08/09/2008
Sa mère le retrouve aux Jeux Olympiques dix ans après !
Dans la série des destins extraordinaires, voici celui d’Angelo Collura, né Rakotoarisoa. Adopté par un couple finlandais, il a porté le drapeau finlandais lors des Jeux Olympiques de Beijing. Sa mère biologique, Julienne Rakotoarisoa, s’évanouit alors en voyant sa photo dans les journaux. De ses origines insulaires, Angelo a reçu un don : il est champion de voile. Un drame de l’adoption qui a fait pleurer dans les chaumières et qui peut inspirer Hollywood.
Julienne Ravaosolo, 52 ans, s’évanouit devant le kiosque à journaux. Angelo était son fils. Il a été adopté, il y a 19 ans, par un couple finlandais. « Mes malheurs menaçaient la vie de mon bébé », explique Julienne Ravaosolo (…) En 1989. « Mon mari m’avait laissé avec nos deux enfants de 12 et 6 ans, j’étais enceinte, pour vivre avec une autre ».
Au cours de la même année, elle tombe malade. « Un prêtre, le père Angelo, nous avait pris en charge. Depuis, notre vie dépendait de lui ».
Julienne Ravaosolo accouche d’un petit garçon. C’était le 19 juillet 1989. Elle le nomme Pierre Angelo Rakotoarisoa, mais elle refuse de mentionner le nom du père sur l’acte de naissance. Elle l’allaite et continue de broder dans un centre social catholique.
« Père Angelo est un témoin permanent de ma lutte pour la survie. Un jour, il m’annonce qu’un couple italien désire adopter mon tout dernier ». Après mûre réflexion, Julienne Ravaosolo accepte la proposition.
Elle s’explique en pleurs : « Je n’avais jamais pensé abandonner mon bébé. Avant sa naissance, j’avais accouché de huit enfants dont deux jumeaux. J’en avais perdu six. Malgré tout l’amour que je ressentais pour lui, je craignais que mes nombreux problèmes de santé n’aient des répercussions sur la vie de mon bébé, car notre situation était précaire ».
C’est ainsi qu’Angelo est adopté un an après sa naissance. Sa mère l’avait allaité jusqu’à son départ de la Grande Ile. Je croyais que je ne le reverrais plus jamais, mais le père Angelo m’avait remonté le moral en m’assurant qu’il viendra nous voir et que ses parents adoptifs lui parleront de ses parents biologiques quand il sera grand’. C’était en 1990.
C’était vrai. Angelo vient à Madagascar quand il a dix ans. « Ce fut le plus grand moment de bonheur de ma vie (…) Mais il ne parlait pas la langue comme il ne me reconnaissait pas ». C’est la première et la dernière fois que Julienne Ravaosolo revoit son fils.
(…) « Elle tombe malade à chaque fois qu’elle pense à Angelo », déplore Marie-Louise, la grande sœur d’Angelo. « Il me manque et je réitère que je n’ai abandonné ni vendu. Avant de mourir, je souhaite le voir ne serait-ce qu’une fois ».
Julienne Ravaosolo vit avec sa fille, son gendre et ses trois petit-fils dans un quartier de la banlieue tananarivienne. Gargotière, elle loue 20.000 ariary par mois 2m2 de terrain, pour installer sa vitrine au bord de la rue. Avec à peine un euro de gain journalier.
In « L’Hebdo de Madagascar », du vendredi 22 au jeudi 28 août 2008.
Pour contacter Angelo, allez sur son site http://www.pierre-collura.net/
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03/08/2008
30.000 visiteurs et un projet de société
33.170 visiteurs au 31 juillet 2008 ! Je viens d’établir un nouveau record personnel de visiteurs sur ce blog depuis sa création. A défaut d’un compteur quotidien que je n’arrive toujours pas à installer (help !), je fais l’addition des statistiques que me donne mon hébergeur, hautetfort. J’espère ne pas me tromper dans mes calculs. En tout cas, si je mens, le webmaster sévira à coup sûr.
