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11/08/2020

Gestion de la crise sanitaire : Il n’est pas besoin d’être opposants

Je valide et partage. Article paru dans "LGDI" du lundi 10 août 2020.

Non, tous ceux qui critiquent les maladresses et erreurs de ce régime ne sont pas tous des opposants,  neP01-119.gif sont pas tous des pro-TIM, des pro-HVM. Il y a aussi ceux qui savent juste analyser les situations,  ceux qui comparent ce qui est fait par rapport à ce qui avait été dit, il y a des simples citoyens réalistes.

Quand le régime distribue les aides pour les familles vulnérables et que c’est tellement mal organisé si bien que la foule immense devant les bureaux du fokontany hurle car elle meurt de faim,  car elle veut avoir sa part et que par la suite l’exécutif procède au recensement de ceux considérés comme vulnérables auprès des fokontany, il n’est pas besoin d’être opposants pour dire qu’il y a là une désorganisation si ce n’est une incompétence crasse.

Quand le Président de la République annonce en avril la digitalisation des fokontany et qu’au mois d’août le gouvernement avec feuille et stylo recense les gens des fokontany pour dresser une liste, il n’est pas besoin d’être opposants pour dire que c’est une ineptie. Quand chaque fokontany a un chef fokontany qui est là depuis des lustres, que chaque fokontany a des secrétaires, que le Président a annoncé le «komity loharano» et que l’on voit toute une armada de personnes venir dans les fokontany faire le travail des secrétaires de fokontany,  il n’est nul besoin d’être opposants pour se dire que gouverner c’est savoir déléguer et lorsqu’on ne sait pas déléguer c’est qu’il y a un gros problème de gestion étatique.

Quand le Président de la République décrète l’état d’urgence sanitaire et empêche ou réduit à quasi néant les activités économiques mais que l’exécutif regroupe les gens sans respecter ni le nombre,  ni les gestes barrières du fait de la densité de la population dans les quartiers,  il n’est nul besoin d’être opposants pour se dire qu’ils font n’importe quoi et qu’à ce rythme là ils ouvrent un grand boulevard aux opposants. Quand il y a quatre mois on nous disait que l’Etat est prêt à faire face à la pandémie, que Madagascar maîtrise la propagation de la pandémie, qu’il y a confinement suivi d’une aide d’urgence aux plus démunis mais que quatre mois plus tard il est clair que l’Etat n’était pas prêt et que c’est seulement maintenant que bon nombre de personnes démunies vont recevoir,  espérons le, une aide sociale,  il n’est pas besoin d’être opposants pour se dire que la stratégie adoptée par l’exécutif jusque là est un échec cuisant et a causé plus de tort que de bien.  A Madagascar il n’y a pas d’un côté les pro-régime  et les opposants, il y a aussi et ils sont nombreux, ceux qui savent applaudir quand les choses sont bien faites et critiquer quand les gouvernants offrent une succession  de choses étranges et qui ne s’accommodent plus de cette expression qui met le pays à la traîne ” ce n’est pas facile d’entreprendre quelque chose “. Ceux qui disent simplement que ” Gouverner c’est prévoir” ne sont pas des opposants, ce sont des simples citoyens qui ne comprennent pas et ne peuvent pas accepter qu’à ce niveau là de responsabilité,  les dirigeants en sont à agir d’abord puis réfléchir après, en sont à faire des erreurs grotesques d’abord alors qu’ils sont aux commandes et ont la maîtrise totale sur l’appareil d’Etat.

Il serait bon déjà d’admettre qu’il y a des citoyens sensés qui savent simplement ce qui doit être et qui ne peuvent pas admettre autant d’amateurisme à la tête de l’Etat surtout en période d’urgence sanitaire. Et ceux là ne sont ni des fanatiques du TIM,  ni des fanatiques de HVM, ni des personnes qui attendent les moindres erreurs des dirigeants.

Claude Rakelé

11/05/2020

Le bulletin de notes de Madagascar : amélioration en démocratie et Etat de droit, stationnaire en liberté de la Presse

En près de deux mois de présence à Madagascar, du moins au moment où ces lignes son écrites, leWJP, Demokrasia, HCDDED, Etat de Droit, Randy Donny, Madagascar Covid-19 n'a fait aucun mort, mais risque de faire plusieurs victimes. En premier lieu, la démocratie, l'Etat de doit et la liberté de la Presse.

