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31/07/2008

Quelques vérités sur le développement de Madagascar

Vive les vacances ! Aujourd’hui 31 juillet marque la fin de l’année académique 2007-2008 pour l’ESSVA, l’université catholique d’ESSVA.jpgAntsirabe où j’enseigne le journalisme et l’histoire. Cette fin d’année marque également ma première année au sein de l’établissement en tant que Responsable de la filière Communication. En acceptant le poste, j’avais une petite liste de projets à réaliser. Je ne suis pas peu fier de mon bilan avec, entre autres, la publication du premier journal de l’école, « Excelsior », et un voyage d’études à Nosy-Be pendant le festival Donia. Depuis mon arrivée, une dizaine de journalistes sont passés à l’Essva pour des rencontres professionnelles avec les étudiants…

Sur mon initiative également, le « think tank » Club Développement et Éthique (CDE) a donné une conférence sur le thème de la Décentralisation, le 13 juin 2008. Le député Bernard Ravelonjato et l’adjoint au maire de Tana, Serge Radert, ont fait chacun une brillante intervention. Mais il y avait également Serge Zafimahova, ancien conseiller à la Présidence, dont je publie ici un large extrait de la communication : «les régions malgaches face aux enjeux de la mondialisation et de l’intégration régionale : de la réflexion intellectuelle à la mise en œuvre ». C’est un document de réflexion qui mérite que l’on s’attarde, au-delà des divergences d’opinion. Moi-même, je ne suis pas du même courant politique que les intervenants. Pour ceux qui veulent avoir la version intégrale, il suffit de me faire signe. 

(…) Sans jamais avoir été en guerre, l’économie malgache a les caractéristiques d’un État en conflit permanent. Cette situation s’explique par les crises de pouvoir frappant le pays de manière cyclique. Les alternances procèdent pour l’essentiel d’actes extraconstitutionnels (1972, 1975, 1991, 1996, 2002). Elles se font généralement sous la pression de circonstances exceptionnelles à son essence et donnent lieu à des improvisations, à des tâtonnements et à tout recommencer une fois la nouvelle équipe aux affaires. La continuité de l’État est remise en cause à chaque changement de régime.

Parallèlement les déséquilibres régionaux se renforcent. La décentralisation prônée par les gouvernements successifs n’a pas encore réussi à corriger les inégalités, faute de réelle volonté politique du pouvoir central. Par exemple en 2007 ou en 2008, le total du budget alloué aux collectivités territoriales décentralisées (CTD) ne représente même pas 7% du budget national, sans compter le flou artistique concernant les textes régissant les régions.

Les effets de l’effacement de la dette sont loin de se faire ressentir au niveau du panier de la ménagère. En effet, si en décembre 2002 l’équivalent du SMIG permettait d’avoir 2 sacs de riz de 50 kg soit 100 kg (déjà très bas), en décembre 2007 le SMIG ne permettait plus que d’avoir moins de 35 kg de riz.

Du fait de l’adhésion de Madagascar à l’iPPTE, l’État est sous la tutelle des institutions financières de Bretton Woods et, ne possède aucune marge de manœuvre de négociations financières pour accéder à de nouveaux prêts, sans l’aval de ces dernières. L’État est considéré insolvable, aussi, la réputation de la signature de l’État malgache, sur la place financière internationale, est quasi nulle pour des résultats à évaluer très sérieusement en toute indépendance. De ce fait sauf à anticiper le remboursement de la dette extérieure, il est quasi impossible pour l’État de lever des fonds sur le marché financier international à l’exemple des Fonds souverains de pays comme la Chine, Singapour, le Koweït, Abu Dhabi, Qatar,... encore moins auprès des institutions financières internationales comme Merryl Lynch, JP Morgan ou BNP Paribas.

A l’aune de ce qui est dit plus haut, l’échec de la « table ronde » sur le MAP (Madagascar Action Plan) les 09 et 10 Juin 2008 était prévisible. L’Exécutif malgache a essayé de négocier un financement supplémentaire de 5 milliards $Us mais les nouveaux engagements fermes des bailleurs de fonds sont largement en dessous de 150 millions $Us soit moins de 0,5% du montant souhaité à l’issue de la réunion de juin.

