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13/01/2018

Quelques notes de lectures au clavier

Dernièrement, j’ai acheté plusieurs ouvrages émanant des stocks de l’Institut français de Madagascar qui vendait ses vieux livres au kilo. C’était la foire d’empoigne tellement il y avait du monde et j’avais du mal à choisir. Arrivés à la maison, avec deux kilos de livres sous les bras, je ne savais pas si j’allais aimer ou pas ceux que j’ai choisi un peu à la va vite.

 J'ai découvert que je n'apprendrais pas grand-chose que je ne sache déjà de "Souvenirs, souvenirs... Cent ans de chanson française" (éd. Gallimard). Je suis même frustré du fMadagascar, Randy Donny, livre, Catherine Deneuve, surréalisme, cinéma, Jean Claude Brialy, J ean Roucas, rachid Taha, rockait que ça ne parle pas des Surfs alors que la famille Rabaraona était une des vedettes des anées yé-yé en France Ce que l'on ne manque jamais de mentionner dans d'autres publications. (A moins que ça se trouve dans les 4 pages arrachées du livre). 

Il en est de même de "Stars de l'écran" (éd. Grund). J'ai déjà lu des tonnes de documents sur le cinéma que c'est comme si je suis né à Hollywood et grandi à Bombay (ou l'inverse).

J'attendrais le moment opportun pour lire "Les Surréalistes -Une génération entre le rêve et l'action" de Jean-Luc Rispail (éd. Gallimard) en toute décontraction. Ce n'est pas le genre de sujet qu'on lit à la sauvette. D'autant plus que le surréalisme est un sujet qui m'a toujours passionné.

Sinon, j’avais des appréhensions au début en lisant l’autobiographie de Jean-Claude Brialy, "Le ruisseau des Madagascar, Randy Donny, livre, Catherine Deneuve, surréalisme, cinéma, Jean Claude Brialy, J ean Roucas, rachid Taha, rocksinges" (éd. Laffont). Je croyais que j’allais m’ennuyer avec des histoires de vieilles vedettes du cinéma français. Et bien non, ce fut une lecture délicieuse comme l’aurait dit Jean-Claude Brialy lui-même. Coqueluche de la « Nouvelle Vague », Jean-Claude Brialy est en fait un grand fan des acteurs français de l’après-guerre et sa biographie fourmille d’anecdotes savoureuses et surprenantes, en tout cas inédites, sur ses fréquentations, de Sacha Guitry à Arletty en passant par Marlène Dietrich et Joséphine Baker, sans oublier Romy Schneider et Alain Delon...

Je craignais également de m’ennuyer en lisant le carnet de tournage de Catherine Deneuve, "A l'ombre de moi-même" (éd. Stock). Et j’ai découvert une star qui s’avèreMadagascar, Randy Donny, livre, Catherine Deneuve, surréalisme, cinéma, Jean Claude Brialy, J ean Roucas, rachid Taha, rock être « Madame-tout-le-monde », loin de l’image snob et distant que l’on peut penser en la voyant, tout en restant pudique et discrète. Et lucide sur l’univers impitoyable du cinéma. Ceci prend une dimension particulière en ce moment où on la critique violemment suite à ses propos sur l’affaire Weinstein. Touche pas à Catherine Deneuve. Elle n’est pas de cette génération de Sainte-nitouches hypocrites où un regard persistant est considéré comme une agression sexuelle mais qui se morfondent ensuite sur les réseaux sociaux parce que personne ne prête attention à elles et prennent d’assaut les sites de rencontres. Il ne faut pas prendre tous les dragueurs maladroits à du Weinstein en puissance et autres délinquants sexuels de métro.

Madagascar, Randy Donny, livre, Catherine Deneuve, surréalisme, cinéma, Jean Claude Brialy, J ean Roucas, rachid Taha, rockEn fait, j’ai lu en premier lieu l’autobiographie de Jean Roucas, "Le Bouffon" (éd. J'ai Lu). Le comédien et imitateur derrière la « Bébête show » et autres émissions à succès de la télévision française des années 80. Trente ans avant Sophie Davant (quelle référence !), il permet d’apprendre qu’effectivement « la télévision n’est pas un monde de bisounours ». C’est un milieu où rien n’est acquis définitivement. Le succès comme l’échec. Et en lisant ses histoires sur les afters de dingues des équipes de tournage, je me remémore nos afters interminables et particulièrement arrosés du temps des matinales TV. Comme quoi, ici comme ailleurs, les mœurs se rejoignent.

