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29/08/2007

Jeux des îles : le revers de la médaille

       Je voulais en parler pendant les jeux mêmes. Mais je ne voulais        
       pas être taxé d'anti-nationaliste. Ce que je ne suis surtout pas.        
       En effet, je trouve de trop l'amateurisme, et je pèse mes mots,        
       que le Coji a fait preuve pendant les 7èmes Jeux des îles qui se        
       sont déroulés à Tana, du 9 au 19 août 2007. Il faut vraiment        
       être bouchés pour voir en ces jeux les "meilleurs" de tous les       
       temps. Des sportifs qui quittent le vill6569f635a93e737204887f5307518a05.jpgage olympique (quel qu'en       
       soit les raisons, c'est scandaleux !), des cérémonies d'ouverture        
       et de clôture médiocres (sauvées par les feux d'artifice !), non       
       paiement des prestataires, etc. De plus, je m'étonne qu'il n'y        
       avait jamais eu une quelconque commentaire sur les performances       
       des athlètes. A part les médailles, les records font partie des       
       charmes des jeux de ce genre.       
       Heureusement, il me reste mon badge d'accréditation et cet article        
       de Simon Randriamalala, de "Midi Madagasikara", qui me conforte    
          dans ma conviction.          

       Une semaine s’est écoulée depuis que la flamme

        olympique s’est éteinte à Mahamasina, clôturant ainsi        
        les 7ème Jeux des Iles de l’Océan Indien, et l’on        
        commence à redescendre sur terre, même si certains        
        médias ne ratent pas l’occasion de rappeler au passage        
        les prouesses de nos sportifs.        
        Parallèlement, certains détails que la centaine de        
        médailles d’or et la défaite en football n’ont pu        
        vraiment étouffer, resurgissent et rattrapent une        
        organisation plus ou moins « réussie ».        
                        Matériels désuets                          
        La tenue d’un tel événement sportif constitue,        
        généralement, une aubaine pour le pays hôte d’avoir de        
        nouvelles infrastructures sportives, mais comme        
        Madagascar a choisi de réhabiliter ce qu’il avait        
        déjà, les avantages auraient dû se concentrer au moins        
        sur les matériels sportifs. Hélas, ce n’était pas le        
        cas pour la plupart des disciplines sportives. A        
        commencer par l’athlétisme, auteur de 26 médailles        
        d’or, qui a dû se contenter des matériels désuets de        
        dix ans, que l’on a utilisés pendant les 3ème Jeux de        
        la Francophonie en 1997. Des starting-blocks qu’on a        
        bricolés, des tableaux d’affichage qu’on a ressortis        
        du débarras d’Alarobia et que la FMA n’utilise même        
        plus pendant ses compétitions.        
        Néanmoins, le COJI a pu faire venir juste à temps de        
        nouvelles haies toutes neuves pour cette occasion.        
        Pourtant, ce fut largement insuffisant, car elles ne        
        sont que quarante, plus précisément trente-huit, car        
        deux étaient cassées lors du transport. Pour une        
        course d’obstacle, il faut compter dix haies pour        
        chacun des huit couloirs, sans oublier celles dont les        
        athlètes ont besoin sur l’aire d’échauffement.        
                        Retard des travaux                          
        Sinon, quel qualificatif peut-on attribuer aux        
        montants et au matelas que l’on a utilisé au saut à la        
        perche ? Quant aux autres disciplines, la nouvelle        
        piscine olympique d’Ampefiloha, la perle rare, dont la        
        construction a pris un retard considérable, s’est        
        illustrée, hélas, par l’absence de l’affichage        
        électronique. Cela aurait sans doute donné une touche        
        plus professionnelle au décor et éviter les litiges à        
        l’arrivée pendant les compétitions. Il en est de même        
        pour l’haltérophilie dont le coup d’envoi de la        
        compétition a été reporté d’une journée pour permettre        
        l’installation des matériels de compétition.        
        Dans cette foulée, un certain nombre de travaux de        
        réhabilitation ont pris un petit retard par rapport à        
        la déclaration du COJI dans ses communiqués de presse.        
        Nous n’allons plus palabrer sur la construction de la        
        piscine olympique et son système de chauffage qui ont        
        déjà fait couler beaucoup d’encre. Si nous parlions du        
        gymnase couvert de Mahamasina équipé d’un nouveau        
        revêtement synthétique, mais dont les travaux de        
        traçage n’ont été effectués que la veille du début des        
        éliminatoires. Ce qui a un tout petit peu chamboulé        
        les séances d’entraînement des volleyeurs.        
                        Transparence                          
        Où sont donc passés ces matériels sportifs ? Q’est-ce        
        qui a pu retarder leur arrivée en terre malgache ?        
        Qu’est-ce qui s’est passé réellement avec les travaux        
        de réhabilitation qui n’ont pas été livrés à temps ?        
        Des choses incompréhensibles que les responsables        
        concernés vont certainement élucider ultérieurement,        
        au nom de la transparence. Il faut patienter un peu,        
        car il nous est très difficile de joindre le        
        responsable des infrastructures et logistique du COJI,        
        le colonel Mamy Razanajaona, qui devait être très        
        occupé au lendemain des Jeux, ne serait-ce que pour        
        les rapports et d’autres paperasses administratives à        
        boucler. Mieux vaut tard que jamais… c’est aussi        
        valable pour les matériels sportifs.        
                Simon Randriamalala                 
        --------------------------        
                        B comme billets, blessés et bourde                           
        S’il y avait une situation qui a échappé totalement au        
        Comité d’Organisation des Jeux des Iles, c’est la        
        vente des billets et l’octroi des cartes        
        d’accréditation. La bousculade et la grogne de ceux        
        qui ont payé leurs billets mais qui n’ont pas pu        
        assister à la cérémonie d’ouverture a déjà montré les        
        limites de la compétence du COJI en la matière. Mais,        
        cette première alerte ne semblait pas inquiéter les        
        responsables et la même mésaventure s’est reproduite        
        deux fois au Palais des Sports lors de la phase        
        éliminatoire et des demi-finales du basket-ball.        
        Résultats : il y avait des blessés et des gens qui se        
        sont levés très tôt le matin pour rentrer chez eux, à        
        midi, avec leurs billets, faute de places au Palais        
        plein à craquer.        

