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31/03/2010

Siffler l’hymne national n’est pas un délit !

J'ai connu trois révélations en 24h.

1° Maputo, c'est fini. Et dire que c'était la ville de nos premiers amours ! En essayant mon nouveau téléphone portable équipé de TV et radio, je suis tombé, le 29 mars à 00h 30, sur une édition spéciale de RFI concernant la crise malgache. Sur les trois intervenants, dont Ablassé Ouedraogo, deux se sont prononcés pour l'arrêt de la solution des « mouvances ». « Aucun des chefs de mouvances ne pensent à l'intérêt supérieur de la Nation, ils ont trop d'ego », a dit en substance Jean Eric Rakotoarisoa, éminent juriste qui a participé en tant que consultant du Gic au cycle de négociation Maputo - Addis Abeba. « L'Union européenne, la France et les Etats-Unis doivent financer l'élection, en contrepartie de quoi, ils auront le droit d'en surveiller le déroulement, sinon l'organiser », disait pour sa part Francis Soler, rédacteur en chef de « La Lettre de l'Océan Indien ».

2° Siffler l'hymne national n'est pas un sacrilège à Madagascar. C'est ce qui s'est passé, le 29 mars dans la matinée, à Ambohijatovo lors du dépôt de gerbe en l'honneur de ceux qui sont tombés pour Madagascar en luttant contre la colonisation. Je veux bien qu'on ait des idées différentes, mais violenter les membres d'une chorale venus pour animer la cérémonie ou tirer des fers aiguisée avec des frondes n'est pas dignes de vrais démocrates. C'est en foulant au pays les valeurs républicaines depuis 1972 que l'on a fini par ne plus avoir de repères.

29 mars.jpg

Cette photo , à la Une de « L'Expresse » le lendemain, me fait à la fois rire et honte : Satrobory, mercenaire politique qui a déclaré, dans les années 90, en faveur d'une présidence à vie pour Didier Ratsiraka, actuellement devenu pro-Ravalomanana, face à une vieille femme qui aurait l'âge des nationalistes du 29 mars 1947 le narguant avec un V des deux mains, symboles du mouvement pro-Rajoelina !  

3° Outre la FMI et la Banque mondiale, qui ont suspendu leurs aides depuis décembre 2008, parce que Ravalomanana confondait ses poches avec celui de l'Etat, la MCA américain a également suspendu la 2ème tranche de son crédit en 2008 en raison de « différends entre James Mc Gee, l'Ambassadeur américain, et Marc Ravalomanana ». C'est ce que je lis, le soir du 29 mars, sur le site web du Quai d'Orsay. J'en publie un large extrait qui a le mérite de résumer la situation politique de Madagascar de ces douze derniers mois.

