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20/04/2007

Les p'tits trous de Paul Wolfowitz

Voici la transcription partielle de la conférence de presse, donné le 12 avril 2007 à Washington D. C., par le président de la Banque Mondiale, Paul Wolfowitz, ancien numéro 2 du Pentagone. Il y donne sa version de l'affaire de népotisme qui met à mal sa place au sen de l'institution :la promotion et de l'augmentation de salaire anormales qu'il avait imposées, en 2005, en faveur d'une salariée de la Banque, Shaha Ali Riza, par ailleurs sa compagne. En outre, un autre scandale Riza vient d'éclater : bien que salariée de la Banque, sa compagne avait obtenu en 2003 une mission en Irak à la demande du Pentagone dont il était alors le numéro deux. Cette confusion des genres constitue une nouvelle violation des règles de la Banque. La Staff Association, le syndicat maison, a demandé sa démission. Le conseil d'administration est, sur le papier, majoritairement hostile à M. Wolfowitz, mais hésitent à demander sa tête. Les seuls qui semblent partisans de son maintien sont les administrateurs représentants les Etats-Unis, le Canada, le Japon et l'A. Quoi qu'il en soit, tout ceci assombrit l'image d'une institution qui veut promouvoir la lutte contre le corrpution et la bonne gouvernance dans ses actions.

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Photo : Décidémment, la bande à Bush sont des clowns. Des méchants clowns. En visitant une mosquée turque, le dimanche 28 janvier 2007, Paul Wolfowitz a montré des chaussettes trouées. Et dire que ce gars-là gagne 320 000 dollars par an ! 

Président Wolfowitz : Permettez-moi de commencer en disant simplement quelques mots sur le sujet qui, je le sais, est dans tous les esprits. Il y a deux ans, lorsque je suis arrivé à la Banque, j’ai soulevé la question d’un conflit d’intérêt potentiel et demandé à me faire récuser du dossier. J’ai porté la question devant le Comité d’éthique et, suite à des discussions approfondies que j’ai eues avec son Président, le Comité a émis l’avis qu’il convenait de promouvoir et de transférer Mme Shaha Riza.
J’ai entrepris en toute bonne foi d’appliquer cet avis tel que je le concevais, et ce de manière à prendre en charge le règlement d’un problème qui était à mon sens susceptible de faire du tort à l’institution. Avec le recul, j’aimerais m’être fié à mon instinct initial et m’être tenu à l'écart des négociations. J’ai fait une erreur, et je le regrette.
Mais permettez-moi aussi de demander un peu de compréhension. Non seulement cela constituait un douloureux dilemme personnel, mais j’ai dû y faire face alors que j’arrivais juste dans cette institution et que j’essayais d’avancer en territoire inconnu. La situation était exceptionnelle et sans précédent. Il s’agissait d’une réaffectation involontaire, et j’ai estimé qu’un risque juridique se posait si cela n’était pas réglé par consentement mutuel. J’assume l’entière responsabilité des détails de ce dossier. Je n’ai pas cherché à cacher ce que j’ai fait, ni rejeté la responsabilité sur qui que ce soit.
J’ai rencontré le Conseil ce matin, et je lui ai proposé qu’il établisse un mécanisme quelconque pour déterminer si l’accord conclu constituait une issue raisonnable. J’accepterai toute solution qu’il proposera (...)

Question : Bonjour. Fernando Supra Pinto de « TVGlobo », Brésil.Si le Conseil décide de vous décharger de vos fonctions, comment évaluerez-vous cet épisode de votre mandat à la Banque mondiale ?Président Wolfowitz : Les membres du Conseil délibèrent actuellement sur cette question, et je ne vais pas anticiper sur les délibérations en spéculant sur leurs conclusions.

Président Wolfowitz : Je vous ai donné mon avis sur la question, et je vous ai dit ce que je leur avais proposé, et nous allons devoir attendre de voir ce qu’ils ont à dire (...)                                                                                                                       

Question : Corbit Daily, de « Thompson Financial News ». Monsieur le président Wolfowitz, dans votre déclaration préliminaire, vous avez dit que vous demandiez à être jugé sur ce que vous faites maintenant. Je me demandais ce que vous aimeriez répondre à vos critiques selon lesquels vous êtes en train de faire de la Banque mondiale un outil du Gouvernement américain, et vous faites preuve de favoritisme en matière d’aide au développement.                 

