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19/09/2021

Journalisme, la faim des médias

L’avenir de la presse est en ligne, mais le journalisme traditionnel a encore de beaux jours devant lui. Ces 20 dernières années, la presse malgache a beaucoup gagné en quantité, mais elle a perdu en qualité. Ce paradoxe s’explique par plusieurs raisons. Qui peut la tirer vers le haut ? La presse en ligne est à l’affût. Mais la pêche n’est pas souvent bonne. Panorama.

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Attablés dans un food court, quelque part sur la route Digue, Ranja et Sarah, tous deux de la « génération Y », piaffent d’impatience en attendant leurs commandes. Les parents demeurent stoïques, faisant semblant d’être de marbre face aux bonnes odeurs qui émanent des cuisines. Tout à coup, Rija, un quadragénaire, lève la main et appelle un serveur. Il a déjà passé commande, il veut juste le code wifi de l’endroit. Tout le monde s’affole : l’affiche indiquant le précieux sésame a disparu. Après quelques minutes de recherche, une serveuse vient à la rescousse et donne verbalement la suite de chiffres et de lettres.

Tout le monde est tout ouïe. Très vite, on se passe la clé de chiffrement. Les smartphones s’allument comme par magie. Chacun reprend sa place, la tête baissée, les mains immobilisant leur prolongement technologique et les yeux rivés sur l’écran. Les commandes peuvent tarder. Personne ne s’en soucie maintenant. Les parents peuvent discuter, les enfants sont déjà ailleurs. Ils sont en communion avec les 9,6 millions d’utilisateurs de connexion mobile à Madagascar, soit 34,2% d’une population de 28,6 millions.

Actualités du monde réel

Si on se permet de regarder ce qui les intéresse, on constate qu’ils sont surtout sur Facebook. Dans la jungle des réseaux sociaux, ce trombinoscope créé par l’américain Mark Zuckerberg se taille la part du lion avec 2,4 millions d’utilisateurs malgaches en 2019 (We Are Social, january 2019). Après avoir parcouru silencieusement les publications, les accros aux réseaux sociaux finissent par émerger du monde virtuel et commencent à commenter les actualités du monde réel avec la tablée. Eurêka !

Le peuple des mobiles ne s’intéresse pas qu’aux likes et autres photos retouchées. Il est aussi à la recherche d’informations. Autrement dit, la presse écrite a encore de l’avenir devant elle. Sauf que les gens ne lisent plus les papiers. Ils préfèrent plutôt lire la presse écrite… sur écran. C’est valable un peu partout dans le monde avec l’explosion des nouvelles technologies, notamment les smartphones qui réduisent tant soit peu la fracture numérique.

La population a plus que jamais besoin d’être informée, surtout en cette période de pandémie. C’est, en tout cas, une réalité en Europe, où on remarque une explosion de l’audience des médias d’actualités en ligne entre janvier et mars 2020 : +142% en Italie, un des pays les plus touchés par l’épidémie, +74% en Espagne, +50% en France, 44% au Royaume-Uni et 29% en Allemagne.

Usage

À Madagascar, faute de statistiques sur le sujet, on ne peut que se rabattre sur les derniers chiffres sur les usages d’internet, des réseaux sociaux et des téléphones mobiles. Certainement en raison de la pandémie, qui a entraîné des mesures de confinement, le nombre d’internautes a explosé de +42% en janvier 2021, soit 4,54 millions dont 1,6 million de nouveaux usagers (19,4% d’une population de 28,6 millions). Ceci doit profiter aux médias en ligne.

D’autant plus que pratiquement tous les titres en papier ont des sites web. Même les stations de radio et les chaînes de télévision s’y sont mises. C’est ainsi que des médias en ligne sont de plus en plus prisés grâce à leurs fils d’actualités, à l’instar d’Orange actu qui s’est attaché le service de journalistes professionnels. Signe que la presse en ligne commence à bien s’ancrer dans le paysage médiatique malgache, il est déjà atteint par un des tares de la presse traditionnelle : le phagocytage par les politiques. C’est ainsi que
sobika.com, créé en 2008 par le regretté Niry Jules, a été racheté en 2011 par un businessman, accessoirement éminence grise du président de la République. Rebaptisé
sobikamada.com, l’ancien numéro un des fils d’actualités n’est plus actuellement que l’ombre de lui-même sous le nom de
gasypatriote, géré par un ancien candidat à l’élection présidentielle. Les politiciens jouent aux journalistes, comme on jouait à « policiers et voleurs » quand on était enfant.

