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10/02/2015

146,3 millions de dollars planqués en Suisse

Madagascar n'échappe pas au Swiss Leaks de la banque HSBC concernant des évasions fiscales. 31 clients en rapport avec Madagascar, dont 3 ayant un passeport malgache, ont des comptes bancaires chez cette banque suisse. Ces comptes, ouvertes depuis 2006, recèle 146,3 millions de dollars. 

 

 

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Où Madagascar dépasse un autre paradis fiscal : Maurice !

Le scandale Swiss Leaks met en évidence la complicité de la banque HSBC et des clients et entreprises qui ont pratiqués une évasion fiscale de masse entre les années 1988 et 2007. Les 5 premiers pays qui ont pratiqués l’évasion fiscale sont la Suisse, l’Angleterre, le Venezuela, les USA et la France. Ces 5 pays totalisent une évasion fiscale d’environ 93,6 milliards de dollars. Et on pensait que l’évasion fiscale concernait uniquement les pays riches,mais il s’avère que Madagascar est également dans la liste.

Pour Madagascar, Swiss Leaks rapporte une évasion fiscale d’environ 146,3 millions d’euros. 31 clients sont impliqués qui ont ouvert 74 comptes bancaires. L’activité la plus forte concerne 50 % des comptes et elle a commencé à partir de 2006 qui est l’année de la génèse du trafic de bois de rose, des métaux précieux ainsi que des ressources naturelles.

Sur 31 clients, il y a en 10 % (soit 3 personnes) qui possèdent un passeport malgache. Ces informations ne nous disent pas le plus important qui est les noms et entreprises qui ont pratiqués cette évasion fiscale. Toutefois, les chiffres nous pointent vers des pistes où la majorité des évadés fiscaux sont des entités étrangères. Le type de compte fourni par Swiss Leaks est également intéressant. On a la moitié des comptes qui appartiennent à des particuliers et l’autre moitié qui fait partie de l’Offshore, donc des entreprises principalement présente dans le transport.

L’information partielle de Swiss Leaks

Même si tout le monde parle de Swiss Leaks, il faut prendre ces informations avec précaution. La base d’une fuite est qu’elle doit totale et entièrement non censurée. Dans cette affaire, c’est l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists) qui nous propose ces données. On n’a aucun nom et uniquement des chiffres même si l’ICIJ affirme qu’il a obtenu ces informations de la police fiscale des pays respectifs. Mais le problème est que ce sont ces journalistes qui choisissent les informations à publier. On peut se demander pourquoi ils ne proposent toute la base de donnée en brut comme le fait Wikileaks et c’est ensuite à chacun de tirer ses conclusions.

 

A bien des égards, Swiss Leaks ressemble à une propagande pour révéler l’évasion fiscale de quelques uns pour cacher le plus grand nombre. Il va sans dire que la totalité des banques dans les pays pratiquant l’assouplissement fiscale sont aussi coupables que la HSBC.

Diana Gingras

P.-S., comme une épitaphe sur la future pierre tombale d'une économie malgache moribonde : 131 millions de dollars appartient à une seule et même personne.

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14/02/2010

« Parce Qu’on Est Cons », « Mon Pays Va Mal »

Si chacun de nous avait eu le courage et la sagesse de dénoncer ce qui n'allait pas à Madagascar depuis l'indépendance, au moment où cela se passait, au lieu de crier à chaque fois à une menace d'ampamoaka que l'on ne fera jamais, Madagascar ne serait pas dans cette crise dont on a peine à voir le bout.

Si Madagascar est toujours sous-développés, c'est parce que les Malgaches ne sont pas si géniaux et intelligents qu'ils aiment se dire. Il est temps de se dire qu'on est cons. Des gens à la pointe du génie n'avancent plus. Alors qu'accepter ses faiblesses permettent de savoir où l'on va.

Si vous avez du mal à suivre les paroles de Kamini, la version karaoké est en bas.


On se scandalise pour le trafic de bois de rose comme si cela a commencé sous la Transition alors que c'était monnaie courante sous Ravalomanana où le palais d'Ambohitsorohitra et l'usine  Tiko de Sambaina étaient transformés en dépôts de bois de rose dont certains atterrissaient aux Etats-Unis, via l'Allemagne, pour servir à fabriquer les guitares Gibson. A l'époque, aucun organisme s'occupant de l'environnement ne s'est alarmé.

