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20/03/2022

Kelly Rajerison...

En hommage à Kelly Rajerison, un des icônes du rock malgache, je ressort ici deux articles que j'ai écrit successivement en 1996 lors du come back des Pumpkins, son groupe originel.

LES PUMPKINS SONT LA

Imagine en 1967 : les jeunes du lycée Gallieni, atteints par le virus de la Beatlemania, fondent un groupe rock et annoncent tout de suite la couleur avec un morceau protohard : « My Generation’s Music ». Ce sont les Pumpkins. Ils feront merveille en signant leurs compositions à deux (Kelly/Poussy) à la manière de Lennon/McCartney ou de Jagger/Richard(s) et en traficotant « Night in white satin ». Et ces merveilles sont là, consignées sur ces 45 T de vinyle dont nos rejetons n’entendront plus parler. Avant-gardistes pour leur époque, ils seront pourtant vite rattrapés par le temps, ou plutôt par leurs maisons de disques qui les obligent, vers le milieu des années 70, à sortir des tubes populaires (genres « Obladi Oblada ») pour faire marcher le commerce. Ils s’y prêteront avec le sourire (« Tsikitsiky Lava »). Mais cette aventure finira par les séparer.

Chacun s’en ira alors de son côté sur cette longueet venteuse route. De Paris, Solo Razafindrakoto lance un « Akory Colette » avec un clin d’œil à Francis Bebey, tandis que Kelly, avec l’éphemère Bodo, sort l’album « My Land In The Sun » avant de donner une petite aide (technique) à ses amis de la nouvelle génération des rockers des années 80 pour, finalement, renouer avec la tradition en compagnie de Malaga…

Retour vers le futur : grâce à la magie des retrouvailles, les Pumpkins (reformés) sont là. Le mercredi 14 août 1996, ils s’en iront même écumer la petite scène de Caf’Art, le temps d’une soirée nostalgie et blues. (Ce qui revient au même). Une soirée à ne pas rater donc pour les amateurs de boogie. Et des balancements qui roulent. D’autant plus qu’elle sera là, la star du petit écran : la « Tovovavy Alright ». Come together.

"L'Express de Madagascar" du samedi 10 août 1996, pp. 13

Kelly Rajerison, Pumpkins, Madagascar, rock, Randy Donny

DU ROCK AU CAF’ART

LES PUMPKINS, REVUS ET CORRIGES

Exercice périlleux que de parler de la prestation des Pumpkins hier, au Caf’Art. Allez, on va en profiter pour passer en revue les différents commentaires possibles et i(ni)maginables.

  • Première version, du genre « tout l’monde il est beau, tout l’monde est gentil ». (Et ta sœur !) : « les Pumpkins ont fait exploser un Caf’Art plein comme un œuf »

Faux ! Vahömbey (qu’on a vu hier, traîner dans les parages) a drainé plus de monde lors de son fameux concert à « joro ». Avec d’autre part, un public beaucoup plus jeune. Seulement, avec les Pumpkins, la sono était mieux maîtrisée et il y avait moins de fumée…

  • Deuxième version, du genre rock critic acerbe et iconoclaste : « les Pumpkins ont braillé du rock, musique rebelle et anticonformiste, devant une parterre de bourgeois ».

Vrai ! Et c’est tout à fait normal du fait que leurs fans des débuts ont quand même eu le temps de grandir. Adieu les hippies, bonjour les yuppies. N’empêche que pendant le spectacle, ils ne sont pas contentés de secouer simplement leurs bijoux. Y en a même qui ont crié et sifflé à tout rompre. Et, tout compte fait, flasher sur le rock à plus de quarante ans, c’est déjà s’éloigner des normes, non ?

  • Troisième version, du genre baba pas tout à fait cool : « les Pumpkins n’ont pas attiré la foule car le rock et le blues à Madagascar, on connait pas ! »

Archi-faux ! Premièrement : un endroit comme Caf’Art n’attirera jamais la foule vu le prix prohibitif qu’on y pratique. Deuxièmement : les artistes malgaches qui ont véritablement réussi à l’étranger sont tous sortis du même moule rock et blues (les trucs Noirs, quoi !) : les Surfs, Rako, les anciens de Fooka Mainty Band, Rakoto et… le métis Slash, ex-pistolero des Guns’n’Roses ;

Ceci dit, notons qu’au cours de leurs laborieuse prestations (sans répétition préalable, selon Kelly), les Pumpkins ont rendu hommage à leurs influences : les Beatles en premier lieu mais également le feeling latino (« Black Magic Woman », version Carlos Santana) et un grand coup de chapeau à celui qui a donné à tous l’esprit du rock : Chuck Berry. « Ah ! Que c’est bon de jouer », soupirait Kelly pendant l’entracte. « On a l’impression d’un poids qui s’enlève ». Un poids ? Quel poids ? Celui des soucis peut-être. Celui de l’âge sûrement. Le rock est un bain de jouvence permanent. Les Stones en savent quelque chose.

« L’Express de Madagascar » du vendredi 16 août 1996, pp. 16