BUDGET PREVISIONNEL - MADAGASCAR ACTION PLAN (MAP)

Engagement

(millions de $Us)

Coût

Acquis

A rechercher

Gouvernance responsable

806,5

218,94 (27%)

587,56

Infrastructure reliée

3276,64

2027,10 (62%)

1249,54

Transformation de l’éducation

1340,10

769,21 (57%)

570,90

Développement rural

1578,17

626,5 (40%)

960,68

Santé, planning familial et lutte contre le VIH/Sida

982,62

531,57 (54%)

451,06

Economie à forte croissance

653,36

39,30 (06%)

614,06

Environnement

347,74

22,51 (06%)

305,23

Solidarité nationale

208,72

15,77 (08%)

192,95

TOTAL GENERAL

9182,84

4250,89 (46%)

4931,96 (54%)

Sources : « Enjeux stratégiques du développement de Madagascar » par le Ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie – Table ronde des partenaires du développement de Madagascar 09/10 Juin 2008 (Cf. Express de Madagascar du 11 Juin 2008 p. 5)

Sur les 4250,89 millions $Us acquis, les 3717,70 millions $Us proviennent des Bailleurs de fonds et les 533,19 millions $Us se trouvent être la contrepartie malgache.

 

Serge Zafimahova, Président du CDE.

Décentralisation.jpg

De g. à d., Bernard Ravelonjato, Serge Radert et, à l'ext. d., Serge Zafimahova, lors de la conférence du 13 juin 2008 à l'Essva. 

31/03/2008

Ces malades qui nous gouvernent

Mugabe.jpg« Je ne quitterai le pouvoir que lorsque j’aurai cent ans », « je suis diplômé en violence »… Malgré la bizarrerie de ses déclarations, il se vante également d’être un « Hitler noir », le président zimbabwéen Robert Mugabe continue de bénéficier d’appuis de la part de plusieurs dirigeants africains. Pas moi. Un peu parce que je ne suis pas un dirigeant, simplement Africain, beaucoup parce que je déteste ces présidents incompétents dont les réalisations sont inversement proportionnelles aux promesses. Avec un taux d’inflation de +1600% en janvier 2007, 1730% trois mois plus tard, 165.000 % en février 2008 selon l'AFP, Robert Mugabe est un des recordmen du monde d’échecs économiques. Nul doute que Bob Marley, s’il était encore vivant, aurait changé les paroles de sa chanson. Et dire que ce mec là veut toujours s’accrocher au pouvoir malgré une date de péremption largement dépassée : 84 ans dont 27 au pouvoir. Avec Bokassa et Idi Amin Dada, Robert Mugabe fait partie du tableau des dictateurs nègres, démagogues et cyniques, qui prennent leurs citoyens pour des cons.    

« Le président zimbabwéen Robert Mugabe a affirmé le 15 septembre 2005 que les Zimbabwéens ne mouraient pas de faim, mais qu'ils refusaient de changer leur régime alimentaire pour manger des patates ou du riz. Robert Mugabe a affirmé à l'Associated Press que son peuple était « très, très heureux ». Le véritable problème résidait dans la dépendance au maïs, selon lui, « mais cela ne veut pas dire que nous n'avons rien d'autre à manger : nous avons des tonnes de patates mais les gens ne sont pas des mangeurs de patates… Ils ont du riz mais cela ne les attire pas », déplorait Robert Mugabe ».

L’Afrique est remplie de ces présidents qui prennent les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages et qui refusent d’admettre qu’ils ont complètement échoué dans leurs missions de développer le pays. Ah si, il y en avait quand même un : le président zambien Levy Mwanawasa. En 2006, il a reconnu publiquement avoir échoué à vaincre la pauvreté en Zambie. "It has not been possible to reduce poverty and I feel sad about it," a-t-il notamment déclaré (http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/4163475.stm). Malgré cela, il souhaite rester encore un bout de temps au pouvoir. Un mea culpa qui lui a valu un nouveau mandat. Pas fou Mwanwasa. Lui que ses détracteurs considèrent justement comme un taré.