Modèle économique

Ceci dit, avec seulement 7,1 % des ménages disposant d’un ordinateur (5 ICT Indicators (WCTI), database June 2018 edition), les usagers surfent surtout sur internet par le biais de téléphones mobiles, dont les possesseurs ne cessent d’augmenter. Ceci limite les consultations des pages web, laissant le champ libre aux réseaux sociaux gratuits. On a beaucoup parlé, certains s’en sont même gaussé, de « la communauté des 6% », ces accros aux réseaux sociaux qui influenceraient la marche de la Nation en mettant le pouce en l’air en signe d’approbation ou en la mettant en bas en cas de refus, à la manière d’un César condamnant quelqu’un à la mort dans l’arène aux gladiateurs.

Ajoutez-y les commentaires et le coup peut effectivement être fatal pour ceux qui sont visés. Eh bien, sachez que les amateurs malgaches d’emojis, ces pictogrammes utilisés dans les messages électroniques, ont augmenté de 30% en 2021, passant de 2,3 millions de personnes en janvier 2020 à 3 millions d’utilisateurs réguliers, soit 10,7% de la population !

Alors, l’avenir de la presse est-il donc en ligne ? Oui, car les Malgaches ne lisent pratiquement plus sur support papier. Le naufrage de l’édition bibliographique n’est pas de bon augure quant au futur du journal papier. Seuls 8,7% de la population lisent des livres. La raison est que les médias en ligne ont des difficultés à trouver le bon modèle économique. Ils doivent fonctionner grâce à la publicité, mais les annonceurs sont encore habitués à la version papier ou télévisuelle. Le marketing digital qui se traduit surtout par le nombre de clics de souris n’est pas encore une pratique courante. D’où la disparition de pratiquement 50% des médias en ligne depuis l’apparition de ce qui est vraisemblablement le premier journal malgache en ligne, Madonline, en 1988.

Disparition programmée

L’autre avantage des réseaux sociaux est que l’on peut relayer les informations en malgache. Ce qui est pratique dans un pays où seulement 0,57% de la population parle uniquement le français et 15,87% le pratiquent occasionnellement. Les posts (« articles » pour parler comme un bon journaliste) y sont courts, juste ce qu’il faut pour des consommateurs de fast-foods ayant adapté leur comportement aux médias également (les scroller font défiler des pages, surtout celles des réseaux sociaux, en lisant rapidement et diagonalement le contenu). De plus, on peut y entendre des sons, comme à la radio, ou voir des vidéos, comme à la télé.

Mais alors, assiste-t-on à la disparition programmée des médias classiques ? Non, car il ne faut pas conclure trop vite non plus, comme lorsqu’on a annoncé la disparition de la radio à la naissance de la télévision. Cela rappelle une question assénée à l’auteur de ces lignes par une étudiante de ces écoles de journalisme qui fleurissent ces derniers temps : « Facebook va-t-il sonner le glas des médias traditionnels, car on dirait que les journalistes puisent sans vergogne dans les infos publiées par des particuliers sur les réseaux sociaux ? »

C’est vrai et faux à la fois. Ce sera vrai si les journalistes, tant papier qu’audiovisuel, ne font effectivement que « pomper », pour dire les faits prosaïquement, les informations que l’on sème sur les réseaux sociaux. Mais ce sera faux s’ils font des recoupements et s’ils partent à la recherche de surplus d’informations afin d’inclure une valeur ajoutée à des informations brutes de décoffrage dont la fiabilité, ainsi que l’intérêt général et les droits fondamentaux du public sont les derniers des soucis des auteurs. Ceci répond à l’énigme posée en introduction.

L’augmentation en quantité des médias doit s’accompagner d’une hausse de la qualité. Les médias en ligne ont de l’avenir, mais la presse classique peut survivre si tous les professionnels du métier voulaient se donner la main pour observer les fondamentaux du journalisme et ne pas tomber dans la facilité. Et surtout, ne pas se contenter de se partager les infos entre desks au point d’oublier que le scoop est au journalisme ce que le sel est au bon cuisinier, comme dirait un proverbe malgache.