Les dérives autoritaires et autocratiques du Président le conduisent à sa chute.
Alors que la gestion des affaires publiques par Marc Ravalomanana est de plus en plus critiquée, la déception de la population est à la mesure des espoirs immenses que son accession au pouvoir avait suscités en 2002. En verrouillant la vie politique malgache, il a contribué à entretenir un terreau favorable à une révolte populaire et créé un climat de méfiance généralisée. La conjonction de méthodes musclées et de décisions maladroites du Président ont contribué à envenimer la situation, cristalliser les oppositions et provoquer sa chute.
Un durcissement progressif du régime est constaté : la constitution révisée (4/4/2007) renforce le pouvoir du Président : possibilité de légiférer par ordonnance, renforcement du contrôle sur le Parlement, nomination par le Président des chefs de région. Le Président Marc Ravalomanana, en proie à des divisions au sein de sa majorité, a pris l'initiative de dissoudre l'Assemblée Nationale au mois de juillet 2007 et d'organiser de nouvelles élections législatives le 23 septembre 2007. La « malgachisation » de l'enseignement public a été annoncée avec un assouplissement envisagé pour l'enseignement privé.
Les dérives économiques de Marc Ravalomanana
L'insécurité juridique était devenue très importante, en particulier du fait de la situation quasi-monopolistique de « Tiko » (société appartenant au Président) dans de nombreux secteurs, de la distorsion de concurrence opérée par le Président malgache, des conflits d'intérêts permanents et de sa propension croissante à la confusion de gestion entre fonds publics et privés. Des scandales financiers ont également entaché la crédibilité du Président, en particulier l'achat d'un second avion présidentiel et le contrat passé avec Daewoo Logistics qui a cèdé à la société sud-coréenne 1,3 M€ d'ha de terres pour produire de l'huile et du mais.
L'opposition au régime, faible à l'origine, s'organise
Elle est loin de disposer des moyens du parti présidentiel pour les campagnes électorales et, jusqu'à l'élection en décembre 2007 du jeune Maire de Tananarive (33 ans), M. Andry RAJOELINA, aucune alternative n'avait véritablement émergé. Depuis cette date, le gouvernement n'a eu de cesse de perturber l'action du Maire.
En décembre 2008, la décision du Président de fermer la chaîne de télévision privée Viva appartenant au Maire a été le facteur déterminant de la rupture. Le Maire a appelé la population à manifester pacifiquement, « place du 13 mai », lieu symbolique de la contestation malgache. Le 24 janvier 2009, un rassemblement populaire, pourtant interdit, a regroupé entre 25 000 et 30 000 personnes. D'abord pacifique, il a basculé dans la violence. Après deux jours de manifestations, d'émeutes et de pillages, le bilan est lourd : plus de 80 morts et de nombreux dégâts matériels.
Après deux mois de crise politique, une partie des forces de sécurité, jusqu'ici d'une neutralité bienveillante à l'égard du pouvoir en place, s'est soudainement mutinée, le 8 mars, contre les autorités légales, précipitant ainsi la chute du régime. Le 17 mars, le Président a transféré l'ensemble de ses pouvoirs à un Directoire militaire qui les a lui même immédiatement cédés à Andry Rajoelina. Le 19 mars, celui-ci a décidé de suspendre le Parlement.
La communauté internationale, dans son ensemble, a fermement déploré le changement de régime à Madagascar qui s'est fait en dehors du cadre constitutionnel, a appelé au retour à la normalité constitutionnelle et insisté sur l'organisation d'élections dans les meilleurs délais (...)
Situation économique

- En paralysant l'activité, la crise de 2002 a provoqué une importante récession (-12% en 2002) (...) Le pays connaît néanmoins une croissance économique quasi-ininterrompue depuis 1995 (sauf 2002), et même une accélération en 2007 et 2008. Les principaux moteurs sont les deux grands projets miniers, les infrastructures, le BTP, les transports et les services.
- Le grand œuvre du Président Ravalomanana a été d'assurer le développement économique de son pays. Il s'est senti, à cet égard, investi d'une véritable mission. Il a traduit dans le Plan d'action pour Madagascar (MAP), qui s'inscrit dans le droit fil des Objectifs du Millénaire pour le Développement (...)

- Bien que ces réformes voulues par le président Ravalomanana pouvaient inciter à l'optimisme, il n'en demeure pas moins que ce « croisé » du développement n'a jamais perdu de vue ses intérêts personnels jusqu'à confondre derniers publics et privés.
- la prolongation de la suspension de l'aide budgétaire emporte un risque réel, et à échéance rapprochée, de déstabilisation (...)

- un assèchement progressif des aides-projets provoquerait un délitement des secteurs fondamentaux pour la population, susceptible d'être exploité à des fins politiciennes, créant ainsi les conditions d'affrontements et de menaces de guerre civile.

(...)
Madagascar a signé en avril 2005 le premier programme d'aide consenti par les Etats-Unis au titre du « Millenium Challenge Account » -M.C.A-(un programme de 110M$ sur 4 ans essentiellement consacré au secteur agricole). Toutefois la seconde tranche a été gelée par les Etats-Unis en 2008 à la suite notamment des différends entre James Mc Gee, l'Ambassadeur américain, et Marc Ravalomanana au sujet de la société américaine Seaboard, laquelle est entrée en conflit avec la société du Président Tiko...


Copie du texte du Quai d'Orsay en date du 10/02/2010

11/11/2009

Il reste encore des murs à faire tomber

Quand on me parle de mur de Berlin, j'ai surtout en souvenirBerlin.JPG les images que j'ai vu, étant enfant, dans le "Mémorial de Notre Temps" de "Paris-Match" dont j'ai redécouvert les tomes empilés sur un... lit de la maison familiale lors du week-end de Toussaint. Parmi ces images figurent celui de ce soldat est-allemand de 19 ans qui franchissait les barbelées de Bernauer-Strasse pour rejoindre sa fiancée restée à l'Ouest. C'était le mardi 15 août 1961.