Président Wolfowitz : Je n’ai encore vu aucune preuve de cela, franchement. Ce que je veux dire, c’est que nous agissons en matière d’aide au développement comme cela se faisait avant que je n’arrive ici. Les fonds de l’IDA sont attribués sur la base de son système d’allocation fondé sur les performances, dont certains diront peut-être qu’il est trop rigide, mais qui est un système très objectif. Nous ne faisons pas de favoritisme à l’égard de qui que ce soit. Nous essayons d’affecter des ressources là où elles font le plus de bien pour la réduction de la pauvreté, et nous essayons de les acheminer plus rapidement et en les assortissant de meilleurs dispositifs de sauvegarde.Je pense qu’il s’agit de renforcer l’accent qui a commencé, à vrai dire, à être mis du temps de mon prédécesseur sur le concept selon lequel la gouvernance et la corruption font partie intrinsèque du processus. Et, franchement, je pense que les États-Unis et les autres pays développés sont tenus de faire plus, et pas seulement de montrer du doigt les pays pauvres et de dire que la corruption est leur problème. Si ceux qui volent des avoirs à ces pays les placent dans des banques américaines, ou des banques européennes, ou ailleurs dans les pays développés, il appartient aux pays développés d’aider ces pays à recouvrer leurs avoirs. Enfin, et je pense avoir été très clair sur ce point, toute l’aide au développement que nous pouvons fournir et tout ce que font les pays eux-mêmes pour accroître la production auront des retombées bénéfiques bien moindres sur les pauvres s’ils n’ont pas d’endroits où vendre leurs produits. Et je pense que les subventions agricoles, en particulier aux États-Unis de même qu’en Europe et au Japon, sont un scandale — je l’ai dit. Je pense qu’elles profitent aux riches au détriment des pauvres, et cela n’est pas un point de vue américain : c’est mon point de vue à moi, en tant que responsable d’une institution dont la responsabilité majeure est à l’égard des pauvres.(…)

Question : Jose Esquivel du magazine « Proceso », Mexique.
Ma question a trait à la corruption. En tant que personne aux avant-postes du combat contre la corruption et le favoritisme, la question que je veux vous poser est la suivante : Quel va être votre conseil à l’intention du ministre mexicain des Finances, que vous connaissez très bien, et qui n’a pas dit précisément aux Mexicains et aux médias mexicains s’il va mener une enquête sur ses prédécesseurs, ou qui a été impliqué dans ce scandale durant son mandat, comme quoi il a favorisé beaucoup de personnes et beaucoup de gens proches de lui, surtout des parents proches de gens qui travaillaient à ses côtés. Quel sera votre conseil à l’intention des Mexicains — et beaucoup de gens dans les pays pauvres estiment que les dirigeants ne disent jamais rien quand le ministre des Finances est impliqué dans une enquête,et ce n’est pas juste. Que dites-vous au peuple mexicain ?

Président Wolfowitz : Je ne suis pas au courant de l’affaire que vous décrivez, et je ne peux donc pas faire de commentaire sur ses aspects détaillés. Ce que je pense, c’est qu’il y a un solide principe général : s’il y a un problème, traitez-le de manière transparente, révélez tout ce que vous savez, et déterminez quels sont les remèdes appropriés. Je crois qu’on peut vraiment dire avec certitude que la transparence est l’élément primordial, la priorité absolue, en l’occurrence, pour assurer une bonne gouvernance et lutter contre la corruption.

Question : J’ai deux questions : envisagez-vous d’une manière ou d’une autre de démissionner de votre poste ?
Et, deuxièmement, au sujet du Conseil qui délibère aujourd’hui : ses délibérations sont-elles axées sur votre renvoi, ou considère-t-il toute une série de solutions, et quelles sont ces solutions, s’il vous plaît ?

