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12/08/2012

52 ans de non-développement, un échec prévu d’avance par De Gaulle

Si Gallieni était le maître à penser de la colonisation, De Gaulle, lui, était le stratège de la décolonisation. Cela fait partie des jardins secrets de l’histoire, mais lorsque De Gaulle a décidé d’accorder leur indépendance aux pays d’Afrique subsaharienne, il savait d’avance qu’ils auront des problèmes pour se développer.  Il confiera ses appréhensions à Alain Peyrefitte qui les ont consigné dans l’ouvrage « C’était de Gaulle ».

« Vous croyez que je ne le sais pas, que la décolonisation est désastreuse pour l'Afrique ? (...) Qu'ils vont connaître à nouveau les guerres tribales, la sorcellerie, l'anthropophagie ? (...) Que quinze ou vingt ans de tutelle de plus nous auraient permis de moderniser leur agriculture, de les doter d'infrastructures, d'éradiquer complètement la lèpre, la maladie du sommeil, etc. C'est vrai que cette indépendance était prématurée. (...) Mais que voulez-vous que j'y fasse? (...) Et puis (il baisse la voix), vous savez, c'était pour nous une chance à saisir : nous débarrasser de ce fardeau, beaucoup trop lourd maintenant pour nos épaules, à mesure que les peuples ont de plus en plus soif d'égalité. Nous avons échappé au pire ! (...) Heureusement que la plupart de nos Africains ont bien voulu prendre paisiblement le chemin de l'autonomie, puis de l'indépendance ».

De Gaulle voulait donc l’indépendance des colonies pour des raisons économiques (La France aurait dépensé dans ses colonies, entre 1945 et 1960, deux fois le montant reçu des États-Unis au titre du plan Marshall), mais également culturelles. Alain Peyreffite nous rapporte également ces propos édifiants du général.

"C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.(…) Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain, seront vingt millions et après-demain quarante ? (…) Si nous faisions de l'intégration, si les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées (…) Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! (...) Essayez d’intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront à nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français" "Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire ? Il y aurait deux cents, puis quatre cents députés arabes à Paris ? Vous voyez un président arabe à l’Elysée ?".

J. R. Tournoux, dans « La Tragédie du Général », Ed. Plon-Paris-Match, 1967, rapporte également une conversation que De Gaulle aurait eu avec le général Koenig : « Évidemment, lorsque la monarchie ou l'empire réunissait à la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le Comté de Nice, on restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens... Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français".

De tels propos feraient scandale aujourd’hui. Manifestement, il n’y a pas que l’UMP qui peut se targuer d’être gaulliste. Le Front national le peut aussi  Quelques années plus tard, le général de Gaulle peut aussi en revendiquer l’héritage, à la lecture de ces discours.

Du côté des anciens colonisés, ceci doit faire réfléchir encore plus. Au lieu de vouer le général aux diables, ses propos doivent au contraire booster la fierté nationale et décupler l’effort collectif pour ne pas donner raison à De Gaulle.

Publié dans "L'Observateur".

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22/06/2011

Sadisme et infanticide : La Sadc est enfant de l'Afrique

La Sadc est à l’image de l’Afrique : chaotique et belliqueuse. Par la lettre du 17 juin, portant amendement de la Feuille de route (voir article par ailleurs), elle fait un acte d’infanticide. Sinon, comment qualifier les choses autrement quand on sait qu’une lettre du 16 février de  Joaquim Chissano confirmait que la Feuille de route est enfant de la Sadc, conçue « sur la base des consultations approfondies   conduites avec les principaux acteurs politiques malgaches, la Société civile et la communauté internationale » ? D’autre part, les circonvolutions de ses décisions laissent à penser qu’elle prend un malin plaisir à humilier Madagascar, ce pays qui a toujours refusé d’être qualifié d’Africain suivant un complexe d’insulaire qui n’est pas sans rappeler celui de l’Angleterre vis-à-vis de l’Europe.

D'un sommet à l’autre, la Sadc ne cesse de dire et de se contredire. Sur la forme d’abord. Juridiquement, un document paraphé ne doit plus faire l’objet d’un amendement. Le paraphe a deux fonctions. la première est d'assurer que chacun des signataires ne s'est pas contenté de signer la dernière page mais qu'il a lu l'acte en entier, la seconde est d'éviter l'ajout ou la destruction des pages intermédiaires après la signature de l'acte. En droit français une jurisprudence veut même « qu'un paraphe apposé à l'endroit des signatures vaut signature". Bien sûr, la Sadc peut toujours dire que la majorité de ses membres sont anglophones.