Rachid Taha... ka ahy !*

Ceci dit, mon coup de cœur est l’autobiographie de Rachid Taha, « Rock la Casbah », éd. Flammarion (Vous avez dû remarquer que j’adore les autobio comme je ne mettrais pas un penny sur l'avenir des autos qui fonctionnent au bio carburant, mais c'est un autre histoire). J’ai connu Rachid Taha dans les années 80. On le présentait alors comme le pionnier du rock beur avec son groupe Carte de Séjour. A l’époque, il n’y avait qu’une seule chaîne de télé pour tout Madagascar, mais j’ai dû voir une ou deux fois Carte de Séjour sur le tube cathodique chanter avec joie, et surtout avec ironie, « Douce France » de Charles Trenet, dans la droite ligne de l’esprit rock. Je n’ai découvert la France qu’à l’âge du Christ, mais j’aimais bien chanter « Douce France », ça m’amusait.

Madagascar, Randy Donny, livre, Catherine Deneuve, surréalisme, cinéma, Jean Claude Brialy, J ean Roucas, rachid Taha, rockMais il n’y a pas que le rock que je partage avec Rachid Taha. Il y aussi l’histoire. Celui de l’Algérie et de Madagascar est parallèle. Dans la liesse comme dans la tristesse.

Après la guerre, un de ses oncles, qui s’est battu pour la France contre les Allemands et en Indochine, est rentré en Algérie encore sous colonie française. « Au cours de la « pacification » organisée par les Français, mon oncle se cachait dans le maquis. N’arrivant pas à le trouver, les militaires ont arrêté un autre de ses frères. Ils l’ont torturé pour qu’ »il révèle la cachette de mon oncle. Malgré la douleur, il n’a pas parlé. Les militaires l’ont alors fait monter dans un hélicoptère. Il était en piteux état mais encore vivant. Arrivés au-dessus du village, ils l’ont jeté. Mon oncle s’est écrasé au sol. Il s’agissait d’impressionner les villageois ».

On a également retrouvé à Madagascar cette France qui, à peine sortie des horreurs nazies, pratique des tortures digne du génocide. Outre ce parachutisme sans parachute, des résistants du Sud-Est de l’île était également mis à sacs, ou plus exactement mis dans des sacs, pour être balancés dans la mer.

Comme Rachid Taha, j’avais aussi un oncle qui a combattu les colons français en 1947. Joseph Ralaivao était chef de guerre dans la région de Mananjary. Il est cité dans Jacques Tronchon, “L’Insurrection malgache de 1947”, pp. 48 à 51.

J’ai quitté le Sud-Est de mon enfance à la fin des années 70 pour la capitale, à une époque disais-je où une seule chaîne de télé arrosait tout Madagascar. Et nous, on n’avait pas de télé en arrivant. Comme la famille Taha à la même époque. On allait chez les voisins tous les soirs pour la regarder. C’est ainsi que j’ai vu « L'Opium et le Bâton », un film sur la guerre d’Algérie. Plus tard, j’ai appris qu’un film sur la lutte anti-colonialiste à Madagascar, « Ilo Tsy Very » (1987), était co-financé par l’Algérie. Ironiquement, ce sont des Algériens qui y jouaient le rôle des colons français ! Le tout au grand regret de son réalisateur, Solo Ignace Randrasana, qui a alors dû adapter son scénario sur l'autel de la révolution socialiste !

