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03/12/2010

Victoires du Non au Référendum, quelle lecture à Madagascar ?

Madagascar n'est pas l'Afrique. Encore une fois, cela se p14-3.jpgvoit si on fait un parallèle entre ce qui se passe en Côte d'Ivoire, où c'est le chaos, et ce qui s'est passé à Madagascar avec le Référendum du 17 novembre 2010. Malgré un appel au boycott de l'opposition, les électerus étaient quend même venus assez nombreux pour exprimer lur choix et il n'y avait aucun bureau de vote brûlé ni des militants assassinés. De plus, une première dans les annales des élections à Madagascar, le Non a gagné dans certaines régions. A d'autres époques, les zélés du régime auraient vite fait de camoufler ce camouflet pour le changer en victoire écrasante du Oui. Quelque chose a changé en 50 ans de République. Interprétation ci-dessous.

Il n’y a pas de mal. Mais un « Axe du non » apparaît à  la lecture des résultats à 99% complets du référendum. Cet axe part de l’Itasy pour culminer dans le Bongolava avec une enclave signalée à Manjakandriana. Interprétation. 

Lors du référendum du 17 novembre, le Non a obtenu plus de 53,98 % des voix dans la région Bongolava. « Le Comité de soutien du Oui, dirigé par le chef de Région, existait bel et bien, annonce tout de go le conseiller supérieur de la transition représentant la région Bongolava,  Haja Ramaherijaona , avant de poursuivre : « Mon rôle s’est cantonné à encourager les gens à aller voter. J’ai accompli ma mission. En revanche, le vote du Non signifie que  le Bongolava vit dans l’insécurité, que le chef de la région a raflé les ristournes de produits locaux, qu’il a également accaparé des terrains cultivables. La population est fâchée et cela explique son Non massif ». Selon toujours ce CST « le chef de Région empêche les gendarmes de suivre les traces des zébus volés. Auparavant, il avait 10 têtes de bœufs, actuellement, il en possède 800 ».

Devant cette attaque en règle, le chef de Région, Vonisoa Tafita, ne pouvait rester coi.

« Ma tâche était d’inciter les gens à voter en masse. Regardez  le taux de participation de 53,32 %», rétorque-t-il. Quant à la soi-disant mainmise sur des terrains cultivables, il a été clair. « Il suffit d’aller au service des Domaines et vous verrez que je n’ai accaparé aucun terrain ». Qu’en est-il de l’augmentation rapide de son cheptel bovin ? « L’Etat ne va pas nommer des hommes pauvres à la tête des régions ! », explique-t-il sans rire.    

Une légitimité pour le Référendum

Au-delà de ce duel, qui peut s’expliquer par des ambitions personnelles entre les deux individus, il faut voir plus loin. « L’Axe du non », qui va de l’Itasy au Bongolava est le fief d’un certain nombre de barons de la Transition. En premier lieu, la présidente du parti TGV, Lanto Rakotomavo, et le président du comité national du Oui (KME) lui-même, Augustin Andriamananoro, tous deux originaires de l’Itasy. Sans parler de Bernard Ravelonjato… On a l’habitude de dire que nul n’est prophète en son pays, mais au vu du succès du Oui dans les autres régions d’où viennent d’autres caciques de la Transition, on se permet de douter de l’influence de ces personnalités auprès de la population locale, ainsi que de  l’efficacité de leurs actions. Dans le district de Manjakandriana, fief de l’ancien président Ravalomanana, le Non a aussi triomphé, sauf dans deux communes : Ambanintsena dont les fameuses saucisses, spécialités locales, ont été considéré par Ravalomanana comme « pourries » (sic), et Ambohibao-Sud.

Enfin, au-delà aussi de la recherche d’un bouc émissaire, cette victoire du Non s’avère finalement une bonne chose pour le Référendum. Elle donne une légitimité à un scrutin décrié par la Communauté internationale et fait taire toutes les accusations de fraudes annoncées par l’Opposition. A certaine chose, malheur est bon. Car autrement, les autorités locales n’auraient pas hésité à falsifier les résultats pour faire triompher le Oui. Ne serait-ce que pour « préserver » leurs chaises politiques. Un fait inédit dans les annales des élections à Madagascar. Une petite révolution est en marche.