Parce qu'on est cons !

Une occupation étrangère n'est jamais souhaitable, quelle qu'en soit la raison. Et pourtant,  il y en a qui appellent de toutes leurs forces pour que l'armée de la Sadc vienne envahir Madagascar.

Parce qu'on est cons !

Les Malgaches détestent qu'on les qualifie d'Africains, alors qu'ils se mettent à genoux devant des Africains pour régler leurs problèmes.

Parce qu'on est cons !

Robert Mugabe, grand défenseur de la cause black mais bien piètre dirigeant, se permette de donner des leçons de démocratie à Madagascar et il y en a qui applaudissent.

Parce qu'on est cons !

Les sanctions économiques ne vont jamais appauvrir des dirigeants déjà milliardaires, mais vont surtout affecter la masse populaire, comme lors de l'éviction de Madagascar de la liste de l'Agoa. Et pourtant, il y en a qui l'appellent de tous leurs vœux.

Parce qu'on est cons !

L'Union européenne et les institutions de Bretton Woods ont suspendus leurs financements pour Madagascar en décembre 2008 parce que Marc Ravalomanana confondait le trésor public avec ses poches. Et il y en a qui affirment que cette suspension vient d'une autre raison.

Parce qu'on est cons !

Il y en a qui tentent de réécrire l'histoire en affirmant que les tirs qui ont des dizaines de mort le 07 février 2009 ne sont pas les faits des militaires qui se trouvaient à Ambohitsorohitra. Bientôt, y en aura qui diront que les morts du 10 août 1991 étaient provoqués par des mines anti-personnelles que les militants des Forces Vives ont posées eux-mêmes sur leurs propres chemins.  Et y en a qui y croiront.

Parce qu'on est cons !

Il y en a qui salissent l'image de Madagascar à travers le monde, au point que l'île en sera chargé même après la fin de la Transition. Et ils en sont fiers.

Parce qu'on est cons !

Les 2,5 milliards de Fmg  que se disputent les gendarmes du FIGN datent du temps où Marc Ravalomanana arrosait les forces armées pour mater les pro-Rajoelina. Le problème n'a donc rien à voir avec la Transition, même s'il y en qui tentent de le faire croire.

Parce qu'on est cons !

Des militaires aux ordres de Marc Ravalomanana ont tiré à balles réelles, on en a retrouvé les douilles devant ma maison, ont battu des gens jusqu'au sang, les ont fait agenouiller et humilier, au mépris des Droits de l'Homme (j'ai des preuves photos et vidéo). Et pourtant, Amnesty international et certains parlementaires européens insistent sur les événements qui se sont passés après la démission de Marc Ravalomanana.

Parce qu'on est cons !

Trouver un consensus entre deux mouvances est déjà difficile. Et pourtant, il y en a qui ont conseillé d'en ajouter encore deux autres.

Parce qu'on est  cons !

Une Constitution de consensus demeurera contextuel et contient donc une date d'expiration. Autrement dit, elle ne va pas resoudre la crise cyclique à la malgache. Or, tous le résultat de toutes les échographies ont montré que la future Constitution en sera une.

Parce qu'on est cons !

Une Transition est juste une parenthèse que l'on doit s'empresser vite de fermer. Or, y en a qui font tout pour que l'on s'achemine vers une prolongation ivoirienne.

Parce qu'on est cons !


14/10/2009

Crise politique, vanille et Chine : le triangle des Bermudes qui fait disparaître les bois de rose

Dénonciations, pétitions, révélations… Le pillage des ressources naturelles du Nord de Madagascar est en tête des infos émanant de Madagascar parallèlement à la crise politique. MFI en parle dans l’article ci-dessous. J’en profite pour apporter une petite explicationBois de rose.jpg préalable.

Ce trafic a toujours eu lieu avec la complicité du pouvoir en place, même sous Ravalomanana. Mais avec la Transition, il a enclenché la vitesse supérieure. La nature ayant horreur du vide, la déliquescence du pouvoir a permis à des trafiquants de tous poils de trafiquer du bolabola en toutes impunités. Mais il y a aussi la rapacité de certains dirigeants, telles ces deux chefs de régions qui ont donné le feu vert au trafic avec la bénédiction, semble-t-il, de Mahazoarivo.

