issue car l'équipe de Andry Rajoelina est composée de mendiants et autres kleptocrates qui vivent, par le biais de la politique, au crochet des aides étrangères. Voilà pourquoi, au lieu de garder tout seul le ballon et foncer droit au but tout seul comme un grand, le gouvernement de la Transition a vite capitulé face aux exigeances des bailleurs de fonds pour un "retour à la constitutionnalité" (?) Jacques Morrisset explique cette promptitude à flatter la croupe des bailleurs de fonds et éviter ainsi de se faire botter le cul par une raison : les aides extérieures sont des "mannes" dans un désert de moralité ou chacun cherche à s'enrichir sur le dos de nos enfants, ceux qui vont rembourser les emprunts dans 50 ans.

L'aide étrangère est en partie perçue comme une « manne venue du ciel », à savoir que l'argent ne vient pas directement de la poche des contribuables ce qui affaiblit leur devoir de vigilance. Ce comportement est encore plus vrai lorsque l'aide prend la forme de dons. Dans ces conditions, les décideurs politiques ne sont pas seulement faiblement redevables par rapport à leurs constituants mais ils sont encore encouragés à limiter les flux d'information et à affaiblir les organes internes de contrôle. A nouveau, la faiblesse des systèmes d'information et de contrôles est manifeste à Madagascar ce qui donne un certain poids à cet argument.

Il peut aussi être argumenté que les bailleurs de fonds ont manqué à leur devoir de vigilance à Madagascar, notamment en matière de leur appui budgétaire.




22/10/2008

Madagascar fait du yo-yo avec la liberté de la presse

Madagascar figure à la 94è place ex aequo avec le Burundi (!!) sur le classement annuel de la liberté de la presse établi par Liberté de la presse.pngReporters sans frontières (RSF). Il s'agit de la deuxième plus mauvaise performance de Madagascar en la matière depuis l'établissement de ce classement en 2002. Cette année là, la Grande île était classée 65è sur 139 pays, puis 46è sur 166 pays entre le Japon et le Cap Vert en 2003, chute libre à la 72è place sur 167 pays, entre le Niger et le Burundi en 2004, regression confirmée en 2005 à la 97è place entre la Jordanie et la Turquie, avant de se ressaisir en 2006, 66è entre Centrafrique et le Togo, puis 62è ex aequo avec le Hong-Kong en 2007.

La progression de Madagascar, en 2007, a suscité l'ire des défenseurs locaux de la liberté de la presse pour qui Madagascar ne mérite pas cette place après une série d'expulsions de journalistes étrangers, de fermeture de stations de radio et des censures déguisées, pour ne pas dire menaces, sur des journalistes un peu trop entreprenant. Le commentaire de RSF, ci-dessous, a été quelque peu "chamboulé" par mes soins, mais sans que j'y ai changé une virgule.

 

Ce n'est pas la prospérité économique, mais la paix qui garantit la liberté de la presse. Tel est l'enseignement principal du classement mondial de la liberté de la presse, établi comme chaque année par Reporters sans frontières, et dont l'édition 2008 est rendue publique le 22 octobre. L'autre conclusion tirée de cette liste, où l'on trouve une nouvelle fois en dernière place le "trio infernal" Turkménistan (171e), Corée du Nord (172e), Erythrée (173e), est que le comportement de la communauté internationale envers des régimes autoritaires comme Cuba (169e) ou la Chine (167e) n'est pas assez efficace pour donner des résultats.

L'autre maladie qui ronge les démocraties et leur fait perdre du terrain dans ce classement est la corruption. Le mauvais exemple de la Bulgarie (59e), toujours lanterne rouge de l'Europe, rappelle que le suffrage universel, le pluralisme des médias et quelques garanties constitutionnelles ne sont pas des critères suffisants pour parler valablement de liberté de la presse. Encore faut-il que le climat soit favorable à la circulation de l'information et à l'expression des opinions. Les tensions sociales et politiques au Pérou (108e) ou au Kenya (97e), la politisation des médias, comme à Madagascar (94e) ou en Bolivie (115e), ou encore les violences dont sont victimes les journalistes d'investigation au Brésil (82e), sont l'illustration de ce poison qui gangrène les démocraties émergentes. Et le fait que ceux qui , dans une totale impunité, enfreignent la loi pour s'enrichir, et punissent les journalistes "trop curieux", est un fléau qui maintient plusieurs "grands pays" à des positions honteuses (le Nigeria est 131e, le Mexique, 140e, l'Inde 118e).

La liste établie pour la période allant du 1er septembre 2007 au 1er septembre 2008 met non seulement en évidence la place prééminente occupée par les pays européens (les 20 premières places sont tenues par les pays de l'espace européen, à l'exception de la Nouvelle-Zélande et du Canada), mais également la position très honorable de certains pays d'Amérique centrale et des Caraïbes(…) Les petits pays caribéens se classent même bien mieux que la France (35e), qui recule encore cette année en perdant quatre places, ou que l'Espagne (36e) et l'Italie (44e), deux pays toujours plombés par la violence mafieuse ou politique. Selon les critères retenus pour ce classement, il ne manque qu'un point à la Namibie (23e), un grand pays pacifié d'Afrique australe, qui se classe cette année en tête des pays africains devant le Ghana (31e), pour entrer dans le peloton des vingt pays les mieux classés.