Le mur n'est plus. Mais le plus honteux des murs est toujours là. Dans la tête des gens. Comme l'apartheid. Ou la crise à Madagascar

(MFI) Quoi que vous ayez fait, vous n'y avez pas échappé ! La commémoration du vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin est une affaire planétaire. Et l'Afrique ferait mieux d'en tirer sa part d'enseignements, plutôt que de se contenter d'admirer le spectacle.

Dès décembre 1989, au Bénin, le général Mathieu Kérékou, à bout de souffle, accepte de mettre fin au parti unique, et donc au marxisme-léninisme qu'il impose alors comme religion d'Etat. La conférence nationale des forces vives, qu'il concède, en février 1990, le dépouille de toutes ses prérogatives. C'est donc au cœur des bouleversements engendrés par la chute du Mur qu'est née la démocratie béninoise, aujourd'hui une des plus crédibles d'Afrique francophone.

Que dire de la fin de l'apartheid ? Certes, le régime ségrégationniste était déjà bien affaibli par les sanctions internationales. Mais il a fallu que surgisse, à Pretoria, un Gorbatchev sud-africain (Frederik De Klerk), pour faire comprendre aux siens que l'horizon était bouché pour tout système politique reposant sur l'oppression des hommes. Dans le sabordage de l'apartheid, le premier acte posé par De Klerk est la libération de Nelson Mandela, en février 1990

Un homme qui n'a cédé sur aucune revendication de son peuple

Voir cet homme sortir libre, après vingt-sept ans, sans avoir cédé sur une seule des revendications de son peuple, galvanise les foules, d'un bout à l'autre du continent. Et c'est dans ce contexte que François Mitterrand tient, le 20 juin 1990, son fameux discours de La Baule, conditionnant le soutien et l'aide de la France à la démocratisation. Les populations africaines se sentent autorisées à défier les dictateurs, et cela fait quelques jolis dégâts.

Les conférences nationales se succèdent alors, avec plus ou moins de bonheur. Mobutu, Bongo, Houphouët-Boigny, Eyadéma, les plus redoutables des dinosaures parviennent à sauver leur peau. Mais au Bénin, en Centrafrique, au Congo Brazzaville, à Madagascar, au Mali et au Niger, les élections se soldent par une alternance. Un record, tout simplement inimaginable, aujourd'hui ! Et vingt ans après, tout cela laisse un amer goût de paradis perdus, avec de douloureuses désillusions.

Ce vingtième anniversaire de la chute du Mur aurait dû être une occasion, pour chaque peuple, d'apprécier ce qu'il a fait de ces vents favorables, qui étaient autant d'opportunités historiques ; de s'interroger sur sa capacité à saisir l'Âme du temps, non pas en singeant les autres, mais en s'inspirant de leurs expériences, pour tirer le meilleur de son génie propre. C'est en cela que le silence de l'Afrique, à ce moment précis, est consternant.

Jean-Baptiste Placca



 

27/06/2009

Michael Jackson n’est plus, il restera à jamais là…

Les extraterrestres existent ! On en connaît au moins un. Ni jeune ni michael-jackson.jpgvieux, ni blanc ni noir, ni homme ni femme... C'est une espèce intersidérale. Il vient d'être emporté par les siens. Auparavant, il a laissé ses empreintes sur la planète terre en tant qu'un des trois plus grands artistes du show-biz contemporain, au même titre qu'Elvis Presley et les Beatles. Rencontre du troisième type.

Il voulait rester éternellement jeune. Il est parti à 50 ans avec une voix singulièrement juvénile. Mais le visage ravagé par le bistouri, tout comme une autre star des années 80 qui vient de disparaître en même temps que lui, Sarah Fawcett-Majors. Michael Jackson, Bambi pour la presse people, Maïkhôôôôôôl ! pour les fans, bref MJ  est parti un peu sur la pointe des pieds, ces pieds dont il maîtrisait si bien les mouvements au point de créer le moonwalk. Il était toujours sur la lune. Maintenant, il est parmi les étoiles.

Je fais partie de la génération des teenagers des années 80 qui ont découvert Michael Jackson pour la première fois à travers « Beat It ». Depuis, le journaliste qui sommeillait en moi s'est mit à faire des recherches sur le personnage. C'est ainsi que  « Michael Jackson » de Christian Perrot, publié conjointement par Albin Michel et Rock & Folk (Paris 1984, 154 p.) a rejoint ma bibliothèque perso.