L'Institut Varieties of Democracy (V-Dem), basé au Département de science politique de l'Université de Göteborg, en Suède, sort un classement sur l'état de la démocratie dans le monde chaque année : le Liberal Democracy Index (LDI).

Pour mieux conceptualiser et mesurer la démocratie, V-Dem distingue entre 5 principes de démocratie de haut niveau: Électoral, Libéral, Participatif, Délibératif et Égalitaire. V-Dem désagrège ces cinq principes en des dizaines de composantes de niveau inférieur de la démocratie telles que les élections régulières, l'indépendance judiciaire, la démocratie directe et l'égalité des sexes, et fournit des indicateurs désagrégés pour chaque conception et chaque composante.

Cette année, Madagascar est considéré par V-Dem parmi les 10 pays où on a enregistré de progrès important en matière de démocratie ces dix dernières années. Ainsi, la note de Madagascar dans le LDI est passé de 0,09 en 2009 à 0,31 en 2019, soit un hausse de +0,23.

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Ce bel élan est louable. Mais il risque d'être stoppé net par les agitation générées par l'Etat d'urgence sanitaire durant lequel certains veulent faire taire la démocratie. Soit, mai elle ne peut forcer les cerveaux à s'éteindre.

Ainsi, il est curieux de constater la réactivation de la Loi n° 91-011 du 18 Juillet 1991 relative aux situations d'exception qui a été expressément conçue pour réprimer les Forces Vives durant le mouvement populaire de 1991. Une loi scélérate.

La situation d’urgence sanitaire ne doit pas cautionner toutes les pratiques allant à l’encontre de la démocratie et du vivre ensemble. Nous faisons économie ici des polémiques enflammés autour du Covid Organics pour signaler simplement que selon l'Article 8 de la Constitution, "il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique". Définitivement, vitesse et précipitation ne font pas bon ménage.

En hausse de quatre places

En matière d'Etat de droit, Madagascar est encore une fois bien noté en ce début d'année. Dans l’Indice sur l’État de Droit du WJP, publié le 11 mars 2020, le score total de Madagascar a augmenté de 2.4% dans l’Indice de cette année. Madagascar s’améliore de quatre places dans le classement mondial et se trouve à la 105e place sur 128 pays et juridictions à travers le monde, 20e sur 31 pays dans la région Afrique subsaharienne et 12e sur 19 parmi les pays à revenu faible.

L’Indice sur l’État de Droit du WJP mesure la performance en terme d’état de droit de 128 pays et juridictions repartie entre huit facteurs : Contraintes aux Pouvoirs du Gouvernement, Absence de Corruption, Gouvernement Ouvert, Droits Fondamentaux, Ordre et Sécurité, Application des Règlements, Justice Civile et Justice Criminelle.
Le World Justice Project (WJP) est une organisation indépendante et multidisciplinaire qui travaille pour faire progresser l'état de droit dans le monde, condition nécessaire pour réduire la corruption, combattre la pauvreté et protéger les gens contre les injustices.

WJP, Demokrasia, HCDDED, Etat de Droit, Randy Donny, Madagascar

Encore une fois, cette amélioration assez spectaculaire doit être préservée de la situation d'exception.
Transparency International - Initiative Madagascar a anticipé la situation en début de situation d’urgence sanitaire. Selon cette ONG d'origine allemande dans un communiqué publié le 27 mars, la "situation ne doit pas faire abstraction des règles de bonne gouvernance, ni faire fi de la transparence, de la redevabilité et de l’intégrité (...) En ces temps d'incertitude sans précédent, le risque de capture des décisions publiques par des intérêts privés motivés par leur propre profit est omniprésent. Ces risques vont du détournement de financements destinés à la santé, à la conception de plans de sauvetage qui favorisent les industries et les entreprises proches du pouvoir (...) Des mesures urgentes doivent être prises pour s’attaquer aux canaux par lesquels les intérêts privés peuvent avoir un effet de levier indu sur la prise de décisions publiques. Le parlement et le gouvernement doivent suspendre toute démarche non urgente en cours et nécessitant une consultation publique, jusqu'à ce que le retour à la normale permette la reprise de ces consultation".

Effectivement, la primauté donnée à la politique sur tous les sujets, même scientifiques, génère une suspicion légitime qui ne facilite pas la création d'une cohésion et d'une fierté nationales derrière des initiatives somme toute méritoire.