Autre chose : le secrétaire exécutif de la Sadc, Tomaz Salomao lui-même, a déclaré que la rencontre de Sandton sera la toute dernière. On verra par la suite qu’il n’en sera pas ainsi.

Sur le fond maintenant. Depuis Maputo, toutes les résolutions affirmaient que Marc Ravalomanana ne pourra rentrer à Madagascar qu’à condition que l’évolution de la situation sur le terrain le permette. A Sandton pourtant, ce retour devenait subitement « unconditionnally », sans conditions. Marc Ravalomanana a alors repris du poil de la chèvre en déclarant qu’il reviendra bientôt au pouvoir pour faire revenir la légalité, la reconnaissance internationale et les mannes financières qui permettront à Madagascar de ne plus avoir de problèmes pour acheter du « carburant sur le marché international » (sic). Et pas plus tard que vendredi, l’amendement de la Feuille de route précise que finalement, le laitier d’Imerinkasinina ne pourra pas rentrer tant que les conditions ne le permettent pas.

Ce yo-yo est particulièrement sadique et joue avec les nerfs des Malgaches déjà éprouvés par une crise politique qui provoque de graves dégâts collatéraux dans le social et l’économique. « Mahari-pery ny Gasy ». Le Malgache a une étonnante résistance face aux souffrances. Et si c’est l’explication de tout ceci ? Un masochiste, passif, a tendance à s’allier avec un partenaire sadique, autoritaire et méchant pour entretenir son humiliation. Dans cette rechercher de sortie de crise, celui qui se fait prendre par derrière s’avère être Madagascar. Or, les principes fondamentaux de l’attitude sadique se trouvent justement dans la phase anale. Aïe !

Paru dans "L'Observateur" du mercredi 22 juin 2001, pp. 2.

11/11/2009

Il reste encore des murs à faire tomber

Quand on me parle de mur de Berlin, j'ai surtout en souvenirBerlin.JPG les images que j'ai vu, étant enfant, dans le "Mémorial de Notre Temps" de "Paris-Match" dont j'ai redécouvert les tomes empilés sur un... lit de la maison familiale lors du week-end de Toussaint. Parmi ces images figurent celui de ce soldat est-allemand de 19 ans qui franchissait les barbelées de Bernauer-Strasse pour rejoindre sa fiancée restée à l'Ouest. C'était le mardi 15 août 1961.

Le mur n'est plus. Mais le plus honteux des murs est toujours là. Dans la tête des gens. Comme l'apartheid. Ou la crise à Madagascar

(MFI) Quoi que vous ayez fait, vous n'y avez pas échappé ! La commémoration du vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin est une affaire planétaire. Et l'Afrique ferait mieux d'en tirer sa part d'enseignements, plutôt que de se contenter d'admirer le spectacle.

Dès décembre 1989, au Bénin, le général Mathieu Kérékou, à bout de souffle, accepte de mettre fin au parti unique, et donc au marxisme-léninisme qu'il impose alors comme religion d'Etat. La conférence nationale des forces vives, qu'il concède, en février 1990, le dépouille de toutes ses prérogatives. C'est donc au cœur des bouleversements engendrés par la chute du Mur qu'est née la démocratie béninoise, aujourd'hui une des plus crédibles d'Afrique francophone.

Que dire de la fin de l'apartheid ? Certes, le régime ségrégationniste était déjà bien affaibli par les sanctions internationales. Mais il a fallu que surgisse, à Pretoria, un Gorbatchev sud-africain (Frederik De Klerk), pour faire comprendre aux siens que l'horizon était bouché pour tout système politique reposant sur l'oppression des hommes. Dans le sabordage de l'apartheid, le premier acte posé par De Klerk est la libération de Nelson Mandela, en février 1990

Un homme qui n'a cédé sur aucune revendication de son peuple

Voir cet homme sortir libre, après vingt-sept ans, sans avoir cédé sur une seule des revendications de son peuple, galvanise les foules, d'un bout à l'autre du continent. Et c'est dans ce contexte que François Mitterrand tient, le 20 juin 1990, son fameux discours de La Baule, conditionnant le soutien et l'aide de la France à la démocratisation. Les populations africaines se sentent autorisées à défier les dictateurs, et cela fait quelques jolis dégâts.