R. D. et Tsiry

in "L'Observateur", n° 37 du mardi 23 novembre 2010.

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Le Référendum constitutionnel de 2007 a enregistré le plus faible taux de participation.

 

 

21/03/2007

Référendum

     Et c'est parti pour le pile ou face du référendum. Devant une opposition réduite à sa simple expression, le rouleau compresseur du oui est en marche. Le président Ravalomanana lui-même a parié sur 80% de oui. Sans s'avancer sur le taux de participation. Ci-dessus, un commentaire de "Tribune". 

Les fonctionnaires d’autorité vont faire voter le « Oui » Marc Ravalomanana.jpg

    Un début de propagande, hier au Magro, qui n’augure rien de bon pour notre pays.
    Si dans l’enceinte de ce lieu choisi par le TIM pour inaugurer sa campagne de propagande, les orateurs ont eu droit à des salves d’applaudissements, les réactions en dehors, dans la ville ont été tout autres.
    Ainsi, selon nombre d’observateurs qui ont pu suivre cette manifestation transmise en direct sur la chaîne MBS, on a eu droit à un spectacle navrant et désolant pour la démocratie, pour l’Etat de droit ainsi que pour l’image de Madagascar aux yeux du monde entier car c’est le président lui-même qui a recommandé publiquement de violer la loi.
    Ordre ou recommandation ? En effet, au cours de son discours, le président de la République a recommandé (ou enjoint ou ordonné, c’est selon !) aux fonctionnaires d’autorité de faire campagne pour le « Oui ». Par fonctionnaires d’autorité, entendons les chefs de régions, les chefs de districts et autres agents de l’Etat qui, selon les textes en vigueur, n’ont pas le droit de faire campagne « pour une option, pour un candidat ou pour une liste ». À ce titre, ces fonctionnaires risquent la correctionnelle et l’emprisonnement, quand bien même, ce serait la plus haute autorité de l’Etat qui leur aurait ordonné de le faire, au contraire des hautes personnalités, à l’instar des chefs d’institutions ou des membres de gouvernement d’où émanent les directives (ou les ordres) qui ne sont justiciables que devant la Haute Cour de Justice qui n’existe pas encore.    D’ailleurs, excès de zèle ou ignorance des textes, le PDS de la ville d’Antananarivo n’a même pas attendu cette recommandation pour s’atteler à faire voter le « Oui », au cours de son allocution qui a précédé celle du Président.

   Quid des 20 minutes d’antenne ?

    Par ailleurs, d’autres violation des lois régissant les élections ont été remarquées et remarquables, comme l’utilisation de biens publics faite par les hautes personnalités qui sont venues assister à cette cérémonie au Magro qui sont venues, pour la plupart, avec leurs véhicules de fonction, pour un meeting de propagande ou la diffusion dans son intégralité du discours du président de la république sur la RNM avant son journal de 19 heures, un discours de propagande suivi plus tard par l’intervention du ministre Marcel Ranjeva qui fut interrogé par notre confrère Tsitohaina Ramarolahy et dont l’occupation d’antenne nationale aurait en tout dépassé largement les mesures prises par le CNE n’autorisant chaque entité qu’à 20 minutes d’antenne par jour.
    En marge de ces trangressions qui risquent de faire douter de la sincérité du déroulement de ce référendum, certains faits ont également interpellé les observateurs, entre autres, l’engagement direct du chef de l’Etat dans cette campagne au contraire de son prédécesseur qui a su rester au-dessus de la mêlée en ne se prononçant ni pour un côté, ni pour l’autre, lors de la consultation constitutionnelle en 98. Un engagement qui n’est pas condamnable juridiquement, mais qui sort quelque peu de l’éthique de sa fonction ainsi que de l’esprit constitutionnel.
    Bref, des faits inquiétants à plus d’un titre pour nos hauts dirigeants qui sont loin de donner le bon exemple qu’on attend d’eux.
 
21/03/07 - Randria N.
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La photo en médaillon est d'un PAO anonyme qui estime qu'en votant "non", ceci équivaut quand même à dire "oui".