 Publié dans "Midi Madagasikara" du lundi 27 août 2007.

01/08/2007

David a été expulsé

Olivier Peguy, ancien correspondant de RFI à Madagascar, expulsé par le régime Ravalomanana, m'a signalé le cas. Malgré une forte mobilisation, David Ramiandry, étudiant malgache établi à Lyon, a été expulsé par le régime Sarkozy. Mais il garde des chances de revenir. Contrairement à Olivier. Ceci dit, Lyon est une ville que je connais et que j'apprécie pour abriter une de mes copines.

0198235ee5ad2f1898a1c28028bbf504.jpgMalgré notre forte mobilisation, malgré le soutien des médias, l'appui de politiques, et surtout les qualités réellement uniques de David, la Préfecture du Rhône a confirmé l'expulsion de David.
le 26/07/07 à 14h, la police des airs et des frontières est venue le chercher. A 16h50, il quittait Lyon, pour Paris et Madagascar. Nous pouvons fortement regrettrer que les citoyens ne soient pas plus écoutés. Que la politique d'immigration mis en place ne soit pas plus intelligente : chaque année plus de 130 000 étrangers s'installent de manière tout à fait régulière en France, il est vraiment dommage que des gens comme David ne fassent pas parti de ces milliers de personnes.
Vous vous rendez compte que David est quelqu'un qui a profité de son séjour au CRA pour faire des intiations Salsa, lire Harry Potter en anglais, travailler son code de la route....
A n'en pas douter, tout ça est très politique, il aurait été difficile d'ouvrir la boîte de pandor de l'immigration en régularisant David, au regard des autres demandes en attente.