Exigence de la vérité

Selon la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie, publiée le 5 novembre 2018 : les journalistes « ne doivent pas considérer l’information comme un produit commercial. Animés par l’exigence de vérité, ils doivent présenter les faits de façon impartiale, en faisant autant que possible abstraction de leurs propres intérêts et préjugés et en rejetant toute forme de connivence ou de conflit d’intérêts ». Biberonné aux « frais de déplacements » et autres avantages en nature ou en espèces sonnantes et trébuchantes, globalement résumés par felaka, le journalisme malgache a faim d’éthique et de déontologie.

C’est un texte assez peu connu, mais 70 ans après la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie, rédigée par une commission de 25 personnalités issues de 18 nationalités, pose des principes fondamentaux que chaque journaliste devrait connaître. Présidée par le Secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, et le lauréat du prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, la commission inclut d’autres lauréats du Nobel, comme Joseph Stiglitz, mais également
Abdou Diouf et Francis Fukuyama. Selon la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie, « les journalistes agissent en complète indépendance à l’égard de tous les pouvoirs comme de toute influence abusive, politique, économique, religieuse ou autre.

Toute atteinte aux principes d’indépendance, de pluralisme et d’honnêteté de l’information, de la part d’autorités publiques, de propriétaires ou d’actionnaires, d’annonceurs ou de partenaires commerciaux de médias, est une atteinte à la liberté de l’information (…) Le contrôle politique sur les médias, l’assujettissement de l’information à des intérêts particuliers, l’influence croissante d’acteurs privés qui échappent au contrôle démocratique, la désinformation massive en ligne, la violence contre les reporters et l’affaiblissement du journalisme de qualité menacent l’exercice du droit à la connaissance. Toute tentative de limiter abusivement cet exercice, par la force, la technologie ou le droit, est une violation du droit à la liberté d’opinion ».

La prière du matin de l’homme moderne         

Simple envolée lyrique ? C’est à chacun de voir. La « clause de conscience » n’est pas pour la faune enragée qu’on lâche à chaque manifestation politique, masquée du sceau de la démocratie. Même si la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie donne « une base de légitimité à l’instauration de garanties démocratiques » en reconnaissant pour la première fois que « l’espace global de la communication et de l’information est un bien commun de l’humanité».

Ce qui « prolonge une évolution historique du droit ». Le journaliste a une fonction sociale, celle de « tierce confiance » des sociétés et des individus. Le pire malheur qui puisse arriver à un journaliste est de n’être plus cru. Il n’aura alors qu’à changer de métier. Devenir politicien, par exemple… Sinon, il y aura toujours des amateurs de papiers froissés pour qui, au petit-déjeuner, au bureau ou dans les transports en commun, la lecture du journal demeure « la prière du matin de l’homme moderne », comme disait Hegel.

Il y aura toujours des passionnés de longues histoires (reportages se disent story chez les anglophones) qui emmènent les lecteurs là où les reporters sont allés en mobilisant tous leurs sens. Même sans caméra, un bon journaliste peut faire voir aux lecteurs ce qu’il a vu, leur faire ressentir ce qu’il a touché, leur faire respirer les odeurs qu’il a senties et leur faire apprécier ce qu’il a mangé. Oui, même sans le son, il peut leur faire entendre ce qu’il a entendu durant
son périple.

Au food court situé sur la route digue, le fast-food est consommé goulûment. Mais pas autant que les infos flash des réseaux sociaux que les consommateurs de connexions mobiles continuent d’ingurgiter. Après le wifi, tout le monde passe aux crédits téléphoniques. Un être humain aura toujours besoin de connaissances et d’informations pour développer ses capacités biologiques, psychologiques, sociales, politiques et économiques. Ensemble, les médias – en ligne ou traditionnels – doivent y contribuer.

Randy Donny in "Politikà", #23, juin-juillet 2021, pp. 07-08.

A lire aussi, dans la même édition un hommage à Mamy Nohatrarivo.