D'un autre côté, il y a également une autre cause qu’il ne faut pas minimiser : la baisse du prix de la vanille. Fortement concurrencée par les productions océaniennes, notamment de la Papouasie où des techniciens malgaches veillent au développement d’une culture vanillière favorisée par un climat plus adéquat ; plombée par les pratiques malhonnêtes de certains exportateurs, essentiellement d’origine chinoise, qui mélangent des vanilles « aux normes » avec d’autres non commercialisables et boudées, enfin, par des importateurs qui ne viennent plus par crainte d’insécurité, la vanille malgache voit sa cote chuter sur le marché international. Résultat : les revenus des paysans de la Sava diminuent. Pour joindre les deux bouts donc, ils grossissent par dizaine de milliers le rang des abatteurs d’essences précieuses dont regorge la forêt du Masoala.

Autrement-dit, crier au scandale est un bon début. Encore faut-il trouver également une solution à ce problème économico-social qui prend la population du Nord de Madagascar à la gorge. Pire, le trafic continuera, même si on aura trouvé une solution aux problèmes locaux, tant que le bois de rose trouve preneur à l’étranger. En Chine pour être plus précis. Voilà pourquoi, malgré les interdits et tous les accords du monde, on continue d’abattre les éléphants et les rhinocéros, que l’on continue à vider nos réserves halieutiques et que l’on massacre au Darfour…

(MFI) A Madagascar, la coupe et l’exportation illégales du bois de rose sont toujours des activités florissantes. Ce trafic dévastateur reste possible pour cause d’instabilité politique, qui rend les gouvernements successifs incapables de tenir leurs engagements.

Au début du mois d’octobre, affaire rocambolesque dans les eaux territoriales et portuaires de Madagascar : un navire chargé d’une cargaison de bois de rose, qui devait quitter la Grande île, a finalement été bloqué. Le bateau est arraisonné à Tamatave après avoir quitté en douce le port de Vohémar, dans le nord de l’île, d’où s’échappe une bonne partie du bois de rose illégalement coupé à Madagascar. Selon des sources bien informées, ce sont près de 10 000 tonnes de ce bois précieux qui auraient été exportées depuis le début de 2009. Une plateforme malgache, Voahary Gasy, regroupant 27 associations locales, réclame d’ailleurs l’arrêt de « la destruction » organisée « des ressources naturelles et de la biodiversité de Madagascar ».

Ces chiffres sont officieux. Car officiellement, l’équipe précédemment au pouvoir avait donné en janvier 2009 une dérogation exceptionnelle portant sur un volume maximal de 1 500 tonnes de bois soi-disant « cycloné », c’est-à-dire d’arbres abattus par la tempête. Ce commerce illégal, dévastateur pour l’environnement, devait ensuite enfin prendre fin. Mais avec le flottement provoqué par l’instabilité politique, une douzaine d’exportateurs sont passés à la vitesse supérieure. Sortir 20 tonnes de bois de rose de la forêt pour le charger dans un conteneur au port coûte 50 000 dollars. Le ticket de sortie qui permet d’exporter, c’est-à-dire le bakchich, a été négocié à 30 000 dollars, selon une source proche du milieu du négoce. Les principaux clients, les Chinois de Hong Kong, sont prêts à payer in fine 220 000 dollars le conteneur.

 

Une manne pour les finances publiques

 

Comme les précédents, le gouvernement aujourd’hui sur le départ a tenté de mettre un terme à cette hémorragie. Dernière décision en date du 21 septembre : une nouvelle dérogation exceptionnelle pour 335 conteneurs. Moyennant le paiement d’un impôt extraordinaire de 72 millions d’ariarys, soit 35 000 dollars par boite. Pour les finances publiques exsangues, cette manne est la bienvenue. Ayant déjà acquitté de copieux pots-de-vin, des exportateurs ont cru pouvoir s’affranchir de cet impôt. D’où le voyage rocambolesque du bateau affrété par CMA-CGM et aujourd’hui arraisonné à Tamatave : 91 conteneurs de bois de rose ont été débarqués, dont une douzaine n’avait même pas été déclarée aux autorités portuaires. La course contre la montre pour ramener le bateau vers les côtes malgaches à coup d’ordre et de contre-ordre des autorités locales aura duré trois jours. C’est maintenant au Premier ministre du gouvernement de transition, Eugène Mangalaza, nommé le 10 octobre, de gérer ce dossier et de mettre si possible un terme à un pillage bien rodé.

Dominique Baillard