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15/03/2007

L’enseignement supérieur en danger

medium_coq.jpgDe temps et temps, les autres journaux sortent des papiers que je trouve intéressant. Ce coup de gueule paru dans "Tribune de Madagascar", par exemple. Il nous aide un peu à connaître la route que nous suivons...  

Tollé général au sein de la communauté universitaire malgache. Désormais, la sortie du territoire des enseignants-chercheurs, même pour des motifs de formation, serait conditionnée par le MAP.    « Où va l’enseignement supérieur ? » s’indigne un professeur à Ankatso qui a voulu requérir l’anonymat. En effet, d’après une note concoctée par le Ministère de l’Education nationale et envoyée aux responsables des Facultés et départements, leur libre circulation en dehors de Madagascar ne serait plus garantie. Et même pour les enseignants qui doivent suivre des cours de perfectionnement ou des stages à l’étranger, ils devraient justifier l’utilité de leur déplacement. Mais là où le bât blesse, ce que désormais cette notion d’« utilité » serait subordonnée à ce qui est écrit dans le MAP. « Rien n’est donc nécessaire ni autorisé en dehors de ce qui est mentionné dans le MAP ? » fait remarquer un enseignant.    Changement de procédure    Depuis la création des universités, la sortie à l’étranger des enseignants a été toujours régi par des textes officiels. Leur ordre de mission est généralement signé par le Premier Ministre après avis favorables des autorités compétentes subalternes (Présidence des universités, Ministère de l’Education notamment).
    Cette règle change car tout ordre de mission devrait avoir d’abord l’accord préalable de la Présidence avant que la Primature donne son feu vert. Les critères qui permettraient ainsi à un enseignant de poursuivre des colloques ou des stages seraient donc subordonnés aux programmes inscrits dans le MAP.
    Aucun enseignant ne serait donc plus autorisé à quitter Madagascar si les formations qu’il suivra ne concourent pas à la réalisation de ce programme présidentiel. Autrement dit, ce seraient les responsables, soit du Ministère, soit de la Présidence, qui vont apprécier quelles sont les formations que les enseignants peuvent suivre à l’étranger. Si, par malheur, celles-ci ne sont pas prévues par un ou plusieurs points prioritaires inscrits dans le MAP, les ordres de mission, nécessaires pour avoir un visa au niveau des ambassades, seraient refusés !

    La pensée unique

    De telles dispositions indignent le monde universitaire. Car elles sont la négation même de la franchise universitaire et notamment de la liberté de penser. « Aucun enseignant ne serait-il plus donc libre de réfléchir sur un thème qu’il pense important que si celui-ci est inscrit dans le MAP » se demande un autre enseignant ?
    En effet, si nos sources sont bonnes, c’est le principe même de l’enseignement supérieur qui est remis en cause. D’ailleurs, déjà, des professeurs se demandent bien si les enseignements à l’université seront modelés suivant le MAP. Et si tel est le cas, la plupart des modules enseignées seront donc vouées à disparaître.
    Pour un autre enseignant, une telle procédure est pire que pendant le temps de « Boky Mena » de l’ancien régime socialiste de Ratsiraka : « L’Etat veut un homme nouveau, un homme mapeisé », a-t-il affirmé non sans ironie. C’est la pensée unique que le régime actuel veut instaurer et il est en train de se doter des moyens pour y parvenir. La liberté de l’enseignement n’est plus garantie. Bref, c’est nos libertés fondamentales qui risqueraient de disparaître à terme », a-t-il continué. Attention, la démocratie est en danger !

15/03/07 - Alexandre L.
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La photo en médaillon est de Renaud Rianasoa Raharijaona, prise lors d'une grève... à l'université, en 2004. Elle est visible sur son blog http://justrenaud.hautetfort.com