Cette obsession de la jeunesse éternelle provient vraisemblablement du fait qu'on, plus précisément son père, lui a volé son enfance. Répétition à outrance dès 5 ans, sans le temps de jouer comme tous les autres enfants de son âge. D'où certainement aussi son penchant pour les très jeunes têtes blondes. Le complexe de la peau noire proviendrait du fait que même devenue superstar, il a toujours dû batailler pour avoir la place qu'il lui revient. Au début, MTV refusait de diffuser « Beat It », tout mégatube qu'il était, car son interprète est un black. Il ne voulait pas devenir blanc, il ne voulait plus être noir. Nuance.

Sa dure condition de superstar précoce  a fait qu'il était devenu bourré de complexes, de phobies et autres mal de vivre qui vous pourrissent l'existence. Tel qu'on en arrivait parfois à oublier que Michael Jackson était avant tout un type qui avait un cœur gros comme ça. Finalement, ce dernier a lâché. Et Michael est parti rejoindre son ex-beau-père, Elvis Presley, mort comme lui d'un surdosage de médicaments alors qu'il était en train de couler une bronze.  Mais il y verra également John Lennon et George Harrison, Michael Jackson a acquis les droits des Beatles.

De lui, il restera plein de choses. S'il faut en retenir un, c'est « Beat It » justement, le clip, le solo d'Eddie Van Halen et les lyrics dont les échos parlent de lui (« You Have To Show Them That You're Really Not Scared ! You're Playin' With Your Life"). Mais il y a également sa collaboration avec Slash auquel on attribue des origines malgaches. Et « Liberian Girl » et son clip inoubliable. Non, finalement, c'est impossible de ne retenir qu'une seule chose de lui tant il nous a comblé. Il était au carrefour de ce qui qui se faisait de meilleurs : soul, funk, rock, hip hop...

Ce post n'aura pas de conclusion car Michael Jackson ne peut pas disparaître pour de bon. De « Invincible », il est devenu éternel. Son rêve de toujours.  Avant de partir, son âme aurait certainement susurré : "I am here with you, Though we're far apart, You're always in my heart, You are not alone..."

Randy Donny


12/06/2009

Le crash de l'Airbus a failli se produire à Madagascar !

Andry Rajoelina a "détourné" un vol régulier à Marseille. Mécontent qu'un tel exploit se soit passé sur son territoire sans qu'il en était l'auteur, Sarkozy a voulu faire mieux : il a carrément fait disparaître un Airbus !

Cette blague, qui est mienne, j'ai voulu le mettre sur facebook mais finalement, j'ai pas osé. Air_france.jpgDe temps en temps, j'ai des scrupules. Ceci dit, la disparition de l'Airbus d'Air France aux larges du Brésil aurait pu se passer... à Madagascar ! On sait maintenant que les sondes de mesure de vitesse sur les A330-A340 sont défectueux. Et bien que bien que le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) affirme jusqu'à présent qu'il n'y a  pas de "lien établi" entre ces sondes et le crash de l'AF 447, Air France a reconnu qu'en 2008, il eut plusieurs incidents, qualifiés de "graves" par des pilotes, dus à ces fameuses sondes de mesure qui ont donné lieu à de faux messages d'alarmes. Un de ces incidents s'est passé sur le vol Paris-Antananarivo.

Selon "L'Express", sur un vol Paris-Antananarivo, le pilote a fait état d'une vitesse incohérente, suivie de l'alarme "Stall stall stall" qui indique que l'appareil décroche.

Les autres incidents, "des incidents graves", a commenté pour l'AFP Guy Ferrer, du syndicat Alter, concernent un vol entre Tokyo et Paris, un Canton-Paris, un Paris-Bogota et un Paris-New York. Les sondes du vol AF 447 Rio-Paris sont mises en causes par les syndicats de pilotes, mais la direction d'Air France s'est dite jeudi "pas convaincue que les sondes sont la cause de l'accident". Sous la pression des pilotes, elle a toutefois accéléré son programme de remplacement des sondes Pitot sur les A330/A340, après l'accident.

20/05/2009

L’Afrique noire est (encore) mal partie

Je me souviens de ce livre qui trônait sur la bibliothèque familiale. Signé René Dumont, « L'Afrique noire est mal partie » a fait l'effet d'un séisme à sa sortie, en 1962. René Dumont est un agronome qui, entre 1956 à 1960, a parcouru l'essentiel de ce qu'on appelait alors le Tiers-Monde. Un nomadisme qui l'a amené à passer par Madagascar. René Dumont a laissé différentes publications sur les relations entre l'agriculture et le développement à Madagascar.

