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03/09/2013

Marc Ravalomanana : la fin du "minono fotsiny ihany"

On ne sait pas encore qui sera le vainqueur des prochaines élections présidentielles. Mais d’ores et marc ravalomanana,madagascar,andry rajoelinadéjà, on sait qui en est le grand perdant. Telles qu’elles se dessinent actuellement, elles entérinent la déroute politique de Marc Ravalomanana, du moins pour le moment. Reste à savoir s’il saura faire le Phénix. Empêché de revenir dans le pays à coups de NOTAM ; empêché de se présenter par des processus judiciaires dont le déroulement a fortement métissé la Justice avec la Mascarade ; puis empêché d’avoir le représentant de son choix avec les manœuvres dilatoires pour faire obstacle à la candidature de Lalao Ravalomanana, l’ancien Président sera donc totalement absent du prochain scrutin. Et ce, même si certains abrutis manipulateurs tentent de faire passer le message d’une présence de la mouvance Ravalomanana par le biais de plusieurs dignitaires de l’ancien régime ou de la mouvance Ravalomanana.

Trois raisons à la déroute politique

Quoique l’on puisse dire, il y a déroute politique de Marc Ravalomanana. Elle est beaucoup plus le résultat d’erreurs de jugements de sa part, que d’une quelconque capacité stratégique de la part d’Andry Rajoelina, et seuls ceux atteints du syndrome psychiatrique du Rabbi K. Miossey affirmeront que la défaite d’une partie ne peut être que le fruit de la supériorité intellectuelle de l’autre. Certains creusent eux-mêmes le trou dans lesquels on n’a plus qu’à les pousser.

Les principales erreurs de Marc Ravalomanana et ses partisans sont au nombre de trois.

La première, c’est d’avoir mélangé dévotion naïve et stratégie politique. Le « minoa fotsiny ihany » (il suffit de croire) de 2002 avait des allures répréhensibles d’opium du peuple. Appeler le peuple à « croire simplement » était pour moi un appel suspicieux envers la population pour qu’elle s’abstienne de réfléchir, et d’attendre que les choses se fassent d’elles-mêmes, pendant que d’autres réfléchissent à sa place. Pour le laïc forcené que je suis, doublé d’un cartésien adepte du doute, il faut laisser la foi dévote et les bigoteries dans les affaires de l’Église, et non dans le domaine de la politique.

Si le « minoa fotsiny ihany » a semblé fonctionné pendant la crise de 2002, c’est parce que Marc Ravalomanana avait certains avantages sur le terrain, qu’il n’avait plus en 2013. Continuer à adopter le « minoa fotsiny ihany style » ne pouvait que mener sa Mouvance de désillusions en déconvenues : espérer le retour de Marc Ravalomanana, annoncé périodiquement (et en vain) depuis … 2009 pour « très bientôt » ; puis espérer que la SADC allait réussir à imposer ce retour ; puis encore espérer que les arguties juridiques pour noyer le poisson de la fameuse règle électorale des six mois de résidence allaient passer ; puis enfin, espérer que la demande de candidat de substitution présentée hors des délais légaux pour le faire allait être acceptée par la Cour électorale spéciale (CES).

Le deuxième paramètre est un ahurissant manque de capacité à lire une situation politique, et à s’y adapter au moment adéquat. Résultat, Marc Ravalomanana a toujours eu un temps de retard depuis l’élection de Rajoelina à la Mairie de la Capitale. Alors que lui et ses supporters devaient comprendre que cette défaite de leur poulain Hery Rafalimanana était un vote-sanction contre le régime, ils ont continué à multiplier les avanies contre le DJ, le faisant ainsi bénéficier des bénéfices de cette martyrisation ; tout en continuant leur comportement arrogant dans la gestion du pays qui commençait à irriter l’opinion publique. Puis, quand la crise a commencé, au lieu de comprendre qu’il fallait lâcher du lest, ils ont multiplié les bravades alors qu’ils avaient manifestement perdu le soutien de la rue. Non pas que les pro-Rajoelina étaient majoritaires, mais plutôt parce que les pro-Ravalomanana restaient tranquillement chez eux en espérant que la Révolution orange allait cesser du jour au lendemain, par la magie du « minoa fotsiny ihany ».