Dans son autobiographie, Rachid Taha dézingue tout le monde. Woodstock (« à l’image de mai 68 : une révolte organisée par des fils de bourgeois qui s’ennuyaient »). Coluche et ses Restos du Cœur qui « entretiennent la pauvreté, en permettant aux divers gouvernements de se débarrasser de la question puisqu’une association privée fait le travail à sa place… La preuve est que d’année en année, il y a toujours plus de pauvres en France et de repas servis aux Restos du Cœur. Alors que l’objectif était quand même que ces Restos disparaissent faute de « clients ». SOS Racisme, qu’il accuse d’avoir récupéré la main de Fatma, logo de Carte de Séjour, et qui n’avait qu’un « seul objectif et un seul : non pas combattre le racisme, mais prendre une grande partie de la jeunesse dans le filet d’une lutte généreuse pour les faire entrer dans le giron du parti socialiste ». Effectivement, on verra que Harlem Désir, un nom ô combien symbolique et qui a contribué à la réussite du mouvement, deviendra plus tard Secrétaire général du PS. L’Islam : « la croyance en Dieux n’est plus considéré comme appartenant à un peuple et à des individus, mais comme une nécessité universelle qui doit être imposée à tous les individus : elle devient alors hégémonique et totalitaire, donc échappe au champ de la culture pour n’être plus qu’une revendication politique ». Une réflexion qui conforte la nécessité de la laïcité républicaine, quelle que soit la religion.

Un jour, Rachid Taha a été approché par Santana qui voulait faire une reprise de « Kelma » et la musique avec. Rachid Taha a refusé. « Je veux bien que tu adaptes le texte, OK but this music is MY music ». La même rencontre s’est déroulée entre Santana et un artiste malgache, Jaojoby. His Majesty Santana voulait également reprendre un titre du roi du salegy avec la musique. Jaojoby a refusé.  Santana a fait vade retro. Mais il prendra la chanson de Rachid Taha qui deviendra « Migra ». Deux artistes, deux mesures ?

Kebab a Loula et KousKous Klan !

Randy

*Jeu des mots dérivé de « Tahaka ahy », comme moi

12/04/2007

Jean-Claude Vinson délaisse la production pour devenir musicien

On le connaissait jusqu’ici comme étant celui qui a mis l’harmoniciste Jean-Emilien sur l’étrier du show-biz international. On le croyait producteur donc, et voici qu’il se présente musicien. Jean-Claude Vinson adore surprendre. Cet ancien banquier reconverti en opérateur culturel a décidé de réunir le haut du panier de ce qui se fait de mieux au pays en ce moment en matière de world music (Teta, Monja Manitsindava, Bivy, Médicis, Fataka…), des musiciens partis au loin pour transformer leur vilain plomb en or (Sylvin Marc, Mimile) et un chanteur américain, John Simms. Le résultat est « Mikea Forest Blues » dont on pourra parler ici sans jamais se lasser. Disons simplement que c’est ce qu’il faut écouter actuellement en ville pour ne pas mourir idiot. Sachez, par exemple, que « Mangina Zaza » est l’œuvre d’une obscure artiste du nom de Boeny Zakia. Il y avait Jimi Hendrix. Il y a Carlos Santana. Il y aura Jean-Claude Vinson. Rencontre du troisième type.

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* Tous les chemins mènent à la musique. Quel était le vôtre ?             
° J’étais banquier comptable avant de me reconvertir dans l’organisation de manifestation culturelle. C’est moi qui ait fait venir le groupe de rock Little Bob Story par deux fois à Madagascar. Mais  il y avait également le saxophoniste Jim Cuomo. J’étais également le collaborateur d’Igor Barrère pour l’émission de télévision « Histoires naturelles ». En 1995, un reportage a été réalisé sur les Mikea. La musique était alors signée Stewart Copeland, de The Police…
* Mieux encore ! Cela n’explique pas pourquoi vous êtes devenu musicien…
° En fait, j’ai toujours baigné dans la musique. En 1979, je suis parti à La Réunion pour faire mes preuves dans un magasin de disques. Je vendais des disques dans tout l’océan Indien. Plus tard, en 1986, j’ai emmené les types de GlobeStyle Ice Records, Roger Armstrong et Ben Mendelsohn. On a exploré les caves de la Discomad. On y a récolté des éléments suffisants pour constituer trois albums.
* Comment êtes-vous devenu le producteur de Jean-Emilien ?         
° Il a fait la première partie de Jim Cuomo au Roxy. Je l’ai alors emmené à Paris dans la perspective d’une carrière internationale. C’est ainsi que Jean-Emilien a fait la première partie de Carlos Santana à Bercy. J’avais des contacts dans le milieu, ce qui m’a un peu facilité la tâche, notamment Jean Gemin, le tourneur des Rolling Stones, Pink Floyd et plusieurs autres stars anglo-saxonnes en France, depuis trente ans.
* Qu’est-ce qui vous a poussé à mener une carrière solo. N’est-ce pas un peu tard ?             
° Rien n’est jamais tard ! Madagascar regorge de richesses culturelles. Alors, tant qu’à faire. J’ai appris la guitare voici huit ans. J’avais déjà des rêves musicaux et des rythmiques dans ma tête. Il suffit que je les réalise. J’ai alors contacté mes potes : Slvin Marc, Rapa de Rakoto Frah Junior, la batteur Do Razanapatsa, Jean-Emilien, John Simms, Monja Manintsindava et Teta… Je projette de faire une tournée. Pour cela, je vais monter mon propre groupe.  