« Qu’on se le dise et qu’on l’écrive ! Le président de Zambie, Levy Mwanawasa n’est pas malade. La preuve, il a demandé à la police d’arrêter tous ceux qui affirment qu’il est malade, en particulier d’avoir des troubles du cerveau. Cette annonce a été faite sur les ondes de la radio d’Etat à Lusaka.
Un hebdomadaire zambien a ressorti une vieille rumeur affirmant que le chef de l’Etat était atteint de troubles du cerveau qui pourraient nuire à ses performances en tant que chef de l’Etat.
Pendant la campagne électorale de la présidentielle de décembre 2001 cet argument avait été utilisé par ses adversaires dont certains n’hésitaient pas à le qualifier de “légume”.
Levy Mwanawasa a été victime en 1993 d’un très grave accident de la route. Depuis, il a des difficultés à s’exprimer et nombreux sont ceux qui considèrent que ses capacités intellectuelles sont diminuées et qu’il n’est pas apte à assumer les plus hautes fonctions de l’Etat.
Quatre journalistes zambiens de l’hebdomadaire « The People » ont été arrêtés et inculpés pour diffamation envers le chef de l’Etat pour un article prétendant qu’il souffrait de la maladie de Parkinson.
Mais tenace, le quotidien indépendant « The Post » a publié sur une pleine page une pétition de personnes présentées comme des “citoyens préoccupés”, affirmant que M. Mwanawasa n’était pas sain d’esprit et appelant son gouvernement à le relever de ses fonctions.
La loi zambienne rend le délit de diffamation envers le président passible de trois ans de prison.
Faute de pouvoir faire taire la presse, début juin, des jeunes du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD, parti au pouvoir) ont confisqué des exemplaires de journaux privés avant de battre des vendeurs, dont certains, sévèrement battus, ont été hospitalisés ».

http://www.afrique-express.com/archive/AUSTRALE/zambie/zambiebio/251levymwanawasa.htm

Le 14 janvier 2008, jour de la Saint-Valentin , Madagascar a déclaré sa flamme à Mwanawasa, par ailleurs président de la SADC , la communauté économique de l’Afrique australe, en lui déroulant le tapis rouge à l’occasion d’une visite officielle. Il est vrai que pour pouvoir entrer à Madagascar, on n’exige pas un certificat de bonne santé mentale.  

1825774591.jpg

Instantané pris par la Présidence de la République malgache : Levy Mwanawasa buvant son verre sans attendre le toast du président malgache. Mais n'allez surtout pas en conclure que c'est une preuve de sa faiblesse d'esprit.

Le dessin en haut est paru dans le journal NZZ am Sonntag

28/02/2008

Historique des relations diplomatiques avec les Etats-Unis

Le président américain George W. Bush s'est rendu en Afrique du 15 au 21 février 2008. Pour l'occasion, l'ambassade des Etats-Unis s'est fendu d'un communiqué de presse pour confirmer l'importance des relations entre les Etats-Unis et l'Afrique. Une relation diplomatique vieille de 146 ans d'histoire. Selon le communiqué, "c'est en 1862 que les Etats-Unis ont établi des relations diplomatiques avec un pays africain, le Libéria".324367928.jpg

Dans les coulisses de l'histoire, il s'avère que Madagascar fait partie des premiers pays africains qui ont établi des relations diplomatiques avec les Etats-Unis. C'était en... 1862 justement. L'ouvrage le plus complet concernant les relations entre les Etats-Unis et Madagascar est le mémoire de fin d'études que j'ai écrit en 1994 : "Contribution à l'étude des relations malgacho-américaines au XIXè siècle (1862-1895)". Il n'est pas encore disponible sur le commerce (malgré la mention de "large diffusion"), mais est consultable normalement auprès des archives de l'Ecole normale supérieure de Tananarive. Lecture dirigée.    

Le consul des Etats-Unis à Maurice, Thomas Shauckland, décida, le 20 septembre 1862, de nommer Jules Xaver, agent consulaire américain à Madagascar, selon la teneur de la lettre qui suit :

« A Jules Xaver,

Monsieur,

Accordant pleine confiance à votre intégrité et habileté et pour assurer au commerce américain et aux marins la protection que la politique illuminée du présent roi de Madagascar rend plus que nécessaire en cela qu’il y aura un accroissement des relations commerciales avec cette importante île, par les actifs et entreprenants marchands des Etats-Unis, je vous désigne parla présente constitue et vous nomme, Agent consulaire des Etats-Unis d’Amérique pour Madagascar, sous réserve toutefois de l’approbation du Président des Etats-Unis et du Roi de Madagascar auquel dès votre arrivée à Madagascar, vous devez transmettre la copie de ceci pour son information et appréciation avec le profond respect du Gouvernement des Etats-Unis pour sa Majesté.

