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24/02/2009

Le cache-sexe des Légalistes

Il y a des moments où on aimerait bien remonter le temps pour que certains ratages ne le soient pas. Certains ont changé un destin personnel et, chemin faisant, celui d'une Nation. Parfois dans le mauvais sens. Par exemple, si Hitler aurait été reçu à l'Académie des Beaux-Arts, il serait resté un aquarelliste qui aurait juste caricaturé les Juifs dans ses tableaux au lieu de les gazer. Si Marc Ravalomanana aurait réussi son Bepc, il aurait pu continuer ses études et faire une carrière pépère dans l'administration avec un diplôme non honoris causa au lieu de se venger sur un système qui lui a opposé un obstacle. Hitler a fait de la prison, où il a mûri sa philosophie politique, avant de prendre le pouvoir d'une manière tout à fait légale avec l'approbation de la majorité de l'intelligentsia allemande de son époque malgré le caractère horrible de son projet de société. Marc Ravalomanana a également fait de la prison (et plutôt deux fois qu'une), où sa conviction du pouvoir de l'argent s'est trouvé renforcé, avant de prendre le pouvoir d'une manière tout à fait légale avec l'approbation de l'intelligentsia malgache, qui s'est murée depuis dans un silence complice, malgré l'extrême pauvreté, pour ne pas dire l'absence, d'un projet de société.

Ceux qui n'étaient pas d'accord avec Hitler ont été forcé de s'exiler. Ceux que Marc Ravalomanana n'a pas aimé ont été expulsé. Ils apportaient un éclairage non conforme à la pensée unique nécessaire pour la conquête d'un lebensraum (espace vital) aux frontières élastiques. Le père Sylvain Urfer étaient de ceux là. Il a tiré la sonnette d'alarme dès 2002. Il faisait alors partie de ceux qui ont osé affirmer le mensonge démocratique du "1er tour dé vita" qui a permis à Ravalomanana de faire un hold-up sur le pouvoir avec l'appui de la plèbe de la place du Treize-mai que ses partisans renient actuellement. Sylvain Urfer l'explique noir sur blanc dans son livre "Le doux et l'amer", publié en 2003 aux éditions Foi et Justice.

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Ce prêtre jésuite lauréat de l'Institut des études politiques de Paris enfonce encore le clou dans un article-bilan de "L'an I de Ravalomanana", paru dans la revue allemande "Der überblick", en 2003.

"Marc Ravalomanana n'a pas été élu sur un programme (qu'il n'avait pas), mais parce qu'une majorité de citoyens ne voulait plus   de     Didier Ratsiraka et qu'il passait pour l'homme capable d'apporter au pays le changement attendu, à savoir la démocratie et la prospérité (...) Au terme d'une première année de pouvoir, Marc Ravalomanana n'a pas dissipé les ambiguîtés sur ses intentions réelles. Le sursaut éspéré ne s'est pas produit, les anciennes habitudes ont repris, et le rédémarragede l'économie sefait attendre. Certes, le discours est toujours moralisateur et pleines de bonnes intentions. Mais la pratique s'en écarte deplus en plus, au profit d'un autoritarisme qui ne tolère pas les divergences, et des décisions qui ne s'encombrent pas des contraintes du droit".

On connaît la suite, le père Urfer sera expulsé de Madagascar manu militari le samedi 12 mai 2007. Rémy Ralibera est également prêtre et jésuite. Heureusement, qu'il n'est pas vazaha. Et pour cause ! Sinon, on l'aurait sûrement déjà aussi expulsé au nom du "Fahamarinana & Fahamasinana" (vérité et sacralité) pour avoir osé fustiger le régime Ravalomanana et les hommes d'Eglise qui ont vendu leur âme au diable dans son autobiographie, "Souvenirs et témoignages malgaches", paru en 2007 toujours aux éditions Foi et Justice.