                         La mobilisation continue


La préfecture s'est engagée à ne pas s'opposer à son retour. Lundi matin, il va déposer sa demande de visa étudiant au Consulat de France à Madagascar. Donc d'ici 1 mois, il est de retour parmi nous. Notre 1ère mobilisation a été réellement efficace, car l'ensemble des interlocuteurs rencontrés ont été impressionnés par le soutien dont a bénéficié David, et aujourd'hui la préfecture ne peut pas se permettre de revenir sur ses engagements oraux, si on maitien notre pression. D'ailleurs, nous sommes encore en train de négocier pour qu'un courrier officiel soit fait par la préfecture pour que David ait un soutien dans ses démarches à Madagascar.
Le représentant du service immigration est en congé. On va demander une audience à son retour, soit le mercredi 22 août à 18h30. Notez cette date, car comme notre 1ère audience, il faudra que l'on soit très nombreux devant la préfecture pour montrer qu'on ne lâche pas, et que son comité de soutien attend avec impatience le retour de David.
David, m'a dit de vous remercier tous, pour vos contributions diverses et nombreuses.

Info sur http://aidezdavid.blogspot.com/

27/06/2007

Le rap en deuil avec la brutale disparition de Anatole Randrianjara

f11429096371bb3c0dc28500b7ea9e33.jpgLors de mon dernier passage à Paris, je n'ai pas pu l'appeller car j'ai oublié de noter son téléphone. Je le regrette amèrement, maintenant que je ne pourrais plus le joindre. J'ai perdu un ami. Anatole Randrianjara a rejoint 2Pac Shakur et Eazy-E au stage du paradis. Comme James Dean, il est mort comme il a vécu : en vitesse, à 25 ans, dans une voiture. C'était le 24 juin 2007. Neveu de John Betoto de Tropical Music ("Losogno Anao"), Anatole Randrianjara était, malgré son jeune âge, un important promoteur de concert de rap. Partis étudier en France, on lui doit la venue au pays de Busta Flex et de Neg'Marrons. A chaque fois, il m'a réservé la primeur de l'info. Ce fut donc un grand choc pour moi d'apprendre sa disparition, en même temps que trois autres jeunes malgaches dont la basketteuse Papisy. Ci-dessus le récit qu'en a fait un journal français avec la photo de la voiture (au centre). Je suis sincèrement désolé pour ses soeurs, des amies également. Big respect.

C'est un spectacle horrible qu'ont découvert la nuit dernière, vers deux heures du matin, les secours qui arrivèrent quelque huit cents mètres après Larrazet, dans une partie vallonnée de la RD 928, en contrebas de la voie ferrée Castelsarrasin-Beaumont. Deux corps sans vie gisaient sur le bitume et près du champ de maïs où la voiture folle avait fini sa course. Dans le véritable cercueil d'acier une troisième personne était morte, elle aussi. Une autre grièvement blessé rendrait le dernier soupir à l'atterrissage de l'hélicoptère dans la cour du CH Purpan à Toulouse. Enfin une cinquième dans un état très grave allait être évacuée sur le CH Montauban. Que s'est-il passé dimanche vers 1 h 45 sur cette départementale au revêtement neuf, dans le sens Montauban-Beaumont ? Pour les enquêteurs, ce ne sont pour l'heure que des hypothèses. Car quatre des cinq occupants de la voiture sont décédés et la seule rescapée-passagère arrière- ne peut pour l'instant rien dire. On pense que les jeunes gens, tous les cinq d'origine malgache et travaillant au ramassage de melons au domaine de Bénac (le long de la Gimone entre Vigueron et Beaumont) rentraient du chef-lieu ou peut-être de Montech où était domicilié, le passager voisin du conducteur. D'après l'impact du choc et les traces de freinage et de pneus (à un certain moment le véhicule avant de quitter la chaussée s'est mis en crabe) sur plus de cent mètres on peut supposer que la vitesse excessive a surpris le pilote. Au sortir d'une courbe à droite, il a perdu le contrôle de la 405 Peugeot qui a entamé sa course sanglante , devenant folle et meurtrière. Elle quitte la route à pleine vitesse, heurte un morceau de parapet, franchit un fossé, pulvérise un double poteau téléphonique en bois, fait éclater un mur en béton. Ensuite elle effectue trois tonneaux en traversant un petit chemin goudronné qui monte vers un passage à niveau non gardé de la voie ferrée et achève sa mortelle trajectoire dans un champ de tournesols.