Ceci pour dire qu’avec, parfois, des pics d’une centaine de visiteurs dans la journée, j’estime que c’est parce que quelque part, je ne dis pas que des conneries dans mes posts. J’en profite donc pour présenter urbi et orbi ici mes convictions personnelles qui vont souvent à rebrousse poil du discours officiel. Je l’ai dit, je le dit et je le dirais toujours, considérer le milieu rural, où les deux tiers de gens vivent avec moins de 1 dollars par jours, comme le moteur de développement de Madagascar est une illusion. Ma vision d’un Madagascar du futur est résumée dans cet édito que j’ai écrit en 2006. Je n’ai rien changé, ni dates ni virgules. Je fais le procès de personne. Je propose juste des solutions. Elles peuvent paraître audacieuses. Elles ont, au moins, le mérite de ne pas être démagogiques. Je n’ai pas d’électeurs à séduire. Réflexions.
« Le futur a été créé pour être changé ». Qui peut donner tort à Paulo Coelho ? La question est de savoir ce que nous avons fait de notre futur. Nous sommes plus pauvres qu’au lendemain de l’indépendance. 46 ans d’aventurisme politique et d’errements économiques. Nous n’avons pas changé notre futur. Nous n’avons fait que prolonger le passé. On croit changer, nous n’avons fait que tourner en rond. La base socio-économique du pays est héritée soit de l’époque des royautés, soit de la colonisation. Elle n’est pas adaptée au contexte contemporain.Penser au changement ou changer de pansement
Dans certaines régions, on continue de perpétuer, parallèlement à l’Etat central, des relations de pouvoirs hérités du temps des roitelets. Une balafre sur la face d’une République démocratique. Des projets de développement en étaient victimes.
Des paysans qui vivotent sur des parcelles ultra-morcelées, héritage séculaire des ancêtres, ne pourront jamais faire face au choc de la concurrence sur l’économie de marché. Ce n’est pas pour rien que la Pologne a été priée de recycler 2 millions de petits paysans avant d’intégrer l’Union européenne.
Madagascar a été divisé en différentes régions de cultures de rente par les autorités coloniales. Depuis, rien n’a changé. Or, on sait pertinemment que le temps béni du café, du poivre et même de la vanille est révolu. Nous ne faisons que crier au scandale devant la baisse du cours des produits de rente, demandant en permanence aux Grandes puissances de penser un peu aux pauvres paysans du Sud. Mais la pratique économique n’est pas un acte de charité. La Chine l’a compris après Mao.
En plein IIIè millénaire, les paysans continuent d’ignorer superbement les banques et autres organismes de crédits pour thésauriser à travers un système financier aussi vieux que le règne du roi Ralambo : l’élevage contemplatif. On pourra tuer tous les dahalo que l’on veut, il y en aura toujours tant que voler des zébus équivaut à braquer à ciel ouvert. On estime à environ 12 milliards de Fmg ( !) la valeur des zébus définitivement perdus de 2000 à 2003, rien que dans la Haute-Matsiatra.
On rétorquera que changer tout cela n’est pas facile. Absolument. Ce n’est pas facile, comme lorsque Radama I a interdit la traite des esclaves ou comme les autorités coloniales ont décidé d’abolir l’esclavage et d’arrêter la circulation des monnaies coupées…
Les plans quinquennaux, les DSRP et autre Map resteront des jolis rêves et n’offriront que des solutions tip top tant que nous n’oserons pas divorcer avec le passé et secouer le présent. Il est temps de changer notre futur, de penser à ce changement plutôt que de changer de pansement à chaque régime.
Randy Donny in « Les Nouvelles » du samedi 15 juillet 2006, p. 3
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31/07/2008
Quelques vérités sur le développement de Madagascar
Vive les vacances ! Aujourd’hui 31 juillet marque la fin de l’année académique 2007-2008 pour l’ESSVA, l’université catholique d’Antsirabe où j’enseigne le journalisme et l’histoire. Cette fin d’année marque également ma première année au sein de l’établissement en tant que Responsable de la filière Communication. En acceptant le poste, j’avais une petite liste de projets à réaliser. Je ne suis pas peu fier de mon bilan avec, entre autres, la publication du premier journal de l’école, « Excelsior », et un voyage d’études à Nosy-Be pendant le festival Donia. Depuis mon arrivée, une dizaine de journalistes sont passés à l’Essva pour des rencontres professionnelles avec les étudiants…
Sur mon initiative également, le « think tank » Club Développement et Éthique (CDE) a donné une conférence sur le thème de la Décentralisation, le 13 juin 2008. Le député Bernard Ravelonjato et l’adjoint au maire de Tana, Serge Radert, ont fait chacun une brillante intervention. Mais il y avait également Serge Zafimahova, ancien conseiller à la Présidence, dont je publie ici un large extrait de la communication : «les régions malgaches face aux enjeux de la mondialisation et de l’intégration régionale : de la réflexion intellectuelle à la mise en œuvre ». C’est un document de réflexion qui mérite que l’on s’attarde, au-delà des divergences d’opinion. Moi-même, je ne suis pas du même courant politique que les intervenants. Pour ceux qui veulent avoir la version intégrale, il suffit de me faire signe.