Votre très obéissant…

Thomas Shauckland »

Ce document est disponible sur microfilm aux Archives nationales malgaches, sous référence XIV Mi 1. Quelques jours plus tôt, Shauckland avait exprimé au Secrétaire d’Etat américain Seward la possibilité pour des Américains d’acquérir des concessions « pour l’industrie » à Madagascar, comme l’ont fait les Français et les Britanniques.

Les consuls de l’époque avaient plus d’indépendance d’actions que ceux d’aujourd’hui. Ainsi,  « Benjamin Bidlack avait négocié le traité nommé d’après lui avec la Nouvelle Grenade en 1846, James Gadsden, de son propre chef, avait arrangé la Transaction Gadsden avec le Mexique en 1853 et une pléiade de ministres en Turquie avait essayé, souvent en vain de décrocher des privilègeset des faveurs pour les Américains dans ce pays » (Findling (J. E.), « Dictionary of american diplomatic history », Greenwood Press, p. XVI).

De plus, la nomination d’un agent consulaire relève de la compétence d’un consul. Précision tirée d’un traité appartenant jadis à Rainilaiarivony et auquel nous devons toutes nos connaissances sur les usages diplomatiques qui avaient cours au XIXè siècle : De Martens (C.), « Ny diplaomatika milaza ny mety atao sy ny anjara raharahan’ny mpanao diplaomatika sy ny konsily », Antananarivo, 1885, Boky I, P. 201. Traduction de A. Tacchi.

Le roi Radama II, informé de la décision, ordonna au gouverneur de Tamatave de recevoir Xaver selon le protocole correspondant à un personnage officiel :

« Et concernant Jules Xaver, c’est lui que les Etats-Unis ont nommé leur consul à Madagascar, ainsi recevez-le bien en toute dignité selon ce qui sied à un Consul car Jules Xaver est le Consul de l’Amérique. Lors de son premier lever de drapeau, donnez des coups de canon correspondant à ce qui doit être donné pour cette occasion » (Lettre de Radama II à Andriamandroso, 14 adimizana 1862, conservée aux Archives nationales malgaches, sous références BB 49, 264è lettre).      

Par contre, le Département d’Etat américain, apparemment accaparé par la Guerre de Sécession, semble n’avoir donné suite à l’affaire. Ceci explique le fait que les annales diplomatiques américaines demeurent ignorantes de cet épisode.  

 

20/12/2007

Madagascar veut adhérer au Commonwealth

102a5bea0356a1f5aa0b4988ed5ea548.jpgLors de mon séjour à Paris, en juin 2007, j'ai fait la connaissance d'un ami de Fafah (Mahaleo). Je suis désolé pour lui, mais j'ai oublié son nom. C'est impardonnable de ma part parce qu'il ll m'a fait visiter sa maison et voiturer jusqu'à chez moi. C'est un informaticien sympa et surtout un sympathisant altermondialiste et fervent tiermondiste. Il m'a indiqué un site web sur lequel je pourrais trouver des informations sur le projet du gouvernement malgache d'adhèrer au Commonwealth. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé, mais je ne suis jamais allé voir le site. Dommage. Cela aurait pu être un scoop de moi. J'étais donc agréablement surpris en lisant "La Gazette de la Grance Ile" qui a dévoilé l'info. J'en publie ici de larges extraits avec l'aimable autorisation de l'auteur. 

Madagascar au Commonwealth ? Moi-même, j'ai écrit un article, dans une vie antérieure, que Madagascar était anglophone avant la colonisation française. Ce, en raison de la forte présence des missionnaires britanniques vers la fin du XIXè siècle. Les biblothèques des intellectuels malgaches étaient remplis d'ouvrages en anglais et un journal en anglais est édité à Tana ("Madagascar News") où l'on peut lire les résultats du dernier tournoi de criquet dans la capitale. Lors de l'exposition universelle de Paris en 1900, les membres de la délégation malgache savaient mieux parler l'anglais que le français.