Président Wolfowitz : Comme je l’ai dit en réponse à la question précédente, je ne vais pas spéculer sur ce que va décider le Conseil. Je leur ai fait clairement savoir, et je vous ai fait clairement savoir, que j’ai essayé de déterminer ce qui était raisonnable dans des circonstances sans précédent et difficiles. Et s’ils arrivent à une quelconque conclusion établissant si oui ou non c’est raisonnable, je me rangerai aux solutions, quelles qu’elles soient, qui sont disponibles en l’occurrence.
Cela n’a constitué en aucune façon une tentative pour protéger un intérêt personnel. Ce que j’ai cherché à faire, c’était de résoudre un problème qui, à mon avis, présentait un risque réel pour l’institution, et ce que je regrette vraiment, c’est de ne pas avoir entrepris plus délibérément de me tenir à l’écart. Je tiens à le dire clairement : je n’ai jamais cherché de mon plein gré à être mêlé à cela.

Question : Simon Cox, du magazine « The Economist ».Avez-vous craint que Mme Riza n’intente un procès contre l’institution si elle n’était pas satisfaite de l’arrangement qu’elle obtiendrait ?

Président Wolfowitz : Pardon ?

Question : Vous avez mentionné le risque juridique posé à l’institution. Avez-vous craint que Mme Riza n’intente un procès contre la Banque mondiale si elle n’obtenait pas l’arrangement qui lui convenait ?

Président Wolfowitz : Je pense que ce serait pour moi spéculer et préjuger de ce qu’il appartient au Conseil de déterminer, ou d’établir un mécanisme pour déterminer. Mais quand on se trouve en territoire inconnu et qu’on impose une solution involontaire à des membres du personnel, il y a des risques. Cela ne fait absolument pas de doute : il y a des risques.

Question : Barry Wood, « Voice of America ».Monsieur Wolfowitz, est-ce que la Banque n’a pas cédé en Afrique l’initiative en matière de lutte contre le VIH/SIDA à la Fondation Gates ? Et comment voyez-vous l’impact de l’approche qui est celle de la Fondation Gates sur les opérations de la Banque ?

Président Wolfowitz : Vous savez, l’idée que nous avons cédé l’initiative à quelqu’un d’autre laisse penser en quelque sorte que nous sommes en concurrence avec Microsoft. Ce n’est pas le cas. Nous sommes engagés dans le même domaine d’activité, et le fait pour la Fondation Gates d’être en première ligne de la lutte contre le VIH/SIDA est quelque chose de merveilleux, et l’une des choses que cela tend à vouloir dire, c’est que les pays veulent voir la Banque répondre à certains des besoins auxquels ne répond pas la Fondation Gates. En fait, on a aussi sous les yeux des exemples de coopération à mon sens très fructueux, par exemple pour la lutte contre le paludisme. Nous menons certains efforts conjoints avec la Fondation Gates en Zambie.
Et cela renvoie au point concernant l’architecture de l’aide et au fait que ces nouveaux donateurs comblent actuellement des vides très importants, ce dont il y a lieu de se féliciter. Je pense qu’un des aspects très importants sur lesquels cette institution doit se concentrer lorsqu’il s’agit de santé, c’est celui consistant à soutenir les systèmes de santé globaux des pays. Vous savez, si on se concentre trop sur une seule maladie, on peut fournir énormément de médicaments contre le sida mais on n’aura peut-être pas le courant pour faire marcher les réfrigérateurs permettant de conserver ces médicaments, ou on n’aura peut-être pas les autres médicaments pour d’autres maladies, ceux qui maintiennent les gens en meilleure santé et, de ce fait, moins sujets aux maladies qui sont généralement la cause voisine de décès des suites du sida.
Donc, pour en revenir à votre question : non, je ne considère pas cela du tout comme un problème. Je le considère dans le contexte de ce problème d’architecture de l’aide, à savoir où devons-nous faire jouer notre avantage comparatif, et où devons-nous engager nos fonds.

Question : Scheherazade Daneshkhu, le « Financial Times ».Monsieur Wolfowitz, vous avez fait de la bonne gouvernance le thème phare de votre présidence à la Banque mondiale et, au vu de votre déclaration de ce matin, qu’avez-vous à dire à ceux qui disent que… qui ne vont pas voir là des fautes d’ordre personnel mais une sérieuse erreur de gouvernance d’entreprise ? Et, à cet égard, n’avez-vous pas le sentiment que, indépendamment de ce que décidera le Conseil, votre crédibilité et votre aptitude à vous acquitter de vos fonctions sont compromises ?