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09/02/2020

Guide raisonnable pour horrible bruit

Une journaliste publie un article illustré par erreur par une photo qui n'a aucun lien avec le sujet. Là-dessus, un obscur musicien se met à insulter la journaliste en la rappelant d'où elle vient.  Par solidarité, je publie ici cet article que j'ai écrit il y a plus de 20 ans chez "L'Express de Madagascar", sans commentaire.

journalisme, Les Nouvelles, Daniele Holy, Madagascar

« (…) Journalistes et musiciens ne peuvent pas être potes longtemps ; quand vous écrivez des jugements sur untel dans les journaux, untel risque fort de ne pas apprécier. C’est la règle du jeu. Et parfois vous êtes surpris : vous vous dites que vous avez écrit une critique très positive du dernier disque d’untel, mais il y a un détail, une information qui l’a chiffonné, et donc untel vous hait. Les [artistes] montent sur scène pour séduire un public, ils ont une image très forte et déformée d’eux même, tout cela est affaire de narcissisme, de pouvoir… Là-dessus, un morveux de la presse va écrire, s’emparer de leur image présenter un portrait d’eux différent de celui qu’ils imaginent… ça ne peut que les troubler, les déstabiliser, puisque ça brise l’image qu’ils se projettent d’eux même. Je pense donc qu’il y aura toujours une barrière invisible entre journalistes et musiciens ».

journalisme, Les Nouvelles, Daniele Holy, Madagascar, Randy Donny, Nick Kent

Ces mots ne sont pas de moi, mais de Nick Kent, un grand rock-critic britannique, un des maitres à penser à tous. Je les ai choisis exprès aujourd’hui à l’adresse des artistes habitués à la pommade de l’ancienne école. Et pour dire une bonne fois pour toutes à certains artistes que les critiques agacent, que les journalistes ne sont pas nés pour les encenser. Si les artistes « empalent » les hommes politiques dans leurs chansons, les journalistes peuvent également surprendre les artistes dans leurs conneries. En tout cas, les journalistes sont là, non pas pour servir l'artiste. Les journalistes ont le devoir d’éclairer, d’aiguiller, d’affiner le choix du public. Mieux : les journalistes doivent prouver sans cesse que l’art peut être autre chose qu’une simple distraction.

Et si, par aventure, l’artiste estime qu’un article sur lui a dépassé les bornes, il a droit à ce qu’on appelle un droit de réponse qui, selon la loi, doit être impérativement publié dans les jours qui suivent à l’endroit ou s’est trouvé l’article incriminé. Usez de ce droit important qui est le vôtre et que (privilège particulier des artistes) les autres - y compris les journalistes – n’ont pas vis-à-vis de vos textes, même les plus virulents. Alors, prenez votre plume, quitte à le tremper dans le venin, mais jamais, au grand jamais n’allez vociférer des menaces. On peut les retenir plus tard contre vous. D’ailleurs, l’art est un truc d’intellectuels. Et les intellectuels n’on jamais les poings faciles. N’allez pas non plus invectiver avec des gros mots qui n’apportent rien de positif à votre moulin. Au contraire, cela ne fera que conforter l’image classique qu’une partie du public a toujours eue vis-à-vis des artistes (surtout ceux qui arborent un look peu ordinaire) : des bandits, alcooliques et drogués. Last but not least, ayez le courage de vos opinions. Et n’oubliez pas l’effort que fait le journaliste avant de pondre le guide raisonnable des horribles bruits que certains d’entre vous accouchent. A bon entendeur… Salut l’artiste !

"L'Express de Madagascar" du samedi 22 février 1997, pp. 17

 

06/08/2017

Dans le Top 3 des blogs malgaches

Ceci est une occasion pour réparer un malentendu émanant de la jeune génération : je suis un journaliste qui tient un blog et non un blogueur devenu journaliste !

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Le journaliste-bloggeur

Comme le soutient Lova Randriatavy dans son rapport d’étude sur “L’impact de la structure de propriété des médias sur le travail du journaliste » (pour le compte de Friedrich Ebert Stiftung, 2012), « Certains journalistes de la presse écrite échappent aux restrictions de leur organe de presse en écrivant en même temps dans d’autres types de supports médiatiques (ex : presse en ligne) pour exprimer librement ces opinions. Il existe d’autres astuces pour contourner les limitations à la liberté d’expression : s’exprimer dans des blogs sur internet est un meilleur moyen d’émettre ses opinions étant donné qu’aucune législation ne régit encore ce domaine à Madagascar ». Il apparaît ainsi que les blogs servent aux journalistes à livrer leurs propres opinions, et dans une certaine mesure, pour s’affranchir de la ligne éditoriale de l’organe de presse étant donné que le blog fait aussi partie des autres types de supports médiatiques cités par Lova Randriatavy.