Plus de quarante ans après la décolonisation, l'Afrique noire est encore mal partie. Il n'y a pas que l'agriculture. Il y a aussi la politique. Au temps de la Guerre froide, les choses étaient simples : quand un dictateur se fait renverser au nom de la Révolution, l'URSS s'empresse de le reconnaître et le tour est joué. Ou quand un président rouge se fait assassiner par un gars à a solde de l'Occident, pour reprendre une expression d'époque, il suffit que les Etats-Unis avalisent l'opération pour que le bloc ouest suit.

Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Autre temps, autres mœurs. L'idéal socialiste s'est effondré avec le mur de Berlin. Même Manandafy Rakotonirina, qui a enseigné, prôné et déifié la dictature du prolétariat pendant plusieurs décennies s'est converti à la démocratie libérale. Et c'est là le hic. Pas Manandafy Rakotonirina. Non. C'est parce que la démocratie à l'occidentale rime avec Constitution, élection, alternance, dialogue et tout le tsouin tsouin qui fait que le système politique américain soit sculpté sur le mont Rushmore. Or, en Afrique, les dictateurs et autres assassins, qu'ils soient les enfants de Marx ou de Coca-Cola, n'ont pas disparu du paysage après 1989. Il y en a même qui baisent leurs peuples depuis l'année érotique 1969.

L'époque soviétique est révolue. Sauf en Erythrée où le président Issaias Aferworki continue un totalitarisme sans faille, allant jusqu'à suspendre les libertés depuis 2001. Si, par pur hasard, le peuple érythréen, trop longtemps privé de démocratie, arrive à changer les cours des choses dans cette prison à ciel ouvert, va-t-on crier au coup d'Etat et demander la restauration d'un régime qui ne fait que le plonger dans l'abîme de la misère au quotidien ?

Une alternance démocratique par les urnes est-elle possible avec des gens comme Yahya Jammeh, sergent devenu président de la Gambie à 29 ans après un putsch et dont on connaît la grande agressivité à l'endroit de ceux qui remettent en cause sa manière de gouverner ? Ce petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal a beau abriter le siège de la Commission africaine des Droits de l'Homme et des peuples, Yahya Jammeh clame haut et fort : « Si j'ai envie de fermer un journal, je le ferai ».

Téodoro Obiang Nguema va encore plus fort : «Il peut décider de tuer sans que personne lui demande des comtes et sans aller en enfer », disait de lui la radio publique. D'ailleurs, la presse privée ni l'Opposition n'existent dans ce « Koweït de l'Afrique » en raison de la « pauvreté ». Mais n'allez surtout pas rêver de renverser le « Dieu de la Guinée Equatoriale ». Ce serait faire preuve d'atteinte à la démocratie et aux Droits de l'Homme. Même s'il est de notoriété publique que Téodoro Obiang, arrivé au pouvoir en renversant son propre oncle, fait pire que les autorités coloniales dans l'exploitation à son profit personnel des richesses de son propre pays. Et il n'est pas le seul.

Le 18 juin 2007, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire à l'encontre de Téodoro Obiang, Denis Sassou Nguesso, Omar Bongo, Blaise Compaoré - l'assassin du « Ché d'Afrique », Thomas Sankara - et José Eduardo dos Santos et leur entourage, accusés par trois associations françaises (Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora) de "recel de détournement de fonds publics". Le 2 décembre 2008, pour demander la restitution de leurs biens mal acquis supposés, Transparency International France, l'association Sherpa et un citoyen gabonais ont déposé une nouvelle plainte assortie d'une constitution de partie civile visant Téodoro Obiang, Omar Bongo et Denis SassouSecretary_Rice_and_President_Obiang.jpg Nguesso ainsi que leurs entourages pour « recel de détournement de fonds publics ». Le 5 mai 2009, la juge Françoise Desset, du pôle financier de Paris, juge recevable cette plainte. Et dire que Téodoro Obiang a été reçu par Condoleeza Rice (Photo ci-contre)

En décembre 2008, l'Union européenne et Bretton Woods décident de suspendre les crédits pour Madagascar en raison de la mauvaise gouvernance de Marc Ravalomanana qui confond sa poche avec la caisse de l'Etat. Passons sur le hold-up permanent sur le pouvoir, notamment en période électorale. Saraléa Bernard, un officier de la Gendarmerie, a écrit dans « La Gazette de la Grande » du samedi 18 avril 2009.