En 2002, écrit-il, "les chefs d'église du FFKM se Rémy Ralibera.JPGrangèrent du côté des partisans de Ravalomanana qui refusèrent le second tour, sous le prétexte officiel de la lutte pour le respect de la voix des urnes. Cette attitude des chefs d'Eglise divisa déjà les membres du Bureau et des Commissions permanentes. N'ayant pas les données du problème entre les mains, le FFKM n'avait pas à adhérer à un camp ou à l'autre (...) cette inféodation pratique des chefs d'Eglise du FFKM au Président Ravalomanana... n'était pas partagée par toutes les instances du FFKM (les Faritany, les membres du Bureau ainsi que beaucoup de membres des diverses commissions du FFKM, dont en particulier le SEFIP, Sehatrasa ekiomnenika momba ny fiainam-pirenena, Commissionsur la vie nationale). Ce qui a aggravé la situation, c'était cette méthode du président-monarque Raalomanana qui consistait à classer le monde en deux camps : ses amis, donc les bons, et ses adversaires, donc les méchants opposants; il n'y a pas de milieu (...) selon le principe de la présidence tournante, le président du FFKM de décembre 2005 à décembre 2006 fut le pasteur FJKM Lala Rasendrahasina, conseiller technique de Ravalomanana (qui est lui-même vice-président de l'église FJKM). La situation ne s'en est pas trouvé améliorée".

De 2002 à 2009, beaucoup d'eaux sont passés sous le pont de Fatihita dont on demeure encore dubitatif sur les responsables de son dynamitage. Ce qui est sûr est que Marc Ravalomanana a failli sur son projet de société : "minoa fotsiny ihany" (croyez simplement).

On le croyait bâtisseur. Il na construit que des routes dont les financements était bouclés par le gouvernement de Tantely Andrianarivo. Boulevard de l'Europe ne saurait mentir.

On le croyait bon gestionnaire, la suspension des aides par Bretton Woods, l'Union européenne et tout le reste depuis décembre 2008, c'est-à-dire bien avant le cyclone Andry TGV, est une preuve irréfutable qu'il est tout, sauf un adepte de la bonne gouvernance.

On le croyait démocrate. La nouvelle loi sur les partis qui interdit la candidature des indépendants et qui soumet l'existence des partis politiques à son bon vouloir est une manière de dire qu'il s'apprête à mourir au pouvoir.

Et Jean Passe.

Tout ceci explique la nécessité d'une Transition. Pour remettre le compteur à zéro et réécrire les règles du jeu politique. Pour qu'à l'avenir, le peuple ne sera plus obligé de descendre dans la rue pour réclamer un changement. Car il y a des cas, comme dans la situation actuelle, où les lois sont écrites de sorte que ceux au pouvoir y sont boulonnés pendant un bon bout de temps avec l'aide de certains militaires dont les bruits de bottes résonnent d'espèces sonnantes et trébuchantes. Il y a des situations où les voix doivent sortir de l'urne pour se faire entendre.

L'Electoralisme est le cache-sexe des Légaliste. J'espère l'avoir mis a nu ci-dessus. Mais cachez plutôt ce sexe que l'on ne saurait voir. Il n'a servi qu'à baiser la Nation.

12/02/2009

Vite, une enquête pour le meurtre de Ando !

Il a rejoint ses ancêtres mercredi, à Mahitsy. Mais Ando Ratovonirina restera dans la mémoire collective. Tué en plein exercice de son travail, Ando Ratovonirina a suscité une vive émotion patout dans le monde. Sauf à l'Ordre des journalistes malgaches qui s'est simplement fendu d'un gentillet communiqué plat et sans saveur. Après RSF, le Comité pour la défense des journalistes (CPJ) en a parlé. Basé à New York, il va même jusqu'à demander une enquête pour ce qu'il qualifie de "meurtre".

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New York, le 09 février 2009Les autorités de Madagascar, une île de l'océan indien, doivent traduire en justice les membres de la garde présidentielle responsables de l'assassinat samedi dernier d'un journaliste qui couvrait une manifestation antigouvernementale à la capitale malgache, Antananarivo, a déclaré aujourd'hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Il s’agit d’Ando Ratovonirina, âgé de 26 ans, qui était journaliste et cameraman de la chaîne privée Radio Télévision Analamanga (RTA). Il  a été tué d’une balle dans la tête après que les militaires malgaches ont ouvert le feu sur des manifestants non armés de l'opposition qui marchaient vers le palais présidentiel, selon des témoins.

M. Ratovonirina avait un micro à la main et prenait des notes sur son calepin, selon le  reporter Mirindra Raparivelo, qui filmait la scène pour la station. M. Raparivelo se souviens encore du sifflement des balles et de l’odeur de poudre pendant qu’il rampait pour en sortir indemne.

