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03/05/2009

Alerte à Tamatave !

« C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme ». La mer a pris Frédéric un mercredi, le 30 avril 2009. 21 ans, FFrédéric.jpgrédéric Tsiatosika Rakotondrajao est étudiant en 1ère Année en Communication  et Journalisme à l'Ecole supérieur spécialisée du Vakinankaratra (Essva). C'était à Tamatave, sur la plage dit Miou-Miou, alors qu'il se baignait avec ses camarades de classe en voyage d'études. Je ne m'étalerai pas sur les circonstances du drame. Comme disait mon supérieur, « inutile de philosopher, c'était un accident, c'est tout ! ». En fait, c'était certes un accident, mais ce n'est pas tout.

Le courant marin est traître. Frédéric l'a appris à ses dépens. Néanmoins, il serait injuste de ne pas crier au scandale face à l'inexistence de moyens d'intervention d'urgence dans une ville balnéaire comme Tamatave. Pendant une trentaine de minutes, le jeune garçon s'est battu avec Poséidon. Ses amis se répartissaient alors pour chercher du secours. Mais en vain. Les riverains, même les nageurs aguerris, sont trop attachés aux superstitions liées aux esprits de la mer pour jouer les héros. Un canot à moteur en bois a été repéré une quinzaine de minutes après le drame, mais il fallait encore chercher le pilote et négocier le carburant qui le fera voguer sur les vagues. Une heure de perdue !

Le pire est que même chez ceux qui sont investis officiellement pour secourir les gens, c'est le parcours du combattant. Les Pompiers annoncent qu'ils ne disposent pas de canot, ni même d'un quelconque bouée. Ils conseillent alors d'aller voir chez les Gendarmes en ville qui renvoient la balle chez les Gendarmes du port. Là aussi, c'est le même refrain. Avant qu'ils ne fassent appel au Capitainerie du port pour prêter une vedette. Les tracasseries administratives feront que la vedette ne partira du quai qu'1h 30 après le drame ! La vedette en question est un vieux rafiot tout rouillé qui ne dispose même pas d'un moteur assez puissant pour des recherches poussées. Après une heure d'efforts laborieux, elle rentre au port sans rien trouver.

C'est incroyable qu'une ville située en bord de mer comme Tamatave ne dispose d'aucun moyen de secours d'urgence pour faire face à un drame en mer. C'est rien moins qu'une non assistance à personne en danger. L'Etat peut bien réhabiliter les rues et parsemer les trottoirs de fleurs, j'estime qu'il y a maintenant une autre priorité : mettre en place un système de secours avec des maîtres-nageurs dotés de bouées de sauvetage et d'un canot à moteur. Un seul par plage suffit. Et il n'y en a pas beaucoup à Tamatave finalement : la plage située en face du port, Canada et Darafify. Ce n'est pas la mer à boire. C'est facile à sécuriser pour peu que l'on veut bien y mettre de la volonté. Politique. Le lieu du drame se trouve en face du domicile de Roland Ratsiraka.

Dans ce genre de situation, une minute de retard, c'est une minute de trop. Pendant que les sauveteurs se préparent, les amis de Frédéric le regardent partir rejoindre l'horizon, impuissants. Le choc ! Je suis le premier à en prendre les ondes de plein fouet.

Frédéric était quelque part mon filleul. En tout cas, il faisait partie des pupilles de l'Essva. Il venait de décrocher le bac l'année dernière avec son ami Parfait. Leurs anciens profs de lycée me signalent qu'ils ont du mal à continuer leurs études pour des raisons financières. Je ne les connaissais ni d'Eve ni d'Adam, je ne les ai même jamais vu auparavant, mais j'ai décidé de les prendre sous mes ailes en les faisant venir à Antsirabe. Je ne me suis alors battu devant la commission des bourses de l'Essva pour qu'ils soient inscrits parmi les bénéficiaires. Ils ne paieront aucun écolage. Je ne suis pas déçu. Ils ont un bon niveau, sociables et participent bien aux cours. Frédéric était curieux de tout et ne se lassait pas de poser des questions partout où il se trouvait et sur n'importe quel sujet. Il était une fierté pour l'Essva. Ils font partie d'un petit groupe que j'aide pour qu'ils réussissent dans la vie par les études. Les dieux de la mer en ont décidé autrement pour Frédéric.

C'est la vie. C'est la mort. C'est la mer. C'était la première fois que Parfait voit la mer. Celle-ci sonnera la fin du parcours pour Frédéric qui est mort là où je suis né. A Tamatave. Il est maintenant au ciel, parmi les étoiles, où il guide ses anciens camarades de classe.