BALLET D'AMBULANCES ET HÉLICOPTÈRE DU SAMU 31

Les premiers secours sur les lieux sont les pompiers de Beaumont qui devant l'ampleur du drame et en relation avec le CODIS 82 (le commandant Rastoul et le capitaine Currutchet étaient sur place pour coordonner les secours) alertent d'autres centres de secours. Ainsi arrivent sur place des VSAB de Lavit, Castelsarrasin, Montech ainsi que le médecin pompier tout comme les SMUR de Moissac et Montauban. Un peu plus tard dans la nuit l'hélicoptère du SAMU 31 vient chercher le conducteur âgé de 25 ans qui décédera juste à son arrivée à Purpan. Les gendarmes de la compagnie de Castelsarrasin mettent en place un important service d'ordre, alors que des équipes de la DDE 82 sont elles aussi sur place. Toute la matinée d'hier les enquêteurs ont continué à effectuer des relevés, prendre des photos, marquer le sol et les lieux de cette tragédie routière une des plus graves de ces dernières années en Tarn-et-Garonne. Ensuite viendra le temps des résultats de l'enquête et des prélèvements qui pourraient fournir d'autres enseignements.

LES VICTIMES AVAIENT ENTRE 19 ET 25 ANS

On pense que les victimes domiciliées pour la plupart hors de la région sont venues se proposer comme saisonnier grâce au contact avec leur compatriote domicilié à Monte ch.Les morts sont le conducteur Anatole Randrianjara 25 ans de Reims ; Héritana-Tolojanahry Rakotomavo 22 ans de Montech et les deux passagères arrières éjectées de la voiture au premier choc Martinisette Amthamassiov 19 ans de Sotteville-les-Rouen (76) et Faratiana Papisy 20ans de Lyon. La blessée grave est une jeune fille de Saint-Aignan (76) Miora Rabarison 21 ans. Jean-Pierre François.


Il y a deux ans à Saint-Sardos

Les ouvriers saisonniers malgaches sont nombreux à venir dans ce coin de Lomagnepour la récolte des melons notamment. Il y a deux ans, en juillet un jeune malgache était mort d'hydrocution un dimanche après-midi alors qu'il se baignait dans le lac de Saint-Sardos.

Publié dans "La Dépêche du Midi" du 25 juin 2007.

22/06/2007

Les hauts et les bas de l'ariary à travers l'histoire

6fb9e4ad35cbd94b0a0a2287ccc18ffd.jpgLa banquière : "quel est le montant de votre chèque ?". La cliente, vraisemblablement une ouvrière des zones franches : "400.000". La banquière : "Vous avez bien lu, au moins, votre chèque ?". La cliente : "Oui, c'est 400.000". La banquière, excédé : "Regardez, c'est 400.000 ?". Sur le chèque, il est écrit 80.000. En fait, c'est kif-kif. 400.000 Fmg équivaut à 80.000 ariary. Sauf que, deux ans après l'adoption officielle de l'ariary, la cliente est toujours incapable de compter autrement qu'en Fmg. La scène, authentique, s'est passé dans une banque d'Ankorondrano. J'y ai assisté, tout en grommelant quelques noms d'oiseaux à l'endroit de la banquière car non seulement, moi aussi, je suis incapable de compter en ariary, mais aussi parce qu'elle doit respect aux clients que je sache. Oui, je continue à dire que le basculement vers l'ariary est une des décisions les plus stupides que l'on ait pris ces derniers temps car non fondée sur une véritable nécessité économique. C'est ce qui m'a déjà amené à écrire ce dossier en 2005. Le texte circule beaucoup sur le net. Autant que je le reproduise ici aussi.