« Pour s'assurer de la victoire dans tous les scrutins qui se sont succédé dans la Grande Ile durant son mandat et demi, Marc Ravalomanana a chargé la Digit.com de chiffrer et déchiffrer les résultats de chaque élection. Alors que cette société privée de traitement informatique appartenait à l'épouse du ministre Haja Nirina Razafinjatovo, son directeur de campagne lors de la présidentielle de décembre 2006 ! National Democratic Institute (Ndi), une Ong américaine spécialisée dans l'observation des élections, avait déballé l'arsenal des fraudes utilisé par le pouvoir Ravalomanana pour lui faire gagner l'élection présidentielle devant le corps diplomatique, la société civile et la presse nationale et internationale en début de l'année 2007, à l'hôtel Hilton d'alors.

Ainsi, la communauté internationale ne pouvait ignorer qu'il était simplement impossible de battre Marc Ravaomanana et son parti dans des élections. Le peuple avait-il alors d'autres solutions  que la rue pour se débarrasser d'un pouvoir qui a perdu sa confiance ? ».

Et pourtant. Et pourtant. En se réveillant le mercredi 18 mars 2009, enfin débarrassé d'un Marc Ravalomanana qui s'est enfui la veille, le peuple malgache aura vite fait d'attraper la gueule de bois en entendant que des pays étrangers condamnent l'instauration de la Transition vers une 4ème République après des mois de soulèvement populaire. Les Anti-Hat eux-mêmes le reconnaissent. Un communiqué en anglais de l'Alliance libérale démocrate qualifie le soulèvement anti-Ravalo comme d'un « popular rallies organized by the lumpenproletariat from the lower neighborhoods of Antananarivo » avant d'affirmer que les anti-Ravalomanana sont également composés de « local bourgeoisie coming from the Merina oligarchy and the rich roturiers, who had taken a lot of advantages from feudality and from the slave trade and are currently very dynamic within civil society organizations ». Mais alors, si le soulèvement contre Ravalomanana était le fait de la masse populaire + la bourgeoisie féodale et roturière, qu'est-ce qui reste pour le soutenir ? Pas la population des provinces en tout cas. Sinon, ce serait une démagogie de trop. Les pro-Ravalo sont passés maîtres dans ce genre de maladresses. Voilà pourquoi il est tombé.

La nature a horreur du vide. Marc Ravalomanana a démissionné et Andry Rajoelina a pris le pouvoir. L'ambaMalaza.jpgssadeur des Etats-Unis, Niels Marquadt, et celui d'Afrique du sud en sont témoins. Ils ont vu la lettre donnant le pouvoir à un Directoire militaire signé par Marc Ravalomanana, sans qu'un pistolet ne lui ait été mis sur la tempe. « La remise de pouvoir aux militaires est une façon diplomatique de démissionner", soufflera Niels Marquadt à Lala Rasendrahasina, président de l'église FJKM dont Marc Ravalomanana est le vice-président. La révélation est dans le numéro 509 du journal « Objectif Malaza » d'avril 2009. Diplomates et journalistes témoins des événements n'ont vu l'ombre d'un militaire rebelle. D'ailleurs, s'il y avait vraiment menace direct sur la personne de Marc Ravalomanana par des militaires rebelles, comme il le répète souvent dans son exil, ces derniers ne l'auront pas permis de donner le pouvoir à un Directoire militaire, sous peine d'être obligé de le prendre des mains du Directoire (épisode Episcopat) pour le donner ensuite à Andry Rajoelina ! Dans tous les cas, la bénédiction de la Haute Cour Constitutionnelle ne peut souffrir d'aucune contestation. Elle est souveraine et est la seule habilitée à reconnaître la constitutionnalité ou non d'un acte, sans que personne, encore moins une chancellerie étrangère en trouve à redire. La République a ses principes. Cela en fait partie.

Ces quelques points méritent, à mon avis, d'être éclaircis en ce moment où le problème de la reconnaissance internationale du régime de Transition à la malgache est sur la bonne voie. Un opposant ivoirien a osé évoquer l'exemple malgache. Depuis, il croupit en prison. Les dictateurs africains applaudissent des deux mains lorsque les occidentaux parlent de constitutionalité et d'alternance démocratique. Cela leur permet de rester indéfiniment au pouvoir. Il est interdit à un peuple, fut-il opprimé, de se soulever. Ah, l'Afrique ! Auparavant colonisé en raison d'idées économiques bâtardes. Maintenant de nouveau colonisé par des idées politiques que l'on a pervertit.