Président Wolfowitz : Voyons ce que le Conseil décide avant que je ne me prononce sur ce que le Conseil aura décidé, mais je peux vous dire quelque chose à propos de ce que j’ai fait moi-même. Je n’ai pas cherché de mon plein gré à être mêlé à cela. Je n’y ai pas été mêlé pour de quelconques raisons personnelles, mais plutôt pour régler quelque chose qui présentait à mes yeux un risque d’ordre institutionnel. Je n’ai rien caché de ce que j’ai fait et, comme je l’ai dit, je suis prêt à accepter toute solution que le Conseil entend proposer.

Question : Monsieur Wolfowitz, pourriez-vous dire quelque chose au sujet des plaintes émanant de membres du personnel de la Banque mondiale, de niveau cadre, qui disent que vous vous êtes trop abrité derrière un petit groupe de conseillers — le nom Robin Cleveland semble être énormément cité, et Suzanne Folsom parfois aussi —, et que vous n’avez pas consulté ou écouté l’avis des cadres chevronnés ?

Président Wolfowitz : Permettez-moi de dire, tout d’abord, qu’il y a un point que je peux accepter comme ayant une certaine validité, à savoir que je suis arrivé ici comme le ferait n’importe quel autre PDG, ayant besoin de gens que je connaissais déjà. J’en ai fait venir deux — parfois, c’est présenté comme si c’était une armée de transfuges de l’administration Bush —, à savoir Robin Cleveland et Kevin Kellems. Suzanne Folsom était déjà ici du temps de Monsieur Wolfensohn, et elle s’occupe d’une partie de cette institution de son côté. Elle ne fait en aucun cas partie de mes propres services.
Mais j’ai entendu les préoccupations exprimées par des membres du Conseil, des membres du personnel, selon lesquelles cela va bien au début, mais le rôle de mes deux conseillers a besoin d’être plus structuré. Et je suis de fait d’accord là-dessus, et je vais trouver un moyen de mieux les insérer dans la structure en place.
Cela étant dit, permettez-moi de dire aussi que je trouve cette critique un peu usée. Ce que je veux dire, c’est que j’ai fait venir un Néo-zélandais et un Salvadorien comme directeurs généraux, et que je ne connaissais ni l’un ni l’autre avant de venir ici. J’ai recruté à l’extérieur un directeur financier italien, un vice-président exécutif suédois pour la SFI, un premier vice-président jordanien pour les relations extérieures, que je ne connaissais pas avant, et une ancienne ministre des affaires étrangères espagnole comme conseiller juridique.Et encore, plus récemment, deux autres nominations dont je me félicite particulièrement : deux Africaines, l’ex-ministre de la Santé du Botswana et directrice générale adjointe de l’OMS, Joy Phumaphi, qui est notre nouveau vice-président pour le développement humain — une femme exceptionnelle —, et prochainement comme nouveau vice-président pour l’Afrique, la ministre de l’Éducation nigériane, Obiageli Ezekwesili.Et presque toutes ces personnes sont non seulement, bien évidemment, des gens qui ne viennent pas de l’administration Bush, mais en majorité des gens que je ne connaissais pas avant. Mais ce qui compte surtout pour moi, c’est que j’ai fait la connaissance d’énormément de membres formidables du personnel. J’ai recruté comme chef de mes services Leticia Obeng, qui est une cadre de la Banque originaire du Ghana ; son adjoint, Auguste Kwane, un autre employé fantastique de la Banque, est de la Côte d’Ivoire. Et je pourrais continuer encore longtemps. Ça commence à devenir un peu ennuyeux, mais ce que je trouve quelque peu surprenant, c’est que je puisse encore être entouré de ces deux personnes qui tiennent tous les autres gens à l’écart de moi : c’est tout simplement inexact. Mais j’accepte, comme je l’ai dit au début, l’observation comme quoi le moment est venu de mettre au clair la structure et les liens.

Question : Kathy Shockwood, « National Public Radio ».Y aura-t-il des changements, ou y a-t-il eu des changements, au niveau des politiques de la Banque en matière d’hygiène de la reproduction et de planning familial ?