Nos ancêtres les Vazimba pratiquaient le troc comme unique système d'échanges. L'introduction de la monnaie est généralement située vers le Xè siècle. Elle était le fait des Arabes qui commerçaient sur les côtes nord-est et nord-ouest et qui apportaient avec eux des dinars d'or fatimites. Certains de ces dinars ont été retrouvés dans des sépultures, tel à Vohémar. D'usage encore inconnu, ils étaient généralement utilisés au début comme parures, entre deux bijoux en verroteries et perles.
Plus tard, à partir du XVIè siècle, les Européens qui allaient vers l'Inde faisaient escale à Madagascar avec leurs marchandises et leurs monnaies nationales. C'est ainsi que les Portugais introduisirent le piastre, devenu "parata", et les Espagnols le real, devenu "ariary". A moins que ce dernier ne soit connu des Malgaches bien avant, par l'intermédiaire toujours des Arabes. "Le real est une expression espagnole reprise par les Arabes qui y ont ajouté l'article défini Al ou Ar. C'est donc devenu Al ou Ar real", selon une communication personnelle de l'historien Aimé Rambelo Razafindrakoto (Vonin'Oliva), auteur d'un ouvrage sur l'histoire de Madagascar et des Merina (2003). Selon lui, l'ariary "gasy" était originellement constitué de 4f 80 tandis que l'ariary "vazaha", de conception récente, est de 5 francs. Quoi qu'il en soit, la monnaie introduite majoritairement au pays était les pièces d'argent de 8 reales provenant de l'atelier monétaire de Mexico.
L'adoption progressive de la monnaie entraîne une inflation, certainement la première que l'histoire ait jamais notée à Madagascar. Le père jésuite portugais, Luis Mariano, remarquait en 1613 que "les indigènes vendent leurs articles de commerce très cher ; ils acceptent en paiement de piastres, de réaux..." ; tandis qu'à Fort-Dauphin, les Français étaient dans l'obligation de battre monnaies sur place afin de pouvoir continuer à commercer avec les locaux. Aucun exemplaire de ces monnaies, les premières à être fabriquées à Madagascar, ne fut trouvé. Vraisemblablement copie des monnaies françaises, elles ont dû se mélanger, sans que l'on puisse les distinguer, des monnaies frappées en France.