25/04/2009

Le MFM est passé par là

Manandafy.jpg

« Nous sommes passé au stade d'action maintenant ! ». Au téléphone, en pleine conversation devant l'entrée du jardin d'Ambohijatovo, un militant d'une espèce en voie de disparition, le MFM, crache à haute voix son venin dans le cellulaire collé à l'oreille. En traversant la rue vers le coin des kiosques, on constate que les gargotes sont pleines à craquer. Il y en a au moins qui profitent du meeting quotidien d'Ambohijatovo. D'autant plus que l'argent y coule à flot, selon une tenancière. Dans une de ces échoppes, je surprends des employés du service public en train de vider des THB « Mahery » entre deux soupes chinoises. Ce sont généralement des gens que le vent de la « révolution orange » a balayé, ou balaiera, de leurs postes de commandement. J'en connais certains. Sur les bancs de l'école ou dans un bureau. On se salue amicalement. Une manifeste sur l'état de l'éducation nationale est en train d'être rédigée sur un ordinateur portable que personne ne maîtrise. On est loin de l'époque des tracts imprimés sur une ronéo. Des dazibao. On est loin des drapeaux rouges avec le black au bandeau, façon symbole corse. Mais les rouges et experts sont toujours là. Ils ont adopté les couleurs de Tiko mais demeurent des experts en manipulation de masse.

« La nomination de Manandafy Rakotonirina, comme Premier ministre, est une déclaration de guerre aux tenants de l'actuel régime transitoire », disait Constant Raveloson, un des derniers Mohicans restés fidèle au gourou du MFM. Un propos rapporté par « La Gazette de la Grande » dans son édition de samedi 18 avril. Selon son auteur, L. Denis Alexandre, cela « signifie que des innocents seront sacrifiés sur l'autel de la soif du pouvoir de certains de nos hommes politiques. N'est-ce pas Alain Andriamiseza, Satrobory et les autres animateurs d'Ambohijatovo qui ont crié, l'autre jour, que la lutte continue même « s'il y aura 1000, 2000, voire 3000 morts ». Tsiranana leur ont chanté le même refrain en '72 avec « tsak tsak zato arivo ». Manifestement, les chansons rétro sont à la mode.

Ainsi donc, « la nomination du leader MFM ne constitue que la première phase du plan pour le retour de Marc Ravalomanana ». La seconde étape sera de diviser l'armée pour rééditer la rébellion du Capsat en mars en faveur de Andry Rajoelina pour aboutir à la troisième phase : l'appel à une armée d'interposition, dirigée par la Sadc naturellement. En résumé, c'est l'opération « Guerre civile » en commençant par des guérillas urbaines. La stratégie est digne d'un Etat-major du temps des maquisards : provoquer les forces de l'ordre dont les ripostes provoqueront un effet boule de neige tout en scandalisant l'opinion en raison des éventuels dommages collatéraux.

Le résultat est là : des morts et plusieurs dizaines de blessés depuis le 20 avril. C'est un secret de Polichinelle : des militants d'Ambohijatovo sont armés. Diana Chamia en a vu qui ont fait explosé une voiture avec une grenade. Une certaine radio aurait d'ailleurs éructé une directive pour attaquer toutes les 4x4. Et dire qu'en janvier, l'ancien Pape du Socialisme tendance maoïste reconverti en chantre du libéralisme à outrance ( !), Manandafy, a dit urbi et orbi qu'en tant que membre de l'International Libéral, il refuse de prendre le pouvoir par la rue. Ironie du sort, il part à la conquête du pouvoir par la rue, où il a été nommé PM par la grâce d'une décision signée... à Tripoli. On n'arrête pas le progrès. Bientôt, l'ancien défenseur du prolétariat, Manandafy, fera un conseil de gouvernement par SMS depuis son bunker bourgeois, l'hôtel Carlton !

Le petit people du Net est émotionné par l'opération des militaires. Personnellement, je suis le premier à me lever pour dénoncer les tirs sur des civils. Et c'est justement pour cette raison que je me pose la question : où étiez tous ces gens il y a un mois et demi  lorsqu'on a envoyé les militaires, les mêmes, pour tirer des balles réelles dans les quartiers, jusque devant ma porte, chaussés de Nike, comme maintenant, ou roulant à bord de 4x4, comme maintenant, armés jusqu'aux dents et causant autant de dommages collatéraux ? A l'époque, je n'ai pas enregistré autant de voix scandalisées par la chasse au "vahoaka tsy manan-tsiny". Pourquoi, à l'époque, l'Anawi n'a pas fait un ultimatum pour que s'arrête la chasse à l'homme dans les quartiers populaires ? Allons, Ladies and gentlemen, arrêtons la mauvaise foi. C'est parce que l'on s'est toujours bouché les oreilles et fermé les yeux au moment où il ne fallait pas que l'on entende ces grenades et que l'on voit ces morts d'aujourd'hui.