Puis après la réussite du coup d’État, ils ont refusé de voir que les militaires, les magistrats et les hauts fonctionnaires qui avaient fait allégeance au régime actuel allaient tout faire pour assurer son maintien, par la manipulation des armes ou la perversion du Droit. Pour certains, il pouvait s’agir d’un phénomène de corruption, avec des avantages et cadeaux pour ceux qui montrent une servilité à toute épreuve. Mais cela n’est pas l’unique raison. Marc Ravalomanana a humilié, limogé, et fait du mal à tellement de monde, que ce « tellement de monde », une fois en capacité de le faire, s’est fait un plaisir et un devoir de lui mettre des bâtons dans les roues, par esprit de vengeance, même sans avoir à être corrompu.

Dans ce contexte, espérer que le retour de Marc Ravalomanana serait possible et faisable ne pouvait que mener vers une illusion. Et enfin, par rapport aux élections présidentielles, le choix de Lalao Ravalomanana comme représentant était à l’époque un excellent choix tactique. Mais une fois que le régime Rajoelina a démontré qu’il ne s’embarrasserait d’aucun scrupule pour y faire obstacle, la mouvance Ravalomanana aurait dû se mettre à bâtir un plan B, au lieu d’insister dans une voie qui se révélait être sans issue. Mais à force de persister dans le « ou Neny, ou rien », la mouvance s’est retrouvée avec rien.

Le troisième paramètre, et en cela Marc Ravalomanana ressemble à Didier Ratsiraka, c’est qu’il n’a jamais envisagé de préparer sa relève politique, espérant une présence au pouvoir ad vitam aeternam. Leur ego hypertrophié leur a toujours fait considérer qu’ils étaient uniques, et ils se sont arrangés pour limiter les envergures et les ambitions de leur entourage, afin que personne ne puisse leur faire de l’ombre. Au final, quand le cours de l’Histoire les a subitement dégagé, il n’y a eu personne qui s’est révélé prêt et capable de jouer le rôle de remplaçant, ce qui oblige les équipes à du bricolage sur la base des lambeaux, tant en 2002 pour le parti AREMA de Ratsiraka, qu’en 2009 pour le parti TIM de Ravalomanana. Et il était pitoyable de voir certains passer en revue les titulaires du patronyme Ravalomanana pour voir qui pourrait être candidat à la place de Marc : Lalao ? Tojo ? Sarah ? [1] Comme si, à part ceux qui portaient ce nom, c’était le désert complet, et que l’héritage politique devait obligatoirement se considérer comme un patrimoine de famille, à la bonne grosse sauce africaine. Et le plus ridicule pour les « zanak’i Dada » en manque de repères, c’est qu’au fil de la crise, ils se sont raccrochés à des espoirs générés par des anciens mutins, tels que la mutinerie à la BANI avec Noel Rakotonandrasana et compagnie, ou encore les pseudo amendes honorables de Charles Andriantsoavina, devenues parole d’évangile pour beaucoup de pro-Ravalomanana. Il fallait vraiment que les supporters de Ravalomanana soient désespérés pour se raccrocher à ce genre de personnes, surtout après ce qu’il a leur fait.

L’absence de la Mouvance Ravalomanana de la dynamique des élections présidentielles risque de la mettre en veilleuse, si elle n’arrive pas à retomber sur ses pieds. De plus, le phénomène de désertion au sein des rangs de la Mouvance risque de s’accentuer, car certains vont certainement préférer voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, chez d’autres candidats (« tsy mitaingina soavaly maty »). Depuis 2009, combien de leaders légalistes, de membres éminents du GTT, et d’anciens hiérarques du TIM ne sont-ils déjà « passés à l’ennemi », pour le plaisir des postes et des avantages ? Enfin, il ne faut pas oublier que la complicité entre certains acteurs de la communauté internationale et les auteurs du coup d’État s’est basée sur un intérêt commun : écarter Marc Ravalomanana de la vie politique du pays. Il est à prévoir que cette collusion ne se perpétue encore un certain temps pour éviter le retour trop précoce de Marc Ravalomanana, de façon à ce que sa notoriété s’étiole en exil, et qu’il finisse par ne plus représenter un poids politique capable d’un retour en zone.

Quels choix pour le futur proche ?

Aujourd’hui, il faut que la mouvance Ravalomanana fasse des choix sur le présent. Même si une certaine logique le voudrait, de mon point de vue elle ne doit pas quitter les institutions de transition, pour continuer à exister et ne pas disparaître complètement du paysage politique. Cela lui permettra de sauver les meubles et de préparer l’avenir. Car elle doit également faire des choix pour le futur, et a trois possibilités pour se reconstruire.