Victime collatérale

En matière de liberté de la Presse, Madagascar fait du sur place en se plaçant 54è pays depuis trois années consécutives dans le classement de Reporters sans frontières (RSF), sorti le 21 avril 2020. Qu'en sera-t-il l'année prochaine quand arrivera le moment de faire le bilan ? Dans une épidémie, on a d’abord besoin de soins, c’est évident ; mais aussi, ne l’oublions pas, d’informations fiables. 

" A Madagascar, les programmes de libre antenne dans lesquels des auditeurs sont susceptibles d’intervenir et d’exprimer leur opinion sur la pandémie et sa gestion sont désormais interdits". note le responsable du bureau Afrique, Arnaud Froger. “Agressions, intimidations, arrestations de journalistes, censure et exclusion de médias critiques, la liberté de la presse ne doit pas être une victime collatérale de cette épidémie mondiale", estime-t-il.

Ainsi donc, Madagascar est plutôt bien noté ces dernier temps sur le plan international, mais il importe de  ne pas dormir sur ces lauriers et d'être toujours sur ses gardes.

Nous sommes nombreux à ne plus vouloir de ce monde dont l’épidémie révèle les inégalités absurdes...  Mais « l’histoire nous juge sur nos résultats, et non sur nos intentions », disait John  Fitzgerald Kennedy.

En cette veille du 60ème anniversaire de l’acquisition de l’indépendance, on ne peut que souhaiter à Madagascar de passer sans trop de casse cette crise sanitaire et de continuer sa progression sur le chemin du développement.

Randy Donny

Article paru dans le numéro 6 de "Demokrasia", le magazine trimestriel du Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l'Etat de Droit (HCDDED).

 

27/04/2020

L'artemisia vient de Chine et le Covid Organics d'Afrique ?

Un chercheur originaire du Congo, affirme être à l'origine du Covid Organics. Extrait du "Dakaractu" du dimanche 26 avril 2020.

Dans nos précédents articles, nous révélions que la maison de l'artémisia, une association humanitaire française, avait adressé des correspondances aux autorités sanitaires des pays où elle est présente pour lancer un essai clinique sur la tisane chinoise.

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Dr Jérôme Munyangi

Voir aussi : Patrick Raharimanana s'est aussi entretenu avec "La Maison de l'Artemisia".

En réalité, à l'image du Sénégal et de nombreux pays africains, Madagascar faisait partie des cibles de cette étude proposée par la Maison de l'artémisia. La révélation a été faite par le Dr Jérôme Munyangi qui a en même temps revendiqué la paternité du projet. « Je suis à la base de la rédaction du protocole Covid-artémisia à Madagascar et partout sur le continent africain. C'est mon projet », a-t-il tenu à rétablir sur les antennes de l'émission « Marius chez vous » sur Internet. 

Selon lui, les autorités malgaches auprès desquelles l'étude, qu'il dit avoir effectuée en sa qualité de responsable des essais cliniques, recherches médicales et scientifiques à la maison de l'artémisia, a été déposée, n'ont pas hésité à sauter sur l'occasion. Devant l'urgence, ils se sont inspirés de son protocole pour développer un remède qu'ils ont appelé Covid-Organics. 

Diplômé en Médecine à l’Université de Kinshasa et titulaire d'un Master à l’Université Paris Diderot et un autre à l’Université d’Otawa, Dr Munyangi se désole que son pays n'ait pas eu le même réflexe que Madagascar. « Lorsque nous avions fini d’écrire les protocoles, nous sollicitions 4 millions d'euros en France. Après, nous nous sommes dit il faut qu'on le propose aux ministres de la Santé. Le premier qui a été contacté, c'est celui du Congo que je connais bien. Mais aucune réponse. Nous avions envoyé au Conseil scientifique, là, non plus, aucune réponse. Nous avons écrit au prix Nobel de la paix, Dr Mukwege. Il coordonne la riposte au Sud Kivu. Il a approuvé le protocole mais nous a demandé de nous rapprocher de la commission scientifique, sans résultat », regrette le jeune chercheur. Son lot de consolation, il le tire de l'écho favorable que son « protocole » a eu auprès du chef de l'exécutif malgache. « Madagascar a été visionnaire, le ministre n'a pas tardé et l'info est remontée jusqu'au président de la République qui a trouvé que le protocole était très bon. Nous lui avons dit, monsieur le président vous voulez soigner la population, voici la solution la plus simple, en curatif et en préventif », s'enflamme-t-il avant d'en venir aux détails de sa solution. 

Voir aussi : Qui est Jerome Munyangi, présenté comme un des découvreurs du remède contre le coronavirus ?