(…) Sans jamais avoir été en guerre, l’économie malgache a les caractéristiques d’un État en conflit permanent. Cette situation s’explique par les crises de pouvoir frappant le pays de manière cyclique. Les alternances procèdent pour l’essentiel d’actes extraconstitutionnels (1972, 1975, 1991, 1996, 2002). Elles se font généralement sous la pression de circonstances exceptionnelles à son essence et donnent lieu à des improvisations, à des tâtonnements et à tout recommencer une fois la nouvelle équipe aux affaires. La continuité de l’État est remise en cause à chaque changement de régime.
Parallèlement les déséquilibres régionaux se renforcent. La décentralisation prônée par les gouvernements successifs n’a pas encore réussi à corriger les inégalités, faute de réelle volonté politique du pouvoir central. Par exemple en 2007 ou en 2008, le total du budget alloué aux collectivités territoriales décentralisées (CTD) ne représente même pas 7% du budget national, sans compter le flou artistique concernant les textes régissant les régions.
Les effets de l’effacement de la dette sont loin de se faire ressentir au niveau du panier de la ménagère. En effet, si en décembre 2002 l’équivalent du SMIG permettait d’avoir 2 sacs de riz de 50 kg soit 100 kg (déjà très bas), en décembre 2007 le SMIG ne permettait plus que d’avoir moins de 35 kg de riz.
Du fait de l’adhésion de Madagascar à l’iPPTE, l’État est sous la tutelle des institutions financières de Bretton Woods et, ne possède aucune marge de manœuvre de négociations financières pour accéder à de nouveaux prêts, sans l’aval de ces dernières. L’État est considéré insolvable, aussi, la réputation de la signature de l’État malgache, sur la place financière internationale, est quasi nulle pour des résultats à évaluer très sérieusement en toute indépendance. De ce fait sauf à anticiper le remboursement de la dette extérieure, il est quasi impossible pour l’État de lever des fonds sur le marché financier international à l’exemple des Fonds souverains de pays comme la Chine, Singapour, le Koweït, Abu Dhabi, Qatar,... encore moins auprès des institutions financières internationales comme Merryl Lynch, JP Morgan ou BNP Paribas.
A l’aune de ce qui est dit plus haut, l’échec de la « table ronde » sur le MAP (Madagascar Action Plan) les 09 et 10 Juin 2008 était prévisible. L’Exécutif malgache a essayé de négocier un financement supplémentaire de 5 milliards $Us mais les nouveaux engagements fermes des bailleurs de fonds sont largement en dessous de 150 millions $Us soit moins de 0,5% du montant souhaité à l’issue de la réunion de juin.
BUDGET PREVISIONNEL - MADAGASCAR ACTION PLAN (MAP) | |||
Engagement (millions de $Us) | Coût | Acquis | A rechercher |
Gouvernance responsable | 806,5 | 218,94 (27%) | 587,56 |
Infrastructure reliée | 3276,64 | 2027,10 (62%) | 1249,54 |
Transformation de l’éducation | 1340,10 | 769,21 (57%) | 570,90 |
Développement rural | 1578,17 | 626,5 (40%) | 960,68 |
Santé, planning familial et lutte contre le VIH/Sida | 982,62 | 531,57 (54%) | 451,06 |
Economie à forte croissance | 653,36 | 39,30 (06%) | 614,06 |
Environnement | 347,74 | 22,51 (06%) | 305,23 |
Solidarité nationale | 208,72 | 15,77 (08%) | 192,95 |
TOTAL GENERAL | 9182,84 | 4250,89 (46%) | 4931,96 (54%) |
Sources : « Enjeux stratégiques du développement de Madagascar » par le Ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie – Table ronde des partenaires du développement de Madagascar 09/10 Juin 2008 (Cf. Express de Madagascar du 11 Juin 2008 p. 5)
Sur les 4250,89 millions $Us acquis, les 3717,70 millions $Us proviennent des Bailleurs de fonds et les 533,19 millions $Us se trouvent être la contrepartie malgache.
Serge Zafimahova, Président du CDE.