Propos recueillis par Randy Donny

Publié dans "Les Nouvelles" du jeudi 12 avril 2007, p. 12 http://www.les-nouvelles.com

11/04/2007

Hommage au génie de Carlos Santana

medium_Mikea_forest_blues.jpg« Le grand Carlos Santana, précurseur de la world musique, en 1969 faisait la 1ère partie de Jimi. Jimi lui a même demandé d'intégrer son groupe alors que Santana était déjà grand fan de Jimi. Bientôt… un guitariste encore inconnu originaire de Madagascar rendra hommage à Carlos Santana dans un album inspiré d'Hendrix. Tendez l'oreille car il a le son de Carlos sans avoir le matos ni la gratte de Santana, il a fait une chanson hommage au maître Carlos dans un rythme afro-malgache et je crois que c'est une très belle façon de rendre hommage à un des dieux de la guitare ». Ce message a été laissé sur le livre d’or d’un site web consacré à Carlo Santana (http://www.ramdam.com/top/livredor/carlossantana.htm). Il résume bien l’esprit de l’album, récemment sorti, de Jean-Claude Vinson, le guitariste « encore inconnu » dont il est question ici.
« Mikea Forest Blues » sent bon le Sud, l’Androy des épines et la forêt sèche mikea, sauf qu’à la place du lokanga traditionnel, on est bercé par la guitare voyageuse de Jean-Claude Vinson. Une guitare beaucoup plus à l’aise dans l’herbe haute de l’immense plateau d’Ihorombe, avec son nuage de poussière soulevé par le passage de zébus plus ou moins volés, que dans le moutonnement des collines des Hautes terres avec un « Zanadrazana » qui ne rend pas véritablement compte de l’ambiance festive lors d’un hommage aux ancêtres. Jean-Claude Vinson n’y va pas par quatre chemin pour rendre un hommage appuyé à Carlos Santana dans « Song For Devadip ». L’empreinte de l’auteur de « Black Magic Woman » parcourt en fait tout l’album, notamment dans « Baltimore ». Il rejoint parfois celui de Jimi Hendrix en intro. Enfin, les puristes de la chanson traditionnelle malgache peuvent être indisposés en retrouvant des clichés Vaovy ou Vetson’androy au détour de certains morceaux. Mais il suffit d’un titre pour mettre tout le monde d’accord : « Last Fair Deal Gone Down », un chef d’œuvre du bluesman Robert Johnson passé à la moulinette du salegy de façon aussi surprenante qu’incroyable. Si ce n’est pas du génie, ça en a la graine.  

1 – « Zanatany », 2 – « Boloko », 3 – « Tromba », 4 – « Danse Du Sud », 5 – « Madagascar Blues », 6 – « Amboasary Sud », 7 – « Last Fair Deal Gone Down », 8 – « Zanadrazana », 9 – « Mikea Forest Blues », 10 – « TanaBruxellesChocago », 11 – « Terre Rouge », 12 – « Baltimore », 13 – « Maures Blues », 14 – « Soanada », 15 – « Song For Devadip », 16 – « Mangina Zaza ».

Publié dans "Les Nouvelles" du jeudi 12 avril 2007, p. 12 http://www.les-nouvelles.com

Voir aussi http://www.myspace.vinsonandmasoandroband