"TARAIKY" OU L'ARGENT DES ANCÊTRES

Il faut attendre le XVIIIè siècle pour retrouver des indications sur une autre fabrication locale de monnaie. Cela s'est passé sur les Hautes terres dont la population, obligée de s'organiser pour résister aux razzias des traitants d'esclaves venant des côtes, gagnait en puissance. Selon les Grandidier dans "Histoire politique et coloniale", on offrait des pièces d'argent dites "taraiky" pour honorer l'idole Ikelimalaza au temps d'Andriambelomasina. Les pièces étaient "faites en Imerina par quelques Blancs y résidant", probablement des Arabes venus de la côte nord-ouest, le terme "vazaha" servant à désigner originellement tous les étrangers. Le "taraiky" peut être considéré comme la première unité monétaire authentiquement malgache, d'autant plus qu'on l'appelait également "volan-drazana" (l'argent des ancêtres) si au moins on aurait pu en trouver des spécimens. Ce qui n'est pas le cas. Comme les pièces de Fort-Dauphin, il pourrait simplement s'agir de copies de monnaies étrangères, tel que justement le real. Selon Leguével de Lacombe dans "Voyages à Madagascar et aux Iles Comores (1823-1830)", "Les Hovas (...) fabriquaient autrefois de fausses piastres d'Espagne dont l'imitation était si parfaite que les Blancs eux-mêmes y ont longtemps été trompés".
Faute d'une monnaie fabriquée localement, la Grande île se trouve inondée par une foultitude de pièces. D'autant plus que, comme disaient J. et S. Chauvicourt dans "Les premières monnaies malgaches" in "Bulletin de Madagascar" (février 1968), "l'effondrement de l'empire colonial espagnol au début du XIXè siècle, avait entraîné la fin du monnayage espagnol comme système mondial. Cependant, les républiques latino-américaines indépendantes : Mexique, Bolivie, Pérou, etc. qui possédaient des richesses minières fabuleuses, poursuivirent la fabrication de monnaies se rapprochant du standard espagnol".
C'est ainsi qu'il y avait le "ngita", dans le sens de enchevêtré, une piastre espagnole caractérisée par la richesse de ses détails ; le "tanamasoandro", une piastre mexicaine avec un bonnet phrygien et l'inscription "Libertad" auréolé d'un rayon de soleil ; le "tokazo", originaire de Bolivie avec le profil de Bolivar, côté face, et un arbre, côté pile ; le "malamakely", piastre peu épaisse datant de la Iè République française ; le "behatoka", pièce de Louis XVIII et Charles X dont les profils représentaient de fortes nuques ; le "tombontsisina" ou "tomboka", piastre de l'Union latine dont l'exergue était marqué en creux au lieu d'être en relief ; le "mandrihavia", pièce de Louis-Philippe ; "l'ampongabe" de Napoléon III, les Malgaches ayant pris pour un gros tambour les armes de l'Empire ; le "tranom-pitaratra", pièce italienne, parce les armes de Savoie de Victor-Emmanuel ressemblent à un panneau vitré ; le "volavavy", pièce française figurant Marianne ; et enfin et surtout le "tsangan'olona", une pièce datant des IIè et IIIè République française figurant trois personnages debout avec l'inscription "Liberté, égalité, fraternité". C'est à l'époque, plus précisément en 1855, que l'on situe les véritables débuts de l'ariary. Valant 5 francs à l'origine, un "tsangan'olona" se négocie au bas mot à 125 000 Fmg actuellement chez les antiquaires, en raison de sa bonne teneur en argent et d'une certaine croyance populaire que lui attribue des vertus magiques.

MONNAIE COUPEE

Les premières tentatives de création d'une monnaie authentiquement malgache survint avec l'avènement du "Royaume de Madagascar", ainsi que les Britanniques reconnurent le royaume Merina après son extension vers les côtes. En 1826, suite à ses audacieuses réformes, Radama Ier fit une tentative de fabrication de monnaie avec son effigie. Pesant 13 gr, l'exemplaire unique de cette pièce d'argent se trouvait au Palais de la Reine. Du moins avant l'incendie de 1995. Sous le règne de Radama II (1861-1863), la "Charte lambert" inclut la fabrication de monnaie avec le portrait du roi. Les projets resteront en veilleuse jusqu'à l'avènement de Ranavalona III au trône en 1883 qui envisageait d'échanger le trésor accumulé dans les caves du Palais par la reine Rasoherina, lequel serait de 800 000 francs en piastres mexicaines. Des ateliers monétaires européens se mirent alors à fabriquer des échantillons de monnaies, notamment de 5 francs, de 10 centimes et de "kirobo" (1f 25).
On prête également à Ranavalona III le dessein de mettre fin à la circulation de la monnaie d'argent coupé afin de la remplacer par une monnaie divisionnaire. Pour remédier au manque de petite monnaie, la population fut amenée à couper le piastre en morceaux. Ceci va donc du ariary (5 francs) au variraiventy (1/720è), en passant par le loso, de l'arabe nusf ou nus (demi-franc) ; le kirobo, de l'arabe roba signifiant un quart ; l'iraimbilanja bien sûr (1/5è) ; le sikajy, de l'espagnol scods et de l'italien scudi (0f 60) ; le voamena, d'après la graine de l'abrus precatorius (1/24è) ; etc.
Le projet de Ranavalona III n'aboutit que lorsqu'elle fut renversée par la conquête coloniale française qui acheva d'instituer l'unité monétaire de l'île. En 1900, 4,9 tonnes de monnaie coupée furent remplacées dans la circulation par 831 753, 42 francs français. Passons sur les différentes espèces monétaires émises sous la colonisation et qui n'intéressent que les numismates pour signaler simplement que le droit de battre sa propre monnaie ne sera de nouveau permis à Madagascar qu'avec le retour de l'indépendance. En 1965, l'Institut d'émission, actuellement Banque centrale, mit en circulation les premières pièces de 2 francs et de 1 franc frappées de l'inscription "Famoahambolan'ny Repoblika Malagasy".
Quarante ans après, l'ariary remplace le franc. Une révolution beaucoup plus pour le citadin, habitué à raisonner en franc, que pour la masse rurale qui a toujours compté en ariary. On en attend les résultats des premières évaluations qui porteront, entre autres sur deux aspects majeurs : la consommation, perturbée par les fastidieuses exercices de conversion, s'en trouvera-t-elle ralentie et le basculement entraînera-t-elle une nouvelle inflation, comme ce fut le cas en Europe avec euro, la conversion - surtout avec les arrondis - ouvrant la porte à tous les abus ?