Mais voilà, le partage du gâteau mondial par les puissances coloniales continue, même s'il n'en reste plus que des miettes. N'oublions pas que, malgré la pression de ses missionnaires qui veulent rester à Mada pour continuer à garder leurs "moutons", le fier Albion n'avait pas de scrupule à laisser Madagascar aux mains des Français, en 1895, en échange de Zanzibar. Les Etats-Unis étaint le premier partenaire commercial de Madagascar tout au long du XIXè siècle, en import aussi bien qu'en export - c'est le thème de mon mémoire de fin d'études à l'Ecole normale supérieure. Mais l'oncle Sam n'était pas encore le gendarme du monde comme il le prétend actuellement. Alors, malgré l'envoi d'une ambassade, qui a joué les touristes aux chutes de Niagara, Washington n'a pas bronché lorsque les Français ont pris d'assaut le Rova.   

Mon ami parisien m'a également donné un article sur le premier visiteur africain de Sarkozy, à peine élu à l'Elysée : le "blanc comme nègre" Omar Bongo. J'ai voulu le publier sur mon blog. Mais là encore, je ne sais ce qui m'est encore arrivé, mais je ne l'ai pas fait. C'est, en effet, la preuve sur la continuation de la Françafrique, malgré les beaux discours. Alors, Madagascar au Commonwealth ? Quand j'étais à Sofia, en 2000, il y a rarement de gens, mais alors très rares, qui parlent le français, la majorité de la population parle l'anglais en deuxième langue. Et pourtant la Bulgarie fait partie de la Francophonie et, à ma connaissance, n'a pas demandé à en sortir. Allez, pour ne pas rater d'autres scoops, des sources généralement bien informées m'indiquent que le régime de Ravalomanana est aux abois. Les dernières municipales, avec ses multiples pressions et autres intimidations, étaient illustratifs de cet atmosphère de fin de règne. Les bailleurs de fonds commencent à émerger des brumes de 2002. Particulièrement le FMI, dirigé justement par un Français (DSK). Les couloirs de l'Elysée bruissent des remarques que Sarkozy aurait fait concernant la tête de Marc. La Francophonie fait de la résistance.  

Madagascar veut adhérer au Commonwealth. Notre candidature a été rendue publique à Kampala, lors du sommet des chefs de gouvernement des pays membres quand le président du sommet a annoncé le programme de la réunion avec, entre autres, l’adhésion de certains pays dont Madagascar.

Cette candidature est d’autant plus surprenante que le Commonwealth regroupe les anciennes colonies britanniques, la seule exception étant la Mozambique. Ce qui n’est pas le cas de Madagascar, dont le sort est suspendu jusqu’au prochain sommet, prévu en 2009, à Trinidad et Tobago. Le temps, sans doute, au secrétariat de l’organisation d’étudier les critères d’adhésion. La presse africaine évoque notamment le principe d’acceptation de la Reine d’Angleterre comme le chef du Commonwealth, l’usage de la langue anglaise et l’existence de liens historiques avec le Royaume-Uni. Or Rwanda, qui est également candidat, comme Madagascar et l’Algérie, sont tous des anciennes colonies françaises, les autres postulants que sont Israël et la Palestine ayant eu leur propre histoire.

La candidature rwandaise est soutenue officiellement par l’Ouganda qui a d’ailleurs invité le président Paul Kagamé à ce sommet. Le Rwanda, selon les articles de presse relatifs à la réunion, a décidé d’instituer la langue anglaise comme langue officielle après la génocide de 1994, ses ressortissants s’étant familiarisés avec la langue de Shakespeare en se réfugiant des années durant dans les pays limitrophes pour la plupart des anglophones.

On ne sait qui soutient notre candidature et surtout qui en a pris l’initiative et pour que les raisons. On serait tenté de lier cette candidature à la fermeture de l’ambassade britannique en 2005. Cette fermeture a été un véritable camouflet pour la diplomatie malgache qui s’enorgueillissait d’être le chouchou des Occidentaux en général et des Anglo-saxons en particuliers. Décidée pour des raisons économiques, la fermeture de l’ambassade par Tony Blair démentait tout et faisait fi même des relations historiques qui existent entre les deux pays depuis la Royauté Merina. Le dernier ambassadeur britannique en poste, Brian Donaldson, n’a pas vraiment quitté le pays. Il s’est mis au service du président Ravalomanana en prenant la direction du FAP (Fonds d’appui du président). Est-ce lui qui a conseillé Ravalomanana d’intégrer le Commonwealth ?