Car le mal est fait. Le MFM l'a fait. « Finalement, le MFM a réussi son coup, et c'est un coup de maître. Non pas de faire revenir l'ancien Président, mais celui de créer des troubles graves », note encore LGDI dans « Lundi noir pour la démocratie : Subversion, la guérilla urbaine et le MFM ». Encore une fois, à nous d'en tirer leçon. Si on veut bien réviser nos manuels. Ambohijatovo même est divisé. Raharinaivo Andrianantoandro s'est vu retiré le micro en voulant prêcher la modération. Ambroise Ravonison lui-même, celui qui a annoncé le vrai-faux retour de Ravalomanana, a été agressé physiquement par  l'animateur Anja pour avoir voulu donner à ce dernier une leçon de non-violence. « Mandalo Ramaka dia may ny tanàna ». Là où Manandafy passe depuis 1972, l'herbe de la démocratie ne repousse plus.

 

 

11/04/2009

Sex & drugs & Ravalomanana

"Durant les sept années de règne de Marc Ravalomanana, des confidences plutôt déroutantes se sont déferlées dans divers milieux pour La Vérité marijuana.jpgrévéler que ce dernier aurait manifesté des intérêts particuliers pour la drogue. Plus grave encore, de mauvaises langues l’ont donné comme un consommateur avéré de ces stupéfiants sans que, toutefois, personne n’en ait pu donner la moindre preuve. Néanmoins, les investigations que nous avons menées, avec l’aimable collaboration de nos confrères et consoeurs du Club de la presse privée, nous ont permis de mettre la main sur un dossier compromettant qui révèle que non seulement Marc Ravalomanana est intéressé par la culture de marijuana à Madagascar mais encore et surtout il a voulu participer à l’ « Irius marijuana cup world championship » ou, tout simplement, à un… « championnat mondial de la culture de marijuana ». Scandale !"

C'est ainsi que le quotidien "La Vérité" débute un article sur un nouveau dossier à mettre à l'actif de l'ancien président Marc Ravalomanana. On a déjà parlé de sexe. Maintenant donc, c'est un nouvel iceberg qui commence petit à petit à immerger : la drogue.

"En voulant participer à ce hampionnat mondial, Marc Ravalomanana a révélé qu'il a déjà sa plantation de cannabis à Madagascar et que sa visite officielle en Colombie, antre de la culture et de la consommation de la drogue, n'est guère innocente", conclut l'auteur, R.H. L.

On peut, bien évidemment, répliquer que l'invitation de Enrique Fornes Angeles est destinée à tout le monde. Donc cela ne prouve rien. Par contre, j'ajoute au dossier que j'en ai déjà touché mot en 2002 dans une publication confidentielle. J'y ai alors posé bien de questions sur les relations étroites entre Ravalomanana et l'ancien maire de Baltimore, Kurt Schmoke, réputé aux Etats-Unis pour être le défenseur de la libéralisation de la drogue.

 

Kurt Schmoke.JPG

Effectivement, l'une des mesures diplomatiques du régime Ravalomanana était d'étendre vers la Colombie la juridiction de l'ambassade malgache aux Etats-Unis. On se demande bien dans quel intérêt.

Enfin, Ravalomanana a motivé l'achat de la nouvelle "Air Force One" de la discorde par le fait qu'il a besoin d'un long-courrier pour éviter les fastidieux escales. A l'époque justement, je viens de lire le témoignage de Fausto Cattaneo, un flic suisse qui a infiltré les cartels, qui disait que les trafiquants de drogues colombiens possédaient également des long-courriers pour la même raison.

Sex & drugs, Ravalomanana serait-il aussi rock'n roll. Vraisemblablement pas. Sinon, il serait resté au pouvoir.


09/04/2009

Ma signature dans la future Constitution

Andry TGV Rajoelina l'a annoncé à l'improviste dans son discours fondateurs, lors de son investiture le 21 mars 2009 à Mahamasina. Dernièrement, il l'a confirmé pendant sa tournée dans le Nord et à Majunga lors du premier week-end d'avril. Il s'agit de la nécessité d'une intervalle entre deux mandats pour un président de la République. C'est du moins ce que rapporte "Midi Madagascar".