De g. à d., Bernard Ravelonjato, Serge Radert et, à l'ext. d., Serge Zafimahova, lors de la conférence du 13 juin 2008 à l'Essva.
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27/07/2008
Il aurait voulu être un artiste
J’ai appris la nouvelle par un SMS. « Tu peux nous refiler une bio de Herizo ? Il vient de mourir hier soir ! ». C’était vendredi 25 juillet 2008 dans la matinée. J’étais alors en route vers Antsirabe après avoir assisté à une festivité d’exhumation à Soanindrariny (Antsirabe). Et Dieu sait si une bio de Herizo exhume bien de choses. Plus triste maintenant que l’intéressé n’est plus là.
Je l’ai connu capitaine d’entreprise et conseiller à la Présidence sous Didier Ratsiraka. C’était avant de le rencontrer. J’ai alors répondu à la petite annonce d’une entreprise de presse qui cherchait « des journalistes de très haut niveau » dans plusieurs domaines. Et j’étais étonné de me voir convoqué devant un Herizo Razafimahaleo que je n’ai vu jusque là qu’en photo. Pendant trente minutes, on a parlé de tout, de rock malgache à la Banque mondiale, en passant par les instituteurs et autres sujets propres à me tester. C’est ainsi que j’ai intégré la rédaction de « L’Express de Madagascar » sous le regard courroucé des « anciens », ceux qui étaient au journal depuis sa fondation. C’était le 9 mai 1996. Je serais resté sept ans à l’ombre de ce bon vivant dont la corpulence a déteint sur moi. Lors des deux premières années à Ankorondrano, je gagnais parfois 2 kilos par mois. Moi qui étais toujours, auparavant, le gringalet de service. C’est dire que je me plaisais à travailler sous les ordres de celui que les employés appelaient affectueusement « Big ».
En fait, sous les ordres est exagéré car Herizo Razafimahaleo, du moins lorsque j’étais déjà là, venait rarement au desk. Quand il avait quelques choses à dire, il prenait sa belle plume et signait JR, Jossicher étant son second prénom. Il aurait voulu être un journaliste, il a fondé un journal. Une guitare à la main, il aimait chanter « Hey Joe » à la grande joie de ses invités. Il aurait voulu être un artiste également. Il a érigé l’économie en art. « Comprendre l’économie » était une rubrique qu’il animait lui-même. Il voulait mettre cet exercice de haut vol qu’est l’économie à la portée de tout le monde. Il en avait les compétences pour avoir fréquenté des universités aussi prestigieuses que Cambridge et Harvard. Ses diplômes sont authentiques, pas honoris causa arraché à coups d’influences comme pour certains. Herizo voulait élever le débat que, malheureusement, d’autres avant lui (et cela ne fait qu’empirer) ont arrimé au ras du sol. Ce qui fait que ses discours politiques, il était deux fois candidat aux présidentielles, étaient généralement considérés comme réservés à l’élite. Ironie du sort.
Lorsqu’il a vendu « L’Express », j’ai changé de rédaction, quelque part à la recherche d’un boss aussi attachant que lui. Je n’aurais pas l’honneur de présenter mes condoléances à sa famille qu’il quitte précipitamment à 53 ans. Je me console donc à cet hommage en guise de « lambamena ». On dit que ce sont toujours les meilleurs qui partent. Herizo Razafimahaleo est enterré à Ambositra, sa ville ancestrale qui se trouve à 42 km de la mienne. Que l’âme de celui dont le nom de code auprès des journalistes est Bouddha repose en paix.
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24/07/2008
Sauvé par le blog !
C'est une première à Madagascar : un bébé a été sauvé grâce à la solidarité des bloggeurs du monde entier. Kamba, un jumeau d'à peine 12 mois, avait une grosse excroissance sur le front. Il a donc fallu l'opérer d'urgence. Voir "Just a little help for a baby". Heureusement, des bons samaritains du XXIè siècle en ont parlé sur la blogosphère. Ce qui a alerté d'autres âmes charitables. Un réseau d'entraide s'est alors créé, notamment au Canada. Ce qui a permis de collecter des fonds pour sauver Kamba dont la mère n'avait pas les ressources financières nécessaires pour supporter l'opération. Délaissée par son mari après la naissance de l'enfant, elle est lavandière à Majunga. Tout est donc bien qui finit bien. Bloggeurs du monde entier, continuons à se donner la main. Le bonheur est à portée d'un clic.
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