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31/07/2009

Culture intensive du jatropha ? Rien ne vaut de courir …

La mode n'est pas qu'aux vêtements. Il y en aussi en économie. Parce que les carburants fossiles sont condamnés à dispraître, eldorado vers les biocarburants. Mais est-ce vraiment la solution ? Les jatropha et autres plantes à agrocarburant risquent, en effet,  de n'être que des cultures de rente de plus pour les pays en développement, les plus chauds à entrer dans la course. Comme le café, le sucre et vous en connaissez des tonnes en leurs temps, les agrocarburants seront intéressants dans un premier temps avant que les cours de la Bourse internationale ne viendra dicter sa loi. Les agriculteurs des pays en développement auront alors sur les bras des millions d'hectares de plantes à agrocarburants qui ne seront plus rentables. Sans parlers des conséquences sur l'environnement et  la concurrence avec les cultures vivirières. Moralité : rien ne vaut l'électrique. Solaire, éolienne ou, à la limite, hydroélectrique... Il faut développer les recherches dans ce sens en matière de voitures et autres instruments fonctionnant jusqu'ici en carburant fossile. Il suffit  alors de vulgariser des  stations services où l'on pourra faire le plein d'énergie électrique. Utopie ? EX-Nissan_LEAF.jpgLa sortie de la Leaf par  Nissan (ci-contre à d.) est un début de réponse. L'article de MFI, ci-dessous, apporte des matières à réflexion. Tout en jettant un coup d'oeil sur le champ de jatropha en bas, photographié à Madagascar ! Jatropha.jpg

 

(MFI) Le jatropha ne sent pas bon et ses fleurs sont peu attractives, mais il dispose d’un atout qui séduit les pays en développement : ses graines accumulent de l’huile (environ 35 % de la masse) permettant de fabriquer de l’agrocarburant. Plusieurs pays misent sur ce nouvel « or vert », qui pousse sans apport d’eau, d’engrais ou de pesticides. Halte-là ! « L’examen attentif des résultats des projets déjà avancés permet de relativiser nombre de promesses vantées par ses inconditionnels », soulignent des chercheurs de l’IRD dans une étude parue au début du mois de juillet 2009.

L’arbuste peut atteindre jusqu’à 10 mètres de hauteur et résister aux stress hydriques comme aux fortes pluviométries. Originaire d’Amérique centrale ou du Sud, et classée parmi les «plantes à latex», le jatropha n’est pas une plante destinée à être consommée ; elle a cependant été rapidement exploitée sur tous les continents dès le 19è siècle, que ce soit pour élever des haies vives protégeant les champs de l’invasion du bétail, ou comme tuteur – par exemple pour la vanille, à Madagascar – ou bien encore pour ses diverses vertus médicinales.

Le succès actuel croissant du jatropha – qui se développe facilement sur des terres déshéritées – est lié à la découverte de l’extrême richesse de sa graine – parfois appelée noix des Barbades – qui se révèle être un très bon agrocarburant. « Des projets de mise en culture de grande envergure ont fleuri récemment dans la bande intertropicale sur trois continents (Afrique, Asie, Amérique) », soulignent les chercheurs de l’IRD, qui précisent que « les Philippines, le Ghana et Madagascar envisagent d’ensemencer 15 à 20% de leurs terres cultivables en Jatropha curcas ».

Claudine Campa (IRD) émet des réserves : le manque de variabilité génétique des variétés mises en culture rend la plante vulnérable et les projets de culture intensive téméraires. Pour la chercheuse, il serait préférable d’approfondir des études préliminaires à la fois sur l’utilité de la plante et sur les risques associés à sa culture intensive tels que les risques d’appauvrissement des sols, d’impact néfaste sur la biodiversité, de déséquilibre des biotopes, sans parler du risque de privation des populations indigènes des cultures vivrières nécessaires à leur survie. Craignant des dérives, la chercheuse souligne l’intérêt qu’il y aurait à privilégier, par exemple, des programmes génétiques visant à étudier la diversité naturelle et les caractères adaptatifs de l’espèce et à en tirer profit avant de lancer des productions intensives dans des pays pauvres aux économies déjà fragiles et instables.

 

Dominique Raizon