La première est de faire le dos rond, oublier les présidentielles (voire même les boycotter, ce qui serait à mon avis la solution la plus intelligente), et travailler sur les autres élections à venir : les législatives et les communales. C’est à travers le Parlement qu’elle pourrait, si elle en est capable, démontrer qu’elle représente encore une force avec laquelle compter. Et si elle s’y prend bien, les portes de la Primature pourraient lui être ouvertes. Si j’avais été le stratège politique de Lalao Ravalomanana, je lui aurais en plus suggéré fortement de se présenter aux municipales d’Antananarivo. Dans le contexte actuel, c’est une victoire quasi-assurée, avec des bénéfices politiques à court, moyen et long terme.

La deuxième, c’est de s’engager dans des mouvements de rue pour faire obstacle au processus électoral en cours. À mon avis, solution à éviter, car non seulement elle aura des résultats aléatoires, mais en plus, elle risque plus dans le présent contexte de fragiliser la mouvance que de la renforcer. La plupart des va-t-en-guerre sur les forums se trouvent à 10.000 km du théâtre des opération, et ceux sur place sont très courageux, mais juste grâce à l’anonymat devant leur écran. D’ailleurs, les affluences maigrichonnes des deux tentatives qu’elle a organisée il y a dix jours à Ambohijatovo, puis à Ankorondrano, l’ont obligée à inventer une annulation de dernière minute. Il y a certes des dynamiques qui sont en train de s’enclencher pour appeler à des manifestations de protestation contre les élections, que ce soit sur internet (Wake Up Madagascar, blogueur Pakysse etc), mais aussi à la radio, surtout avec la récente intervention d’Onitiana Realy sur Radio Plus [2]. Mais ces dynamiques sont surtout apolitiques et basées sur une volonté d’expression de la citoyenneté, et je doute fort qu’elles acceptent de prendre une coloration partisane pro-Lalao Ravalomanana. La mouvance éponyme ne devrait donc pas trop rêver dessus pour le moment.

La troisième solution pour la mouvance Ravalomanana, c’est de s’accoupler lors des présidentielles avec un des Ravalomananistes défroqués (Radavidson Andriamparany, Rajemison Rakotomaharo, Fetison Rakoto-Andrianirina) ou l’un des supposés Ravalomananistes tels que William Ratrema ou Jean-Louis Robinson. Pari risqué, car la mouvance ne serait pas en position de force pour négocier à son avantage. Mais il est évident que celui qui se ferait adouber par Marc Ravalomanana monterait immédiatement à la catégorie supérieure, de celle des sans aucune chance à celle des candidats sérieux. Reste à savoir lequel d’entre ceux qui espèrent cet adoubement pourrait le capitaliser, et avoir la force mentale et l’envergure nécessaire pour faire jeu égal avec ceux dont les campagnes aux moyens illimités sont financées par les opérateurs de bois de rose et les racketteurs d’entreprise minières.

Enfin et surtout, Ravalomanana et ses supporters doivent admettre que le combat politique est une affaire de politique, et pas de dévotion aveugle et stupide. Le « Minoa fotsiny ihany » a montré ses limites, et contrairement à l’ancien roi du yaourt, c’est maintenant le DJ qui boit du petit lait. Rajoelina, qui rêvait d’effacer par les urnes l’infamie de son image de petit putschiste pour gagner une respectabilité de chef d’État élu, est aussi un perdant de ces élections en ne pouvant pas se présenter. Mais malgré tout, l’envergure de la déroute de Marc Ravalomanana n’a rien à avoir avec cette défaite du DJ, qui a encore plusieurs avantages dans la situation présente. À commencer par la possibilité de son plaisir ultime : être accueilli en tant que chef d’État à la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations unies à New-York à partir du 17 septembre 2013, pour y prononcer un de ses habituels discours creux, où il va sans doute se permettre de donner des leçons de démocratie (si ce n’est une allocution plagiée, comme il y a quelques années).

En espérant que le Red’Chef et le modérateur soient encore en vacances, je me permettrai une chute un peu triviale, que je prie les lecteurs de me pardonner d’avance. Minonoa fahatany eo ihany. Avis donc à ceux qui se complaisent à chercher leur plaisir en faisant le « minono fotsiny ihany » : à force de telles pratiques naïves, on finit par se faire avoir bien profond, et sans vaseline. Dia aza misy miteniteny.


lundi 2 septembre 2013, par Ndimby A. in www.madagascar-tribune.com

23/07/2012

Encore un putsch qui a fait pschitt !