M. Ratovonirina est le premier journaliste tué dans l'exercice de ses fonctions à Madagascar depuis que le CPJ a commencé sa documentation détaillée sur les meurtres de journalistes en 1992.
«Nous sommes choqués par le meurtre d'Ando Ratovonirina et présentons nos sincères condoléances à sa famille et ses collègues », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Le gouvernement du président malgache, Marc Ravalomanana, doit immédiatement enquêter sur ce meurtre perpétré par des membres de la garde présidentielle et veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes », a-t-il martelé.
Au moins 25 personnes ont été tuées et 167 autres blessées dans la fusillade, selon l’agence Associated Press, bien que les journalistes locaux aient déclaré que le nombre de victimes pourrait être plus élevé. Il convient de souligner que la ministre malgache de la Défense a démissionné pour protester contre cette fusillade, tandis que l'Organisation des Nations Unies a appelé à la mise en place d’un « processus équitable par lequel les responsables seront traduits en justice ».
Par ailleurs, le rédacteur en chef de la RTA, Andry Raveloson, a déclaré au CPJ que M. Ratovonirina s’était distingué pour sa passion pour le journalisme depuis qu'il a commencé à travailler à la station en octobre 2008. « Il venait de terminer ses études de communication à l'université et voulait se mettre en pratique », a dit M. Raveloson, soulignant que le jeune journaliste, dont les funérailles sont prévues mercredi, avait également travaillé pour un journal local avant d’intégrer la RTA.
Les manifestations de samedi dernier se sont déroulées dans le cadre d’un bras de fer entre le président Ravalomanana et son rival Andry Rajoelina, le maire d'Antananarivo. M. Rajoelina, un politicien âgé de 34 ans au ton contestataire, a accusé le président Ravalomanana de mauvaise gestion et a exigé sa démission. L’opposant malgache est allé jusqu’à s’autoproclamer président et à mettre sur pied un gouvernement parallèle.
Il convient de rappeler que le mois dernier, des manifestants de l'opposition malgache avaient incendié les studios de deux chaînes de radio et télévision progouvernementales
en représailles à la fermeture sommaire par le gouvernement du président Ravalomanana d'une station de télévision appartenant au maire d'Antananarivo.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une organisation indépendante, à but non lucratif basée à New York depuis 1981 et devouée à defendre la liberté de la presse dans le monde.

Le Comité pour la protection des journalistes
330 7th Avenue, 11th Fl., New York, NY 10001 USA    
Phone: (212) 465 1004     Fax: (212) 465 9568     Web: www.cpj.org e-mail: info@cpj.org

 

 

01/02/2009

Mon 13 mai à moi

On me demande souvent, d'ici et d'aileurs, mes opinions sur les événements à Madagascar. En fouillant mes archives, je me suis surpris à trouver que, finalement, je l'ai annoncé... il y a deux ans, le samedi 17 juin 2006, bien avant la fin, du premier mandat de Ravalomanana, dans un éditorial publié dans "Les Nouvelles". Je l'ai scanné et je le publie ci-dessous avec les infos contextuels de l'époque. La démocratie est sacrée, et le journaliste est son prophète.

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Deux ans après, il faudra ajouter entre autres, le recours à des mercenaires étrangers, le squat de la TVM et la requisition de l'argent de la Banque centrale. Des gestes que Didier Ratsiraka a fait juste avant de prendre la poudre d'escampette...

Tsiranana a été réélu avec 99,72% de voix en janvier 1972 avant de se voir balayé par la rue quelques mois plus tard. Didier Ratsiraka a été réélu pour un 3è mandat en 1989 pour être délogé d'Iavoloha trois ans plus tard. Passons sur l'empêchement de Zafy, pourtant porté au pouvoir avec une largé adhésion de la population.

"Le pouvoir est volatil", ai-je également écris dans un autre édito. "La démocratie est une marche vers la perfection", dans un autre. Finalement, je serais interdit d'édito en octobre 2006, juste avant la réélection de Ravalomanana pour un second mandat. La raison : j'ai déclaré qu'on est obligé de quémander 5 millions de dollars pour sauver la Jirama auprès de la Banque Mondiale alors que Ravalomanana paie cash 12 millions d'euros pour acheter un avion (déjà !!). Finalement, on m'a intenté un vrai-faux problème de faute professionnelle pour me pousser vers la sortie. Que Ambohitsorohitra y soit pour quelque chose que je ne serais pas étonné. Mais qu'importe, j'ai déjà trouvé un autre job avant de partir.

Mon 13 mai à moi n'est pas une révolte cyclique. Elle est permanente, quotidienne, à travers mes écrits. Ma place de la démocratie a été inauguré avant Ambohijatovo. Elle a une plaque de marbre gravée dans ma conscience.