Les conférences nationales se succèdent alors, avec plus ou moins de bonheur. Mobutu, Bongo, Houphouët-Boigny, Eyadéma, les plus redoutables des dinosaures parviennent à sauver leur peau. Mais au Bénin, en Centrafrique, au Congo Brazzaville, à Madagascar, au Mali et au Niger, les élections se soldent par une alternance. Un record, tout simplement inimaginable, aujourd'hui ! Et vingt ans après, tout cela laisse un amer goût de paradis perdus, avec de douloureuses désillusions.

Ce vingtième anniversaire de la chute du Mur aurait dû être une occasion, pour chaque peuple, d'apprécier ce qu'il a fait de ces vents favorables, qui étaient autant d'opportunités historiques ; de s'interroger sur sa capacité à saisir l'Âme du temps, non pas en singeant les autres, mais en s'inspirant de leurs expériences, pour tirer le meilleur de son génie propre. C'est en cela que le silence de l'Afrique, à ce moment précis, est consternant.

Jean-Baptiste Placca



 

20/05/2009

L’Afrique noire est (encore) mal partie

Je me souviens de ce livre qui trônait sur la bibliothèque familiale. Signé René Dumont, « L'Afrique noire est mal partie » a fait l'effet d'un séisme à sa sortie, en 1962. René Dumont est un agronome qui, entre 1956 à 1960, a parcouru l'essentiel de ce qu'on appelait alors le Tiers-Monde. Un nomadisme qui l'a amené à passer par Madagascar. René Dumont a laissé différentes publications sur les relations entre l'agriculture et le développement à Madagascar.

Plus de quarante ans après la décolonisation, l'Afrique noire est encore mal partie. Il n'y a pas que l'agriculture. Il y a aussi la politique. Au temps de la Guerre froide, les choses étaient simples : quand un dictateur se fait renverser au nom de la Révolution, l'URSS s'empresse de le reconnaître et le tour est joué. Ou quand un président rouge se fait assassiner par un gars à a solde de l'Occident, pour reprendre une expression d'époque, il suffit que les Etats-Unis avalisent l'opération pour que le bloc ouest suit.

Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Autre temps, autres mœurs. L'idéal socialiste s'est effondré avec le mur de Berlin. Même Manandafy Rakotonirina, qui a enseigné, prôné et déifié la dictature du prolétariat pendant plusieurs décennies s'est converti à la démocratie libérale. Et c'est là le hic. Pas Manandafy Rakotonirina. Non. C'est parce que la démocratie à l'occidentale rime avec Constitution, élection, alternance, dialogue et tout le tsouin tsouin qui fait que le système politique américain soit sculpté sur le mont Rushmore. Or, en Afrique, les dictateurs et autres assassins, qu'ils soient les enfants de Marx ou de Coca-Cola, n'ont pas disparu du paysage après 1989. Il y en a même qui baisent leurs peuples depuis l'année érotique 1969.

L'époque soviétique est révolue. Sauf en Erythrée où le président Issaias Aferworki continue un totalitarisme sans faille, allant jusqu'à suspendre les libertés depuis 2001. Si, par pur hasard, le peuple érythréen, trop longtemps privé de démocratie, arrive à changer les cours des choses dans cette prison à ciel ouvert, va-t-on crier au coup d'Etat et demander la restauration d'un régime qui ne fait que le plonger dans l'abîme de la misère au quotidien ?

Une alternance démocratique par les urnes est-elle possible avec des gens comme Yahya Jammeh, sergent devenu président de la Gambie à 29 ans après un putsch et dont on connaît la grande agressivité à l'endroit de ceux qui remettent en cause sa manière de gouverner ? Ce petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal a beau abriter le siège de la Commission africaine des Droits de l'Homme et des peuples, Yahya Jammeh clame haut et fort : « Si j'ai envie de fermer un journal, je le ferai ».