(…)

La recherche d’investisseurs étrangers et de marché extérieurs, <milite en faveur> de la candidature de la Grande Ile au sein du club des pays anglophones. Le reproche qu’on peut faire, est la façon avec laquelle les autorités malgaches ont pris pour effectuer une telle démarche. Pourquoi tant de secret ? Pourquoi n’avoir fait aucune annonce ne serait-ce que pour saupoudrer un tant soit peu la façade de la gouvernance, l’ouverture d’un vrai débat national étant utopique ?

(…) Enfin, certains avanceraient la thèse selon laquelle il s’agit d’un nouveau pied de nez à la Francophonie en général et à la France en particulier. Ce genre de commentaire vont continuer tant que les autorités malgaches ne s’expriment pas. Mais c’est peut-être trop tard. Comme d’habitude.

Par Sa in «  La Gazette de la Grande Ile  » du Lundi 26 novembre 2007, pp. 3         

 

22/06/2007

Les hauts et les bas de l'ariary à travers l'histoire

6fb9e4ad35cbd94b0a0a2287ccc18ffd.jpgLa banquière : "quel est le montant de votre chèque ?". La cliente, vraisemblablement une ouvrière des zones franches : "400.000". La banquière : "Vous avez bien lu, au moins, votre chèque ?". La cliente : "Oui, c'est 400.000". La banquière, excédé : "Regardez, c'est 400.000 ?". Sur le chèque, il est écrit 80.000. En fait, c'est kif-kif. 400.000 Fmg équivaut à 80.000 ariary. Sauf que, deux ans après l'adoption officielle de l'ariary, la cliente est toujours incapable de compter autrement qu'en Fmg. La scène, authentique, s'est passé dans une banque d'Ankorondrano. J'y ai assisté, tout en grommelant quelques noms d'oiseaux à l'endroit de la banquière car non seulement, moi aussi, je suis incapable de compter en ariary, mais aussi parce qu'elle doit respect aux clients que je sache. Oui, je continue à dire que le basculement vers l'ariary est une des décisions les plus stupides que l'on ait pris ces derniers temps car non fondée sur une véritable nécessité économique. C'est ce qui m'a déjà amené à écrire ce dossier en 2005. Le texte circule beaucoup sur le net. Autant que je le reproduise ici aussi.

Nos ancêtres les Vazimba pratiquaient le troc comme unique système d'échanges. L'introduction de la monnaie est généralement située vers le Xè siècle. Elle était le fait des Arabes qui commerçaient sur les côtes nord-est et nord-ouest et qui apportaient avec eux des dinars d'or fatimites. Certains de ces dinars ont été retrouvés dans des sépultures, tel à Vohémar. D'usage encore inconnu, ils étaient généralement utilisés au début comme parures, entre deux bijoux en verroteries et perles.
Plus tard, à partir du XVIè siècle, les Européens qui allaient vers l'Inde faisaient escale à Madagascar avec leurs marchandises et leurs monnaies nationales. C'est ainsi que les Portugais introduisirent le piastre, devenu "parata", et les Espagnols le real, devenu "ariary". A moins que ce dernier ne soit connu des Malgaches bien avant, par l'intermédiaire toujours des Arabes. "Le real est une expression espagnole reprise par les Arabes qui y ont ajouté l'article défini Al ou Ar. C'est donc devenu Al ou Ar real", selon une communication personnelle de l'historien Aimé Rambelo Razafindrakoto (Vonin'Oliva), auteur d'un ouvrage sur l'histoire de Madagascar et des Merina (2003). Selon lui, l'ariary "gasy" était originellement constitué de 4f 80 tandis que l'ariary "vazaha", de conception récente, est de 5 francs. Quoi qu'il en soit, la monnaie introduite majoritairement au pays était les pièces d'argent de 8 reales provenant de l'atelier monétaire de Mexico.
L'adoption progressive de la monnaie entraîne une inflation, certainement la première que l'histoire ait jamais notée à Madagascar. Le père jésuite portugais, Luis Mariano, remarquait en 1613 que "les indigènes vendent leurs articles de commerce très cher ; ils acceptent en paiement de piastres, de réaux..." ; tandis qu'à Fort-Dauphin, les Français étaient dans l'obligation de battre monnaies sur place afin de pouvoir continuer à commercer avec les locaux. Aucun exemplaire de ces monnaies, les premières à être fabriquées à Madagascar, ne fut trouvé. Vraisemblablement copie des monnaies françaises, elles ont dû se mélanger, sans que l'on puisse les distinguer, des monnaies frappées en France.