Président Wolfowitz : Absolument pas. J’ai lu des rumeurs à ce sujet, et je tiens à être très clair. Notre politique n’a pas changé. Nous avons une nouvelle stratégie en matière de santé que nous allons présenter au Conseil et qui, je le crois, est très claire à ce sujet, et je tiens, personnellement, à ce que ce soit clair : je pense que l’hygiène de la reproduction est absolument cruciale pour ce qui, je n’ai eu de cesse de le répéter, est un élément essentiel de l’ordre du jour du développement, à savoir faire en sorte que les femmes puissent avoir une contribution égale à celle des hommes ; et que des femmes en bonne santé, des femmes qui se sont mariées à un âge raisonnable ou qui ont eu un nombre d’enfants raisonnable, des enfants qu’elles ont pu maintenir en bonne santé, non seulement prennent mieux soin de leurs filles mais prennent mieux soin de leurs garçons et apportent une meilleure contribution à la société dans son ensemble. C’est une question de développement. La politique de cette institution, je le pense, était très claire avant que je n’arrive ici, et elle restera très claire.

© 2007 Le Groupe Banque mondiale, tous droits réservés.
 

21/03/2007

Référendum

     Et c'est parti pour le pile ou face du référendum. Devant une opposition réduite à sa simple expression, le rouleau compresseur du oui est en marche. Le président Ravalomanana lui-même a parié sur 80% de oui. Sans s'avancer sur le taux de participation. Ci-dessus, un commentaire de "Tribune". 

Les fonctionnaires d’autorité vont faire voter le « Oui » Marc Ravalomanana.jpg

    Un début de propagande, hier au Magro, qui n’augure rien de bon pour notre pays.
    Si dans l’enceinte de ce lieu choisi par le TIM pour inaugurer sa campagne de propagande, les orateurs ont eu droit à des salves d’applaudissements, les réactions en dehors, dans la ville ont été tout autres.
    Ainsi, selon nombre d’observateurs qui ont pu suivre cette manifestation transmise en direct sur la chaîne MBS, on a eu droit à un spectacle navrant et désolant pour la démocratie, pour l’Etat de droit ainsi que pour l’image de Madagascar aux yeux du monde entier car c’est le président lui-même qui a recommandé publiquement de violer la loi.
    Ordre ou recommandation ? En effet, au cours de son discours, le président de la République a recommandé (ou enjoint ou ordonné, c’est selon !) aux fonctionnaires d’autorité de faire campagne pour le « Oui ». Par fonctionnaires d’autorité, entendons les chefs de régions, les chefs de districts et autres agents de l’Etat qui, selon les textes en vigueur, n’ont pas le droit de faire campagne « pour une option, pour un candidat ou pour une liste ». À ce titre, ces fonctionnaires risquent la correctionnelle et l’emprisonnement, quand bien même, ce serait la plus haute autorité de l’Etat qui leur aurait ordonné de le faire, au contraire des hautes personnalités, à l’instar des chefs d’institutions ou des membres de gouvernement d’où émanent les directives (ou les ordres) qui ne sont justiciables que devant la Haute Cour de Justice qui n’existe pas encore.    D’ailleurs, excès de zèle ou ignorance des textes, le PDS de la ville d’Antananarivo n’a même pas attendu cette recommandation pour s’atteler à faire voter le « Oui », au cours de son allocution qui a précédé celle du Président.

   Quid des 20 minutes d’antenne ?