« Lorsque la crise du Covid-19 comme, comme je travaillais déjà sur cette plante (artemisia), on a comparé la tisane à une molécule qui s'appelle interféron. C'est une molécule qui est commercialisée. On a regardé les effets et le résultat était spectaculaire. La tisane était efficace sur les coronavirus », s’enthousiasme Dr Munyangi. C'est sur la base des résultats de cette étude que la maison de l'artémisia a lancé un appel à projet pour réaliser des essais cliniques dans les pays africains. 

S'épanchant sur le caractère préventif de sa solution, il prétend que la tisane bloque les récepteurs qui accueillent le virus et l’empêche d'entrer dans l'organisme. « L'artémisia contourne les systèmes de communication des cellules, à savoir les cytokines en les bloquants », renchérit-il tout en précisant que sa solution vise plus à protéger les personnes exposées, à l'image du personnel de santé qui occupe la première ligne de défense contre la pandémie.

À la question de savoir s'il a breveté son protocole, il répond par l'affirmative et se dit prêt à répondre à toute sollicitation. Dans la foulée, le jeune docteur révélera avoir reçu l'invitation spéciale du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.

Brandissant un document faisant office de laisser passer, il fait savoir qu'il devrait se rendre dans les prochaines heures en RDC. Mais ce n'est pas sans conditions. « J'ai juste demandé que ma sécurité soit assurée », exige le jeune médecin qui se rappelle les affreux épisodes qu'il a traversés dans son pays ces dernières années. Des difficultés qui sont liées à son idylle avec... l'artémisia.

Cette plante, Dr Munyangi se rappelle l'avoir connue alors qu'il venait d'obtenir son diplôme de médecine. 

Voir aussi : Un chercheur congolais sur le paludisme se réfugie en France

« J'obtiens mon diplôme, je participe à la compétition des machines génétiquement modifiées à Boston, puis je passe un concours international pour avoir la bourse du Cursis Bétancourt où les enseignements sont anglais. C'est l'un des meilleurs concours. Nous étions 16 personnes et j'étais le seul noir du groupe. Je suis venu à Paris en 2013 pour commencer mon master en Biologie synthétique. J'ai connu la plante cette année », raconte Jérôme Munyangi qui tient à faire émerger chaque détail.

L'essai clinique qui lui attirera les foudres de l’establishment sanitaire mondiale se déroule dans son pays en 2015. Il est chargé d'y conduire une étude qui vise à faire la comparaison entre les act (artémisinine) et la tisane d'artémisia. De ce qu'il a retenu de cette étude, c'est l'efficacité de la tisane d'artémisia par rapport aux ACT (artemisinine). 

Voir aussi : Paludisme – Jérôme Munyangi: «L’Artemisia est la solution pour l’Afrique»   

Mais cette vérité scientifique n'était pas du goût des médecins de la localité qui, à son avis, avaient besoin de chiffres, donc de malades de la malaria pour continuer d'encaisser l'argent des bailleurs. Ensuite, l'académie française de médecine entre dans la danse et déconseille aux gouvernements africains d'appliquer les recommandations de l'étude du jeune docteur congolais parce qu'elle ne serait pas respectueuse de toutes les normes qu'exigent ce genre de travail. Il lui est d'abord reproché d'avoir mené l'essai clinique dans un « petit village » du Congo mais aussi de ne pas avoir  «  standardisé »  . Il en fallait plus pour intimider Dr Muyangi.

En février 2019, alors qu'il revenait d'une session de l'Union africaine à laquelle il a participé en tant que chercheur, Dr Jérome Munyangi affirme avoir été arrêté à son hôtel à Kinshasa. Gardé à vue pendant deux jours « sans savoir les motifs de son arrestation », il n'a du son salut qu'à l'intervention de la Fédération internationale de défense des Droits de l'Homme (FIDH). Sorti de cet épisode, il a compris qu'il devait quitter la République démocratique du Congo. La France est son point de chute. Le revoilà qui doit retourner au bercail en « enfant prodige » avec sa solution miracle dont Madagascar ne détient qu'une partie.  «  La formule la plus simple »  , se gausse le chercheur qui semble avoir une revanche à prendre sur l'histoire...

Voir aussi : Paludisme : un chercheur congolais se réfugie en France, s’estimant inquiété pour ses travaux

11/02/2020

Assassinat de Ratsimandrava : une affaire à la JFK !