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Les principales subdivisions de l'ariary

1/2 : loso

1/3 : sasanangy

1/4 : kirobo

1/5 : iraimbilanja

1/6 : venty

1/7 : lasitelo

1/8 : sikajy

1/9 : sikajy (moins eranambatry)

1/10 : lasiroa

1/12 : roavoamena

1/16 : lasiray

1/ 18 : efatrambatry

1 /24 : voamena

1/48 : ilavoamena

1/72 : eranambatry

1/144 : varidimiventy

1/720 : variraiventy

Entre elles se situent le sikajy dimy (3 f), venty & kirobo (2 f), sikajy telo (1f 80), lasiray & kirobo (1f 50), kirobo & voamena (1f 40), kirobo latsak'ilany (1f 10), lasiventy (0f 90), fitoventy & voamena (0f 25), latsaka varifitoventy ou latsapaheniny (0f15), varifitoventy (0f 05), varienimbety (0f 04), variefabenty mahery kely ou varifitoventy mihodivitra kely (0f 035), variefabenty latsaka kely (0f 032), variteloventy mahery kely (0f 025) et variteloventy (0f 02)

Randy Donny
Publié dans "Les Nouvelles" du 03/01/2005

22/05/2007

« La saga Mahaleo »

L’histoire du groupe par Randy Donny Un livre passionnant sur la genèse du groupe Mahaleo.

      L’histoire des Mahaleo autrement, c’est le thème du livre de notre confrère Randy Donny et qui a été édité très récemment par « Dread Production ». Selon les propres termes de l’auteur, « La saga Mahaleo » est « le premier travail véritablement approfondi sur l’histoire du groupe, ses origines, ses membres, son parcours avec ses heurs et ses malheurs ». Ainsi à la lecture de cet œuvre, le lecteur serait à même d’appréhender une des raisons possibles de la popularité ainsi que de la longévité de ce groupe légendaire.
    A travers les 150 pages de cet opus divisé en sept chapitres, Randy Donny nous fait revivre « l’esprit de mai 72 » qui a été à l’origine de la formation du groupe, les origines de chacun de ses membres, les hauts et les bas par lesquels le combo est passé, pour en arriver à là où il en est actuellement, c’est-à-dire, à la veille de se produire dans la plus mythique des salles de concerts au monde, l’Olympia.
Cet ouvrage « est tout sauf complet et définitif », écrit l’auteur comme pour se disculper d’avoir écrit sur ces superstars ainsi que d’avoir soulevé un peu du secret de leur intimité, les ramenant au rang du citoyen lambda qu’ils ne sont et ne seront plus jamais.

Randria N.
Publié dans "Madagascar Tribune" du 21/05/07