    Par ailleurs, d’autres violation des lois régissant les élections ont été remarquées et remarquables, comme l’utilisation de biens publics faite par les hautes personnalités qui sont venues assister à cette cérémonie au Magro qui sont venues, pour la plupart, avec leurs véhicules de fonction, pour un meeting de propagande ou la diffusion dans son intégralité du discours du président de la république sur la RNM avant son journal de 19 heures, un discours de propagande suivi plus tard par l’intervention du ministre Marcel Ranjeva qui fut interrogé par notre confrère Tsitohaina Ramarolahy et dont l’occupation d’antenne nationale aurait en tout dépassé largement les mesures prises par le CNE n’autorisant chaque entité qu’à 20 minutes d’antenne par jour.
    En marge de ces trangressions qui risquent de faire douter de la sincérité du déroulement de ce référendum, certains faits ont également interpellé les observateurs, entre autres, l’engagement direct du chef de l’Etat dans cette campagne au contraire de son prédécesseur qui a su rester au-dessus de la mêlée en ne se prononçant ni pour un côté, ni pour l’autre, lors de la consultation constitutionnelle en 98. Un engagement qui n’est pas condamnable juridiquement, mais qui sort quelque peu de l’éthique de sa fonction ainsi que de l’esprit constitutionnel.
    Bref, des faits inquiétants à plus d’un titre pour nos hauts dirigeants qui sont loin de donner le bon exemple qu’on attend d’eux.
 
21/03/07 - Randria N.
:: Copyright © 2003 Madagascar Tribune - Tous droits réservés ::

La photo en médaillon est d'un PAO anonyme qui estime qu'en votant "non", ceci équivaut quand même à dire "oui".  

15/03/2007

L’enseignement supérieur en danger

medium_coq.jpgDe temps et temps, les autres journaux sortent des papiers que je trouve intéressant. Ce coup de gueule paru dans "Tribune de Madagascar", par exemple. Il nous aide un peu à connaître la route que nous suivons...  

Tollé général au sein de la communauté universitaire malgache. Désormais, la sortie du territoire des enseignants-chercheurs, même pour des motifs de formation, serait conditionnée par le MAP.    « Où va l’enseignement supérieur ? » s’indigne un professeur à Ankatso qui a voulu requérir l’anonymat. En effet, d’après une note concoctée par le Ministère de l’Education nationale et envoyée aux responsables des Facultés et départements, leur libre circulation en dehors de Madagascar ne serait plus garantie. Et même pour les enseignants qui doivent suivre des cours de perfectionnement ou des stages à l’étranger, ils devraient justifier l’utilité de leur déplacement. Mais là où le bât blesse, ce que désormais cette notion d’« utilité » serait subordonnée à ce qui est écrit dans le MAP. « Rien n’est donc nécessaire ni autorisé en dehors de ce qui est mentionné dans le MAP ? » fait remarquer un enseignant.    Changement de procédure    Depuis la création des universités, la sortie à l’étranger des enseignants a été toujours régi par des textes officiels. Leur ordre de mission est généralement signé par le Premier Ministre après avis favorables des autorités compétentes subalternes (Présidence des universités, Ministère de l’Education notamment).
    Cette règle change car tout ordre de mission devrait avoir d’abord l’accord préalable de la Présidence avant que la Primature donne son feu vert. Les critères qui permettraient ainsi à un enseignant de poursuivre des colloques ou des stages seraient donc subordonnés aux programmes inscrits dans le MAP.
    Aucun enseignant ne serait donc plus autorisé à quitter Madagascar si les formations qu’il suivra ne concourent pas à la réalisation de ce programme présidentiel. Autrement dit, ce seraient les responsables, soit du Ministère, soit de la Présidence, qui vont apprécier quelles sont les formations que les enseignants peuvent suivre à l’étranger. Si, par malheur, celles-ci ne sont pas prévues par un ou plusieurs points prioritaires inscrits dans le MAP, les ordres de mission, nécessaires pour avoir un visa au niveau des ambassades, seraient refusés !

    La pensée unique

    De telles dispositions indignent le monde universitaire. Car elles sont la négation même de la franchise universitaire et notamment de la liberté de penser. « Aucun enseignant ne serait-il plus donc libre de réfléchir sur un thème qu’il pense important que si celui-ci est inscrit dans le MAP » se demande un autre enseignant ?
    En effet, si nos sources sont bonnes, c’est le principe même de l’enseignement supérieur qui est remis en cause. D’ailleurs, déjà, des professeurs se demandent bien si les enseignements à l’université seront modelés suivant le MAP. Et si tel est le cas, la plupart des modules enseignées seront donc vouées à disparaître.
    Pour un autre enseignant, une telle procédure est pire que pendant le temps de « Boky Mena » de l’ancien régime socialiste de Ratsiraka : « L’Etat veut un homme nouveau, un homme mapeisé », a-t-il affirmé non sans ironie. C’est la pensée unique que le régime actuel veut instaurer et il est en train de se doter des moyens pour y parvenir. La liberté de l’enseignement n’est plus garantie. Bref, c’est nos libertés fondamentales qui risqueraient de disparaître à terme », a-t-il continué. Attention, la démocratie est en danger !