Toutefois, cette présence de quelques journalistes demeure minime, sachant que l’effectif total des journalistes en exercice à Madagascar est de 1200 environ. Ce frein au développement du journalisme-blog peut se justifier, en partie, par l’avènement de la loi sur la lutte contre la cybercriminalité, qui est la nouvelle législation en la matière. En effet, le journalisme-blog devait son intérêt, dans une certaine mesure, par un vide juridique qui partant, favorisait la liberté d’expression via les systèmes et réseaux informatiques. Ce type de journalisme connaît aussi les mêmes obstacles liés au taux de pénétration d’Internet à Madagascar.

Parmi les bloggeurs-journalistes malgaches les plus connus figurent : Jeannot Ramambazafy (directeur de rédaction du site Madagate), Randy Donny (journaliste freelance) et Rivonala Razafison (journaliste scientifique).

Rivonala.blogspot.com

Rivonala Razafison s’est vu décerner le Prix de reportage sur la biodiversité ou BDRA 2007 organisé par Conservation International et ses partenaires, alors qu’il était journaliste de la presse écrite «Le Quotidien». Le blog de Rivonala Razafison aborde principalement les questions environnementales, avec des articles d’approfondissement et spécifiques sur la biodiversité, la déforestation, le changement climatique, la santé, la vulnérabilité, et la conservation. Le blog se veut être une modeste contribution à la promotion du journalisme scientifique à Madagascar. Les articles sont publiés en langue française, mais les interventions ne sont pas régulières. Ainsi, le dernier article mis sur le blog remonte à 2015.

Jeannotramambazafy.overblog.com

Jeannot Ramambazafy se fixe comme objectif, à travers son blog, de promouvoir le développement culturel et social de Madagascar. Le blog est davantage utilisé comme espace où le journaliste s’exprime régulièrement sur les différents événements ayant trait à la politique interne et pour élargir son audience. La langue utilisée est le malgache essentiellement, avec quelques alternances avec le français pour évoquer certains concepts. Rappelons que Jeannot Ramambazafy est le directeur de rédaction de Madagate.org.

Randydoit.hautetfort.com

Randy Donny est enseignant de formation de l’Ecole Normale Supérieure, historien-géographe et journaliste par passion, ancien de la Fondation Journalistes en Europe (Paris). Le blog de Randy Donny est l’espace où il essaie de partager son point de vue avec ses visiteurs, notamment sur des questions d’ordre politique, mais également sur des aspects moins formels comme le shopping et les genres musicaux. L’auteur publie des articles et des photos à un rythme non régulier, à deux semaines d’intervalle en moyenne.

18/05/2017

Ultime bafouille pour Christian Chadefaux

Il est mort un 3 mai, journée de la liberté de la presse. Il a beaucoup donné pour la presse et la liberté.

Christian Chadefaux était mon chef, mon mentor (du malgache "manorotoro", aurait dit Xhi & Maa, nos amis communs). C'est lui qui m'a accueilli à "L'Express" en 1996. Avec lui, il n'était pas nécessaire de faire une conf'réd quotidienne pour sortir un journal que les lecteurs vont s'arracher. Chaque journaliste sait ce qu'il doit faire et part chacun de son côté à la chasse aux scoops. Pendant nos huit années d'Ankorondrano, il n'a cessé de faire augmenter substantiellement mon salaire chaque année alors que d'autres se plaignaient de faire du sur place. 

Il était arrivé à Madagascar  à 17 ans. L'Auvergnat ne le quittera que 60 ans plus  tard. Sa disparition m'a tellement surpris et ému que je n'ai pas trouvé mes mots. En guise d'ultime bafouille donc, je reproduis ici cet article du journal "Les Nouvelles" à la tête duquel je l'ai succédé lorsque le régime Ravalomanana l'a expulsé, ainsi qu'un autre journaliste, Olivier Péguy et le père Sylvain Urfer.

 

Madagascar, presse, journalisme, Christian Chadefaux, Randy Donny

Pourquoi Christian Chadefaux a été expulsé

    

Au lendemain du décès du rédacteur en chef fondateur des Nouvelles, il est juste que la vérité soit dite sur un événement qui a fait couler beaucoup d’encre.