Ratsimandrava intéresse toujours le public !, titrais-je en 2000 à l'occasion d'une exposition sur le personnage qui a drainé plus de 4000 personnes dont 1110 lors de l’inauguration. 45 ans après son assassinat, le 11 février 1975, c'est toujours le même engouement, en raison du mystère qui entoure sa disparition. 

Devenu héros national du jour au lendemain de son assassinat, le 11 février 1975, le colonel Richard Ratsimandrava était une de ces personnalités qui ont réussis a coup de persévérance personnelle. D’où certainement aussi l’attrait du personnage.

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Renouveau du fokonolona

Comparaison n’est jamais raison. Malgré tout, il est difficile de ne pas faire un parallèle avec le président américain J. F. Kennedy, mort également ans des circonstances non encore élucidées jusqu’à présent. Comme John Kennedy, chantre d’une « nouvelle frontière ». Ratsimandrava, était venu à la barre suprême de l’Etat avec un programme dont les grands points étaient déjà connus du peuple du renouveau du « Fokonolona ». D’autre part, si Kennedy était le premier, et jusqu'à présent unique, président américain non-Wasp (White anglo-saxon protestant), les Kennedy sont catholique, Ratsimandrava était le premier et jusqu'à présent unique, du moins jusqu’à preuve du contraire, chef d’Etat malgache descendant d’ « andevo » (Il parait que le mot « esclave » n’est pas idoine).

L’a-t-on  assassiné parce qu’une bande rivale de politicards voulait s’approprier le pouvoir au nom d’un autre programme ? Ou bien là t on éliminé de par son origine sociale ? Certainement les deux à la fois. Mais notre propos n’est pas de révéler ici quelques éléments secrets entourant sa mort. L’histoire s’en chargera bien un jour. Il s’agit juste d’une brève biographie (non autorisée) du personnage, un de ceux que les cours des choses ont transformé en mythes populaires malgré eux.

Citoyens français

Aussi loin que l’on remonte dans sa généalogie, on retrouve une arrière arrière grand-mère dénommé Rampy, morte en 1857. Un de ses petits fils, Maralahy, a laissé un précieux manuscrit ou il relate ses efforts pour sortir de la condition servile à coup de livres. C’est la nièce de Maralahy, Ravelonjanahary, qui donna la naissance à la mère du colonel Richard Ratsimandrava, Rasoanindrina. L’époux de celle-ci, autrement dit le père du colonel, était une personnalité qui à brillé par sa culture. Professeur assistant à l’école Le Myre de Vilers , c’était un féru des livres et d’information. « il possédait une vieille radio branché sur radio Londres ou il écoutait les nouvelles de la Grande guerre. Comme il parlait l’anglais, ils traduisait les nouvelles a ses amis », se souvient la veuve du colonel, Thérèse Razafindramoizana.

Contrairement a son ancêtre Maralahy, qui a espéré mais en vain de se libéré de son statut d’« andevo » par la bible et l’enseignement, Ratsimandrava père a demandé et obtint, la nationalité française. Ce qui lui a permis d’amélioré considérablement sa situation sociale. Ceci explique pourquoi Ratsimandrava ait pu fréquenter le Lycée Gallieni. Passeport indispensable pour des études en France avec, pour lui, direction l’école militaire de St Cyr en 1952.

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Conscience communautaire

Séduit par le concept de « déshérités » le père grossi le rang du Padesm. Il fit du journalisme en compagnie des Zafimahova. Richard Ratsimandrava, lui, acquit sa conscience nationaliste, teinté de populisme, lors de ses expériences militaires au sein de l’armée Française. On l’a envoyé pour soumettre les militants anticolonialistes au Maroc (1956) et en Algérie (1958) ou il devient membre du comité de Salut public.

«  À l’époque il commandait un détachement de militaires vazaha. Mais en fait, son principal souci était de protéger la population contre les rebelles qui pillaient les villages pour s’approvisionner, un peu comme au temps des Menalamba. C’est là qu’il apprit à connaître le dynamisme des communautés », raconte sa veuve, Thérèse Razafondramoizana, qui poursuivit, « ceci explique pourquoi il a proposé sa médiation lors de la révolte de 1971 dans le sud. Il ne comprend pas pourquoi on s’entre tue entre Malgaches, comme il n’a jamais accepté l’envoi d’une légion étrangère pour mater la révolte. Contrairement a ce qu’on dit, il n’a pas tué des gens dans le Sud.Il a plutôt contribué a sa pacification».