14/01/2009

Vol au-dessus d'un nid de pourris

La politique n'use que si l'on en suce. Usés, frippés, vieuxdinosauré, les politiciens africains continuent néanmoins à monopoliser le pouvoir.   Les partis politiques n'y sont que des coquilles vides à l'intérieure desquelles on pioche des courtisans. Versailles a sa réplique dans chaque capitale africaine. Madagascar n'échappe pas à la règle. La loi sur les partis est un remake du FNDR du temps béni du Socialisme : seuls ses membres peuvent se présenter à une élection. Mais la loi sur les partis est surtout la tête de pont d'une série de réforme constitutionnelle qui conduira vers des mandats illimités; bref, une constitution costardisée sur mesure à la taille de l'hurluberlu Ubu de lui-même qui, depuis le renversement du roi Venceremos (bah... "rouge"), mange "fort souvent de l'andouille" dont son pays regorge et s'est procuré "une parapluie" vert armé pour se protéger des alertes.

L'article suivant, de MFI, en apporte une lumière aveuglante. A vos narines... pardon, à vos lunettes !Stop.Francafrique.jpg

Quand les intrigants se pressent autour du chef de l’Etat, la démocratie est en danger ! Car le maintien à tout prix de la position juteuse au bord de la mangeoire, qu’ils pourraient perdre si le président venait à se retirer, passe alors avant l’intérêt général.

A chacun sa croix ! Tandis que le Ghana ploie sous les compliments, le Niger, lui, offre le spectacle d’un bras de fer entre ceux qui voudraient voir le président Tanja prolonger son bail à la tête de l’Etat et ceux qui s’opposent fermement à toute remise en cause des dispositions constitutionnelles. A la fin de cette année 2009, le chef de l’Etat nigérien aura bouclé son second mandat. Dix ans ! Soit le maximum qu’autorise la Constitution. Ses partisans parlent d’une œuvre à parachever et mobilisent, manifestent, occupent à grands frais l’espace médiatique, pour obtenir la prolongation du règne. Face à eux, la société civile et les syndicats s’organisent pour empêcher ce qu’ils considèrent comme un recul de la démocratie. Le chef de l’Etat lui-même ne dit rien.

Et c’est bien ce qui inquiète une partie de l’opinion. Car, dans tous les pays du continent qui se sont livrés à ce jeu, c’est toujours par des manifestations d’une spontanéité suspecte que commence la mise en scène. Lorsque l’opinion aura été bien conditionnée, le président pourra alors apparaître, pour expliquer qu’il lui est impossible de résister à la volonté populaire. En avant, la présidence à vie ! De bonne source, Mamadou Tanja lui-même aurait confié à ses pairs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), en décembre dernier, à Abuja, qu’il n’avait aucune intention de se maintenir. Il ne devrait donc, en principe, pas aller contre la Constitution de son pays.

Le problème, en Afrique, est que le chef de l’Etat est trop souvent encerclé de gens qui désirent le voir s’incruster. Non pas tant parce qu’ils l’aiment d’un amour inextinguible, mais parce que, la plupart du temps, ils lui doivent tout et se préoccupent de leur propre avenir. La position juteuse qu’ils pourraient perdre au bord de la mangeoire, si le président venait à se retirer, passe alors avant l’intérêt général.

A force de concentrer les critiques sur le président, on en arrive à oublier tous ces courtisans et ces intrigants, nationaux comme étrangers, qui sont autrement plus dangereux pour la démocratie. Par le passé, ils ont souvent eu le dessus, en Algérie, au Cameroun, au Gabon, en Guinée, au Tchad, au Togo ou en Tunisie. Ils échouent aussi, de temps à autre, comme en Zambie, au Malawi ou, plus récemment, au Bénin et au Nigeria. Le défi, aujourd’hui, est donc de leur faire échec au Niger, en soustrayant le chef de l’Etat à l’influence de ceux qui orchestrent la spontanéité de ces foules de manifestants. Ce n’est pas le plus facile. Car les griots sont là, au réveil du chef, et ils sont encore là, tard le soir, pour éteindre les lumières, au moment où celui-ci s’endort. Mais puisque ces gens sont généralement d’une servilité sans borne, il suffirait que le président dise qu’il s’en ira pour les voir chanter, avec des arguments tout aussi convaincants, la grandeur et la lucidité de l’homme d’Etat.