Téodoro Obiang Nguema va encore plus fort : «Il peut décider de tuer sans que personne lui demande des comtes et sans aller en enfer », disait de lui la radio publique. D'ailleurs, la presse privée ni l'Opposition n'existent dans ce « Koweït de l'Afrique » en raison de la « pauvreté ». Mais n'allez surtout pas rêver de renverser le « Dieu de la Guinée Equatoriale ». Ce serait faire preuve d'atteinte à la démocratie et aux Droits de l'Homme. Même s'il est de notoriété publique que Téodoro Obiang, arrivé au pouvoir en renversant son propre oncle, fait pire que les autorités coloniales dans l'exploitation à son profit personnel des richesses de son propre pays. Et il n'est pas le seul.

Le 18 juin 2007, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire à l'encontre de Téodoro Obiang, Denis Sassou Nguesso, Omar Bongo, Blaise Compaoré - l'assassin du « Ché d'Afrique », Thomas Sankara - et José Eduardo dos Santos et leur entourage, accusés par trois associations françaises (Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora) de "recel de détournement de fonds publics". Le 2 décembre 2008, pour demander la restitution de leurs biens mal acquis supposés, Transparency International France, l'association Sherpa et un citoyen gabonais ont déposé une nouvelle plainte assortie d'une constitution de partie civile visant Téodoro Obiang, Omar Bongo et Denis SassouSecretary_Rice_and_President_Obiang.jpg Nguesso ainsi que leurs entourages pour « recel de détournement de fonds publics ». Le 5 mai 2009, la juge Françoise Desset, du pôle financier de Paris, juge recevable cette plainte. Et dire que Téodoro Obiang a été reçu par Condoleeza Rice (Photo ci-contre)

En décembre 2008, l'Union européenne et Bretton Woods décident de suspendre les crédits pour Madagascar en raison de la mauvaise gouvernance de Marc Ravalomanana qui confond sa poche avec la caisse de l'Etat. Passons sur le hold-up permanent sur le pouvoir, notamment en période électorale. Saraléa Bernard, un officier de la Gendarmerie, a écrit dans « La Gazette de la Grande » du samedi 18 avril 2009.

« Pour s'assurer de la victoire dans tous les scrutins qui se sont succédé dans la Grande Ile durant son mandat et demi, Marc Ravalomanana a chargé la Digit.com de chiffrer et déchiffrer les résultats de chaque élection. Alors que cette société privée de traitement informatique appartenait à l'épouse du ministre Haja Nirina Razafinjatovo, son directeur de campagne lors de la présidentielle de décembre 2006 ! National Democratic Institute (Ndi), une Ong américaine spécialisée dans l'observation des élections, avait déballé l'arsenal des fraudes utilisé par le pouvoir Ravalomanana pour lui faire gagner l'élection présidentielle devant le corps diplomatique, la société civile et la presse nationale et internationale en début de l'année 2007, à l'hôtel Hilton d'alors.

Ainsi, la communauté internationale ne pouvait ignorer qu'il était simplement impossible de battre Marc Ravaomanana et son parti dans des élections. Le peuple avait-il alors d'autres solutions  que la rue pour se débarrasser d'un pouvoir qui a perdu sa confiance ? ».

Et pourtant. Et pourtant. En se réveillant le mercredi 18 mars 2009, enfin débarrassé d'un Marc Ravalomanana qui s'est enfui la veille, le peuple malgache aura vite fait d'attraper la gueule de bois en entendant que des pays étrangers condamnent l'instauration de la Transition vers une 4ème République après des mois de soulèvement populaire. Les Anti-Hat eux-mêmes le reconnaissent. Un communiqué en anglais de l'Alliance libérale démocrate qualifie le soulèvement anti-Ravalo comme d'un « popular rallies organized by the lumpenproletariat from the lower neighborhoods of Antananarivo » avant d'affirmer que les anti-Ravalomanana sont également composés de « local bourgeoisie coming from the Merina oligarchy and the rich roturiers, who had taken a lot of advantages from feudality and from the slave trade and are currently very dynamic within civil society organizations ». Mais alors, si le soulèvement contre Ravalomanana était le fait de la masse populaire + la bourgeoisie féodale et roturière, qu'est-ce qui reste pour le soutenir ? Pas la population des provinces en tout cas. Sinon, ce serait une démagogie de trop. Les pro-Ravalo sont passés maîtres dans ce genre de maladresses. Voilà pourquoi il est tombé.