3 morts et des blessés, hier, au camp du RFI Ivato
Dès le début de la mutinerie d'hier, tous les pro-Ravalomanana ont crié étrangement en choeur qu'il s'agit d'un acte émanant d'Ambohitsorohitra pour empêcher Andry Rajoelina d'aller rencontrer Marc Ravalomanana. A la lumière des récentes déclarations pourtant, et surtout du dernier communiqué de la Sadc qui se montre "fâchée" à l'endroit de la mouvance Ravalomanana, il apparaît que le scénario est écrit par une tout autre main.

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Un ras le bol général de la part d’un caporal et de ses amis ? Un acte désespéré qui voulait imiter Bokassa, auteur d’un coup d’Etat en Centrafrique alors qu’il n’était que sergent ? Pour le Gal Ramakavelo, c’était un acte visant à saboter la rencontre entre l’ancien président Marc Ravalomanana et le président de la Transition
La rencontre est prévue se tenir demain aux Seychelles, mais il n’y a aucune confirmation officielle pour l’instant. « Aucune information officielle n'a été publiée sur le déroulement proprement dit », confirme un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le Bureau de liaison de la Sadc se contente d’affirmer, dans un communiqué publié le 21 juillet, que « la réunion aurait lieu dans un proche avenir comme initialement prévu ».  Mais alors, d’où provient la fuite sur la date et le lieu de la rencontre ? La Sadc pointe du doigt la mouvance Ravalomanana. 
« Il est inacceptable et plutôt malheureux pour la mouvance Ravalomanana de faire des déclarations de la manière dont elle l’a fait. La Troïka a demandé aux parties prenantes concernées de s'abstenir de  faire une annonce publique. Il appartient à la Troïka de façon adéquate et appropriée d’informer le public et la population malgache. Ce genre d'opportunité politique n'est pas utile pour le processus », peut-on lire dans le communiqué de la Sadc qui ajoute « la Troïka assigne tous les acteurs politiques de s'abstenir de manœuvres politiques et les incitations inutiles ».
Mais pourquoi la mouvance Ravalomanana a-t-elle passé outre à un accord passé avec la Sadc concernant le caractère discrétionnaire de la rencontre ? Tout simplement en vue de la saboter. Les récentes déclarations l’attestent. . « Branle-bas au sein des Forces armées : Directoire militaire en gestation ! », annonce le journal « Midi Madagasikara » le 12 juillet, en précisant que « un officier général, qui n’est autre qu’un ancien Cemgam du temps de l’ancien président Ravalomanana Marc, aurait également convoqué une rencontre avec le Cosofam (...) La question d’une prise de pouvoir par les militaires aurait été également évoquée au cours de la réunion ». Parmi les mutins arrêtés hier figure justement l’adjudant-chef Esora, un des leaders du Cosofam.
Mais pourquoi Ravalomanana veut-il faire capoter la rencontre ? C’est parce qu’il craint un arrangement entre l’Afrique du Sud et la France concernant son sort. Le 29 mai, Laurent Fabius, nouvellement nommé ministre des Affaires étrangères française, a reçu Maïté Nkoana-Mashabane, ministre des Relations internationales et de la coopération de la République d’Afrique du Sud au Quai d’Orsay. Les deux parties ont alors déclaré qu’elles ont trouvé un consensus concernant les affaires en cours en Afrique. Résultat : Jean Ping, protégé historique de la France est lâché au profit d’une ex-femme de Jacob Zuma. Il n’est pas à écarter que le dossier Madagascar a été également étudié par les deux parties. D’ailleurs, Laurent Fabius lui-même a téléphoné à Nkosazana Dlamini-Zuma, après son élection à la Présidence de la Commission de l'Union africaine, pour la féliciter et lui exprimer son souhait de l’accueillir à Paris « afin de s'entretenir avec elle des multiples défis auxquels l'Afrique est confrontée et des opportunités que présente ce continent d'avenir ».
Une petite phrase, reprise par les médias français corrobore tout ceci. « Une source diplomatique, jointe par l’AFP,  a évoqué une possible mise en scène destinée à impressionner la communauté internationale et à perturber la rencontre entre MM. Rajoelina et Ravalomanana ». La source « diplomatique » est anonyme, mais tout porte à croire qu’elle provient des Etats-Unis. Un blogueur qui signe « Reflexiums » et qui ne porte pourtant pas Andry Rajoelina dans son cœur s’étonne que l’ambassade américaine fasse une « étrange offensive médiatique » ces derniers temps. « Ce comportement étrange des Américains et a commencé dès le changement de pouvoir en France. Ce n’est qu’une théorie du complot, me direz-vous, mais je pense que les USA sentent que les socialistes sont plus distants avec les vieilles habitudes et qu’ils veulent tenter leur chance pour revenir sur la scène », conclut-il. CQFD.
Randy D.