Jean-Baptiste  Placca

07/01/2009

Les souvenirs, et les regrets aussi…

Ra8 est fini. Voici venir Ra9. Il paraît quel le chiffre 9 est plutôt rare, notamment lors des tirages de loto. C’est peut-être une des raisons qui explique pourquoi les joueurs malgaches parlent de « tsabo sivy ». Apparemment donc, on a tiré le gros lot. Je l’ai toujours espéré, les rares fois où je joue, surtout en France avec les dizaines de millions d’euros de l’Euroloto. En vain. Malheureux au jeu… Un début d’année est justement le moment pour faire le bilan de l’année éc(o)ulée. Parler des souvenirs. Et des regrets aussi.

« Les souvenirs et les regrets aussi… » J’ai découvert ce vieux bouquin au hasard d’une visite dans les rayons de la bibliothèque deSouvenirs.jpg l’université privée Essva, à Antsirabe. C’est vieux de quinze ans, mais j’ai pris mon pied en le lisant. J’ai surtout beaucoup ri. Il faut reconnaître que son auteur, Catherine Allégret, la fille de Simone Signoret, écrit formidablement bien comme tous ceux qui écrivent avec leur cœur. Une plume qui me renvoie de temps en temps à celle de Mialysenfout. Enfant de la balle, Catherine Allégret passera sa vie sous des poids lourds. Fille d’une star oscarisée à Hollywood, cette dernière elle-même mariée à une autre star plébiscitée par tout New York au point de faire craquer Marilyn Monroe, elle ne peut que jouer les second rôles, à la vie comme sur la scène. Un rôle qu’elle tiendra merveilleusement bien. Une leçon de modestie et d’espoir pour ceux qui croient qu’il n’y a pas de vie en dehors des étoiles. Le tout avec un gros bouquet d’humour à faire crouler un croque-mort.

« Le 9 novembre 1991, Ivo Livi dit Yves Montand s’est éteint pour l’état civil, victime d’un ultime infarctus, victime de ses colères, victimes de la vie qu’il s’était mis en tête de vivre jusqu’en 2009… » Yves Montand était l’épouse de Simone Signoret. Je ne savais pas qu’il espérait vivre jusqu’à cette année. Je ne savais pas non plus que Jacques Prévert, dont j’adore les poèmes surréalistes, portait une chaîne d’or à la cheville. Désormais, ce sera mon prochain caprice, tanora lalandava. Après une épaule tatoo il y a dix ans. Comme quoi, mes caprices ne sont pas légions.

J’adore les biographies. C’est peut-être pourquoi j’en ai écris. Après Mahaleo en 2007 dont il ne me reste plus que quelques exemplaires, j’ai fait celui de Jaojoby en 2008. J’en ai aucun exemplaire. Tout est resté à Paris. Des condensés de souvenirs. Mes regrets 2008 se rapportent essentiellement à des personnalités que 2008 a emporté.

Regret de n’avoir pas rapporté ici l’autobiographie du père jésuite Rémy Ralibera, figure respectée et respectable du journalisme malgache quoique il ait choisi la voie de la presse par accident. Comme celui de Rome, tous les chemins mènent vers les médias. Son livre est truffée de révélations sur les récents événements à Madagascar. On en reparlera certainement un jour.

Regret aussi, celui d’avoir omis la disparition du poète Rado. J’étais à Paris et je n’ai appris la nouvelle que deux jours après, en surfantdinitra.jpg sur Internet. Je trouve que « Ho any ianao kanefa » est inspiré de « Je Finirai Par L’oublier » de Nana Mouskouri. Rado, dont la simplicité des rimes constitue à la fois le charme et la puissance évocatrice, a inspiré à son tour deux générations d’écrivains. Parfois en herbes. Et qui le sont restés. J’ai perdu Rado une seconde fois lorsque, en rageant ma bibliothèque, je me suis aperçu que mes recueils de poèmes de Rado ont disparu.

Regret, enfin, de n’avoir pas parlé de la disparition aussi de Charlotte Arrisoa Rafenomanjato, une écrivaine malgache francophone plus connue en France qu’à Madagascar. Après avoir été séduit par le charme de «notre Panurge national » (sic) en 2002, cette sage-femme a accouché d’un livre, « Marc Ravalomanana, de président de la rue à président de palais », avant de regretter amèrement son choix. Elle le fait savoir dans le second tome du livre qu’aucun éditeur n’a osé publier. Néanmoins, on peut le télécharger gratuitement ici. Elle y fait appel à « la trombe purificatrice de notre tody national, le boomerang de la malfaisance » pour flageller ceux qui ont trompé le peuple-enfant de Madagascar avec un épouvantail de messie à la peau de sataniste.

Personnellement, je fais partie de ceux qui n’ont pas voté depuis 2001. Je n’ai donc pas de regrets. Rien que des souvenirs…