15/03/07 - Alexandre L.
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La photo en médaillon est de Renaud Rianasoa Raharijaona, prise lors d'une grève... à l'université, en 2004. Elle est visible sur son blog http://justrenaud.hautetfort.com   

04/03/2007

Une malgache chante l’hymne de campagne de Jean-Marie Le Pen

medium_LE_PEN.jpgAccusé généralement de racisme et de xénophobie, le Front national de Jean-Marie Le Pen décide de redorer son blason et lance une opération séduction à l’endroit de l’électorat français issus de l’immigration. Son dernier coup d’éclat est de faire chanter l’hymne de la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen par une immigrée, en l’occurrence Isabella, née à Madagascar d’un père malgache. « Avec Jean-Marie » est disponible, mais non-téléchargeable (heureusement), dans le foutoir « YouTube » sur le net. 
Isabella Imperatori habite Cavaillon. Habituée des cafés-concerts, elle voit sa petite carrière artistique prendre un tournant lorsque, en 1997, Bernard Antony, président de Chrétienté solidarité et du Mouvement du pays Libre, par ailleurs directeur de la revue « Reconquête », la fait se produire à l’université du Front national. Depuis, Isabella est devenue pendant la chanteuse phare du Front national. Lors des meetings, elle « chauffe » la salle avant que n’apparaisse le gourou du parti.
« Le pays se dégrade. C’est l’insécurité, c’est l’immigration (…) Moi, j’ai choisi Le Pen. C’est ma conviction. Avec Jean-Marie … Je redeviens moi-même ». Ces phrases sont reprises en chœur par l’assistance à chaque meeting. Le tout sur un rythme tropical, le zouk, lequel était popularisé par un public qui est loin d’être des Français de souche. Mais après tout, Nicolas Sarkozy lui aussi a bien choisi du rap, la musique des racailles qu’il projetait de nettoyer au kärcher, pour son hymne de la campagne.
Isabella, surnommée « la Spice girl du Front national », est particulièrement fière de sa mission. Dans un fourreau de paillettes, elle parcourt la scène et exhorte la foule à chasser, en vrac, l'étranger, le gouvernement et l'Europe d'Amsterdam. Un melting-pot de tous les chevaux de bataille du Front national.
Apparemment, l’opération séduction n’est pas sans résultat car le Front national comprend actuellement plus de sympathisants, quelques milliers selon des sources officieuses, le parti refusant de communiquer les chiffres, par rapport à il y a cinq ans.
D’un autre côté pourtant, la politique de Jean-Marie Le Pen envers les étrangers reste la même. Accusant l’immigration d’être à l’origine des maux de l’Hexagone, les textes d’Isabella le confirme, Jean-Marie Le Pen veut « inverser les flux migratoires » par, entre autres, la suppression du regroupement familial, des aides et allocations sociales pour les étrangers et la mise en place d’une « politique de retour ». Dans le quotidien français « Les Echos », Jean-Marie Le Pen estime que l’application de ces mesures permettra « de réaliser plus de 20 milliards d’euros d’économies. Au bout de cinq ans, la France compterait entre 1 et 1,5 million d’étrangers en moins sur son territoire ».
Alors, que font les individus « de couleur », pour reprendre l’expression favorite des incolores amis de Jean-Marie Le Pen,au sein du Front national ? Comment peut-on être noir et/ou musulman et voter pour des hommes convaincus que la nation française est, par essence, « de race blanche et de religion chrétienne » ? Inconscience ou masochisme ?
« Je ne suis pas un alibi », se défend Isabella. Paul Tili, né à La Réunion d’un père malgache, également membre du Front national, connaît la chanson et déplore la nouvelle vague d’immigration,  « des Indiens, des Tamouls, des Malgaches et des Comoriens », autrement dit « des paresseux attirés par le Revenu minimum d’insertion (RMI) ». Y a bon l’intégration !  