Publié dans "L'Observateur" du lundi 23 juillet 2012.

20/06/2012

Madagascar, ton avenir fout le camp !

No future. C’est certainement la devise qui sied à Madagascar, tant tout le monde détruit tout. Les écologistes de salon accusent les cultivateurs de détruire l’environnement et l’opposition de bazar accuse la Transition de détruire l’économie. Mais en fait, chacun détruit à qui mieux-mieux. Madagascar, démocratie, Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana, actualité, presse, chronique
Les politiciens détruisent la politique, qu’ils soient opposants ou au pouvoir. La politique n’est plus cette démarche désintéressée pour développer la cité, mais un moyen pour se remplir les poches, quitte à poignarder ses amis dans le dos. Qui peut garantir que lorsque ces politiciens qui se disent de l’opposition arrivent au pouvoir, d’Andrianjaka Rajaonah d’Orimbato au Magro, en passant par les différents clowns unis par  la nostalgie du 13-Mai, ils vont oublier leurs intérêts personnels pour enclencher la vitesse supérieure du  développement ? Qui peut garantir que lorsque Marc Ravalomanana reviendra au pouvoir, il ne confondra plus ses poches avec la caisse de l’Etat (raison initiale de la suspension de ses aides par l’Union européenne) et que Madagascar deviendra plus démocratique, plus libre et mieux gouverné ? Il existe un précédent : un ancien président avait déjà fait un retour en force, Didier Ratsiraka pour ne pas le nommer, avec sa promesse « humaniste et écologique ». Madagascar était-il devenu pour autant plus démocratique, plus libre et mieux gouverné ?
Les enseignants détruisent l’éducation. Enseigner n’est plus un sacerdoce, un métier que l’on a choisi parce qu’on croit en la force de l’éducation pour développer le pays. C’est juste un débouché professionnel où l’on a atterri parce qu’on n’a pas trouvé mieux. Les enseignants d’aujourd’hui ne sont plus comme ceux de Papa qui, lorsqu’ils trouvent que leur salaire ne leur suffit plus, reprennent leurs études pour décrocher de nouveaux diplômes en vue d’une promotion. Il y en a alors qui sont passé d’instituteur à professeur d’université. Pour obtenir une augmentation, les enseignants d’aujourd’hui, d’instituteurs à pseudo-chercheurs, préfèrent prendre en otage leurs propres élèves, qui sont manifestement le dernier de leurs soucis, quitte à provoquer une année blanche. Qui peut garantir que lorsqu’ils auront l’argent qu’ils demandent, l’enseignement s’en trouvera amélioré ?
Les médecins et leurs auxiliaires détruisent la médecine et le monde hospitalier en refusant de recevoir les malades pour cause de grève. Ce qui constitue à la fois un reniement du serment d’Hippocrate et une non assistance à personne en danger, autrement-dit un crime.  Les forces de l’ordre détruisent la sécurité en louant des armes aux bandits pour arrondir leur fin de mois. Remenabila en est la fatale conséquence. Les  magistrats détruisent la Justice en refusant de travailler pour le peuple en raison d’un conflit avec une autre corporation… Qui peut garantir que si on leur donne ce qu’ils demandent, les patients seront mieux soignés, le citoyen mieux sécurisé et la justice mieux rendue ? Le tout, loin de la corruption et de tous les autres maux qui gangrènent le service public ?...
On ne peut que souhaiter bonne chance à celui, quel que soit son nom, qui conduira la IVe République. Il aura du chantier à faire. Et le plus gigantesque sera celui de colmater le gouffre que Destruktor a laissé.

Randy D. in "L'Observateur" du mercredi 20 juin, pp. 2

12/01/2012

Jennifer Lopez s'invite à Madagascar

Quatre jours de cérémonies au palais d'Iavoloha, la Maison Blanche malgache, pour la présentation des voeux du couple présidentiel. A cette occasion, la first lady, au fait des dernières tendances, a arboré une robe qu'elle a chipé à JLo. Jeu de 7 erreurs.