La nature a horreur du vide. Marc Ravalomanana a démissionné et Andry Rajoelina a pris le pouvoir. L'ambaMalaza.jpgssadeur des Etats-Unis, Niels Marquadt, et celui d'Afrique du sud en sont témoins. Ils ont vu la lettre donnant le pouvoir à un Directoire militaire signé par Marc Ravalomanana, sans qu'un pistolet ne lui ait été mis sur la tempe. « La remise de pouvoir aux militaires est une façon diplomatique de démissionner", soufflera Niels Marquadt à Lala Rasendrahasina, président de l'église FJKM dont Marc Ravalomanana est le vice-président. La révélation est dans le numéro 509 du journal « Objectif Malaza » d'avril 2009. Diplomates et journalistes témoins des événements n'ont vu l'ombre d'un militaire rebelle. D'ailleurs, s'il y avait vraiment menace direct sur la personne de Marc Ravalomanana par des militaires rebelles, comme il le répète souvent dans son exil, ces derniers ne l'auront pas permis de donner le pouvoir à un Directoire militaire, sous peine d'être obligé de le prendre des mains du Directoire (épisode Episcopat) pour le donner ensuite à Andry Rajoelina ! Dans tous les cas, la bénédiction de la Haute Cour Constitutionnelle ne peut souffrir d'aucune contestation. Elle est souveraine et est la seule habilitée à reconnaître la constitutionnalité ou non d'un acte, sans que personne, encore moins une chancellerie étrangère en trouve à redire. La République a ses principes. Cela en fait partie.

Ces quelques points méritent, à mon avis, d'être éclaircis en ce moment où le problème de la reconnaissance internationale du régime de Transition à la malgache est sur la bonne voie. Un opposant ivoirien a osé évoquer l'exemple malgache. Depuis, il croupit en prison. Les dictateurs africains applaudissent des deux mains lorsque les occidentaux parlent de constitutionalité et d'alternance démocratique. Cela leur permet de rester indéfiniment au pouvoir. Il est interdit à un peuple, fut-il opprimé, de se soulever. Ah, l'Afrique ! Auparavant colonisé en raison d'idées économiques bâtardes. Maintenant de nouveau colonisé par des idées politiques que l'on a pervertit.

24/12/2008

Sombres souhaits

Season's greetings. Normalement, en cette période de fêtes, on souhaite des bonnes choses. Avec la mort de Fory Coco, le dictateur de Guinée Conackry, j'ai envie de souhaiter autres choses. Je souhaite que 2008 emporte avec lui tous ces messieurs qui se croient grands et qui plongent leur pays dans la misère au nom d'une démocratie du bout des lèvres. A commencer par Mugabe-le-fou dont les mérites d'avoir mené son pays vers l'indépendances sont tombés en ruine devant l'appauvrissement généralisé où il a précipité le Zimbabwe. Et dire que ce mec-là viendra à Madagascar pour le sommet de l'Union africaine l'année prochaine. C'est à s'inventer une poupée vaudoue que l'on habillera d'aiguilles.

En Afrique, prendre le pouvoir, c'est chercher tous les moyens pour y rester le plus longtemps possible. Madagascar n'échappe pas à la règle. Même si, en bons insulaires que l'on est (les Anglais y savent quelque chose, n'est-il pas ?), on y déteste toute comparaison avec le grand continent noir. "Mourir au pouvoir", aurait parié Tito. La levée du rideau de fer a révélée le cadavre en décomposition d'une Yougoslavie que les seigneurs de la guerre se sont empressés de dépecer.

"Je vais terminer mon mandat en 2010. Celui qui n'est pas content n'a qu'à quitter la Guinée...",  aurait déclaré Fory Coco qui porte bien son nom. Lundi 22 décembre 2008, la Grande fauche l'a emporté rejoindre son principal allié, le diable. Avant de mourir, il aura permis à "Midi Flash" de réaliser un petit record de vente le mercredi 19 décembre 2008 lorsque Fory Coco fut à la Une de cet hebdomadaire (ci-dessous). Au grand dam d'une partie de la rédaction, outrée par le fait que, en malgache, le nom rappelle une partie de l'anatomie féminine qu'il est culturellement-correct de taire.

Pet à son âme et à tous ceux qui font honte à la démocratie. En cette saison des voeux, je leur souhaite tous les malheurs du monde.

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