"TARAIKY" OU L'ARGENT DES ANCÊTRES

Il faut attendre le XVIIIè siècle pour retrouver des indications sur une autre fabrication locale de monnaie. Cela s'est passé sur les Hautes terres dont la population, obligée de s'organiser pour résister aux razzias des traitants d'esclaves venant des côtes, gagnait en puissance. Selon les Grandidier dans "Histoire politique et coloniale", on offrait des pièces d'argent dites "taraiky" pour honorer l'idole Ikelimalaza au temps d'Andriambelomasina. Les pièces étaient "faites en Imerina par quelques Blancs y résidant", probablement des Arabes venus de la côte nord-ouest, le terme "vazaha" servant à désigner originellement tous les étrangers. Le "taraiky" peut être considéré comme la première unité monétaire authentiquement malgache, d'autant plus qu'on l'appelait également "volan-drazana" (l'argent des ancêtres) si au moins on aurait pu en trouver des spécimens. Ce qui n'est pas le cas. Comme les pièces de Fort-Dauphin, il pourrait simplement s'agir de copies de monnaies étrangères, tel que justement le real. Selon Leguével de Lacombe dans "Voyages à Madagascar et aux Iles Comores (1823-1830)", "Les Hovas (...) fabriquaient autrefois de fausses piastres d'Espagne dont l'imitation était si parfaite que les Blancs eux-mêmes y ont longtemps été trompés".
Faute d'une monnaie fabriquée localement, la Grande île se trouve inondée par une foultitude de pièces. D'autant plus que, comme disaient J. et S. Chauvicourt dans "Les premières monnaies malgaches" in "Bulletin de Madagascar" (février 1968), "l'effondrement de l'empire colonial espagnol au début du XIXè siècle, avait entraîné la fin du monnayage espagnol comme système mondial. Cependant, les républiques latino-américaines indépendantes : Mexique, Bolivie, Pérou, etc. qui possédaient des richesses minières fabuleuses, poursuivirent la fabrication de monnaies se rapprochant du standard espagnol".
C'est ainsi qu'il y avait le "ngita", dans le sens de enchevêtré, une piastre espagnole caractérisée par la richesse de ses détails ; le "tanamasoandro", une piastre mexicaine avec un bonnet phrygien et l'inscription "Libertad" auréolé d'un rayon de soleil ; le "tokazo", originaire de Bolivie avec le profil de Bolivar, côté face, et un arbre, côté pile ; le "malamakely", piastre peu épaisse datant de la Iè République française ; le "behatoka", pièce de Louis XVIII et Charles X dont les profils représentaient de fortes nuques ; le "tombontsisina" ou "tomboka", piastre de l'Union latine dont l'exergue était marqué en creux au lieu d'être en relief ; le "mandrihavia", pièce de Louis-Philippe ; "l'ampongabe" de Napoléon III, les Malgaches ayant pris pour un gros tambour les armes de l'Empire ; le "tranom-pitaratra", pièce italienne, parce les armes de Savoie de Victor-Emmanuel ressemblent à un panneau vitré ; le "volavavy", pièce française figurant Marianne ; et enfin et surtout le "tsangan'olona", une pièce datant des IIè et IIIè République française figurant trois personnages debout avec l'inscription "Liberté, égalité, fraternité". C'est à l'époque, plus précisément en 1855, que l'on situe les véritables débuts de l'ariary. Valant 5 francs à l'origine, un "tsangan'olona" se négocie au bas mot à 125 000 Fmg actuellement chez les antiquaires, en raison de sa bonne teneur en argent et d'une certaine croyance populaire que lui attribue des vertus magiques.

