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20/06/2012

Madagascar, ton avenir fout le camp !

No future. C’est certainement la devise qui sied à Madagascar, tant tout le monde détruit tout. Les écologistes de salon accusent les cultivateurs de détruire l’environnement et l’opposition de bazar accuse la Transition de détruire l’économie. Mais en fait, chacun détruit à qui mieux-mieux. Madagascar, démocratie, Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana, actualité, presse, chronique
Les politiciens détruisent la politique, qu’ils soient opposants ou au pouvoir. La politique n’est plus cette démarche désintéressée pour développer la cité, mais un moyen pour se remplir les poches, quitte à poignarder ses amis dans le dos. Qui peut garantir que lorsque ces politiciens qui se disent de l’opposition arrivent au pouvoir, d’Andrianjaka Rajaonah d’Orimbato au Magro, en passant par les différents clowns unis par  la nostalgie du 13-Mai, ils vont oublier leurs intérêts personnels pour enclencher la vitesse supérieure du  développement ? Qui peut garantir que lorsque Marc Ravalomanana reviendra au pouvoir, il ne confondra plus ses poches avec la caisse de l’Etat (raison initiale de la suspension de ses aides par l’Union européenne) et que Madagascar deviendra plus démocratique, plus libre et mieux gouverné ? Il existe un précédent : un ancien président avait déjà fait un retour en force, Didier Ratsiraka pour ne pas le nommer, avec sa promesse « humaniste et écologique ». Madagascar était-il devenu pour autant plus démocratique, plus libre et mieux gouverné ?
Les enseignants détruisent l’éducation. Enseigner n’est plus un sacerdoce, un métier que l’on a choisi parce qu’on croit en la force de l’éducation pour développer le pays. C’est juste un débouché professionnel où l’on a atterri parce qu’on n’a pas trouvé mieux. Les enseignants d’aujourd’hui ne sont plus comme ceux de Papa qui, lorsqu’ils trouvent que leur salaire ne leur suffit plus, reprennent leurs études pour décrocher de nouveaux diplômes en vue d’une promotion. Il y en a alors qui sont passé d’instituteur à professeur d’université. Pour obtenir une augmentation, les enseignants d’aujourd’hui, d’instituteurs à pseudo-chercheurs, préfèrent prendre en otage leurs propres élèves, qui sont manifestement le dernier de leurs soucis, quitte à provoquer une année blanche. Qui peut garantir que lorsqu’ils auront l’argent qu’ils demandent, l’enseignement s’en trouvera amélioré ?
Les médecins et leurs auxiliaires détruisent la médecine et le monde hospitalier en refusant de recevoir les malades pour cause de grève. Ce qui constitue à la fois un reniement du serment d’Hippocrate et une non assistance à personne en danger, autrement-dit un crime.  Les forces de l’ordre détruisent la sécurité en louant des armes aux bandits pour arrondir leur fin de mois. Remenabila en est la fatale conséquence. Les  magistrats détruisent la Justice en refusant de travailler pour le peuple en raison d’un conflit avec une autre corporation… Qui peut garantir que si on leur donne ce qu’ils demandent, les patients seront mieux soignés, le citoyen mieux sécurisé et la justice mieux rendue ? Le tout, loin de la corruption et de tous les autres maux qui gangrènent le service public ?...
On ne peut que souhaiter bonne chance à celui, quel que soit son nom, qui conduira la IVe République. Il aura du chantier à faire. Et le plus gigantesque sera celui de colmater le gouffre que Destruktor a laissé.

Randy D. in "L'Observateur" du mercredi 20 juin, pp. 2