Dans la soirée du 11 février 1975, le cortège qui devait l’escorter après un conseil du gouvernement, à Anosy, s’est arrêté devant sa maison a Anjohy, puis est repartit. « J’ai compris tout de suite. Il y avait surement une embuscade quelque part », à déclaré Thérèse Razafindramoizana. « les jours d’avant, on nous a toujours dit de faire attention », se souvient de son coté une de ses filles, Danielle Ratsimandrava. Ce soir là, l’Histoire accueillit une nouvelle figure de légende, une de plus dans sa collection.

Randy D. in "L'Express de Madagascar" du mercredi 09 février 2000, pp. 10

A voir :11 Fevrier 1975, assassinat de Ratsimandrava. Version complète ici.

A lire : « L’introduction au cahier de Maralahy » par Juliette Ratsimandrava et Fred Ramiandrasoa in « L’esclavage à Madagascar », Actes Colloque international sur l’esclavage, Tananarive, 1996.

 

09/02/2020

Guide raisonnable pour horrible bruit

Une journaliste publie un article illustré par erreur par une photo qui n'a aucun lien avec le sujet. Là-dessus, un obscur musicien se met à insulter la journaliste en la rappelant d'où elle vient.  Par solidarité, je publie ici cet article que j'ai écrit il y a plus de 20 ans chez "L'Express de Madagascar", sans commentaire.

journalisme, Les Nouvelles, Daniele Holy, Madagascar

« (…) Journalistes et musiciens ne peuvent pas être potes longtemps ; quand vous écrivez des jugements sur untel dans les journaux, untel risque fort de ne pas apprécier. C’est la règle du jeu. Et parfois vous êtes surpris : vous vous dites que vous avez écrit une critique très positive du dernier disque d’untel, mais il y a un détail, une information qui l’a chiffonné, et donc untel vous hait. Les [artistes] montent sur scène pour séduire un public, ils ont une image très forte et déformée d’eux même, tout cela est affaire de narcissisme, de pouvoir… Là-dessus, un morveux de la presse va écrire, s’emparer de leur image présenter un portrait d’eux différent de celui qu’ils imaginent… ça ne peut que les troubler, les déstabiliser, puisque ça brise l’image qu’ils se projettent d’eux même. Je pense donc qu’il y aura toujours une barrière invisible entre journalistes et musiciens ».

journalisme, Les Nouvelles, Daniele Holy, Madagascar, Randy Donny, Nick Kent

Ces mots ne sont pas de moi, mais de Nick Kent, un grand rock-critic britannique, un des maitres à penser à tous. Je les ai choisis exprès aujourd’hui à l’adresse des artistes habitués à la pommade de l’ancienne école. Et pour dire une bonne fois pour toutes à certains artistes que les critiques agacent, que les journalistes ne sont pas nés pour les encenser. Si les artistes « empalent » les hommes politiques dans leurs chansons, les journalistes peuvent également surprendre les artistes dans leurs conneries. En tout cas, les journalistes sont là, non pas pour servir l'artiste. Les journalistes ont le devoir d’éclairer, d’aiguiller, d’affiner le choix du public. Mieux : les journalistes doivent prouver sans cesse que l’art peut être autre chose qu’une simple distraction.

Et si, par aventure, l’artiste estime qu’un article sur lui a dépassé les bornes, il a droit à ce qu’on appelle un droit de réponse qui, selon la loi, doit être impérativement publié dans les jours qui suivent à l’endroit ou s’est trouvé l’article incriminé. Usez de ce droit important qui est le vôtre et que (privilège particulier des artistes) les autres - y compris les journalistes – n’ont pas vis-à-vis de vos textes, même les plus virulents. Alors, prenez votre plume, quitte à le tremper dans le venin, mais jamais, au grand jamais n’allez vociférer des menaces. On peut les retenir plus tard contre vous. D’ailleurs, l’art est un truc d’intellectuels. Et les intellectuels n’on jamais les poings faciles. N’allez pas non plus invectiver avec des gros mots qui n’apportent rien de positif à votre moulin. Au contraire, cela ne fera que conforter l’image classique qu’une partie du public a toujours eue vis-à-vis des artistes (surtout ceux qui arborent un look peu ordinaire) : des bandits, alcooliques et drogués. Last but not least, ayez le courage de vos opinions. Et n’oubliez pas l’effort que fait le journaliste avant de pondre le guide raisonnable des horribles bruits que certains d’entre vous accouchent. A bon entendeur… Salut l’artiste !

"L'Express de Madagascar" du samedi 22 février 1997, pp. 17