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04/03/2007

Une malgache chante l’hymne de campagne de Jean-Marie Le Pen

medium_LE_PEN.jpgAccusé généralement de racisme et de xénophobie, le Front national de Jean-Marie Le Pen décide de redorer son blason et lance une opération séduction à l’endroit de l’électorat français issus de l’immigration. Son dernier coup d’éclat est de faire chanter l’hymne de la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen par une immigrée, en l’occurrence Isabella, née à Madagascar d’un père malgache. « Avec Jean-Marie » est disponible, mais non-téléchargeable (heureusement), dans le foutoir « YouTube » sur le net. 
Isabella Imperatori habite Cavaillon. Habituée des cafés-concerts, elle voit sa petite carrière artistique prendre un tournant lorsque, en 1997, Bernard Antony, président de Chrétienté solidarité et du Mouvement du pays Libre, par ailleurs directeur de la revue « Reconquête », la fait se produire à l’université du Front national. Depuis, Isabella est devenue pendant la chanteuse phare du Front national. Lors des meetings, elle « chauffe » la salle avant que n’apparaisse le gourou du parti.
« Le pays se dégrade. C’est l’insécurité, c’est l’immigration (…) Moi, j’ai choisi Le Pen. C’est ma conviction. Avec Jean-Marie … Je redeviens moi-même ». Ces phrases sont reprises en chœur par l’assistance à chaque meeting. Le tout sur un rythme tropical, le zouk, lequel était popularisé par un public qui est loin d’être des Français de souche. Mais après tout, Nicolas Sarkozy lui aussi a bien choisi du rap, la musique des racailles qu’il projetait de nettoyer au kärcher, pour son hymne de la campagne.
Isabella, surnommée « la Spice girl du Front national », est particulièrement fière de sa mission. Dans un fourreau de paillettes, elle parcourt la scène et exhorte la foule à chasser, en vrac, l'étranger, le gouvernement et l'Europe d'Amsterdam. Un melting-pot de tous les chevaux de bataille du Front national.
Apparemment, l’opération séduction n’est pas sans résultat car le Front national comprend actuellement plus de sympathisants, quelques milliers selon des sources officieuses, le parti refusant de communiquer les chiffres, par rapport à il y a cinq ans.
D’un autre côté pourtant, la politique de Jean-Marie Le Pen envers les étrangers reste la même. Accusant l’immigration d’être à l’origine des maux de l’Hexagone, les textes d’Isabella le confirme, Jean-Marie Le Pen veut « inverser les flux migratoires » par, entre autres, la suppression du regroupement familial, des aides et allocations sociales pour les étrangers et la mise en place d’une « politique de retour ». Dans le quotidien français « Les Echos », Jean-Marie Le Pen estime que l’application de ces mesures permettra « de réaliser plus de 20 milliards d’euros d’économies. Au bout de cinq ans, la France compterait entre 1 et 1,5 million d’étrangers en moins sur son territoire ».
Alors, que font les individus « de couleur », pour reprendre l’expression favorite des incolores amis de Jean-Marie Le Pen,au sein du Front national ? Comment peut-on être noir et/ou musulman et voter pour des hommes convaincus que la nation française est, par essence, « de race blanche et de religion chrétienne » ? Inconscience ou masochisme ?
« Je ne suis pas un alibi », se défend Isabella. Paul Tili, né à La Réunion d’un père malgache, également membre du Front national, connaît la chanson et déplore la nouvelle vague d’immigration,  « des Indiens, des Tamouls, des Malgaches et des Comoriens », autrement dit « des paresseux attirés par le Revenu minimum d’insertion (RMI) ». Y a bon l’intégration !  

Randy Donny 

Publié dans "Les Nouvelles" du vendredi 2 mars 2007, p. 2 http://www.les-nouvelles.com

En médaillon, une affiche du Front National mettant en avant une fille de couleur.