On a toujours connu Christian pour son franc-parler un peu frondeur. Sa volonté de quitter L’Express pour créer Les Nouvelles n’a fait que libérer son esprit libre. Malheureusement, le quotidien a été créé sous le règne de Ravalomanana dont on connaît le peu d’appétit pour la chose écrite et l’humour.

Tout a commencé par un papier anodin dans les Marchés Tropicaux, qui faisait le parallèle entre feu Herizo Razafimahaleo dont Christian admirait le parcours et l’intelligence, et Ravalomanana dont il moquait l’inculture. Cet article se finissait sur le meilleur état de santé du cadet, ce qui a mis le président de l’époque dans une grande fureur.

Entretemps, sa liberté de parole lui avait fait écrire un mail assassin sur la moralité et la compétence de Rolly Mercia et Alphonse Maka auprès de L’union de la Presse francophone. Ces derniers ont alors déclenché une vendetta qui a conforté Ravalomanana dans le fait que les confrères ne bougeraient pas. Ce qui a été le cas. Même si Christian Chadefaux a fait toute sa carrière dans la presse malgache, il est resté le vazaha donneur de leçon aux yeux de grand nombre d’entre ceux qui sont passés par son apprentissage brutal.

Deux événements ont accéléré une décision prise sous la colère. Les procédures balbutiantes du quotidien qui en était à ses débuts, ont permis que le caricaturiste passe lors du passage de Kofi Annan secrétaire général de l’ONU une blague de mauvais goût. «On nous confie un âne». Qui méritait tout juste qu’on se moque du peu de finesse du calembour mais qui a provoqué l’ ire du Président, des appels du Premier ministre et des ministres pour exprimer sa colère.

L’esprit facétieux de Christian a pu se défouler lorsque, tout heureux d’avoir un scoop, il a appris que le fils Ravalomanana allait se marier à une Bulgare. Le jeu de mots sur le yaourt au goût bulgare est venu se loger dans l’éditorial. Cet article a été discuté en conseil de gouvernement. Pour si peu…

 48 heures pour quitter le pays quand on y a été 6 décennies… La sanction, malgré toutes les interventions et supplications, a été appliquée. Nous avons été peu nombreux à l’accompagner à Ivato pour un départ définitif qui l’a laissé amer et désabusé sur le pays et surtout ses dirigeants. Il y avait une incompatibilité entre la présence d’un esprit libre et le régime autocratique de Marc Ravalomanana. De la même manière qu’a été expulsé Paul Giblin, directeur général de la banque MCB, dont la grande erreur a été de laisser apparaître un léger mépris pour le guide suprême. Ou le Père Sylvain Urfer dont les critiques étaient trop diffusées internationalement.

A l’heure où dans le monde, on voit les extrêmes se banaliser et s’installer au pouvoir, il est de notre devoir de rester vigilant. On ne peut pas laisser le pouvoir aux mains d’incultes aux idées courtes qui n’ont aucun sens de l’humour. Il y va de la survie de l’humanité. En tout cas de celle dont on défend les idéaux. Au-delà de cette page d’histoire qui se referme avec la mort de Christian Chadefaux et au lendemain de la célébration de la Journée de la liberté de la presse, il est impératif de se retourner sur 300 jours d’un code de la communication liberticide. Les pouvoirs qui se sont succédé ont tous eu la tentation de museler la presse et les médias. C’est une bataille qu’ils peuvent parfois gagner, mais la guerre est perdue d’avance. De Ratsiraka à Ravalomanana, aujourd’hui Rajaonarimampianina, la liberté de l’ esprit a toujours finalement vaincu. Même au fait de leur puissance, les présidents fondateurs doivent garder à l’esprit qu’au Gondwana, leur pouvoir est éphémère…

N. A.

18/08/2010

Carte postale de l'Essva

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Je déteste Facebook. La raison en est simple : il m'a fait oublier hautetfort. J'ai pourtant connu ici des moments de plaisirs, notament l'élargissement de mon cercle d'amis. Moi, le Lone wolf urbain qui ne sort que pour partir à la chasse !
C'est ainsi que c'est sur Facebook que j'ai anoncé mon départ de l'Essva, Antsirabe, où j'étais le Responsable de la filière Comunication et Journalisme. J'ai démissionné à pâques 2010 pour déveloper un nouveau projet à Antananarivo. J'en reparlerais. En attendant, je tiens à dire ici que j'ai passé de moments agréables à l'Essva avec mes étudiants. Carte postale.