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22/06/2011

Sadisme et infanticide : La Sadc est enfant de l'Afrique

La Sadc est à l’image de l’Afrique : chaotique et belliqueuse. Par la lettre du 17 juin, portant amendement de la Feuille de route (voir article par ailleurs), elle fait un acte d’infanticide. Sinon, comment qualifier les choses autrement quand on sait qu’une lettre du 16 février de  Joaquim Chissano confirmait que la Feuille de route est enfant de la Sadc, conçue « sur la base des consultations approfondies   conduites avec les principaux acteurs politiques malgaches, la Société civile et la communauté internationale » ? D’autre part, les circonvolutions de ses décisions laissent à penser qu’elle prend un malin plaisir à humilier Madagascar, ce pays qui a toujours refusé d’être qualifié d’Africain suivant un complexe d’insulaire qui n’est pas sans rappeler celui de l’Angleterre vis-à-vis de l’Europe.

D'un sommet à l’autre, la Sadc ne cesse de dire et de se contredire. Sur la forme d’abord. Juridiquement, un document paraphé ne doit plus faire l’objet d’un amendement. Le paraphe a deux fonctions. la première est d'assurer que chacun des signataires ne s'est pas contenté de signer la dernière page mais qu'il a lu l'acte en entier, la seconde est d'éviter l'ajout ou la destruction des pages intermédiaires après la signature de l'acte. En droit français une jurisprudence veut même « qu'un paraphe apposé à l'endroit des signatures vaut signature". Bien sûr, la Sadc peut toujours dire que la majorité de ses membres sont anglophones.

Autre chose : le secrétaire exécutif de la Sadc, Tomaz Salomao lui-même, a déclaré que la rencontre de Sandton sera la toute dernière. On verra par la suite qu’il n’en sera pas ainsi.

Sur le fond maintenant. Depuis Maputo, toutes les résolutions affirmaient que Marc Ravalomanana ne pourra rentrer à Madagascar qu’à condition que l’évolution de la situation sur le terrain le permette. A Sandton pourtant, ce retour devenait subitement « unconditionnally », sans conditions. Marc Ravalomanana a alors repris du poil de la chèvre en déclarant qu’il reviendra bientôt au pouvoir pour faire revenir la légalité, la reconnaissance internationale et les mannes financières qui permettront à Madagascar de ne plus avoir de problèmes pour acheter du « carburant sur le marché international » (sic). Et pas plus tard que vendredi, l’amendement de la Feuille de route précise que finalement, le laitier d’Imerinkasinina ne pourra pas rentrer tant que les conditions ne le permettent pas.

Ce yo-yo est particulièrement sadique et joue avec les nerfs des Malgaches déjà éprouvés par une crise politique qui provoque de graves dégâts collatéraux dans le social et l’économique. « Mahari-pery ny Gasy ». Le Malgache a une étonnante résistance face aux souffrances. Et si c’est l’explication de tout ceci ? Un masochiste, passif, a tendance à s’allier avec un partenaire sadique, autoritaire et méchant pour entretenir son humiliation. Dans cette rechercher de sortie de crise, celui qui se fait prendre par derrière s’avère être Madagascar. Or, les principes fondamentaux de l’attitude sadique se trouvent justement dans la phase anale. Aïe !

Paru dans "L'Observateur" du mercredi 22 juin 2001, pp. 2.