Randy Donny 

Publié dans "Les Nouvelles" du vendredi 2 mars 2007, p. 2 http://www.les-nouvelles.com

En médaillon, une affiche du Front National mettant en avant une fille de couleur.

28/02/2007

Marc Ravalomanana…

Pour la première fois, je publie un article que n’est pas le mien. C’est ci-dessus, une réplique de « Tribune de Madagascar » à la Une de « Le Quotidien », lequel appartient à qui vous savez, qui a qualifié le Conseil des ministres décentralisé à Diego d’une grande première historique. Cherchez l’erreur…

… sur les traces de Didier Ratsiraka
Marc Ravalomanana.jpg
      Tenir un conseil des ministres dit décentralisé, c’est à dire en province, le  Marc Ravalomanana ne fait que rafraîchir la mémoire sur l’une des pratiques de l’amiral Didier Ratsiraka durant son dernier mandat.
    Bien que des innovations aient été introduites par le président Marc Ravalomanana dans la façon de gouverner le pays, force est de constater que ce dernier reconduit certaines pratiques de l’ancien président l’amiral Didier Ratsiraka. L’amiral avait eu son « Livre Rouge » et voilà Marc Ravalomanana qui est en train de lancer son « Madagascar Action Plan » ou MAP.
    L’amiral Didier Ratsiraka a organisé en 1998 un référendum relatif à la Constitution. L’opération lui a permis selon les « opposants d’alors de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible ». « Aujourd’hui, selon les opposants au régime, "voilà le président Marc Ravalomanana qui veut aussi une Constitution taillée à sa mesure au travers du "Madagascar Action Plan" et du développement rapide. Le chef de l’Etat prévoit un référendum constitutionnel le 4 avril prochain. Et ce malgré la misère dans laquelle vit actuellement la majorité des Malgaches suite aux intempéries de ces derniers temps. Sans parler bien sûr de la précipitation qui ne permettra certainement pas aux citoyens de s’imprégner des modifications et des amendements qui font l’objet de ce référendum du 4 avril ».
    Pas plus tard qu’hier, le président de la République a présidé un Conseil des ministres décentralisé à Antsiranana. Une pratique qui a surtout marqué la gouvernance de l’amiral Didier Ratsiraka durant son dernier mandat.
    20 ans au pouvoir
    En tout cas, quelles que soient les pratiques politiques ou les styles de gouvernance pour lesquels opte un président de la République, seuls les résultats comptent.
    Si la mise en œuvre du fameux « Livre Rouge » de l’amiral Didier Ratsiraka et son socialisme avaient eu du succès, il n’aurait pas été renversé du pouvoir en 1991. Les Malgaches avaient changé parce qu’ils aspiraient à une meilleure condition de vie et à une démocratie digne d’une République comme Madagascar.
    Ayant repris le pouvoir en 1996, l’amiral a été de nouveau chassé par le mouvement populaire post-électoral de 2002, un mouvement qui a propulsé Marc Ravalomanana à la tête du pays.
    Actuellement, ce dernier débute son second mandat. Durant son premier mandat, son régime, en priorisant les infrastructures routières, a construit le fondement d’une «belle maison» qu’il rêve de construire. Avec le MAP qui priorise le social et qui sera là pour une période de cinq ans, le président Marc Ravalomanana entend dresser les murs de cette construction.
    Mais, la construction d’une maison ne s’arrête pas là. Pour qu’une maison soit habitable, il faut le toit. Mais, il y a encore la dernière étape qui prend encore du temps: la finition.
    Si le président Marc Ravalomanana veut faire de Madagascar une belle maison où les Malgaches pourront vivre aisément, il lui faudra encore après le mandat en cours deux nouveaux mandats de cinq ans. Ce qui lui permettra de passer 20 ans au pouvoir comme l’amiral Didier Ratsiraka.
    Certes que Paris ou Rome n’ont pas été contruites en un jour et il en est de même de la Ville des Mille. Mais le défi est lancé pour Madagascar.
 

(Eugène Rajaofera dans « Tribune » du 28/02/07)

En médaillon, encore une oeuvre qui n'est pas de moi : un fake conçu par un PAOiste anonyme, apparemment tombé dans un ennui rapide et durable.