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07/01/2009

Les souvenirs, et les regrets aussi…

Ra8 est fini. Voici venir Ra9. Il paraît quel le chiffre 9 est plutôt rare, notamment lors des tirages de loto. C’est peut-être une des raisons qui explique pourquoi les joueurs malgaches parlent de « tsabo sivy ». Apparemment donc, on a tiré le gros lot. Je l’ai toujours espéré, les rares fois où je joue, surtout en France avec les dizaines de millions d’euros de l’Euroloto. En vain. Malheureux au jeu… Un début d’année est justement le moment pour faire le bilan de l’année éc(o)ulée. Parler des souvenirs. Et des regrets aussi.

« Les souvenirs et les regrets aussi… » J’ai découvert ce vieux bouquin au hasard d’une visite dans les rayons de la bibliothèque deSouvenirs.jpg l’université privée Essva, à Antsirabe. C’est vieux de quinze ans, mais j’ai pris mon pied en le lisant. J’ai surtout beaucoup ri. Il faut reconnaître que son auteur, Catherine Allégret, la fille de Simone Signoret, écrit formidablement bien comme tous ceux qui écrivent avec leur cœur. Une plume qui me renvoie de temps en temps à celle de Mialysenfout. Enfant de la balle, Catherine Allégret passera sa vie sous des poids lourds. Fille d’une star oscarisée à Hollywood, cette dernière elle-même mariée à une autre star plébiscitée par tout New York au point de faire craquer Marilyn Monroe, elle ne peut que jouer les second rôles, à la vie comme sur la scène. Un rôle qu’elle tiendra merveilleusement bien. Une leçon de modestie et d’espoir pour ceux qui croient qu’il n’y a pas de vie en dehors des étoiles. Le tout avec un gros bouquet d’humour à faire crouler un croque-mort.

« Le 9 novembre 1991, Ivo Livi dit Yves Montand s’est éteint pour l’état civil, victime d’un ultime infarctus, victime de ses colères, victimes de la vie qu’il s’était mis en tête de vivre jusqu’en 2009… » Yves Montand était l’épouse de Simone Signoret. Je ne savais pas qu’il espérait vivre jusqu’à cette année. Je ne savais pas non plus que Jacques Prévert, dont j’adore les poèmes surréalistes, portait une chaîne d’or à la cheville. Désormais, ce sera mon prochain caprice, tanora lalandava. Après une épaule tatoo il y a dix ans. Comme quoi, mes caprices ne sont pas légions.

J’adore les biographies. C’est peut-être pourquoi j’en ai écris. Après Mahaleo en 2007 dont il ne me reste plus que quelques exemplaires, j’ai fait celui de Jaojoby en 2008. J’en ai aucun exemplaire. Tout est resté à Paris. Des condensés de souvenirs. Mes regrets 2008 se rapportent essentiellement à des personnalités que 2008 a emporté.

Regret de n’avoir pas rapporté ici l’autobiographie du père jésuite Rémy Ralibera, figure respectée et respectable du journalisme malgache quoique il ait choisi la voie de la presse par accident. Comme celui de Rome, tous les chemins mènent vers les médias. Son livre est truffée de révélations sur les récents événements à Madagascar. On en reparlera certainement un jour.

Regret aussi, celui d’avoir omis la disparition du poète Rado. J’étais à Paris et je n’ai appris la nouvelle que deux jours après, en surfantdinitra.jpg sur Internet. Je trouve que « Ho any ianao kanefa » est inspiré de « Je Finirai Par L’oublier » de Nana Mouskouri. Rado, dont la simplicité des rimes constitue à la fois le charme et la puissance évocatrice, a inspiré à son tour deux générations d’écrivains. Parfois en herbes. Et qui le sont restés. J’ai perdu Rado une seconde fois lorsque, en rageant ma bibliothèque, je me suis aperçu que mes recueils de poèmes de Rado ont disparu.

Regret, enfin, de n’avoir pas parlé de la disparition aussi de Charlotte Arrisoa Rafenomanjato, une écrivaine malgache francophone plus connue en France qu’à Madagascar. Après avoir été séduit par le charme de «notre Panurge national » (sic) en 2002, cette sage-femme a accouché d’un livre, « Marc Ravalomanana, de président de la rue à président de palais », avant de regretter amèrement son choix. Elle le fait savoir dans le second tome du livre qu’aucun éditeur n’a osé publier. Néanmoins, on peut le télécharger gratuitement ici. Elle y fait appel à « la trombe purificatrice de notre tody national, le boomerang de la malfaisance » pour flageller ceux qui ont trompé le peuple-enfant de Madagascar avec un épouvantail de messie à la peau de sataniste.

Personnellement, je fais partie de ceux qui n’ont pas voté depuis 2001. Je n’ai donc pas de regrets. Rien que des souvenirs…