Madagascar, Andry Rajoelina, Mialy Rajoelina, Rajoelina, presse, mode

Publié dans "L'Observateur" du jeudi 12 janvier 2012, pp. 8

Psst !

Poupette s'en fout, une excellente blougeuse, a fait des recherches. Hillary Duff a la même robe, laquelle figure sur le catalogue printemps-été 2010 de Roland Mouret où elle est proposée à 1230 euros, soit plus de 3.5 millions d'ariary ou encore plus de 17,5 millions FMG. Quand on aime, on ne compte pas. N'est-ce pas les filles ?

Dans son édition du vendredi 13 janvier, "La Gazette de la Grande île" en rajoute une couche dans un billet acerbe dont ses chroniqueurs ont le secret. Lova Rabary-Rakotondravony, enfin, y va de sa petite touche personnelle chez "L'Express" dans un article en malgache. 

22/06/2011

Sadisme et infanticide : La Sadc est enfant de l'Afrique

La Sadc est à l’image de l’Afrique : chaotique et belliqueuse. Par la lettre du 17 juin, portant amendement de la Feuille de route (voir article par ailleurs), elle fait un acte d’infanticide. Sinon, comment qualifier les choses autrement quand on sait qu’une lettre du 16 février de  Joaquim Chissano confirmait que la Feuille de route est enfant de la Sadc, conçue « sur la base des consultations approfondies   conduites avec les principaux acteurs politiques malgaches, la Société civile et la communauté internationale » ? D’autre part, les circonvolutions de ses décisions laissent à penser qu’elle prend un malin plaisir à humilier Madagascar, ce pays qui a toujours refusé d’être qualifié d’Africain suivant un complexe d’insulaire qui n’est pas sans rappeler celui de l’Angleterre vis-à-vis de l’Europe.

D'un sommet à l’autre, la Sadc ne cesse de dire et de se contredire. Sur la forme d’abord. Juridiquement, un document paraphé ne doit plus faire l’objet d’un amendement. Le paraphe a deux fonctions. la première est d'assurer que chacun des signataires ne s'est pas contenté de signer la dernière page mais qu'il a lu l'acte en entier, la seconde est d'éviter l'ajout ou la destruction des pages intermédiaires après la signature de l'acte. En droit français une jurisprudence veut même « qu'un paraphe apposé à l'endroit des signatures vaut signature". Bien sûr, la Sadc peut toujours dire que la majorité de ses membres sont anglophones.

Autre chose : le secrétaire exécutif de la Sadc, Tomaz Salomao lui-même, a déclaré que la rencontre de Sandton sera la toute dernière. On verra par la suite qu’il n’en sera pas ainsi.

Sur le fond maintenant. Depuis Maputo, toutes les résolutions affirmaient que Marc Ravalomanana ne pourra rentrer à Madagascar qu’à condition que l’évolution de la situation sur le terrain le permette. A Sandton pourtant, ce retour devenait subitement « unconditionnally », sans conditions. Marc Ravalomanana a alors repris du poil de la chèvre en déclarant qu’il reviendra bientôt au pouvoir pour faire revenir la légalité, la reconnaissance internationale et les mannes financières qui permettront à Madagascar de ne plus avoir de problèmes pour acheter du « carburant sur le marché international » (sic). Et pas plus tard que vendredi, l’amendement de la Feuille de route précise que finalement, le laitier d’Imerinkasinina ne pourra pas rentrer tant que les conditions ne le permettent pas.

Ce yo-yo est particulièrement sadique et joue avec les nerfs des Malgaches déjà éprouvés par une crise politique qui provoque de graves dégâts collatéraux dans le social et l’économique. « Mahari-pery ny Gasy ». Le Malgache a une étonnante résistance face aux souffrances. Et si c’est l’explication de tout ceci ? Un masochiste, passif, a tendance à s’allier avec un partenaire sadique, autoritaire et méchant pour entretenir son humiliation. Dans cette rechercher de sortie de crise, celui qui se fait prendre par derrière s’avère être Madagascar. Or, les principes fondamentaux de l’attitude sadique se trouvent justement dans la phase anale. Aïe !

Paru dans "L'Observateur" du mercredi 22 juin 2001, pp. 2.