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19/03/2019

Démocratie et liberté de la presse

Paru dans le numéro 002 "Demokrasia", le magazine du Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l'Etat de Droit (HCDDEMadagascar, HCDDED, Demokrasia, Randy DonnyD).

L’information et la communication ne doivent être réduits à la seule dimension commerciale. L’espace de l’information et de la communication doit être organisé de manière à permettre l’exercice des droits et de la démocratie.

Madagascar, HCDDED, Demokrasia, Randy Donny

Qui possède, donc contrôle,  quoi dans l’espace de l’information et de la communication à Madagascar ?

La liberté de la presse est l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d'opinion et la liberté d'expression.

L’espace de l’information et de la communication doit être organisé de manière à permettre l’exercice des droits et de la démocratie. Il doit préserver et renforcer nos capacités à affronter les défis de notre temps, à anticiper notre destin commun et à rendre possible un développement durable prenant en compte les droits et intérêts des générations futures.

L’information fiable est une condition de l’exercice de la liberté d’opinion, du respect des droits humains en général et des processus démocratiques, notamment la délibération, l’élection, la prise de décision et la redevabilité. L’intégrité du processus démocratique est atteinte quand des informations susceptibles de l’influencer sont manipulées.

C'est pour toutes ces raisons qu'une Déclaration internationale sur l’information et la démocratie a été publié lundi 5 novembre 2018, soit soixante-dix ans après l’adoption à Paris de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Elle a été rédigée pendant deux mois par une Commission présidée par Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), et Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la Paix. La Commission était composée de 25 personnalités de 18 nationalités, parmi lesquels les lauréats du Nobel Amartya Sen, Joseph Stiglitz et Mario Vargas Llosa, la lauréate du prix Sakharov, Hauwa Ibrahim, et également de spécialistes des nouvelles technologies, d’anciens dirigeants d’organisations internationales, de juristes et journalistes dont Abdou Diouf et Francis Fukuyama.

Ce texte de six pages précise les garanties démocratiques pour la liberté, l’indépendance, le pluralisme et la fiabilité de l’information, dans un contexte de mondialisation, de digitalisation et de bouleversement de l’espace public. Il a déjà le soutien de 12 chefs d’État et de gouvernement (Emmanuel Macron - France, Justin Trudeau - Canada, Macky Sall - Sénégal, Beji Caid Essebsi - Tunisie, Carlos Alvarado - Costa Rica - Erna Solberg - Norvège, et Alain Berset - Suisse, entre autres). Les membres de la Commission lancent un appel pour que “ les dirigeants de bonne volonté de tous les continents se mobilisent en faveur des modèles démocratiques et d’un débat public ouvert dans lequel les citoyens peuvent prendre leurs décisions sur la base de faits. L’espace global de la communication et de l’information, qui est un bien commun de l’humanité, doit être protégé en tant que tel, afin de favoriser l’exercice de la liberté d’expression et d’opinion en respectant les principes de pluralisme, de liberté, dignité et tolérance.

Selon Christophe Deloire, “ la démocratie connaît une crise profonde qui est aussi une crise systémique de l’espace public : (...) rumeurs, désinformation érigée en modèle, affaiblissement du journalisme de qualité, violence parfois extrême contre les reporters… Au-delà de ces phénomènes, il est de notre responsabilité de considérer les causes structurelles et de prendre les mesures appropriées (...) car les démocraties, ouvertes, subissent de plein fouet ces bouleversements, tandis que les régimes despotiques en tirent profit”.

L’espace de l’information et de la communication doit garantir la liberté, l’indépendance et le pluralisme de l’information. Ce bien commun a une valeur sociale, culturelle et démocratique. A ce titre, il ne saurait être réduit à sa seule dimension commerciale.

Le contrôle politique sur les médias, l'assujettissement de l’information à des intérêts particuliers, l’influence croissante d’acteurs privés qui échappent au contrôle démocratique, la désinformation massive en ligne, la violence contre les reporters et l’affaiblissement du journalisme de qualité, menacent l’exercice du droit à la connaissance. Toute tentative de limiter abusivement cet exercice, par la force, la technologie ou le droit, est une violation du droit à la liberté d’opinion.

Les journalistes agissent en complète indépendance à l’égard de tous les pouvoirs comme de toutes influences abusives, politiques, économiques, religieuses ou autres. Toute atteinte aux principes d’indépendance, de pluralisme et d’honnêteté de l’information, de la part d’autorités publiques, de propriétaires ou d’actionnaires, d’annonceurs ou de partenaires commerciaux de médias, est une atteinte à la liberté de l’information.

La fonction sociale du journalisme est d’assurer un rôle de “tiers de confiance” des sociétés et des individus. Elle crée les conditions de l’équilibre des pouvoirs et rend possible la pleine participation des individus à la société. Elle a pour but de rendre compte de la réalité, de la révéler de la façon la plus large, la plus profonde et la plus pertinente possible pour favoriser l’exercice du droit à la liberté d’opinion.

Madagascar occupe la 54e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2018.  

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