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20/03/2018

Corruption et lobbying, même combat ?

Nicolas Sarkozy placé en garde à vue, dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Distribution d'argent (non prouvée) à Mahazoarivo  auprès des députés malgaches en vue de faire adopter les nouvelles lois électorales... Autant d'actualités qui remet sur le tapis le  sujet de la corruption dans la sphère politique. Flash sur les Etats-Unis.

Si Sarkozy était américain, il ne serait pas inquiété. Les campagnes électorales  américaines sont grassement financées entre autre par des intérêts étrangers. L’American Israeli Public Affairs Committee (AIPAC) dispose d'un budget conséquent (6.900.000 dollars en 1988) pour faire triompher les candidats qui accepte de défendre la cause de l'état hébreu.  On estime que l'AIPAC peut compter sur un minimum de 40 à 45 sénateurs et sur 200 des 435 représentants.

Dans un monde politique où la réélection est l’obsession constante, aucun législateur n’a jamais été battu pour cause d’inconditionnalité pro-israélienne. En 1982, M. Paul Findley, élu républicain d’une circonscription rurale de l’Illinois, perdait son siège à l’issue d’une carrière de vingt-deux ans à la Chambre des représentants. Le lobby pro-israélien joua un rôle-clé dans cette affaire en versant plus de 100 000 dollars au concurrent démocrate pourtant totalement inconnu. M. Findley avait eu le tort de rencontrer M. Yasser Arafat et de préconiser ce que le Wall Street Journal appela une « politique plus équilibrée au Proche-Orient ». Dès lors, même ses amis républicains l’abandonnèrent dans sa campagne de réélection. Un élu du Parlement israélien est plus libre de critiquer la politique israélienne qu’un membre du Congrès américain.                       

Donald Trump a-t-il décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu ? L'AIPAC n'était pas loin. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Arrêt des ventes d’armes aux pays arabes, refus de tout dialogue avec l’OLP, accroissement de l’aide à Israël, refus d’envisager l’hypothèse d’un Etat palestinien...

Madagascar, corruption, lobby, Nicolas Sarkozy, Randy Donny

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Aujourd’hui, plus de 3 milliards de dollars par an sont alloués à Israël, sous forme de dons, à titre d’aide économique et militaire. Ce qui représente près du quart de l’aide américaine à l’étranger et correspond à 700 dollars par Israélien et par an. L’Afrique, à l’exception de l’Egypte, reçoit 2 dollars par personne et par an. En raison des restrictions budgétaires américaines, l’assistance à l’Afrique a subi des coupes de près de 50 %. Mais rien de tel n’est en vue lorsqu’il s’agit d’Israël. L’économie israélienne dépend très largement de cette aide qui couvre le prix de presque toutes les importations du pays et lui permet de continuer à vivre.

2,5 milliards de dollars en 2009

Si Mahazoarivo se trouvait à Washington D.C., personne ne s'étonnerait de la distribution de mallettes bourrées de dollars.

L’industrie charbonnière et pétrolière a investi 467 millions de dollars entre 2009 et 2011 pour convaincre les élus américains de faire capoter le projet de loi énergie-climat, qui allait gravement affecter ses profits.

Mieux : les industries pharmaceutiques, biotechnologiques et du dispositif médical ont dépensé un peu plus de 700 millions de dollars durant la même période.

Le français Pernod Ricard, des producteurs de whisky et autres vodkas associés, et les grossistes de vins et spiritueux, ont investi près de 3 millions de dollars auprès de la Food and Drug Administration, le Trésor, les ministères de la Santé, du Commerce, de la Justice, les Affaires étrangères, et bien sûr les élus du Congrès pour contrer les restrictions aux ventes (aux mineurs, la nuit, le dimanche, etc), les taxes, le droit du travail.

Les brasseurs et dealers de bières, Budweiser, MillerCoors et Heineken  ont partagé 1,8 million de dollars en trois mois pour défendre leurs intérêts auprès de la National highway traffic safety administration et le National institute of alcohol abuse and alcoholism.

Unilever, qui possède les glaces Ben 'amp; Jerry’s, a payé 140 000 dollars pour défendre les quantités de sucre dans ses produits et pour pouvoir utiliser les nanotechnologies pour refroidir la crème glacée.

Ironiquement, « Let’s move », la campagne de prévention de l’obésité, qui a rendu populaire Michelle Obama, était financé par Coca-Cola qui a également arrosé les deux chambres du Congrès, le département d’Etat (l’équivalent du ministère des Affaires étrangères) et le ministère du Commerce de 2,1 millions de dollars.

Aux Etats-Unis, tout cela est parfaitement légal. On appelle cela  du lobbying. En 2009, 2,5 milliards de dollars ont été dépensé par les entreprises et groupes de pressions pour faire valoir leurs intérêts. Si ce n'est pas de la corruption, faudra brûler tous les dictionnaires du monde entier.

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