MONNAIE COUPEE

Les premières tentatives de création d'une monnaie authentiquement malgache survint avec l'avènement du "Royaume de Madagascar", ainsi que les Britanniques reconnurent le royaume Merina après son extension vers les côtes. En 1826, suite à ses audacieuses réformes, Radama Ier fit une tentative de fabrication de monnaie avec son effigie. Pesant 13 gr, l'exemplaire unique de cette pièce d'argent se trouvait au Palais de la Reine. Du moins avant l'incendie de 1995. Sous le règne de Radama II (1861-1863), la "Charte lambert" inclut la fabrication de monnaie avec le portrait du roi. Les projets resteront en veilleuse jusqu'à l'avènement de Ranavalona III au trône en 1883 qui envisageait d'échanger le trésor accumulé dans les caves du Palais par la reine Rasoherina, lequel serait de 800 000 francs en piastres mexicaines. Des ateliers monétaires européens se mirent alors à fabriquer des échantillons de monnaies, notamment de 5 francs, de 10 centimes et de "kirobo" (1f 25).
On prête également à Ranavalona III le dessein de mettre fin à la circulation de la monnaie d'argent coupé afin de la remplacer par une monnaie divisionnaire. Pour remédier au manque de petite monnaie, la population fut amenée à couper le piastre en morceaux. Ceci va donc du ariary (5 francs) au variraiventy (1/720è), en passant par le loso, de l'arabe nusf ou nus (demi-franc) ; le kirobo, de l'arabe roba signifiant un quart ; l'iraimbilanja bien sûr (1/5è) ; le sikajy, de l'espagnol scods et de l'italien scudi (0f 60) ; le voamena, d'après la graine de l'abrus precatorius (1/24è) ; etc.
Le projet de Ranavalona III n'aboutit que lorsqu'elle fut renversée par la conquête coloniale française qui acheva d'instituer l'unité monétaire de l'île. En 1900, 4,9 tonnes de monnaie coupée furent remplacées dans la circulation par 831 753, 42 francs français. Passons sur les différentes espèces monétaires émises sous la colonisation et qui n'intéressent que les numismates pour signaler simplement que le droit de battre sa propre monnaie ne sera de nouveau permis à Madagascar qu'avec le retour de l'indépendance. En 1965, l'Institut d'émission, actuellement Banque centrale, mit en circulation les premières pièces de 2 francs et de 1 franc frappées de l'inscription "Famoahambolan'ny Repoblika Malagasy".
Quarante ans après, l'ariary remplace le franc. Une révolution beaucoup plus pour le citadin, habitué à raisonner en franc, que pour la masse rurale qui a toujours compté en ariary. On en attend les résultats des premières évaluations qui porteront, entre autres sur deux aspects majeurs : la consommation, perturbée par les fastidieuses exercices de conversion, s'en trouvera-t-elle ralentie et le basculement entraînera-t-elle une nouvelle inflation, comme ce fut le cas en Europe avec euro, la conversion - surtout avec les arrondis - ouvrant la porte à tous les abus ?

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Les principales subdivisions de l'ariary

1/2 : loso

1/3 : sasanangy

1/4 : kirobo

1/5 : iraimbilanja

1/6 : venty

1/7 : lasitelo

1/8 : sikajy

1/9 : sikajy (moins eranambatry)

1/10 : lasiroa

1/12 : roavoamena

1/16 : lasiray

1/ 18 : efatrambatry

1 /24 : voamena

1/48 : ilavoamena

1/72 : eranambatry

1/144 : varidimiventy

1/720 : variraiventy

Entre elles se situent le sikajy dimy (3 f), venty & kirobo (2 f), sikajy telo (1f 80), lasiray & kirobo (1f 50), kirobo & voamena (1f 40), kirobo latsak'ilany (1f 10), lasiventy (0f 90), fitoventy & voamena (0f 25), latsaka varifitoventy ou latsapaheniny (0f15), varifitoventy (0f 05), varienimbety (0f 04), variefabenty mahery kely ou varifitoventy mihodivitra kely (0f 035), variefabenty latsaka kely (0f 032), variteloventy mahery kely (0f 025) et variteloventy (0f 02)

Randy Donny
Publié dans "Les Nouvelles" du 03/01/2005