Le point commun des pays du peloton de tête, aux disparités économiques immenses (le ratio entre le PIB par habitant de l'Islande et celui de la Jamaïque est de 1 à 10), est d'être gouvernés par un système démocratique parlementaire. Et, surtout, de n'être pas engagés dans une guerre.

Or, tel n'est pas le cas pour les Etats-Unis (36e sur le territoire américain, 119e hors territoire américain), Israël (46e sur le territoire israélien, 149e hors territoire israélien), où, pour la première fois depuis 2003, un journaliste palestinien a été tué par des tirs de l'armée.

La répression de l'Internet est également l'un des révélateurs de ces tabous tenaces. En Egypte (146e), des manifestations initiées sur Internet ont agité la capitale et inquiété le gouvernement, qui considère aujourd'hui chaque internaute comme un danger potentiel pour le pays. L'usage du filtrage est chaque année plus important et les Etats les plus répressifs n'hésitent pas à emprisonner les blogueurs. Si la Chine reste première au palmarès des "trous noirs du Web", déployant des moyens techniques considérables pour contrôler les internautes, la Syrie (159e) est devenue championne régionale de la cyber-répression. La surveillance y est tellement poussée qu'après la moindre publication critique, l'arrestation n'est qu'une question de temps.

15/10/2008

La crise expliquée aux victimes

(MFI) Pour tous ceux qui, par centaines de millions, La chute.jpgsinon par milliards, ne comprennent rien à la crise financière actuelle et se demandent ce qu’ils risquent à approcher de trop près la Bourse, un internaute imaginatif a trouvé une manière originale d’expliquer ce monde étrange.

 

Les singes et la bourse

 

L’auteur, Nadim Kalife, se présente comme un homme d’affaires, mais il est aussi un brillant économiste, qui enseigne sa discipline dans une université togolaise. Son histoire est comme un conte, qui vaut largement un cours magistral. Un de ces cours dont on sort guilleret, convaincu d’avoir tout compris, et pour toujours.

Un inconnu débarque, un jour, dans un village et annonce à ses habitants qu’il est prêt à leur acheter des singes pour dix dollars l’unité. Aussitôt, les villageois vont à l’assaut de la forêt, capturer des singes, par centaines et par milliers. Peu à peu, la population des primates s’amenuise, et les villageois doivent singe.jpgréduire la cadence.

L’inconnu annonce alors qu’il paiera désormais 15 dollars par singe. Motivés par cette nouvelle offre, les villageois redoublent d’ardeur dans la traque de ce qui reste de singes dans la forêt. Tant et si bien qu’ils n’en trouvent bientôt plus un seul. Le prix d’achat est porté à 20 dollars, mais il n’y a vraiment plus de singe dans la forêt. C’est alors que l’inconnu propose le prix de 50 dollars par unité, en prévenant qu’il va devoir s’absenter, laissant à son assistant la charge d’acheter leurs captures.

Dès lors qu’il a le dos tourné, son assistant rassemble les villageois et leur indique les cages, avec les milliers de singes que leur a achetés son patron. « Si vous le voulez, leur dit-il, moi, je vous cède ces singes à 35 dollars l’unité. Ainsi, lorsque mon patron reviendra, vous pourrez les lui revendre à 50 dollars. » Les villageois, aveuglés par la perspective de cet enrichissement facile, sortent toutes leurs économies, vendent leurs biens pour racheter les singes. Le magot encaissé, l’assistant disparaît dans la nuit. On ne le verra plus. Ni lui, ni son patron. Dans le village, rien que des singes, courant dans tous les sens. Et Nadim Kalife de conclure son histoire par un édifiant : « Bienvenue dans le monde de la Bourse ! »

Eh, oui ! Il y a quelque chose d’aventureux à vendre un singe à dix dollars, puis à le racheter à 35 dollars, en espérant le vendre une seconde fois à 50 dollars. Alors, l’on s’interroge : à quoi correspondent donc, dans le monde de la Bourse, ces singes que l’on vend et que l’on rachète à tour de bras ? Qui est cet habile inconnu, si manipulateur ? Quel est cet assistant, aigrefin d’exception ? Et qui sont ces villageois à la crédulité si ruineuse ?

 

Jean-Baptiste Placca

 

planete-des-singes.png

Je crois que je l’ai dit dans un post antérieur : j’adore « La Planète Des Singes ». C’est un film philosophique sur les conneries humaines. On ne descend pas des singes. C’est vrai. Ce sont simplement nos cousins. Mais un jour, si cela continue, on va régresser, et qui sait… planet of apes. La fin, avec les humains qui découvrent la statue de la liberté enfouie dans le sable, m’a rendu particulièrement songeur.

J’ajoute que l’on peut trouver des trucs intéressants dans la culture populaire. Tiens, j’étais étonné par un Gérard Villiers, l’auteur du hilarant SAS, qui a écrit dans un de ses romans, publié il y a environ vingt ans, que si les Blancs partent De Rhodésie, ce sera le chaos. Mugabe a confirmé sa prophétie. Idem en Afrique du Sud où la crise économique provoque un racisme inter-africain absolument honteux et où l’on se barricade dans des maisons-prisons pour éviter de mourir sous la hachette des cambrioleurs.

Avec la crise financière, il y a comme un début de fin de règne pour la civilisation occidentale. Pendant ce temps, la civilisation africaine peine à sortir de la jungle. Ne cherchez pas les raisons de nos problèmes ailleurs, elles sont enfouies en nous.