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08/02/2007

M’Boutah, le secret le mieux gardé du jazz bientôt à Tana

Antsirabe est une source intarissable de talents phares qui, chacun à leur époque, ont été le chef de file de leur génération. Ny Railovy, Henri Ratsimbazafy et Bessadans les années 60, Mahaleo dans le milieu du folk-song dans les années 70 et Tempo Gaigy récemment chez les boys band. La série est sur la bonne voie de continuer avec M’Boutah qui s’annonce comme le futur chef de file des adeptes du modern trad’. medium_M_boutah.jpg

Le secret le mieux gardé du jazz se trouve à Antsirabe. Il mijote doucement dans la petite marmite à fusion du Ternaire Bleu, le cercle des musiciens en voie d’apparition, sis à l’Alliance française de la ville d’Eaux. Un jour, le couvercle se soulèvera. Et M’Boutah fera sensation…Tritra peut ne plus se reformer. Son héritage est déjà entre de bonnes mains. Un de ses membres, Tôty, a tout légué unilatéralement à M’Boutah. Les élèves ont tout compris des leçons du maître. L’esprit des musiques folkloriques souffle tout au long du répertoire de M’Boutah dont les œuvres s’inscrivent pourtant dans la lignée de l’avant-gardisme du jazz fusion. Un air d’accordéon ramène à « Mangina Zaza » tandis qu’au détour d’une ligne de basse, on s’attend à voir surgir « Anamalaho Ambany Làlana »… Mais M’Boutah, c’est du Tritra qui mange du SDF à la sauce Ricky au petit-déjeuner. C’est que outre Tôty, Silo fait partie des éminences grises du Ternaire Bleu. Ce n’est pas pour les excuser, les membres de M’Boutah sont suffisamment grands pour se défendre tout seul, mais quand on connaît l’autorité musicale des deux gourous du modern trad’, on comprend qu’il n’est pas toujours aisé de s’émanciper de leurs influences. Ce qui est sûr est que cela se fera avec le temps. Le temps que M’Boutah assimile tout pour ne garder que l’essentiel : le groove. « Teachers, leave the kids alone », chantait Pink Floyd dans « The Wall ». M’Boutah est justement le verlan de mur (« tamboho »). Avant de fouler les planches, ces gosses d’Antsirabe passaient leur temps à chanter sur les murs de la cité. Chacun d’eux deviendra les briques qui constituent le mur du « son M’Boutah ». C’est Zix (basse et percussion), Datle et Dovs (claviers), Mamy Junior (drums), Sedy, un jeune percussionniste de 14 ans, et Moïse (guitare) dont la bio mentionne une parenté avec Mahaleo. A 9 ans, sa grand-mère l’interdit de jouer à la guitare. Mais un de ses oncles du groupe Mahaleo va lever l’interdit en lui offrant une guitare. Avant d’être M’Boutah, ils étaient hardrockers, musiciens de reggae ou de variétés. Cette accumulation d’expériences explique la richesse des couleurs musicales dans le premier album, « Raomily », sorti en août 2006. En raison d’une distribution discrète, le CD se vend essentiellement à des touristes de passage au restaurant Razafimamonjy, là où M’Boutah anime des cabarets, presque quotidiennement. Soyez parmi ceux qui, historiquement, se sont procuré les premiers ce produit bientôt collector et sachez que « Aombilahy » n’est pas de Ricky, mais qu’il s’agit d’un air folklorique du Sud-est. Pour le reste, rendez-vous au CGM, le tremplin des nouveaux talents : M’Boutah y sera en concert le 23 février.    

Randy Donny

(Paru dans "Les Nouvelles" du jeudi 8 février 2007, p. 16 (http://www.les-nouvelles.com)

20:10 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Musique, jazz |  Facebook

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