31/07/2008
Quelques vérités sur le développement de Madagascar
Vive les vacances ! Aujourd’hui 31 juillet marque la fin de l’année académique 2007-2008 pour l’ESSVA, l’université catholique d’Antsirabe où j’enseigne le journalisme et l’histoire. Cette fin d’année marque également ma première année au sein de l’établissement en tant que Responsable de la filière Communication. En acceptant le poste, j’avais une petite liste de projets à réaliser. Je ne suis pas peu fier de mon bilan avec, entre autres, la publication du premier journal de l’école, « Excelsior », et un voyage d’études à Nosy-Be pendant le festival Donia. Depuis mon arrivée, une dizaine de journalistes sont passés à l’Essva pour des rencontres professionnelles avec les étudiants…
Sur mon initiative également, le « think tank » Club Développement et Éthique (CDE) a donné une conférence sur le thème de la Décentralisation, le 13 juin 2008. Le député Bernard Ravelonjato et l’adjoint au maire de Tana, Serge Radert, ont fait chacun une brillante intervention. Mais il y avait également Serge Zafimahova, ancien conseiller à la Présidence, dont je publie ici un large extrait de la communication : «les régions malgaches face aux enjeux de la mondialisation et de l’intégration régionale : de la réflexion intellectuelle à la mise en œuvre ». C’est un document de réflexion qui mérite que l’on s’attarde, au-delà des divergences d’opinion. Moi-même, je ne suis pas du même courant politique que les intervenants. Pour ceux qui veulent avoir la version intégrale, il suffit de me faire signe.
(…) Sans jamais avoir été en guerre, l’économie malgache a les caractéristiques d’un État en conflit permanent. Cette situation s’explique par les crises de pouvoir frappant le pays de manière cyclique. Les alternances procèdent pour l’essentiel d’actes extraconstitutionnels (1972, 1975, 1991, 1996, 2002). Elles se font généralement sous la pression de circonstances exceptionnelles à son essence et donnent lieu à des improvisations, à des tâtonnements et à tout recommencer une fois la nouvelle équipe aux affaires. La continuité de l’État est remise en cause à chaque changement de régime.
Parallèlement les déséquilibres régionaux se renforcent. La décentralisation prônée par les gouvernements successifs n’a pas encore réussi à corriger les inégalités, faute de réelle volonté politique du pouvoir central. Par exemple en 2007 ou en 2008, le total du budget alloué aux collectivités territoriales décentralisées (CTD) ne représente même pas 7% du budget national, sans compter le flou artistique concernant les textes régissant les régions.
Les effets de l’effacement de la dette sont loin de se faire ressentir au niveau du panier de la ménagère. En effet, si en décembre 2002 l’équivalent du SMIG permettait d’avoir 2 sacs de riz de 50 kg soit 100 kg (déjà très bas), en décembre 2007 le SMIG ne permettait plus que d’avoir moins de 35 kg de riz.
Du fait de l’adhésion de Madagascar à l’iPPTE, l’État est sous la tutelle des institutions financières de Bretton Woods et, ne possède aucune marge de manœuvre de négociations financières pour accéder à de nouveaux prêts, sans l’aval de ces dernières. L’État est considéré insolvable, aussi, la réputation de la signature de l’État malgache, sur la place financière internationale, est quasi nulle pour des résultats à évaluer très sérieusement en toute indépendance. De ce fait sauf à anticiper le remboursement de la dette extérieure, il est quasi impossible pour l’État de lever des fonds sur le marché financier international à l’exemple des Fonds souverains de pays comme la Chine, Singapour, le Koweït, Abu Dhabi, Qatar,... encore moins auprès des institutions financières internationales comme Merryl Lynch, JP Morgan ou BNP Paribas.
A l’aune de ce qui est dit plus haut, l’échec de la « table ronde » sur le MAP (Madagascar Action Plan) les 09 et 10 Juin 2008 était prévisible. L’Exécutif malgache a essayé de négocier un financement supplémentaire de 5 milliards $Us mais les nouveaux engagements fermes des bailleurs de fonds sont largement en dessous de 150 millions $Us soit moins de 0,5% du montant souhaité à l’issue de la réunion de juin.
BUDGET PREVISIONNEL - MADAGASCAR ACTION PLAN (MAP) | |||
Engagement (millions de $Us) | Coût | Acquis | A rechercher |
Gouvernance responsable | 806,5 | 218,94 (27%) | 587,56 |
Infrastructure reliée | 3276,64 | 2027,10 (62%) | 1249,54 |
Transformation de l’éducation | 1340,10 | 769,21 (57%) | 570,90 |
Développement rural | 1578,17 | 626,5 (40%) | 960,68 |
Santé, planning familial et lutte contre le VIH/Sida | 982,62 | 531,57 (54%) | 451,06 |
Economie à forte croissance | 653,36 | 39,30 (06%) | 614,06 |
Environnement | 347,74 | 22,51 (06%) | 305,23 |
Solidarité nationale | 208,72 | 15,77 (08%) | 192,95 |
TOTAL GENERAL | 9182,84 | 4250,89 (46%) | 4931,96 (54%) |
Sources : « Enjeux stratégiques du développement de Madagascar » par le Ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie – Table ronde des partenaires du développement de Madagascar 09/10 Juin 2008 (Cf. Express de Madagascar du 11 Juin 2008 p. 5)
Sur les 4250,89 millions $Us acquis, les 3717,70 millions $Us proviennent des Bailleurs de fonds et les 533,19 millions $Us se trouvent être la contrepartie malgache.
Serge Zafimahova, Président du CDE.
De g. à d., Bernard Ravelonjato, Serge Radert et, à l'ext. d., Serge Zafimahova, lors de la conférence du 13 juin 2008 à l'Essva.
16:01 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, actualité, démocratie, économie, madagascar | Facebook
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