Constitution.JPG

Et bien, c'est exactement ce que j'ai proposé ici même, dès février, à l'annonce des "Etats généraux de la Démocratie", apparemment morts-nés, qu'une frange de la Société civile voulait organiser. Je serai donc ravi si cette disposition sera inscrite dans la Constitution de la IV République.

On cite souvent mes écrits sans que l'on en mentionne l'auteur. Ainsi, j'envisage sérieusement de d'ester en justice un guide touristique bien connu en moment opportun. Sinon, je ne vais, naturellement, demander un droit d'auteur pour l'idée ci-dessus. Le seul royaltie auquel j'aspire est le bonheur que disposition apporterait au peuple malgache.

Pas à la même vitesse

Je profite de l'occasion pour renouveller un voeux : que chacun apporte sa part de brique pour la réussite de la Transition. Je vois que la réticence de la majorité des anti relève du fait que c'est Andry TGV Rajoelina qui dirige la Transition. Dis-moi si je me trompe mais la Transition n'est qu'une parenthèse dans l'histoire de Madagascar. Une parenthèse  au cours de laquelle  on aura à réécrire les régles du jeu démocratique afin  de faire table rase du passé, notamment les crises cycliques que l'Indépendance nous habitue depuis bientôt 50 ans ! Et ce n'est pas à Andry TGV Rajoelina et à ses partisans de le faire, mais à nous tous ! Au moment où certains pensent déjà à l'après-Transition, d'autres en sont encore à rêver d'un statu quo ante. A l'heure où certains cogitent déjà sur un projet de société pour la IVè République, d'autres en sont encore à cogiter sur la gestion de l'après 17 mars 2009, après la fuite en catimini de Ravalomanana. Il est vrai que, développement rapide ou TGV, tout le monde ne fonctionne pas à la même vitesse. Question de connexions.

02/04/2009

Le mensonge international de Ravalomanana

Poisson d'avril. Internet est un monde merveilleux, mais qui mérite bien aussi son nom : une toile où les mouches non prudentes se font vulgairement attraper. Depuis deux jours, c'est un peu le cas de tout le monde, exceptées ma pomme et quelques personnes averties. L'ancien président Ravalomanana fait circuler sur le net un discours "fantôme" qu'il aurait déclamé au sommet de la Sadc lundi 30 mars 2009. Même l'AFP, généralement reputé pour sa vigilance, s'est laissé berné ici. Non, Ravalomanana n'a pas assisté au sommet de la Sadc. Ce discours est, en fait, celui qu'il aurait aimé dire devant la bande de lascars de la Sadc. Faute de quoi, il l'a distribué comme un vulgaire tract. Sadaikatra... Le communiqué officiel de la Sadc ne mentionne pas sa présence au sommet.

Ce mensonge fera date dans les annales de la diplomatie internationale. Non seulement, Ravalomanana a menti sur la forme, mais il a également menti sur le fond.  L'article de l'AFP a ouvert la série des démentis autour des déclarations de Ravalomanana dans ce discours fantôme. Je n'y reviendrai pas. Sauf pour ajouter que jusqu'ici, "améliorer l'atmosphère des affaires" signifie pour Ravalomanana éliminer tous les concurrents potentiels. D'autre part, un président de la République qui se respecte, fut-il ancien, ne souhaiterai jamais, mais alors jamais, que son pays soit envahi par les militaires de pays étrangers. A fortiori par les sadiques de la Sadc.

Andry Rajoelina a décidé le retrait de Madagascar de la Sadc. Passons sur le débat quant à l'utilité de l'adhésion de Madagascar à ce marché régional. Ce qui saute aux yeux, au vu du communiqué officiel, est que la Sadc n'est juste qu'une association de malfaiteurs qui se sont donné le mot de se défendre les uns et les autres en cas de mauvaise passe. Sinon, comment expliquer le fait que malgré tout le mal que Mugabe a fait au Zimbabwe, et nonobstant les sanctions de la communauté internationale, la Sadc continue de le soutenir contre vents et marrées et s'engage  même de mener "une campagne diplomatique délibérée visant la levée des sanctions contre le Zimbabwe".

Mugabe est le champion des détenteurs de diplômes honoris causa, toutes catégories confondues. Ravalomanana en raffole. Comme quoi, on est entre des gens qui se comprennent.