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19/11/2011

En lisant Stéphane Hessel

Indigné que l’on s’indigne que l’on s’indigne pas !Indignez.jpg

«Indignez-vous ! ». Ceci n’est pas un appel à l’occupation d’une quelconque place publique. C’est juste pour parler du best-seller du moment. Le livre à l’origine du mouvement des Indignés qui énervent les gouvernants, de Madrid à New York, en passant par Paris, Bruxelles et Athènes…
Pour qu’ils ne soient pas indignés, commençons par remercier les éditions Indigène, en particulier la patronne Sylvie Crossman, qui a bien voulu nous envoyer un exemplaire de l’œuvre de Stéphane Hessel.
Lors de la réception du colis postal, les moments d’émotion et de plaisir feront vite place au désappointement. Le livre comprend 30 pages. Mais les écrits de Stéphane Hessel proprement-dits forment tout juste 12 pages. Le reste est constitué de notes de l’éditeur et d’un postface. Sans parler des multiples pages de garde. C’est ainsi qu’on l’a lu d’un trait, dans les embouteillages, entre Ambohijatovo et Anosy. Bref, dans la forme, « Indignez-vous ! » tient beaucoup plus des pamphlets incendiaires publiés clandestinement au temps béni des révolutions, populaires ou estudiantines
Mais c’est là que réside son intérêt. Les jeunes d’aujourd’hui étant sevrés de lecture papiers, un gros pavé qui leur rappellerait les lourds manuels qui alourdissaient les cartables auraient eu moins d’attrait auprès des adeptes des réseaux sociaux dont les écritures SMS sont illustratifs d’une tendance à la brièveté.
En étant peu bavard, Stéphane Hessel évite les digressions souvent ennuyeuses et devient simple, clair et concis. Autrement-dit, immédiatement compréhensible et assimilable par la génération aussi bien X (ceux nés entre 1960 et 1979) qu’Y (nés entre 1980 et 1999). Ce qui nous amène à s’intéresser au fond.
« Indignez-vous ! » rappelle que le motif de la résistance contre le nazisme était l’indignation. Que désormais, il ne faut plus être indifférent face aux événements. Stéphane Hessel évoque particulièrement ici ce qui se passe en Palestine. Il appelle alors à une « insurrection pacifique ». « Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes ».  
Actuellement, des politiciens, généralement anti-régime de Transition (Otrikafo, Magro), cherchent à récupérer le mouvement des Indignés et s’indignent que les Malgaches ne s’indignent pas devant la situation actuelle. Première erreur : le mouvement des Indignés n’est pas un mouvement politique, mais un mouvement citoyen, spontané et pacifique. Deuxième erreur : les Malgaches se sont toujours indignés. Mais à chaque fois, ils s’indignent que leurs ­révoltes débouchent sur une impasse (révolution socialiste, fille bâtarde de mai ’72), à une trahison (1991), à une grosse manipulation (« Premier tour dé vita » de 2002) ou à un déni (2009 qu’une savante contre-propagande a réduit en un putsch militaire).
Et comme les révoltes populaires sont cycliques à ­Madagascar, tous les dix ans, faudra peut-être attendre la génération Z…

Randy D.

Paru dans "L'Observateur".